Recherches sur la déscolarisation


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  A l'exception de l'article de Carole Asdih, toutes les communications présentées dans cette page sont issues du programme interministériel de recherches sur "Les processus de déscolarisation". Elles ont été publiées dans trois revues de sociologie qui leur ont consacré un numéro spécial sur le thème : "Les contradictions de la "démocratisation" scolaire" pour Les actes de la recherche en sciences sociales, celui de "Prévenir les ruptures scolaires" pour Ville-Ecole-Intégration Enjeux et "Le décrochage scolaire" pour Les Sciences de l'éducation - Pour l'Ere nouvelle.

Articles et communications

  ASDIH Carole. Etude du discours de collégiens en décrochage : conduite à l'école, relations avec les acteurs institutionnels, projets d'avenir. In : Les Sciences de l'éducation - Pour l'Ere nouvelle, vol. 36, n° 1, 2003, pp. 59-83.

Dans le cadre d'une recherche franco-anglaise, une approche comparative des processus de désaffiliation scolaire a été menée par deux équipes de chercheurs (Université Lille 3 et Canterbury Christ Church University) auprès de collégiens encore scolarisés mais avec des facteurs prédictifs de décrochage actif (absentéisme prolongé, exclusions de cours ou d'établissement, indiscipline, échec scolaire) dans des établissements présentant des similarités par leur contexte socio-économique (taux de chômage important, alcoolémie, précarité...). L'axe d'analyse a concerné plus particulièrement le vécu scolaire de ces collégiens à travers une étude des facteurs psychologiques et socio-relationnels mis en relation avec les facteurs familiaux et économiques. Hormis le redoublement, moins fréquent en Angleterre, les parcours et les systèmes de représentation (des acteurs scolaires, de l'institution, des apprentissages, des projets d'avenir) présentent les mêmes congruences et régularités. Dans cette phase de pré-décrochage, il est observé également une même perte d'estime de soi et de sens accordé à l'école et aux savoirs et le glissement vers un sentiment de révolte ou de non-appartenance. L'étude des caractéristiques socio-familiales relève comme facteurs à risque la monoparentalité plus spécialement quand celle-ci est associée à des difficultés économiques et à un isolement socio-affectif ainsi que l'importance des fratries et l'appartenance à des minorités culturelles peu intégrées telles que les gitans.

  BONNERY Stéphane. Le décrochage scolaire de l'intérieur : interaction de processus sociaux, cognitifs, subjectifs et langagiers. In : Les Sciences de l'éducation - Pour l'Ere nouvelle, Le décrochage scolaire, vol. 36, n° 1, 2003, pp. 39-58.

Stéphane Bonnéry s'est intéressé au passage "école primaire - collège" d'un groupe d'élèves de CM2, scolarisés dans deux écoles primaires d'un quartier populaire de Paris et identifiés par les professionnels scolaires comme étant de "potentiels décrocheurs" au collège. Suivis du CM2 au premier trimestre de 5ème, les difficultés de ces élèves procèdent d'un cumul de malentendus liés aux différentes situations du jeu scolaire : attitudes devant le travail scolaire, relations aux enseignants et pratiques langagières. Analysée non comme une rupture franche mais comme un continuum, cette amorce d'un décrochage de l'intérieur s'inscrit dans un contexte où les changements liés à la nouvelle situation pédagogique sont d'autant plus déstabilisants qu'ils remettent en cause des ambiguïtés jusqu'alors tolérées. Alors qu'en primaire, il était encore possible de donner le change et de conserver l'illusion d'être en adéquation avec la règle scolaire, les formes de socialisation scolaire attendues au collège et considérées comme déjà acquises ne permettent plus d'échapper au verdict scolaire, celui-ci est alors incompris et vécu comme une agression. Devant l'accumulation des lacunes et le retard pris, les efforts parfois entrepris ne permettent pas de redresser la situation.

  FRANDJI Daniel, VERGES Pierrette. Le détachement scolaire. Des parcours chaotiques de scolarisation entre les collèges et ailleurs. In : Ville-Ecole-Intégration Enjeux, n° 132, mars 2003, pp. 59-70.

Ce ne sont pas ici des cas de déscolarisation avérée mais des parcours scolaires discontinus qui ont été étudiés à partir d'une enquête de terrain située à Marseille et qui conduisent les auteurs tant à s'interroger sur le fonctionnement du dispositif scolaire dans son ensemble qu'à reconsidérer l'hypothèse d'une concurrence exercée par le monde du travail ou l'univers des pairs. La description d'une réalité hétérogène rend surtout compte de situations d'entre-deux pouvant perdurer sur une longue temporalité : des "corps présents" sans participation cognitive, des absences par intermittence qui préludent à un départ "en douceur", des élèves "en attente" d'une place dans un dispositif ou un centre, des exclusions ou des mises à l'écart, des refus d'affectation... La catégorie des "troubles du comportement" est également interrogée tellement elle apparaît "floue et polymorphe" avec une augmentation toujours croissante d'élèves ainsi désignés qui freine leur prise en charge par l'éducation spécialisée. D'autre part, l'attrait exercé par le monde du travail n'est prégnant que dans la mesure où celui-ci se pose comme seule issue au terme de la scolarité obligatoire. A travers les discours recueillis auprès des élèves, il est d'ailleurs plus identifié un "vide d'école", une place qu'ils ne savent ou ne peuvent occuper, qu'un refus d'école.

  GEAY Bertrand. Du "cancre" au "sauvageon". Les conditions institutionnelles de diffusion des politiques d'"insertion" et de "tolérance zéro". In : Les actes de la recherche en sciences sociales, "Les contradictions de la "démocratisation" scolaire", n° 149, septembre 2003, pp. 21-31.

A travers une approche macro-sociologique des différentes modalités d'intervention institutionnelle visant le repérage et la prise en charge des élèves de l'enseignement secondaire ne répondant pas aux normes de scolarisation (élèves absentéistes, déviants ou non scolarisés), Bertrand Geay présente une analyse de l'évolution des politiques publiques depuis les années quatre-vingt et les fonctions latentes du maillage social qui en résulte. La contextualisation, sociale et institutionnelle de cette évolution permet d'en établir la genèse et souligne la relation étroite, en terme d'effets négatifs, entre processus de précarisation sociale d'une fraction toujours plus large des classes populaires et massification formelle de l'enseignement secondaire. Considérées sous l'angle d'une adaptation structurelle, ces nouvelles politiques publiques instaurent une collaboration directe avec des institutions extérieures à l'Education Nationale (PJJ, entreprises, missions locales d'insertion...) et font donc intervenir de nouveaux acteurs professionnels. Sur la base d'un important corpus d'entretiens menés avec une centaine d'entre eux, l'auteur fait état des effets induits par ce nouveau partage des charges éducatives et des tensions qui peuvent en résulter.

Voir aussi : 

Bertrand Geay. La construction institutionnelle de la "déscolarisation. In : Ville-Ecole-Intégration Enjeux, n° 132, mars 2003, pp. 19-27.

Bertrand Geay. Catégorisation des trajectoires et méconnaissance institutionnelle. La construction du regard sur le "déscolarisé". In : Cahiers de la recherche sur l'éducation et les savoirs, n° 2, 2003.

  HEDIBEL Maryse. Résultats catastrophiques, un changement radical s'impose. Arrêts de scolarité : les paradoxes institutionnels. In : Ville-Ecole-Intégration Enjeux, n° 132, mars 2003, pp. 71-89.

Se basant sur l'étude approfondie des trajectoires scolaires de jeunes déscolarisés âgés de 13 à 15 ans mises en relation avec leur environnement social et familial, Maryse Hédibel interroge les facteurs endogènes à l'école et leur part d'implication dans les processus de déscolarisation. Le terrain d'enquête se situe dans une ville du Nord de la France et concerne trois collèges d'un réseau d'éducation prioritaire. L'auteur désigne par "paradoxes institutionnels", un ensemble d'injonctions et de décisions qui se révèlent sans effet voir qui aggravent la désaffiliation en cours et ce, sans que soit réellement prise en compte la situation sociale et familiale du jeune concerné tout autant que les données antérieures du dossier scolaire. L'absence de coordination entre acteurs scolaires, le cloisonnement des actions entreprises, l'externalisation des solutions proposées se surajoutent à des situations déjà complexes et ne favorisent donc pas une rescolarisation rapide.

Voir aussi : 

Maryse Hédibel. Des élèves qui n'en sont plus : les arrêts de scolarité avant 16 ans. In : Les Sciences de l'éducation - Pour l'Ere nouvelle, vol. 36, n° 1, 2003, pp. 15-36.

  MILLET Mathias, THIN Daniel. Remarques provisoires sur les "ruptures scolaires" des collégiens de familles populaires. in : Les Sciences de l'éducation - Pour l'Ere nouvelle, vol. 36, n° 1, 2003, pp. 109-128.

L'enquête menée par les auteurs auprès de collégiens pris en charge par les dispositifs relais de la région lyonnaise et stéphanoise vérifie empiriquement et confirme la relation de circularité étroite entre vulnérabilité sociale des familles issues des fractions les plus dominées des classes populaires et l'enchaînement "en cascade" de facteurs défavorables qui caractérisent les carrières scolaires des élèves accueillis en classe relais. La solitude de l'élève en échec est ici mise en résonance avec la forte distance qui caractérise les formes de socialisation familiale des normes de comportement aussi bien corporel que cognitif requises par l'institution scolaire pour y demeurer inclus. Différents profils de familles sont dressés afin de rendre intelligible les modes de régulation familiale, le cadre de vie et les formes de sociabilité desquels sont issues ces "scolarités avortées". Mais ces mises en lumière des traits les plus saillants ne peuvent être dissociées des conditions de scolarisation particulière créée par la ségrégation résidentielle tout autant que l'ancienneté des difficultés d'apprentissage.

Voir aussi : 

Mathias Millet, Daniel Thin. Une déscolarisation encadrée. Le traitement institutionnel du "désordre scolaire" dans les dispositifs-relais. In : Les actes de la recherche en sciences sociales, n° 149, septembre 2003, pp. 32-41.

 Mathias Millet, Daniel Thin. La déscolarisation comme processus combinatoire. In : Ville-Ecole-Intégration Enjeux, n° 132, mars 2003, pp. 46-58.

Sur Internet

  Prévenir les ruptures scolaires. Ville-Ecole-Intégration Enjeux, n° 132, avril 2003.

Sur le site du Scéren-VEI : sélection d’articles de la revue Ville-Ecole-Intégration Enjeux.

  Le décrochage scolaire. Les Sciences de l’éducation pour l’ère nouvelle, vol. 36, vol. 1, 2003. 

Sur le site du Centre d'Etudes et de Recherches en Sciences de l'Education

  Les contradictions de la "démocratisation" scolaire. Actes de la recherche en sciences sociales, n° 149, septembre 2003.

Sur le site du Centre de sociologie européenne EHESS - CNRS