La mise en abyme pédagogique, un levier au développement d’une réflexivité multidimensionnelle professionnalisante chez l’enseignant ?

Auteur(s) :
Magdelaine, Arnold (Ecole des hautes értudes en santé publique)

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Mots clés :

professionnalisation
conscientisation
réflexivité
transformation
Atelier(s) :

4B
Thèmes :

Axe 3 : Les dimensions professionnalisantes du travail enseignant
Public : formation adultes
Démarche : méta-analyse
Démarche : étude conceptuelle

Résumé :

L’une des missions du service de l’évaluation et du développement pédagogique (SEDP) de l’école des hautes études en santé publique (EHESP) est de proposer son appui pédagogique auprès du corps enseignant. En effet, la création de liens entre les fonctions de développement pédagogique et d’évaluation répond au final à trois objectifs généraux au sein de l’Ecole. Il s’agit d’optimiser la qualité des projets en cours et d’accompagner les acteurs de l’école dans le développement d’expérimentations. Il consiste à soutenir la mutualisation des expériences pédagogiques au sein de l’établissement. Enfin il permet l’évaluation de l’ensemble des projets et la constitution des données pour analyser les actions pédagogiques dont celles des enseignants. A travers les actions de valorisation du SEDP, les « goûters pédagogiques » trouvent ainsi naturellement leurs places.

Ces « goûters pédagogiques » sont des environnements de valorisation réflexifs des actions internes liées au développement pédagogique de l’EHESP.
Par l’intermédiaire de ce temps collectif à connotation non formelle, des enseignants et autres cadres pédagogiques viennent alimenter leurs réflexions en échangeant autour de la problématique liée à leur activité (Pastré, 2005) définie en amont. Le principe est d’inviter des acteurs pédagogiques à venir présenter une innovation institutionnelle (Lourau, 1969) dans un temps court et avec un regard critique. Les deux tiers du temps sont consacrés à un débat avec les participants favorisant ainsi une appropriation collective de questions pratiques partagées et, sur un moyen terme, l’émergence d’une culture commune.
L’intérêt de ce dispositif est multiple. Il réside dans la création d’un environnement propice aux dialogues articulant le partage des expériences aux notions, concepts, instruments (Rabardel, 1995) et process pédagogiques développés au sein de l’établissement. Il offre notamment aux enseignants un espace supplémentaire de conscientisation (Freire, 1969) de leurs pratiques professionnelles et de leurs usages (Rabardel et Pastré, 2005) d’instruments au quotidien. Il suscite chez ses auteurs (Sartre, 1945) pédagogiques une démarche réflexive (Mezirow, 1991), le désir d’accroître leur champ de compétences en stratégies de formation et de s’engager (Ryan et Deci, 2000) dans l’expérimentation de nouvelles modalités pédagogiques, de transformation de leurs rapports à eux, aux autres et à leur environnement (Pineau et Courtois, 1991).


Ainsi, cet espace de « goûter » demeure favorable à la prise de conscience que l’activité enseignante est « une occasion d’apprendre, de conceptualiser son action et de se développer
professionnellement » pour reprendre l’un des axes de réflexion proposés. En effet, ancré dans le champ de la didactique professionnelle, la création de cet espace par le SEDP s’appuie donc sur un dialogue réflexif pour former aux compétences les enseignants (Pastré, 2003) à partir du contenu de leurs expériences « terrain » (Dewey, 1938). Aussi, il semble nécessaire d’analyser l’activité afin « d’identifier les ressources organisationnelles, cognitives, motivationnelles et affectives de la compétence » (Nagels, 2007). Or, La description de la tâche est utile mais demeure insuffisante dans le cadre de la conception d’un dispositif de formation aux compétences. Aujourd’hui, les acteurs pédagogiques de l’Ecole ont choisi d’emprunter au champ de la conceptualisation dans l’action (Vergnaud, 1998) et à la didactique professionnelle (Pastré, Mayen & Vergnaud, 2006) pour élaborer ces instruments. L’Ecole conçoit donc ses instruments-supports au travers la logique compétence de la didactique professionnelle. Elle a cette particularité d’analyser l’activité pour renforcer notamment le développement des compétences des enseignants former les compétences en s’appuyant à la fois sur le champ de l’ergonomie, de l’approche cognitive de l’activité et de la didactique des disciplines.

Mais en quoi une posture réflexive professionnaliserait l’enseignant ? Comment s’articule donc le processus de professionnalisation et l’analyse réflexive dans le cadre de la mise en œuvre du « goûter pédagogique» à destination notamment des enseignants ? De plus, ne pourrait-on pas caractériser une réciprocité dans « la professionnalisation réflexive » entre les différents acteurs pédagogiques (enseignants, intervenants extérieurs, responsables de formation, les professionnels du SEDP) ? Cette communication propose ainsi une analyse des « goûters pédagogiques », un environnement d’apprentissage professionnalisant multidimensionnel et transformatif.