Une compétence professionnelle de l’enseignant : gérer la simultanéité des interactions. L’exemple de la mise au travail des élèves dans l’enseignement secondaire.

Auteur(s) :
RIVIERE, Véronique (Université Lumière Lyon 2)
BOUCHARD, Robert (Université Lumière Lyon 2)

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Mots clés :

simultanéité
interaction didactique
gestion de l'activité
mise au travail
enseignement secondaire
Atelier(s) :

2A
Thèmes :

Axe 1 : Le travail enseignant au quotidien
Public : collège
Public : lycée professionnel et lycée
Démarche : étude de cas, approche clinique

Résumé :

Les études interactionnelles sur la classe ont jusqu’à maintenant principalement servi la didactique des disciplines à enseigner, tournée vers les apprentissages, et moins la didactique professionnelle, dédiée aux savoirs professionnels de l’enseignant . Or, « la profession [d’enseignant], comme toute autre branche professionnelle, doit définir, identifier, nommer ses arts de faire précis […] ses gestes professionnels » (Bucheton, 2008,18-19).
La situation de classe ordinaire définit des rôles institutionnellement établis, un enseignant et des élèves, et des formes conjointes d’interaction qui leur correspondent. Mais la classe met aussi en présence des sujets qui interagissent en fonction d’autres rôles, selon des visées hétérogènes, et selon une multiplicité d’actions conjointes. L’interaction en classe est donc multidirectionnelle et « polyfocalisées » (Filliettaz, 2002). Quel savoir-faire, techniques ou « arts de faire précis» l’enseignant développe-t-il alors pour gérer cette polyfocalisation, mais aussi la simultanéité des actions, des tâches, des événements et des modes de participation qui surgissent dans l’interaction ? Comment modéliser cette simultanéité pour y préparer les enseignants novices qui soulignent d’ailleurs souvent prioritairement cet aspect comme particulièrement difficile ? Cette gestion simultanée existe dans d’autres domaines professionnels (Lacoste, 1995), mais pour l’enseignant, l’activité verbale est à l’interface de tous ces micro-événements.
Nous prendrons l’exemple de cette phase délicate de mise au travail des élèves et nous développerons en particulier une méthodologie d’analyse de la gestion simultanée des interactions didactiques consistant à mettre en évidence le tissage des actions verbales et non verbales à travers trois phénomènes : l’adressage (Kerbrat-Orecchioni, 2010), la polypraxie et les modes de participation. Nous nous appuierons sur des extraits de débuts de séances transcrits et issus de contextes français de l’enseignement secondaire de diverses disciplines. De ce fait, notre visée est de déterminer des composantes pédagogiques et didactiques définissant un savoir professionnel : mettre les élèves au travail.