Accompagner les élèves en difficultés : réflexions à partir d'une pratique périphérique exploratoire
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accompagnement
élèves en difficultés
pause réflexive
posture professionnelle émergente
3C
Axe 1 : Le travail enseignant au quotidien
Axe 2 : Les variations, transformations et évolutions du travail enseignant
Axe 3 : Les dimensions professionnalisantes du travail enseignant
Public : collège
Public : lycée professionnel et lycée
Démarche : autre
"Educatif" à l'école primaire et au collège, "personnalisé" dans tous lycées à partir de la rentrée de septembre 2010, l'"accompagnement" des élèves doit progressivement faire partie du paysage "ordinaire" du système éducatif français. Sauf que la notion même d'"accompagnement" dans le cadre scolaire reste particulièrement floue qui permet de caractériser des pratiques fort hétérogènes. Au-delà des constats de bon sens et des déclarations de bonnes intentions, l'accompagnement des élèves nous semble d'abord une question de posture. Cette posture peut s'appréhender sous différents angles qui renvoient aux trois champs présentés dans l'appel à contribution : - elle est une "modalité d'aide aux élèves en difficulté" ; - elle est une des "formes émergentes, innovantes, renouvelées du travail enseignant" ; - elle conforte l'idée selon laquelle le travail enseignant est une "occasion d'apprendre, de conceptualiser son action et de se développer professionnellement". Dans un premier temps, nous présenterons notre expérience de prise en charge de petits groupes d'élèves en difficultés dans les seuils de rupture (6e et 2nde), dans le cadre de la mission qui nous a été confiée depuis la rentrée de septembre 2008 pour accompagner les personnels des établissements du second degré dans une ville où la "périphérie" est "au centre". A partir de cette expérience, nous tenterons ensuite de dessiner les contours d'une posture d'accompagnement des élèves en difficultés : - être "côte-à-côte" et non "face-à-face", - écouter l'élève pour comprendre son cheminement singulier plutôt que de tenir un discours d'ordre général et normatif ; adopter une attitude compréhensive plutôt que transmissive ; apprendre de l'élève plutôt que de lui dire ce qu'il faudrait qu'il fasse pour apprendre mieux. - privilégier le "après" plutôt que le "avant", c'est-à-dire le retour sur l'activité plutôt que les recommandations et les prescriptions, - faire expliciter le vécu des élèves plutôt que de rester dans l'implicite afin d'essayer de dissiper les "malentendus" entre les attentes des enseignants et les représentations que s'en font les élèves ; en matière d'apprentissage, il s'agit de "dé-didactiser" les cours (J-P Astolfi), de pratiquer une sorte de didactique inversée. - donner des conseils, des pistes dont s'emparera –ou non- l'élève, plutôt que d'imposer des solutions et contrôler leur application ; c'est-à-dire porter un autre regard sur l'élève, y compris "en difficultés", et le considérer non seulement comme acteur, mais comme sujet. On voit ainsi que la posture d'accompagnement se définit en opposition avec celle de l'enseignement habituel dans le cadre de la "forme scolaire". Dans un troisième temps, nous essaierons de montrer comment l'introduction et le développement des pratiques d'accompagnement des élèves contraint les enseignants à gérer de nouvelles tensions à différents niveaux de leur activité professionnelle : - comment accompagner, suivre de près un élève tout en lui permettant de développer son autonomie ? - comment concilier la confidentialité nécessaire à l'émergence d'une parole authentique de la part de l'élève et le souhait légitime des enseignants d'être informés sur ce qui se passe en dehors de leurs cours ? - comment prendre en compte, à la fois, les besoins des élèves en difficultés identifiés par les enseignants et les envies exprimées par ces mêmes élèves ? - comment concilier la difficile évaluation des retombées des pratiques d'accompagnement (qui s'inscrit dans la durée) et l'exigences de résultats exprimée par l'institution ? - comment mener de front une co-réflexion au sein d'un petit groupe d'élèves et un suivi personnalisé de chacun ? Nous conclurons en évoquant les enjeux et les potentialités des pratiques d'accompagnement des élèves en termes de changement du système éducatif dans son ensemble : - au plan de la formation des enseignants, comment permettre à des spécialistes de l'enseignement d'une (ou deux) disciplines de développer des compétences totalement transversales en matière d'apprentissage des élèves ? - la posture d'accompagnement doit-elle restée cantonnée à des dispositifs périphériques, à la marge du système ou, au contraire, irriguer la relation pédagogique dans son ensemble ? - autrement dit, s'agit-il de promouvoir un ensemble de pratiques en rupture avec le modèle dominant de scolarisation des élèves ou, au contraire, de concevoir l'accompagnement des élèves comme le complément, aujourd'hui indispensable, du processus d'enseignement-apprentissage ? Et si, au bout du compte, les compétences nécessaires à la mise en œuvre de différentes formes possibles de l'accompagnement pouvaient contribuer à l'émergence d'une nouvelle professionnalité capable d'articuler les deux points de vue de l'enseignant et de l'apprenant et ainsi de donner tout son sens au trait d'union de l'enseignement-apprentissage ?