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LES ACTIVITÉS DE MODÉLISATION AVEC
STELLA
Les
expérimentations : modalités et éléments de bilan
En
Terminale S
L'objectif de l'expérimentation était de voir si des
élèves de Terminale pouvaient s'approprier facilement la modélisation par
représentation iconique et la relation "d'intégration" stock-flux,
c'est-à-dire être ensuite capable de s'en servir pour résoudre des questions de
physique. Nous avons travaillé avec des élèves volontaires selon la progression
suivante :
- Séance n°1 : prise en main du logiciel. Introduction
des grandeurs "pompe" et "réservoir" et ce sur le problème du
remplissage d'un réservoir (précisions sur uniflow ou biflow pour la
pompe, et negative ou non negative pour le réservoir).
- Séance n°2 : explicitation de la relation
dérivée/intégration mathématique. Découverte du "moteur" qui permet le
calcul numérique de la grandeur "réservoir" à partir de la grandeur
"pompe". Présentation des "convertisseurs" et des liens entre les
grandeurs. Lexemple étudié est le même mais s'applique à un débit que l'on peut
moduler.
- Séance n°3 : modélisation
d'une cinétique chimique. À propos de létude de la concentration en eau
oxygénée dans une réaction avec les ions iodure réalisée en TP auparavant les
élèves devaient construire le modèle Stella permettant de retrouver ce résultat
expérimental.
- Séance n°4 : étude de la
charge du condensateur. Cette question classique a été proposée sous forme
dune question très ouverte. Les élèves devaient construire lintégralité
du modèle : étude théorique sur papier, construction de lintégrateur,
introduction des différentes liaisons entre les grandeurs , conditions initiales et
paramètres du calcul.
- Séance n°5 : oscillations
dune masse accrochée à un ressort élastique. La résolution dune
équation différentielle du deuxième ordre nécessite la construction dun double
intégrateur en chaîne ; ce principe de départ, une fois exposé aux élèves,
devait permettre la réalisation du modèle Stella d'une expérience de mécanique
étudiée en TP et en cours.
- Séance n°6 : le modèle général
des oscillateurs : conformément au programme de la classe de Terminale,
l'objectif final était la possibilité d'étudier une équation différentielle du
deuxième ordre à coefficients constants.
En
DEUG
Lexpérimentation en première année
duniversité a eu pour but de voir les facilités/difficultés d'appropriation de
Stella en mécanique (introduction formelle de l'intégrateur) et détudier le
comportement des étudiants face à une question ouverte : comment utilisent-ils
Stella lorsquils ne sont plus guidés par une série de questions
intermédiaires ? Trois séances dutilisation du logiciel Stella ont été
construites.
- Première séance : prise en main du
logiciel. Lobjectif était que les étudiants puissent construire un modèle
simple et le faire fonctionner. Laccent est mis sur la compréhension du système
"pompe-réservoir" et sur lutilisation des quatre éléments de
construction (pompe, réservoir, convertisseur, liaison) sur un exemple guidé
(remplissage dune cuve à essence à débit constant puis variable). Les influences
du pas de calcul et de la méthode dintégration sont étudiées.
- Deuxième séance : elle avait pour but de vérifier si
les étudiants ont assimilé le principe de base ainsi que les modalités de
fonctionnement de la résolution numérique (pas dintégration, méthode, conditions
initiales). Pour cela il est demandé de proposer un modèle permettant de calculer les
positions successives dun mobile non isolé. Il sagit donc dassocier un
double ensemble pompe-réservoir à la relation F = ma traduisant la deuxième loi de
Newton.
- Troisième séance : lobjectif était de tester
le réinvestissement des étudiants en leur proposant l'étude du mouvement dun
parachutiste dont le parachute ne souvre pas au moment où il quitte lavion.
Seules sont précisées laltitude de départ, laltitude douverture et la
masse du parachutiste. La situation ainsi présentée laisse à létudiant de
nombreux choix à effectuer.
Éléménts
de bilan
Le travail, réalisé durant deux années, a été purement
exploratoire, visant une meilleure estimation des potentialités didactiques et
pédagogiques à différents niveaux. Ceci a permis de mieux cerner un certain nombre de
conditions à prendre en compte dans l'éventualité d'une étude centrée sur des
utilisations en classe.
En particulier, les essais en Terminale ont permis
d'ajuster l'introduction du modèle "réservoir-débit" traduisant une relation
d'intégration, et surtout de voir les limites d'utilisation à ce niveau : une
maîtrise insuffisante des concepts de la physique et des outils mathématiques utiles
peut empêcher les élèves de bien comprendre le sens des calculs et des relations entre
objets du modèle.
Au niveau du DEUG, l'utilisation de Stella apparaît comme
beaucoup plus pertinente, le logiciel étant alors mieux perçu comme un outil permettant
de concrétiser, en les faisant fonctionner, les modèles théoriques qu'ils peuvent
élaborer grâce à leurs connaissances de physique. Par ailleurs, les notions de
dérivation, d'intégration et d'équation différentielle ne constituent plus des
obstacles.
De façon plus générale, ce type de logiciel prend son
sens dans une utilisation en activité de résolution de problèmes avec une autonomie
minimale, conditions qui ne sont guère envisageables dans les structures actuelles des
lycées d'enseignement général.
Les
capacités mises en jeu dans l'utilisation du logiciel Stella : grille d'observation
Une partie du travail a porté également sur l'analyse des
savoirs et savoir-faire requis ou mis en jeu dans l'utilisation de Stella. Les différents
items ci-dessous, en étroite relation avec les analyses faites par ailleurs, ont servi de
référence à des grilles d'observation des séances.
Capacités liées à la manipulation du logiciel :
- savoir prendre et poser un objet graphique
- savoir construire un "noyau flux-réservoir"
(spécifique Stella)
- savoir paramétrer en "non negative" et
"biflow" (spécifique Stella)
- savoir changer de niveau (spécifique Stella)
- savoir initialiser des valeurs
- savoir entrer une relation (spécifique Stella : flux ou
transformateur, mais également général du point de vue de l'utilisation d'une syntaxe
type calculette)
- savoir spécifier une relation par un graphique (spécifique
Stella : flux ou transformateur)
- savoir créer des liens entre objets (spécifique Stella)
- savoir obtenir une représentation graphique
- savoir créer une représentation au niveau
"supérieur" (avec des "potentiomètres" par exemple)
Capacités liées à la construction d'un modèle
"Stella" à partir d'un modèle théorique donné classiquement :
- savoir représenter une relation différentielle ou
intégrale par un "noyau flux-réservoir" (spécifique Stella)
- savoir associer correctement valeurs initiales et fonction
de variation aux paramètres du réservoir et du flux d'un noyau construit
- savoir représenter une dépendance explicite à un
paramètre par une liaison à un "transformateur" (spécifique Stella)
- savoir représenter le calcul d'une grandeur explicite par
une liaison à un "transformateur"
- savoir identifier une relation de type
"rétroaction"
Capacités liées à l'élaboration d'un modèle :
- savoir ajuster un paramètre
- savoir porter un jugement critique compte tenu des
résultats d'une simulation (cohérence générale, cohérence par rapport à des
données)
- savoir complexifier un modèle ou un germe de modèle
Capacités générales pouvant être mises en jeu dans
une activité avec Stella :
- lire et utiliser un mode d'emploi, une fiche de consignes
- recopier des valeurs données ou des expressions
- lire et interpréter un schéma codé
- lire une représentation graphique (I) : reconnaître
les grandeurs et valeurs portées en abscisse et ordonnée
- lire une représentation graphique (II) : déterminer
la (ou les) valeur(s) correspondant à un point spécifié
- rechercher de linformation dans un document, une
notice, une annexe, etc.
- choisir un mode de représentation
- choisir des valeurs de paramètres, des conditions
expérimentales, les échelles ou le nombre de mesures
- choisir un modèle
- appliquer une formule de calcul donnée
- reconnaître un résultat connu (valeur, relation)
- reconnaître un résultat annoncé (valeur, courbe,
relation, etc.)
- énoncer une définition, un théorème
- appliquer une définition, un théorème lorsqu'il est
explicitement demandé
- appliquer une définition, un théorème pour résoudre une
question-problème
- traduire en terme graphique une consigne numérique
- traduire en valeur numérique un résultat graphique
- interpréter et reformuler une information
- exprimer verbalement une valeur numérique, une courbe, un
schéma, etc.
- émettre une hypothèse pouvant être testée par
lexpérience
- proposer une interprétation qualitative
- proposer une relation mathématique entre deux grandeurs,
deux variables, à partir de données
- proposer un modèle théorique
- juger de la qualité d'une mesure, d'un calcul (conserver ou
refaire)
- juger de la cohérence d'un résultat (ordre de grandeur,
référence à une valeur connue, donnée ou calculée auparavant, etc.).
Quelques
unes des modélisations
Cinétique
chimique
L'exemple de la cinétique chimique est sans doute le plus
simple du fait de l'analogie directe en termes de stock/débit : les stocks sont
évidemment les concentrations des différentes espèces et les débits les vitesses de
réaction. |
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Le cas où la vitesse de réaction dépend de la
concentration d'une des espèces se traduit naturellement, au niveau conceptuel, par un
lien entre les deux icônes. |
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Le cas de deux réactions successives compétitives est
tout aussi intuitif. Le graphe ci-contre représente d'emblée les relations conceptuelles
entre les grandeurs |
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Dans tous les cas, il reste à spécifier mathématiquement
la relation, sans laquelle aucun aspect quantitatif ne peut être étudié. Par exemple,
pour l'étude de la réduction de l'eau oxygénée, un groupe d'élèves de TS a construit
le modèle ci-dessous. L'hypothèse de la proportionnalité entre vitesse et concentration
est imaginée par les élèves pour tenir compte des résultats expérimentaux déjà
connus.
Téléchargement du fichier : H2O2.stm (43 Ko)
Dans le fichier H2O2.stm, l'erreur de signe
commise par les élèves dans la relation entre vitesse et concentration, est l'occasion
d'une discussion intéressante sur les définitions des grandeurs utilisées.
La
charge du condensateur
L'étude de la charge du condensateur par un générateur
de tension et à travers une résistance présente le même intérêt et la même
proximité en terme de modélisation par Stella.
La représentation de charge du condensateur par un
réservoir et l'intensité par un flux est déjà en soi une représentation
conceptuellement intéressante : la charge est le stock et l'intensité est bien le
débit. |
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Se dire qu'au fur et à mesure de la charge, la tension du
condensateur allant en augmentant, le courant de charge ira en s'amenuisant peut se
traduire, ne serait-ce encore au niveau conceptuel des relations entre grandeurs physique
par l'ajout d'une simple flèche. |
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Ensuite, il faut spécifier de façon
quantitative, et donc physico-mathématique, les paramètres qui interviennent
explicitement dans l'énoncé. Avec des notations habituelles :
- E = uR + uC
- E = R i + q / C
- i = E/R - q / RC
On crée alors les "cercles" qui représentent
les grandeurs E, R et C et surtout les liens qui permettent de calculer l'intensité à
partir de la charge, de E, de R et de C.
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On obtient le résultat sous forme de courbes donnant la
charge du condensateur en fonction du temps. Sur le
graphe ci-contre on a réalisé un faisceau de courbes (pour différentes valeurs de R)
dont on a programmé l'arrêt pour une date égale à la constante de temps du dipôle RC. |
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La difficulté pour les élèves vient de leur
représentation immédiate : le courant est la cause de la charge. Or, justement,
c'est la charge du condensateur qui impose l'intensité du courant (pour une résistance
donnée).
Téléchargement du fichier : CRtau.stm (18 Ko)
Oscillateur
mécanique à une dimension
Stella est également adapté à la modélisation en
mécanique.
Si la notion de réservoir et de flux perd son sens
imagé, la relation de dérivée à grandeur est évidemment adapatée à la
mécanique : relations vitesse/position et accélération/vitesse. La résolution de l'équation différentielle du mouvement sera donc
obtenue avec Stella en créant un double intégrateur numérique. |
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On notera ici que cette modélisation de la mécanique
newtonienne n'est pas celle de l'enseignement secondaire où l'on n'utilise pas la
quantité de mouvement comme intermédiaire mais la deuxième loi de Newton exprimée avec
la dérivée seconde de la position.
La connaissance de laccélération, point de départ
nécessaire pour le calcul, est bien sûr établie par lapplication du théorème du
centre d'inertie, et suppose donc que lon modélise les forces appliquées.
Pour un oscillateur mécanique à une dimension, par
exemple, les forces appliquées peuvent être la tension du ressort et une force de
frottement :
.
On peut créer les "cercles" qui représentent les grandeurs masse, tension,
frottement, etc. On crée enfin les liaisons qui
traduisent les relations entre ces grandeurs :
- la liaison traduisant le fait que la tension est
déterminée à partir de x ; on a supposé ici une force de rappel en
-k.x ;
- la liaison traduisant le fait que la force de frottement
dépend de la vitesse ; on a supposé un frottement fluide en - h.v ;
- les liaisons qui permettent de calculer l'accélération à
partir de la masse, de la tension et de la force de frottement ; on écrit alors
son expression par une relation traduisant en quelque sorte sa dépendance
fonctionnelle :
a = (tension du ressort +
frottement)/masse |
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On notera ici le sens des relations. L'utilisation de
Stella conduit à une réflexion parfois délicate, mais toujours intéressante sur les
relations de "causalité" des différents phénomènes.
On complète le modèle par les valeurs numériques des
différents paramètres et par les valeurs initiales des variables x et v. Laffichage du résultat x = f(t) ci-contre
correspond à des valeurs croissantes de h : passage des oscillations libres
(h = 0) aux oscillations faiblement, puis plus fortement amorties. |
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Téléchargement du fichier : Oscil01.stm (27 Ko)
Modélisation
des oscillations électriques
Un circuit électrique dans lequel sont branchés en série
un générateur de tension, un conducteur ohmique, une bobine et un condensateur est
décrit par une équation différentielle du deuxième ordre. Une structure à deux
"intégrateurs" sera donc nécessaire pour obtenir la charge du
condensateur : "l'étage" entre di/dt et l'intensité, puis
"l'étage" entre l'intensité et la charge du condensateur.
Entre les deux "étages"
intégrateur, on remarque la liaison entre le "réservoir" intensité (alimenté
par la "pompe" di/dt) et la "pompe" intensité (notée i et alimentant
le "réservoir" charge). La grandeur
"dérivée de i" est bien évidemment reliée aux différents paramètres E, L,
R et C, mais aussi à la charge q et à lintensité i :
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Un tel modèle permet d'étudier aussi bien
les oscillations libres amorties, auto-entretenues ou forcées : il suffit de
spécifier le modèle choisi pour E. Si
E = 0 et à condition davoir choisi une charge initiale, on obtient les
oscillations libres (amorties ou non suivant R) comme le montre les graphes q=f(t)
ci-contre. |
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Téléchargement du fichier : RLCamor.stm (211 Ko)
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