INTERETS ET ENJEUX D’UNE REVISION INTERACTIVE DES TEXTES AU CYCLE 3 : LE ROLE DE L’ENSEIGNANT.

Auteur(s) :
MOUSSI, Dalila (Université LILLE 3, Laboratoire Théodile-CIREL)

Mots clés :

révision des textes
interactions orales
posture
degré d'adhésion
reformulation
questionnement implicite
expertise professionnelle enseignante
Atelier(s) :

2C
Thèmes :

Axe 2 : Les variations, transformations et évolutions du travail enseignant
Axe 3 : Les dimensions professionnalisantes du travail enseignant
Public : Primaire
Démarche : étude de cas, approche clinique

Résumé :

Depuis les années 80, la didactique du français a mis en évidence la complexité de l’acte d’écrire et en particulier la difficulté du processus de révision/réécriture pour l’élève.
Les jeunes scripteurs révisent peu et seulement les niveaux les plus superficiels de leurs productions (Brassart, 1991), manifestant ainsi une capacité de contrôle de leur activité rédactionnelle très limitée. Il semblerait que ces rédacteurs novices ne se représenteraient pas le texte comme véritablement transformable et n’arriveraient pas à prendre de la distance (Reuter, 1996).
Nos travaux de recherche envisagent alors le recours aux interactions langagières et en particulier le rôle de l’enseignant dans la dynamique des échanges entre pairs. Nous réfléchissons aux modalités d’une interaction langagière qui favoriseraient l’amélioration des productions écrites au cycle 3.
Notre étude se fonde sur l’analyse d’interactions authentiques entre l’enseignante et ses élèves. La méthodologie s’appuie sur la transcription de corpus oraux. Une étude empirique impliquant trois enseignantes contrastées par leur niveau d’expertise dans des séances de « révision interactive de textes », nous permettra de comparer différents modes de gestion de l’oral scolaire et d’examiner leur pertinence pour le développement de compétences évaluatives et de réécriture chez les élèves.
La révision interactive est un dispositif didactique créé pour la recherche qui consiste à grouper des élèves autour d’un texte problématique qu’ils doivent réviser et corriger avec l’aide de l’enseignant, offrant ainsi un espace privilégiant la négociation et la coopération entre pairs pour la construction de savoirs.
Dans le prolongement des travaux de François (1990) qui a montré la dissymétrie des rapports élèves-maître dans la classe et l’absence d’authenticité du dialogue pédagogique, il nous semble qu’un tel dispositif pourrait induire une posture différente de la part du maître dans la situation et dans la relation d’apprentissage car il suppose un intérêt pour ce que font les élèves et la manière dont ils le font mais aussi un développement des verbalisations et reformulations et de la réflexivité au niveau de l’élève lui-même.
La présente communication tentera de proposer de nouveaux critères d’analyse qui puissent mettre en évidence les différences de fonctionnement entre les interactions didactiques observées chez un enseignant débutant et un enseignant expérimenté. Nous pouvons ainsi espérer dégager quelques éléments de caractérisation de la révision interactive des textes que l’on croisera avec les compétences évaluatives des élèves et leur capacité de transfert lors des réécritures.
Nos travaux prennent appui sur certains des apports de la recherche INRP “L'oral dans la classe” qui a eu pour objet la production de discours et de métadiscours dans les interactions orales et leur relation à des apprentissages disciplinaires. L'oral est ici envisagé comme “opérateur de l'appropriation des savoirs”, outil langagier et cognitif du travail de négociation et de construction du sens.
L’étayage de l’enseignant sera étudié sous différents angles : les différentes positions assumées tout au long des interactions, le degré d’adhésion par rapport aux propositions des élèves et enfin la capacité à prendre en compte les interventions des élèves par les reformulations. Nous prolongerons notre étude par l’analyse du questionnement implicite de l’enseignante, c’est-à-dire tous ses comportements verbaux qui permettent d’influencer la réponse de l’élève et de faire l’économie de la réflexion.
Nous montrerons comment le maître peut faire naître chez les élèves des réactions apprises, mécaniques, lui donnant l’illusion d’une co-construction des apprentissages.
La gestion contrôlée des interactions constitue alors un enjeu important pour la formation des enseignants.
Les résultats mettront en évidence l’intérêt des interactions langagières dans les situations d’apprentissage et notamment la typicalité de l’expérience interactionnelle de l’enseignante lors de la révision des textes afin de dégager de nouvelles modalités permettant de renforcer le champ des ressources existantes. Le développement d’une pédagogie « interactive » pourrait permettre d’avancer dans les travaux menés par les équipes INRP et ouvrirait la voie à une didactique de l’écrit à l’école primaire dans une optique interactive et dialogale.