« Même pas peur » - pourquoi et comment les professeurs des écoles stagiaires se voient-ils (in-) capables d’enseigner ?

Auteur(s) :
PRAT, Jeanny (Université Claude Bernard Lyon 1, Site IUFM de l'Ain)

Mots clés :

professionnalisation
professeur des écoles
compétence professionnelle
enseignants débutants
Atelier(s) :

4D
Thèmes :

Axe 3 : Les dimensions professionnalisantes du travail enseignant
Public : Primaire
Démarche : enquête, étude qualitative
Démarche : étude de cas, approche clinique

Résumé :

Vingt ans déjà que l’enseignement des langues étrangères a débuté dans les écoles primaires françaises. En dépit de l’extension progressive de cet enseignement jusqu’à l’inclusion de ce champ disciplinaire dans les programmes du primaire en 2002, de nombreux professeurs des écoles, titulaires comme stagiaires, répugnent toujours à assurer cet enseignement, avec comme leitmotiv « je ne suis pas capable de parler [telle langue], donc je ne peux pas l’enseigner ».
La persistance de cette réticence a été à l’origine d’une étude, menée en 2004-05 auprès de 141 professeurs des écoles stagiaires, qui visait à connaître et comprendre leurs représentations de l’enseignement d’une langue étrangère en primaire. L’ensemble de l’étude s’est appuyé sur les travaux sur le rapport au savoir, ceux de Bernard Charlot essentiellement et de sa « sociologie du sujet apprenant », pour rechercher les liens qu’il peut y avoir entre les profils de ces enseignants stagiaires et leurs représentations des compétences professionnelles nécessaires et/ou suffisantes pour enseigner une langue étrangère en primaire.
Outre tenter de déterminer la nature de leur propre rapport au savoir « langue étrangère », l’étude cherchait également à voir s’il y avait un lien entre leur propre rapport à ce savoir et des éléments de leur profil, entre leur rapport personnel à ce savoir et leur rapport professionnel naissant à ce savoir, également s’ils faisaient une différence entre le champ disciplinaire « langue étrangère » et les autres champs disciplinaires.
Dans un premier temps, il s’est agi d’établir une typologie de profils au regard du champ disciplinaire « langue étrangère ». Dans un second temps, 8 sujets représentatifs de cette typologie ont fait l’objet d’entretiens semi-directifs, avec la particularité d’avoir été menés en paires constituées, et à un moment charnière pour un professionnel naissant, à savoir la fin de l’année de formation professionnelle initiale, ce moment particulier où, enfin dégagé de toute obligation à caractère de validation, il commence de se projeter sur sa prise de poste deux mois plus tard.
Ce sont les résultats de l’analyse de ces 4 entretiens qui seront présentés ici, à la fois dans ce qu’ils ont fait émerger de la construction en cours de l’identité professionnelle (notamment la confusion entre performance personnelle et compétence professionnelle, qui n'est pas forcément propre au champ "langue étrangère", également des leviers possibles dans la construction d’un image de soi professionnelle positive, ou encore « l’écoute » et la « communication » comme possible méta-compétence professionnelle) et dans ce que la technique de l’entretien par paires de pairs ouvre comme possibles, dans l’interaction métacognitive qu’elle génère, en tant qu’outil d’analyse de pratiques, observées et/ou vécues, pour l’accompagnement formatif de l’Enseignant (débutant, mais pas seulement).