Etude de l’activité d’enseignants expérimentés et de ses effets sur l’activité d’apprentissage d’élèves engagés dans des travaux pratiques de physique chimie et de confection de vêtements.
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activité collective
ergonomie cognitive
apprentissage
élèves
enseignants chevronnés
2D
Axe 1 : Le travail enseignant au quotidien
Public : lycée professionnel et lycée
Démarche : enquête, étude qualitative
L’enseignement de certaines disciplines scolaires prévoit que les élèves au cours de leur scolarité réalisent des travaux pratiques (TP) dans le cadre d’un projet collectif afin d’acquérir des connaissances et compétences spécifiques. Si cette modalité de travail collectif par petits groupes est jugée la plus pertinente pour atteindre certains objectifs de formation associant connaissances disciplinaires, compétences professionnelles et dispositions sociales, elle confronte aussi les enseignants à une tâche difficile et anxiogène. En effet, ceux-ci doivent alors concilier des actions en direction de la classe des actions adressées à des élèves en particulier, et des actions à caractères productif. Cette multiplicité des attentes conduit à faire face, souvent dans l’urgence, à des préoccupations parfois complémentaires, parfois concurrentes mais qui posent des dilemmes en permanence. C’est à la compréhension de ces situations de travaux pratiques en physique et dans le cadre d’un projet pluridisciplinaire à caractère professionnel (PPCP) que s’est engagé un petit collectif de chercheurs et d’enseignants associés. Plus précisément, notre étude a visé l’analyse de la dynamique individuelle et collective liant des élèves et des enseignants expérimentés engagés dans ces situations de classe. En considérant ces deux niveaux d’analyse (collectif et individuel), il s’agit de décrire et de comprendre comment les enseignants construisent et maintiennent une configuration collective viable prometteuse en termes d’apprentissage. Dans le cadre d’une contribution à l’étude de la professionnalité des enseignants en sciences expérimentales, Bourgeois (2007) a caractérisé leurs interventions en mettant en évidence la diversité des guides d’actions utilisés lors de séances de TP et d’activité de projet. C’est dans une perspective à la fois complémentaire et différente que nous cherchons à décrire et comprendre la dynamique des expériences des acteurs du TP : a) comment se construit l’ajustement des engagements des élèves et de leur enseignant, b) comment s’opère la recherche de consensus lors des instants de coopération, c) quels sont les effets des coordinations interindividuelles au sein d’un petit groupe d’élèves à la fois sur l’apprentissage de chacun et sur l’avancée du projet de réalisation des vêtements ou du TP. Ce travail s’inscrit dans un programme de recherche qui poursuivit une double visée : la première consiste à produire des connaissances relatives aux processus d’enseignement apprentissage, notamment en décrivant comment des enseignants chevronnés s’organisent pour engager des élèves dans une activité d’apprentissage et de production. La seconde visée concerne l’aide à la conception de formation initiale et/ou continue d’enseignants par l’exploitation les résultats de cette étude empirique en les considérant comme des ressources pour concevoir des dispositifs de formation susceptibles d’encourager l’apprentissage développement des enseignants. Ces deux perspectives de recherche et de formation ont été envisagées dans le cadre d’une démarche itérative et asymptotique (Durand, 2008, Leblanc, 2009). Nous avons choisi de décrire et d’analyser l’activité de l’enseignante et des élèves à partir du cadre théorique et méthodologique du programme « cours d’action » développé par Theureau (2004, 2006). Ce cadre théorique a déjà permis d’explorer l’articulation collective des cours d’expérience en éducation physique et sportive (Lemonon, Guérin, Péoc’h, 2010) en mathématiques (Veyrunes, Durny, Flavier et Durand, 2005) et en lecture orale en enseignement primaire (Veyrunes, Gal-Petitfaux, Durand, 2007). L’activité est analysée ici au niveau où elle est signifiante pour l’acteur, c’est à dire en donnant le primat à ce qu’il peut dire et comprendre avec l’aide des chercheurs de sa propre expérience vécue en situation. Selon cette approche, l’activité collective est considérée comme émergeant d’un processus d’articulation de l’activité individuelle des acteurs dans la situation. Elle a été analysée en mobilisant le cadre sémiologique de l’action (Theureau, 2004, 2006). C’est ainsi que nous avons pu reconstruire la dynamique de signification des acteurs dans le cours de leur activité et accéder aux composantes de l’action éclairant les processus de coordination entre les élèves et l’enseignant. Cette étude a été réalisée dans deux lycées professionnels avec une classe de Terminale B.E.P. « métiers de la mode - vêtements » d’une part, et de Terminale Bac Pro « assistant d’architecte » d’autre part. Les élèves de BEP étaient engagés sur l’année scolaire dans un PPCP intitulé « D’où viennent et où vont les vêtements que nous portons ? ». Ils étaient répartis en quatre groupes de quatre pour réaliser un ensemble de vêtements. Quant aux élèves de Bac pro, ils réalisaient par groupes de trois ou de deux un TP de physique ou de chimie. Le recueil des données a été réalisé selon un même protocole pour les deux classes, à savoir, des données d’enregistrements audiovisuels de l’activité en classe complétées par des données de verbalisations provoquées. Les enseignants et les élèves volontaires ont participé à l’issue du cours à des entretiens d’autoconfrontation individuels au cours desquels ils ont explicité la signification de leur activité en classe. Lors de la communication nous présenterons des épisodes typiques de l’articulation collective des activités individuelles des élèves et de l’enseignant lors de la conception/confection de vêtements et de TP d’acoustique en physique. Plus précisément nous montrerons comment les processus de participation et de réification sont exploités par les enseignants pour maintenir l’engagement des élèves dans une activité d’apprentissage, élèves qui, du fait de leur histoire scolaire, ont des préoccupations le plus souvent divergentes. A un niveau plus macroscopique, les résultats montrent que les enseignants ont co-construit avec les élèves une configuration collective de travail relativement efficace leur permettant d’être disponible pour à la fois répondre aux demandes d’aide des élèves et saisir les opportunités offertes par la situation pour conserver un niveau élevé d’exigences scolaires.