Professeur d’école et intervenant extérieur en EPS à l’école primaire : analyse didactique de différents modes de collaborations

Auteur(s) :
AMANS-PASSAGA, Christine (MCF STAPS, Centre Universitaire JF Champollion, Département STAPS Rodez, DiDiST CREFI-T, Université Toulouse )
DEVOS, Odile (IUFM Midi Pyrénées, DiDiST CREFI-T, Université Toulouse )

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Mots clés :

partenariat
collaboration
contenus enseignés
didactique
EPS
Atelier(s) :

2B
Thèmes :

Axe 2 : Les variations, transformations et évolutions du travail enseignant
Public : Primaire
Démarche : étude de cas, approche clinique

Résumé :

Professeur d’école et intervenant extérieur en EPS à l’école primaire : analyse didactique de différents modes de collaborations


D'une manière générale le contexte scolaire français du premier degré favorise les partenariats pour l’enseignement de certaines disciplines à l’école primaire, dont l’EPS (rapport de l’IGEN sur la polyvalence, 1997, Baillat, 2001). Si la prise en charge de cette matière d’enseignement est assurée par un intervenant extérieur, reste que le professeur d’école doit assumer la responsabilité de sa classe. Dans ces situations collectives de travail, nous observons alors des modes de collaborations entre deux personnes appartenant à deux institutions différentes donc assujettis à des rattachements institutionnels différents (Chevallard, 1989).

Cette recherche s’inscrit dans le champ de la didactique comparée dans la mesure où elle s’intéresse à la comparaison de situations d’intervention du point de vue des contenus enseignés (Amade-Escot, 2007). Ainsi, nous avons pris le parti d’analyser plusieurs situations d’enseignement partagé entre un même intervenant extérieur et plusieurs professeurs d’école dans le cadre de modules d’EPS de 5 à 6 séances sur une même activité physique support (Amans-Passaga, 2010). Il nous importait d’objectiver dans chacun de ces systèmes didactiques bicéphales, la part de responsabilité de chacun des acteurs du point de vue de la définition et de la mise en œuvre des contenus enseignés. Ces derniers ont été approchés dans le cadre de l’étude des gestes professionnels tels que définis par Chevallard (1996) à savoir les tâches de conception et d'organisation de dispositifs d'étude et de gestion de leurs environnements et les tâches d'aide à l'étude. Nous empruntons à Sensevy (2007) les catégories proposées pour caractériser l’action de l’enseignant dans le cadre des interactions avec les élèves (le jeu didactique) : définir, dévoluer, réguler, institutionnaliser.

La méthodologie est de type qualitative et consiste en entretiens menés avec les différents intervenants afin de connaître leurs profils et leurs intentions didactiques et en observations in situ de cycles d’enseignement de l’EPS plaçant en partenariat, un Professeur d’école et un intervenant extérieur, spécialiste de l’activité physique et sportive (APS) enseignée afin d'appréhender les postures respectives face aux contenus. L’analyse a été effectuée à trois niveaux : une échelle macroscopique a permis de repérer la chronogenèse des contenus sur le cycle, une échelle mésodidactique s’attache à la construction des situations d’apprentissage sur une séance ; enfin des épisodes significatifs sont analysés à une échelle microdidactique.

La problématique de recherche réside dans l’objectivation du topos des deux acteurs : elle nous semble être directement en relation avec la connaissance de l’APS support et avec le sentiment de compétence par rapport aux savoirs spécifiques.

Du point de vue des résultats, l’observation de plusieurs cycles dans des classes différentes a permis de repérer différents types de collaborations autour des savoirs enseignés, chacun mettant à jour une topogénèse particulière au registre du partage des responsabilités dans les transactions didactiques (Sensevy, 2007). Nous objectivons ainsi plusieurs cas de figure, qui s’avèrent assez proches de ceux identifiés dans l’étude de Devos-Prieur et Loubet-Gauthier, 2002) :
Cas 1 : l’intervenant extérieur prend à sa charge l’enseignement dans sa conception et sa conduite ; l’enseignant de la classe ne maitrisant pas l’APS, démarre le cycle en position d’élève ; son investissement auprès des élèves privilégiant les compétences générales et la forme scolaire importée de la classe, les seules sur lesquelles il s’autorise à intervenir. Il s’agit ici d’un type de relation qualifiée de subordination.
Cas 2 : sans concertation préalable sur les contenus à mettre à l’étude, les deux intervenants partagent la classe et gèrent respectivement des ateliers tournant portant sur des objets et des enjeux éducatifs différents dans le cadre desquels chacun définit un jeu propre. Nous parlons alors de juxtaposition.
Cas 3 : l’enseignant déjà formé à l’activité, et se sentant compétent, assume et met en œuvre certains choix en matière de définition et d’institutionnalisation de savoirs, en se démarquant même parfois des préconisations portées par le spécialiste ce qui ouvre la porte à des négociations sur les contenus, entre les deux acteurs.
Cas 4 : l’enseignant décide d’assumer seul un cycle à l’issue d’une formation pratique et didactique dans l’activité. Il est alors décideur dans la conception des dispositifs, et acteur dans la régulation des apprentissages. L’autonomie est ici préférée au partenariat.

L’analyse spécifique et la comparaison de ces quatre cas, font apparaître en premier lieu un défaut de communication récurrent entre les acteurs qui ne permet pas de coordination des interventions didactiques. Par ailleurs, l’étude révèle que la position auxiliaire de l’enseignant responsable de la classe est d’autant plus marquée que l’activité physique support est méconnue et qu’il souffre d’un sentiment d’incompétence (cf entretiens).


Amade-Escot, C. (2007), « Le didactique » Ed° Revue EPS, coll. « Pour l’action »
Amans-Passaga, C., (2010), « L'articulation de l'action didactique d'intervenants associés en EPS à l’école primaire », Revue Education et Didactique, 25-50
Amigues, R., Lataillade, G. (2007). Le travail partagé des enseignants : rôle des prescriptions et dynamique de l’activité enseignante. in Congrès international AREF, Actualité de la recherche en éducation et formation. Strasbourg.
Baillat, G. Espinoza, O. Vincent,, J. ( 2001), De la polyvalence formelle à la polyvalence réelle : une enquête sur les pratiques professionnelles des enseignants du premier degré, Revue française de pédagogie, N° 134, 123-136.
Chevallard (Y), (1989), Le concept de rapport au savoir : rapport personnel, rapport institutionnel, rapport officiel, Séminaire de didactique des mathématiques et de l'informatique, Université Joseph Fourier - Grenoble 1, Document interne, n°108, 211 - 235.
Chevallard, Y. (1996). La fonction professorale : esquisse d'un modèle didactique" In Actes de la VIII ème école d'été de didactique des mathématiques, R. Noirfalise et MJ Perrin. Ed° Glorian : Clermont Ferrand.
Devos-Prieur, O., Loubet-Gauthier, E. (2002). L’incidence des modes de partenariat à l’école élémentaire sur la polyvalence des maîtres et sur les représentations des élèves du travail scolaire. Recherche et formation, 41, pp.153-170.
Ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, Inspection générale de l’Education nationale, Groupe de l’enseignement primaire, La polyvalence des maîtres à l’école primaire, analyse de la situation dans la perspective de l’initiation aux langues vivantes et de l’éducation artistique. Propositions. Rapporteur: A. Bouchez, doyen du groupe de l’enseignement primaire. 1997.
Sensevy, G. (2007). Des catégories pour décrire et comprendre l’action didactique, In Sensevy, G. Mercier, A., Agir ensemble : l’action didactique conjointe du professeur et des élèves, Ed° PAIDEIA : Presses Universitaires de Rennes, pp. 13-49.