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Interrogations sur le fonctionnement de l’école dans son environnement social, culturel et économique


BIBLIOGRAPHIE RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES NOUS CONTACTER

Dernière mise à jour : mai 2003, les références les plus récentes sont signalées par le symbole

2.1 Sociologie de l’école - Massification / démocratisation

  BERNARDIN Jacques. Démocratisation, où en est-on ? Dialogue, n° 106, septembre 2002, pp. 3-8.

Cet article dresse un bilan à la fois quantitatif et qualitatif des mesures destinées à démocratiser l'école. Il constate que environ 60 000 jeunes quittent chaque année le système éducatif sans qualification, avec les risques d'exclusion et d'inscription dans des comportements déviants que cela implique et qu'il existe une inégalité sociale d'accès aux différentes filières. En ce qui concerne les résultats de la politique ZEP, si elles ont permis une amélioration du climat des établissements, les résultats des évaluations montrent globalement un maintien des écarts entre ZEP et non ZEP, même s'il existe des variations importantes d'une ZEP à l'autre. Si l'innovation est indispensable dans les contextes difficiles, certaines tentatives n'ont guère eu d'effets sur la réussite des élèves : pédagogie du projet sans lien avec les activités de classe ordinaires, diminution du temps d'exposition aux apprentissages, références au vécu et à la culture d'origine des élèves (avec le risque de les " assigner à résidence "), adaptation pédagogique et réduction des exigences (tendance à la simplification et au morcellement des activités). Il existe pourtant des voies pour démocratiser l'accès au savoir et maintenir un haut niveau d'exigence quant aux apprentissages. Il s'agit de proposer aux élèves des situations complexes qu'ils devront résoudre par une recherche personnelle et des échanges avec leurs pairs, de les amener à un véritable travail intellectuel, de présenter le savoir comme le résultat d'un processus et non sous une forme réifiée et atemporelle. Tout ceci suppose une modification en profondeur, un changement de logique de la part des enseignants.

BRUCIS Guy,  ROPE Françoise. Suffit-il de scolariser ?. Paris : Éditions de l’Atelier, 2000, 216 p. (Enjeux de société)

Les auteurs constatent que la scolarisation massive de ces deux dernières décennies a élevé le niveau général de formation de la population française, mais cette évolution n’a pas répondu aux espoirs suscités. Si l’école scolarise désormais massivement, elle reproduit de fortes inégalités dans l’enseignement des savoirs et ne reconnaît pas certains d’entre eux, les savoirs professionnels notamment. Il s’agit désormais de faire de l’école un lieu d’enseignement de tous les savoirs, ouvert sur une société plus juste et plus solidaire. Dans cet ouvrage s’appuyant sur de nombreux travaux sociologiques, l’évolution du système éducatif français est mise en perspective avec les transformations de la société au sens large du terme : transformations économiques, sociales, culturelles, politiques, auxquelles l’école prépare ou résiste, qu’elle anticipe ou contribue à créer.

BOURDON Jean (coord.), THELOT Claude (coord.). Éducation et formation : l'apport de la recherche aux politiques éducatives. Paris : Ed. du CNRS., 1999, 318 p.

L’ouvrage contient les 17 textes, écrits par des chercheurs, introductifs aux séances du séminaire DEP-IREDU (Direction de l’Évaluation et de la Prospective et Institut de Recherche sur l'Économie de l'Éducation) de l’année scolaire 95-96. L’objectif du séminaire était de lancer des passerelles entre la recherche et la politique éducatives. On peut regrouper les contributions autour de quatre thèmes : école et société ; le maître, la classe et leurs évaluations ; financement et rendement ; l’enseignement supérieur. Le premier thème s’attache à resituer la place de l’école dans la société (interventions de Bernard Charlot sur le rapport au savoir des élèves, de Marie Duru-Bellat sur l’évolution des inégalités sociales dans le système éducatif, de François Dubet sur école, citoyenneté et intégration, de Jean-Yves Rochex sur l’ « adaptation de l’école à la diversité sociale». Le second thème est consacré aux enseignants et à leurs pratiques (les carrières des enseignants dans les collèges difficiles par Agnès van Zanten, pratiques enseignantes et effet-maître par Max Bru, les enseignants débutants et leur formation en IUFM par Claude Pair.

CRAHAY Marcel. L’école peut-elle être juste et efficace ? : de l’égalité des chances à l’égalité des acquis. Bruxelles : De Boeck Université, 2000, 452 p. (Pédagogies en développement).

Après une réflexion critique sur le concept d’équité en matière d’éducation, l’ouvrage s’attache à un large bilan des recherches sociologiques et pédagogiques entreprises dans le domaine afin de cerner les acquis et identifier les champs d’incertitude ou d’ignorance encore en place. Parmi les questions abordées : les inégalités sociales de réussite à l’école sont-elles imputables à une indifférence des enseignants à l’égard des différences individuelles ou à une succession de processus de discriminations négatives ? l’école peut-elle gommer l’effet des inégalités liées à l’origine sociale des élèves ? faut-il sectoriser le territoire en zones pédagogiques et affecter les élèves en fonction de leur domicile ? l’école offre-t-elle les mêmes opportunités de réussite et d’apprentissage à tous les élèves ? quel type d’organisation du système éducatif garantit le mieux l’équité éducative ? comment l’école peut-elle gérer les différences individuelles face aux apprentissages scolaires ? Quels sont les effets du tutorat et de la pratique des groupes coopératifs ?

DEROUET Jean-Louis (dir.). L'école dans plusieurs mondes. Bruxelles : De Boeck ; Paris : INRP, 1999, 299 p. (Pédagogies en développement).

Le but principal de ce livre est de rendre compte de l’évolution du système éducatif français qui est passé, en quelques années, d’un maximum de standardisation à une certaine décentralisation. D’une organisation pyramidale, où les établissements étaient de simples unités d’exécution, on  glisse peu à peu vers un autre système dont l’unité de base serait l’établissement. Il n’existe donc plus de compromis général  sur l’école valable partout. La première partie de l’ouvrage tente de rendre compte du travail des acteurs pour explorer les situations troubles qu’engendre le passage d’un système de référence à un autre. L’administration, la vie des établissements, les savoirs et les valeurs, l’évaluation et l’orientation des élèves sont observés. La seconde partie s’intéresse aux procédures de stabilisation qui tentent de perpétuer l’ordre une fois qu’il a été négocié, à la capacité d’adaptation des acteurs qui permet à l’école de garder un fonctionnement régulier. Les auteurs en viennent à interroger les notions de ZEP et de territoires éducatifs mis en place au début des années 80. La troisième partie pose le problème de l’existence, aujourd’hui, d’un système éducatif unifié. Les principes de l’école de la République (une culture commune pour tous les jeunes vivant en France, l’acquisition des notions fondamentales de la citoyenneté, une perspective de mobilité sociale) sont-ils encore sauvegardés ?

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DUBET François, DURU-BELLAT Marie. L’hypocrisie scolaire : pour un collège enfin démocratique. Paris : Seuil, 2000, 231 p. (L’épreuve des faits).

Les auteurs s’appuient sur les recherches accumulées depuis 30 ans pour décrire les évolutions du collège et examiner dans quelle mesure les problèmes qui s’y posent ont changé de nature. Ils montrent la révolution qu’a connue le collège en s’ouvrant à tous les élèves, le passage de l’élitisme républicain au principe d’égalité des chances. L’observation des pratiques et le recensement des études portant sur le collège démentent le constat alarmiste établi par certains et montrent notamment que les méthodes se sont transformées, que le niveau des élèves ne s’est pas effondré. Mais les contradictions du collège se sont aussi accentuées du fait de la massification. Les auteurs décrivent les disparités qui existent sur le terrain entre collèges élitistes et collèges en ZEP, s’interrogent sur les contenus d’enseignement, sur l’injonction à la différenciation des pratiques des établissements en ZEP et hors-ZEP, sur les contextes de travail. En conclusion, ils proposent de rompre   avec la contradiction fondamentale qui fait du collège à la fois l’héritier de l’ancien lycée de l’excellence et l’école de tout le monde. Ils affirment leur choix d’un collège dont les objectifs seraient pensés dans les termes d’une culture commune pour tous les élèves, loin des logiques de compétition.

Échec et réussite scolaires : de nouvelles questions. Migrants-Formation, n°104, mars 1996.

Les articles réunis dans ce dossier remettent en cause un certain nombre d'idées reçues. Ils interrogent : la relativité des notions d'échec et de réussite scolaires, produites dans des contextes socio-historiques déterminés ; les différentes façons de traiter le problème de l'échec dans les différents systèmes éducatifs européens ; la liaison entre échec scolaire et appartenance à un milieu social, la multiplicité des facteurs en jeu, et la complexité des cas singuliers de réussite scolaire en milieu populaire ; les trajectoires scolaires des enfants d'immigrés ; les effets de la massification du second cycle long sur les inégalités sociales face au savoir et les différenciations observées au sein des populations lycéennes dans la dimension du rapport au savoir ; les pédagogies actives et les difficultés de leur adaptation à des publics socialement diversifiés.

MEURET Denis, BROCCOLICHI Sylvain, DURU-BELLAT Marie. Autonomie et choix des établissements : finalités, modalités, effets. Dijon : Université de Bourgogne - CNRS, 2001, 304 p. (Les Cahiers de l'irédu, n° 62). 

L'ouvrage est la reprise du rapport réalisé dans le cadre d'un appel d'offre lancé en 1998 par le CNCRE (Comité National de Coordination de la Recherche en Education). La question était : " L'autonomie accordée aux établissements et l'assouplissement de la carte scolaire leur ont-ils permis de mieux s'adapter aux demandes et aux besoins du public d'élèves ? Quelle incidence ont-ils eu sur les stratégies des acteurs et sur l'évolution des systèmes scolaires ? ". Dans une première partie, les auteurs situent les évolutions des systèmes scolaires dans leur contexte et les analysent aussi dans une perspective théorique, à la lumière de l'économie et de la sociologie. Dans une seconde partie, ils présentent une synthèse des travaux ayant tenté d'appréhender les effets des politiques de l'autonomie et du choix sur le fonctionnement des établissements, sur les performances des élèves et sur les inégalités entre élèves. Enfin, dans une troisième partie, ils tirent des enseignements en matière de politique éducative et pointent les questions qu'il s'agit aujourd'hui d'instruire. On constate ainsi que les parents approuvent la possibilité de choisir un établissement mais que les effets attendus (plus de libertés pédagogiques pour les personnels, engagement dans l'innovation) ne se sont pas nécessairement produits. De même, le choix de l'établissement et l'accroissement de l'autonomie n'ont pas entraîné systématiquement des effets inéquitables : tout dépend des autres techniques de régulation qui les accompagnent. Selon les auteurs, plutôt que d'inciter les familles à choisir les "meilleures écoles", la priorité, pour les politiques de l'éducation, réside dans l'amélioration de l'efficacité de "toutes les écoles", ce qui passe notamment par une politique vigoureuse de discrimination positive et de suivi effectif des écoles en difficulté, et un réel pilotage du système par les résultats des élèves.

  TERRAIL Jean-Pierre. De l'inégalité scolaire. Paris : La Dispute, 2002, 320 p.

Les inégalités scolaires sont-elles pour l'essentiel étrangères au processus d'appropriation des savoirs ? Après avoir analysé l'influence des familles et des enseignants sur la réussite et l'échec scolaires, les effets de l'étiquetage précoce, l'auteur examine ce que les inégalités d'apprentissage doivent à la diversité des ressources extra-scolaires (rôle de l'entourage). Il interroge ensuite les conditions et les principes de l'action scolaire, les capacités " minimales " et les ressources préalables nécessaires pour affronter les apprentissages, le rôle que devrait jouer l'école dans la mobilisation et l'enrichissement de ces ressources (mise à distance des formes culturelles acquises, entrée dans un rapport d'objectivation, accès à la conscience réflexive des objets du savoir et des modes de leur connaissance). Selon l'auteur, l'école requiert de l'enfant qu'il entre en quelques années dans un rapport métacognitif au langage et aux savoirs sans l'aider à y parvenir. Sous prétexte d'adaptation, elle différencie ses pratiques, et ce dès le début du CP, en fonction de l'origine sociale des élèves (pour les élèves des milieux populaires : recours au concret, exécution de tâches parcellaires, absence de mise en activité intellectuelle, recours au " psychologisme "). Ainsi les inégalités scolaires s'expliquent moins par l'insuffisance des ressources langagières et culturelles des élèves de milieux populaires que par le désavantage qu'ils subissent.

VAN ZANTEN Agnès (coord.). La scolarisation dans les milieux difficiles : processus, politiques et pratiques. Paris : INRP, 1998.

Cet ouvrage offre une vue d’ensemble de la scolarisation dans les milieux " difficiles ", c’est à dire dans des contextes où les familles et les élèves d’une part, les institutions et les agents scolaires d’autre part, entretiennent un mauvais rapport, et où ces derniers ont du mal à atteindre les objectifs fixés au système d’enseignement et à donner un sens positif à leur travail. Les dix contributions qui le composent ont été rédigées par des chercheurs en sociologie et en sciences de l’éducation dans le but de faire connaître, au-delà d’un cercle restreint de spécialistes, des données et des interprétations issues de travaux de recherche originaux. Ces contributions abordent des questions centrales telles que les effets à court et à moyen terme des politiques territorialisées, les processus de construction quotidienne de la citoyenneté ou de la violence dans les établissements de banlieue, ou bien les formes variées que peut prendre l’engagement des professionnels de l’éducation vis-à-vis de la réussite et de l’intégration des élèves d’origine populaire. Elles apportent aussi des éléments nouveaux au débat scientifique concernant l’autonomie du " local " et des acteurs de l’éducation et au débat politique concernant les effets de la diversification des structures et de l’adaptation locale des politiques et des pratiques sur la justice et le pouvoir d’intégration de l’école. Au moment où le ministère de l’Éducation nationale relance le dispositif des zones d’éducation prioritaires, cette publication apparaît comme une contribution importante à la réflexion qui s’engage dans les 558 ZEP de France. Il réunit des contributions de Patrick Bouveau, Bernard Charlot, Gérard Chauveau et Éliane Rogovas-Chauveau, Eric Debarbieux, Lise Demailly, Dominique Glasman, Yves Jean, Martine Kherroubi, Jean-Paul Payet, Zahia Zeroulou.

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VAN ZANTEN Agnès. L'école de la périphérie : scolarité et ségrégation en banlieue. Paris : PUF, 2001, 424 p.

L'auteur, à partir de plusieurs enquêtes de type ethnographique menées dans des établissements et des villes de banlieue au cours de ces dernières années, analyse les processus participant à la construction des ségrégations scolaires dans la société française contemporaine : défaillances de la régulation des politiques locales ; stratégies des familles pour tourner à leur avantage ou contourner l'offre scolaire, ce qui a pour conséquence de creuser les écarts entre établissements ; concurrence entre établissements qui peut conduire à la concentration des publics scolaires de milieu populaire et immigré en difficulté dans des classes de "relégation" ; adaptation des enseignants à leurs publics et développement de pratiques spécifiques en matière de discipline et d'enseignement ; absence de coordination entre professionnels de l'éducation et tendance à la délégation et au renforcement des cloisonnements… Il y a urgence, selon elle, à trouver des normes équitables en matière de répartition de l'offre de formation, de choix de l'établissement, d'orientation, de pédagogie et de discipline.

VAN ZANTEN Agnès. Massification et régulation du système d'enseignement, adaptations et ajustements en milieu urbain défavorisé. L'année sociologique, n° 2, vol. 50, 2000, pp. 409-436. 

Cet article étudie le rôle des adaptations et des ajustements dans la régulation de l'activité des établissements d'enseignement en milieu urbain défavorisé. Il analyse les effets de deux types de collégialité, celle des " anciens " et celle des " nouveaux " enseignants, en montrant que la collégialité joue un rôle important dans la constitution d'une compétence fondée sur l'adaptation aux élèves et aux situations. Il examine également les effets de l'évitement de ces établissements par les parents des classes moyennes sur leur fonctionnement interne (priorité accordée à la sécurité et à la discipline, constitution de classes de niveau), en insistant néanmoins sur le fait que l'ajustement à la clientèle est fortement médiatisé par l'environnement institutionnel. La conclusion met l'accent sur l'interaction entre les adaptations et les ajustements réalisés au niveau de la classe ou de l'établissement et les choix politiques. Elle souligne le fait que l'effritement de la gestion centralisée et du modèle politique et institutionnel sous-jacent peuvent contribuer à accroître la polarisation entre les contextes d'enseignement mais également ouvrir de nouvelles opportunités de développement professionnel à l'échelle locale.

 

2.2 Territorialisation des politiques éducatives et articulation avec les politiques de la ville

ANDERSON Antoine, SUEUR Jean-Pierre (préf.). Politiques de la ville : de la zone au territoire. Paris : Syros, 1998. (Territoires et développement).

L’ouvrage présente un bilan critique et préconise, pour lutter efficacement contre les mécanismes puissants de la ségrégation urbaine, l’instauration de nouveaux rapports contractuels entre l’Etat et les collectivités locales et la constitution de réels partenaires locaux. Il énonce des propositions pour construire de nouvelles pratiques institutionnelles et des outils permettant de fonder un vrai projet de développement du territoire et d’intégration urbaine.

  BEN-AYED Choukri. Enjeux et limites des politiques d'autonomie pédagogique dans les collèges publics et privés. Revue du C.R.E. (Centre de Recherche en Education), n° 19, juin 2001, pp. 35-59.

L'auteur rend compte d'une enquête comparative portant sur les politiques d'autonomie des établissements scolaires, réalisée au cours de l'année scolaire 1997-1998 dans six académies (Poitiers, Dijon, Nancy-Metz, Paris, Versailles et Créteil) auprès de 15 établissements publics et 15 établissements privés, au moyen d'entretiens avec des chefs d'établissement et des enseignants. Dans l'enseignement privé, l'autonomie se traduit tour d'abord par une forte capacité d'adaptation des offres éducatives (politique d'information très active, mettant en avant notamment l'intensification de l'encadrement pédagogique, l'individualisation de l'enseignement et l'aide spécifique aux élèves en difficulté. Elle se caractérise aussi par la possibilité de contrôler le recrutement des élèves. Seuls les établissements "spécialisés" dans l'accueil des élèves en difficulté, confessionnels pour la plupart, revendiquent une certaine autonomie pédagogique Dans les établissements publics, il s'agit de moderniser l'institution scolaire afin de trouver des solutions à l'échec scolaire et aux inégalités en tenant davantage compte de la diversité des élèves. L'outil essentiel de l'autonomie est le projet d'établissement qui doit tenir compte de la diversité des situations rencontrées afin d'ajuster les pratiques, mais sa mise en œuvre reste problématique (trop d'encadrement par l'administration, absence de marge de manœuvre, manque de moyens). Pour les chefs d'établissements publics, l'attractivité est surtout liée aux caractéristiques des publics accueillis et au climat de l'établissement. Ils soulignent le "caractère contraint de l'accueil de l'ensemble des élèves" correspondant à leur secteur et considèrent que la possibilité de choisir leur public scolaire donnée aux établissements privés relève de la "concurrence déloyale". Nombreux sont ceux qui, à la tête d'un établissement "attractif", mettent en œuvre des stratégies pour "promouvoir leur image de marque" : démarche de communication, accueil des élèves dérogataires, offre de langues rares, etc. Mais, comme pour le privé, l' "efficacité" de ces établissements est moins due à l'autonomie pédagogique qu'aux logiques de recrutement. Les politiques d'autonomie ne constituent donc pas à l'heure actuelle un dispositif efficace de réduction des inégalités scolaires.

BOUVEAU Patrick. Les ZEP et la ville : l'évolution d'une politique scolaire. In : La scolarisation dans les milieux difficiles : politiques, processus et pratiques. VAN ZANTEN Agnès (coord.). Paris : INRP, 1998. pp. 47-65.

L'auteur porte un regard critique sur les impulsions de la politique des ZEP de 1981 et 1990. Il dégage des évolutions, des inflexions, des questionnements qui ont marqué la politique des ZEP, en particulier ceux qui, dans un contexte d'aggravation des problèmes sociaux en milieu urbain, ont contribué à un infléchissement de la question de la lutte contre l'échec scolaire vers une problématique éducative de quartier. Sont pointées les questions posées à l'école par l'émergence des politiques urbaines, la mise à l'épreuve de l'école par le quartier, les interrogations concernant la maîtrise des stratégies éducatives territorialisées et les effets de déstabilisation de l'école quant à sa fonction fondamentale de transmission des savoirs.

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CHAMBON André. L'éducation à l'épreuve des territoires. In : JACQUEMIN Françoise (coord.). Education et territoires. 2e rencontres nationales de l'éducation. Rennes, mars 2000. Rennes : Ligue de l'Enseignement - ville de Rennes, 2000, pp. 15-32.

Dans l'Education nationale, un certain nombre de processus partenariaux, d'initiatives et de démarches ont parfois fait changer les architectures éducatives locales. L'auteur fait le point sur les différents " chantiers " : les dispositifs d'Etat (zones d'éducation prioritaires, Contrats d'aménagement du temps de l'enfant débouchant sur les actuels Contrats éducatifs locaux), réalisations provenant des volontés propres des acteurs territoriaux, notamment des villes. En ce qui concerne les ZEP, on observe l'apparition de l'effet territoire (politiques novatrices de lecture ou d'éducation à la santé), l'invention de démarches de formations professionnelles partenariales. Cependant, l'évolution récente des ZEP (classes-relais, établissements sensibles, réseaux d'éducation prioritaire) montre un " reciblage " sur l'établissement scolaire. Cette démarche, qui a été à l'avant-garde, est aujourd'hui dépassée ou englobée par les initiatives des villes, par l'émergence de projets éducatifs locaux qui s'inscrivent dans les réalités territoriales. Les initiatives éducatives urbaines se caractérisent par l'extension de " l'effet territoire " (le système d'action d'une municipalité témoigne d'une meilleure connaissance, d'une autre capacité d'initiatives que l'équipe d'animation pour les ZEP), par la réalité des " aires de développement ", par l'invention de nouvelles fonctions éducatives, par la mise en œuvre d'une " géopolitique éducative ". Pour l'auteur, se dessine le passage d'une " forme scolaire " à une " forme éducative " plurielle qui implique et débouche sur une co-responsabilité, une co-production éducative et une co-éducation.

CHAMBON André. Les modalités du développement éducatif local : des zones d'éducation prioritaires aux politiques éducatives urbaines. Villeneuve d'Ascq : Presses Universitaires du Septentrion, 1999, 472 p. (Thèse à la carte).

L’ouvrage est issu de la thèse de doctorat que l’auteur a soutenue en 1998. Il part du constat que depuis quinze ans, à partir de la promulgation des lois de décentralisation, des démarches éducatives originales sont apparues dans les quartiers et les villes. Son hypothèse est que les transformations en cours peuvent «  introduire à un changement de forme et de systèmes éducatifs », ce qui s’exprimerait par des modalités spécifiques à chaque terrain, à travers un processus de développement éducatif local. Il a notamment étudié les étapes et la signification de l’élargissement des tâches éducatives en ZEP, les politiques couplées ZEP-DSQ et les Projets éducatifs locaux de trois villes. Le concept de développement lui est apparu commun aux trois sites analysées, même s’il peut, dans son application pratique, être décliné suivant de multiples modalités, mais aussi à tous les autres sites dont il a eu connaissance. Le terme de développement va s’appliquer progressivement à des territoires de plus en plus petits, à des ensembles de population de plus en plus restreints, par le biais des mesures de développement local. En conclusion, l’auteur s’interroge sur l’évolution du système éducatif, pris entre les deux extrêmes d’un retour au centralisme ou de l’émergence d’un pouvoir éducatif local.

CHARLOT Bernard. Territoire et inégalités scolaires. In : VAN ZANTEN Agnès (coord.). La scolarisation dans les milieux difficiles : politiques, processus et pratiques. Paris : INRP, 1998. pp. 67-81.

Le mouvement de territorialisation des politiques éducatives a suivi en France deux logiques : une logique sociale qui se développe dans les ZEP, et une logique de décentralisation vers les collectivités locales. L'auteur observe en s'appuyant sur les statistiques de la DEP les effets de la territorialisation des politiques éducatives sur les inégalités face à l'école. Les disparités entre régions ou académies subsistent mais la décentralisation semble avoir contribué à les réduire. En revanche, les inégalités sociales restent fortes. La politique des ZEP a été effectivement mise en oeuvre mais dans un territoire de plus en plus discontinu et fragmenté, et avec d'importantes disparités entre académies, entre ZEP et entre établissements. La territorialisation des politiques n'apporte pas en elle-même de solutions au problème des inégalités sociales face à l'école ; elle peut contribuer à réduire l'inégalité mais seulement dans la mesure où elle participe à une transformation des pratiques éducatives.

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CHAUVEAU Gérard, ROGOVAS-CHAUVEAU Eliane. A l'école des banlieues. Paris : ESF, 1995, 172 p. (Pédagogies).

Les auteurs font part de leurs réflexions sur la mise en oeuvre des idées et des pratiques nouvelles qui se sont développées avec les dispositifs de zone d'éducation prioritaire et de développement social des quartiers. Leur approche repose sur l'examen critique des options et des solutions mises en oeuvre en faveur des populations défavorisées et sur le repérage des dynamiques éducatives locales qui permettent l'accès de tous aux savoirs et à la réussite scolaire. Ils donnent en exemple le cas d'établissements, de structures et d'équipes qui fabriquent de la réussite. Pour les auteurs, une seule voie est possible : faire de l'école une "fabrique d'intelligence" en se centrant sur les savoirs et les apprentissages, et du quartier une "zone d'activité intellectuelle" en plaçant les apprentissages intellectuels au coeur du quartier.

DUTERCQ Yves. Politiques éducatives et évaluation : querelles de territoires. Paris : PUF, 2000, 194 p. (Éducation et formation, recherches scientifiques).

Cet ouvrage est une version remaniée, et augmentée des travaux d’une année supplémentaire d’enquête, d’un premier rapport remis au Commissariat Général au Plan en 1996 et portant sur l’évaluation des politiques territoriales d’éducation. L’objectif de l’auteur a été le repérage, la description et l’analyse des procédures d’évaluation dans le domaine de l’éducation. A travers une série d’actions, que l’on peut juger innovantes ou contestables selon le point de vue adopté, et qui résultent d’initiatives de collectivités territoriales ou de communes, l’auteur, qui a interviewé acteurs de terrain et décideurs, se demande si l’on est réellement passé d’un pilotage étatique central à un gouvernement territorial de l’éducation, s’il faut parler de politiques éducatives territoriales ou simplement territorialisées.

Éducation prioritaire et politique de la ville. Ville-Ecole-Intégration, n°117, juin 1999, 119 p.

Ce dossier, dont les principales contributions sont signées par des chercheurs, pose, dans sa première partie,  les questions de l’extension des ZEP, du rapport entre ZEP et pédagogie de la réussite, des limites de la coopération dans les partenariats et analyse les motivations et implications des personnels en ZEP dans les structures partenariales. La seconde partie interroge la politique de la ville et notamment les principes et présupposés des contrats dans le champ de l’éducation : CEL, Contrat de réussite, CLAS, contrat d’aménagement des rythmes scolaires. Enfin, la troisième partie s’intéresse aux enseignants de ZEP, à leurs caractéristiques, à l’inadéquation qui peut se produire entre instituteurs et parents de milieux défavorisés. Une dernière contribution examine le rôle et la position spécifique de l’assistante sociale scolaire.

Éducation et politique de la ville : actes de l'université d'automne 1999, IUFM de Créteil, 2-6 novembre 1999. Ville-Ecole-Intégration, n° spécial, janvier 2000.

L'Université d'Automne a réuni des fonctionnaires de différents services de l'État impliqués dans la mise en œuvre des politiques contractuelles visant à faire de l'éducation une véritable responsabilité partagée dans la ville dans l'objectif de réfléchir aux conditions qui favorisent la réussite des politiques et des partenariats développés pour mettre les élèves en situation de réussite ; les actes mettent à disposition les principaux éléments de cette réflexion et publient les conférences et les travaux des ateliers.

GLASMAN Dominique et al. L'école réinventée ? Le partenariat dans les ZEP. Paris : L'Harmattan, 1992, 199 p. (Bibliothèque de l'éducation).

L'ouvrage propose une analyse de ce que les termes de "partenariat" et de "partenaires" recouvrent dans la vie quotidienne des ZEP. Les auteurs s'appuient sur une observation détaillée de deux ZEP. Ils présentent les différents acteurs du partenariat, analysent leur position spécifique, en particulier leur rapport à l'institution scolaire, et posent le problème de l'imprécision de l'objet du partenariat. Ils observent les projets et les réalisations produites, les relations entre les partenaires et les ressources dont ils disposent. Les auteurs tentent de débusquer de fausses évidences, pointent les contradictions du partenariat et les conflits qu'il engendre. Ils proposent une analyse de ses difficultés à partir de l'analyse des identités professionnelles des partenaires, spécialement des enseignants et des travailleurs sociaux et posent enfin des questions plus fondamentales sur l'articulation entre le scolaire et le social.

JACQUEMIN Françoise (coord.). Démocratisation en action(s) : Rencontres nationales de Éducation - Rennes, octobre 1998. Rennes : Ligue de l'Enseignement - Ville de Rennes, 1999, 158 p. 

Les premières Rencontres nationales de l'éducation, co-organisées par la Ligue de l'enseignement et la ville de Rennes ont réuni, sur trois jours, 360 participants, 37 villes étant représentées. Ces rencontres ont été l'occasion de créer des passerelles entre élus, chercheurs, partenaires associatifs, enseignants. Quelques thèmes majeurs du débat sur l'École et la démocratisation du système éducatif ont été abordés : la question du territoire, l’évaluation, l'accompagnement scolaire, l’efficacité des dispositifs ayant pour objectif la démocratisation, l'instauration de partenariats, l’éducation à la citoyenneté.

JACQUEMIN Françoise (coord.). Éducation et territoires. 2e rencontres nationales de l’éducation. Rennes, mars 2000. Rennes : Ligue de l’Enseignement - ville de Rennes, 2000, 204 p.

Lors de ces 2e Rencontres nationales, les différents acteurs du champ éducatif (élus et fonctionnaires des collectivités locales, militants d’associations, enseignants, parents…) ont débattu autour du thème : « Éducation et territoire ». L’ouvrage contient les conférences d’André Chambon (« L’éducation à l’épreuve des territoires »), de Philippe Meirieu (« Éduquer ensemble à l’échelle du territoire », de Michel Deleau (« Diversité culturelle, pluralité éducative et développement mental »), de Jean-Manuel De Queiroz (« Projet éducatif territorial et lien social ») et de Michelle Proux (« Politiques éducatives territoriales dans d’autres pays européens » ainsi que les débats qui les ont suivies.

  LEYDIER Jocelyne. Traitement de l'enquête sur les GPV adressée aux inspecteurs d'académie. In : LEYDIER Jocelyne, MOUCHARD-ZAY Hélène, MOURLET Emmanuel. "Pour de grands projets d'éducation dans les grands projets de ville". Rapport remis à Claude Bartolone, ministre délégué à la ville. S.l., 2002, pp. 94-101.

Cette enquête demandée par la mission interministérielle sur le développement des projets éducatifs dans les Grands Projets de Ville a concerné 50 sites métropolitains. Les objectifs étaient d'identifier l'ensemble des établissements scolaires inclus dans les périmètres des GPV, de qualifier les établissements du secondaire (appartenance à la carte des ZEP et des REP, établissements sensibles, établissements en site "violence"), de quantifier le degré de concentration des difficultés au sein des périmètres de GPV et de rendre compte de la mise en place des dispositifs spécifiques déployés dans ces établissements. Les résultats montrent notamment que le taux de concentration des ZEP en GPV est de 79% et que le taux de concentration d'établissements sensibles est de 72%. Ainsi, l'étude a permis de mettre l'accent sur les concentrations de difficultés du système éducatif au sein des périmètres des GPV et a souligné le très important degré de correspondance entre les cartographies de l'Education nationale et celle de la politique de la ville. Ce fait est moins probant pour les classes-relais et les dispositifs "Ecole ouverte". Par ailleurs, les actions conduites en direction des parents sont très diverses (réponses internes aux établissements, diversité des interventions par les associations, importance des Réseaux d'écoute, d'appui et d'accompagnement des parents, lieux d'écoute, médiateurs, etc.). En matière de remédiation, les réponses sont très différentes d'un site à l'autre.

Consultable sur Internet : http://www.ville.gouv.fr/pdf/actualite/gpe.pdf 

LORCERIE Françoise. Le partenariat et la "relance" des ZEP, Marseille, 1991-1992, rapport à la DPM et au FAS. Aix-en-Provence : IREMAM (Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman), 1993, 118 p. (Les Cahiers de l'IREMAM).

A partir d'une étude de terrain sur des actions partenariales conduites dans les ZEP de Marseille, ce rapport contribue à l'analyse de la notion de partenariat, de ses modalités de fonctionnement et de sa place dans la relance des ZEP de 1990. Appréhendé comme "une nouvelle forme de l'action éducative", celui-ci est défini dans les orientations de la politique des ZEP en 1990 : intégration du système éducatif lui-même ; intégration du système de l'intervention publique sur un territoire ; intégration du système de chaque établissement avec son environnement proche. L'auteur cherche à appréhender au-delà des spécificités locales, des régularités de ce "nouveau système d'action" : le partenariat comme modernisation du système éducatif ; la pluralité des politiques du partenariat dans les "actions ZEP" ; l'exemplarité des macro-actions parmi les actions ZEP.

  Ministère de l'éducation nationale, Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale. La carte scolaire dans l'enseignement primaire : une élaboration complexe, un résultat contesté. In : Rapport général 2001. Paris : La Documentation française, 2001, pp. 7-32.

Dans ce premier chapitre du rapport 2001 de l'IGAEN, une première partie s'interroge sur l'utilisation des moyens en postes dans le premier degré dans un contexte de baisse démographique. Les auteurs indiquent que les moyens des ZEP ont fortement augmenté (postes, réduction du nombre d'élèves encadrés par classe, etc.) et que, si l'action pédagogique a été développée dans le sens souhaité par les autorités départementales et l'administration centrale, il existe de fortes disparités entre les départements notamment en ce qui concerne la politique d'aide aux ZEP. Une seconde partie analyse la procédure d'élaboration de la carte scolaire et dénonce son caractère complexe et rigide ainsi que l'absence de transparence en raison des interventions multiples. Une troisième partie décline un ensemble de propositions pour améliorer la procédure.

Observatoire des zones prioritaires. Le partenariat au bénéfice des élèves ? Les rencontres de l'OZP, n° hors série, octobre 2001, pp. 27-50.

Le partenariat a été l'un des deux thèmes abordés durant la journée nationale organisée par l'Observatoire des Zones Prioritaires (mai 2001). Outre l'intervention de Corinne Mérini sur " le partenariat : histoire et essai de définition ", sont rapportés les travaux des différents ateliers : partenariat et ville, partenariat et culture, partenariat et familles, partenariat et évaluation.

2.3 Ségrégation scolaire

  FELOUZIS Georges, LIOT Françoise, PERROTON Joëlle. Ecole, Ville, Ségrégation : la polarisation sociale et ethnique des collèges dans l'académie de Bordeaux. S.l. : Université de Bordeaux, 2002, 276 p.

Ce rapport de recherche des équipes du LAPSAC et du CADIS pour le Ministère de l'Education nationale (avec la contribution du FASILD et du PUCA) a pour objet l'étude des liens entre mixité urbaine et ségrégation scolaire. Le premier chapitre, qui repose sur un travail statistique à partir du fichier des élèves de collèges de l'académie de Bordeaux, dresse un état de la ségrégation entre établissements en comparant population scolaire attendue et population observée dans les collèges. Le second chapitre s'intéresse à une dizaine d'établissements bordelais au recrutement contrasté (établissements "phares", établissements "recours", établissements "ghettos") pour comprendre comment ils s'insèrent dans l'espace urbain et scolaire et pour étudier les projets et les politiques d'établissements. Les troisième et quatrième chapitres étudient, à partir d'entretiens, les stratégies familiales de scolarisation ainsi que la régulation administrative et politique des espaces de concurrence. Enfin, le dernier chapitre tente une articulation de l'ensemble de ces dimensions à travers une étude de cas précise sur une commune. La conclusion fait apparaître les points saillants mis en lumière par la recherche : 1) on assiste désormais à un phénomène de démocratisation des stratégies familiales de choix des établissements ; 2) il n'existe pas de véritable politique locale d'éducation (multiplication des instances de décision sans coordination ni définition d'objectifs communs, concurrence entre établissements) ; 3) l'espace scolaire est fortement ségrégué et la ségrégation sur des critères ethniques l'emporte sur les critères sociaux ou scolaires ; 4) les élèves scolarisés dans les établissements "ghettos" sont fortement pénalisés et le risque est grand de "générer des principes d'identification liés à l' ethnie chez les élèves". Les auteurs proposent comme solution envisageable de privilégier le "principe d'équité" en opérant un remaniement de la carte scolaire de façon à garantir une plus grande mixité ethnique et sociale et d'appliquer une politique de discrimination positive plus volontariste auprès des établissements les plus ségrégués (enseignants expérimentés, renforcement des équipes éducatives, augmentation des crédits culturels, actions auprès des familles). Une réelle politique locale d'éducation serait la condition nécessaire pour la réussite d'un tel programme.

  HEBRARD Jean. La mixité sociale à l'école et au collège : rapport à Monsieur le Ministre de l'Education nationale. Paris : Ministère de l'éducation nationale, mars 2002, 56 p.

Le rapport étudie quelques aspects de la ségrégation scolaire dans le système éducatif français aujourd'hui et montre que la sectorisation scolaire, même si elle est à améliorer (6 propositions sont faites), est un instrument de lutte contre les ségrégations sociales. Il préconise de réconcilier les familles et les enseignants avec les situations d'hétérogénéité sociale et scolaire ( évolution des politiques scolaires visant à améliorer la prise en charge de l'hétérogénéité : dispositifs ZEP, dispositifs de lutte contre les incivilités et la violence, prise en charge des enfants en très grande difficulté) et de reconstruire une culture scolaire susceptible de permettre à l'enseignement obligatoire de jouer son rôle intégrateur.

Consultable sur Internet : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/brp/notices/024000227.shtml 

  LORCERIE Françoise. L'école et le défi ethnique Éducation et intégration. Paris : INRP-ESF, 2003, 333 p. Collection Actions Sociales/Confrontations.

Associant chercheurs et praticiens, ce volume a été initié par le centre Alain Savary de l'INRP, pôle de recherche et de documentation consacré à l'enseignement dans les zones d'éducation prioritaires. Françoise Lorcerie, chercheur au CNRS en sciences politiques et agrégée de lettres, est spécialiste des questions d'éducation et d'intégration. Avec : Françoise Alamartine, Françoise Berrou, Joëlle Bordet, Sabine Contrepois, Eric Debarbieux, Olivier Douville, Sophie Ernst, Nacira Guénif, Stéphanie Morel, Joëlle Perroton, Christian Rinaudo, Jocelyne Streiff-Fénart, Jean-Pierre Zirotti.

Dans la société française d'aujourd'hui, les identifications ethniques sont vivaces - les identifications raciales en étant une espèce. L'existence de discriminations ethniques en France , établie publiquement dans la deuxième moitié des années 90, en témoigne. Vivaces autour de l'école, les identifications ethniques sont vivaces aussi dans l'école. En quoi ? Avec quels effets ? Le présent ouvrage propose d'explorer ces questions sensibles, mais contribuent à faire comprendre pourquoi celles-ci le sont. Ecrit par des spécialistes français de la problématique de l'ethnicité dans le domaine scolaire, sans exclusive de chapelle il offre au lecteur une approche cohérente de l'outillage intellectuel que désigne en sciences sociales le concept d'ethnicité et ses concepts connexes, ainsi qu'une vue précise des travaux universitaires qui ont déblayés la matière, et débouche sur les voies d'une action soucieuse de relever le défi de l'ethnicité à l'école. Les élèves ne quittent pas leur identification en arrivant à l'école, les personnels non plus. Les relations scolaires peuvent activer les sentiments (et ressentiments) ethniques, ou les désamorcer. Les modes d'organisation, les façons de faire ont de l'importance. C'est ce dont témoignent, chacune à leur façon, les contributions de ce livre. L'ouvrage est organisé comme un itinéraire. Il conduit du paradigme théorique aux faits observables, dans leur complexité discutée, puis à leur interrogation sur le que faire et comment faire ? En quoi consistent les "frontières ethniques", comment se manifestent-elles dans l'espace scolaire, que signifie l'ethnicisation des lieux, des groupes humains, des interactions, quels en sont les signes dans les relations scolaires ? En quoi les mémoires particulières sont-elles d'intérêt général ? (Résumé de la 4ème de couverture).

L'école et la question de l'immigration. Revue française de pédagogie, n° 117, oct.-déc. 1996.

Ce dossier présente une diversité de points de vue : une analyse du processus de l'assimilation scolaire des enfants issus de l'immigration, menée sur la base d'une étude statistique de la DEP qui compare les parcours scolaires à l'école primaire et au collège des enfants français et des enfants issus de l'immigration (Louis-André Vallet) ; une analyse ethnographique mettant en valeur l'importance des interactions banales de tous les jours dans les processus de socialisation que subissent non seulement les enfants étrangers mais aussi leurs camarades français et qui contribuent à leur intégration mutuelle (Angela Xavier Brito et Ana Vasquez) ; une analyse de l'impact des conflits de valeurs sur la construction identitaire de l'enfant et de l'adolescent en situation interculturelle, et du rôle des intervenants scolaires (Janine Hohl et Michèle Normand) ; une analyse du débat autour de l'idée de laïcité (Françoise Lorcerie). Il présente également un état de la recherche menée en France, aux États-Unis et en Grande-Bretagne réalisé par Jean-Paul Payet et Agnès van Zanten.

PAYET Jean-Paul. Collèges de banlieue. Ethnographie d'un monde scolaire. Paris : Méridiens-Klincksieck, 1995. (Analyse institutionnelle).

L'auteur a procédé dans deux collèges de banlieue à l'observation quotidienne des interactions qui se déroulent en marge des activités d'enseignement entre les acteurs de l'espace scolaire. Il montre comment le quotidien de l'école dans les banlieues populaires et immigrées est travaillé par des enjeux sociaux majeurs et des contradictions importantes, et révèle les écarts entre les principes et la réalité de l'organisation scolaire, entre les intentions et les principes. Il fait notamment apparaître des processus de ségrégation internes à l'établissement scolaire, et montre qu'une ségrégation ethnique opère dans les processus scolaires d'étiquetage des élèves déviants et de composition des classes, et construit l'expérience scolaire des élèves scolarisés dans les "mauvaises classes". L'étude montre la complexité du travail des acteurs et son importance dans la construction d'une nouvelle civilité scolaire pour résoudre les tensions et les contradictions qui mettent à l'épreuve le modèle scolaire républicain dans les banlieues populaires et immigrées. L'école y apparaît comme un monde scolaire qui se caractérise par des problèmes particuliers (éviter la fuite des élèves français et/ou de classe moyenne, recruter et retenir les enseignants motivés, gérer la déviance des élèves, faire face aux violences de l'environnement), qui ne s'expliquent qu'en étant replacés dans un contexte de concurrence entre les établissements scolaires. La civilité y apparaît comme un enjeu qui se manifeste en toute occasion.

Ségrégation urbaine, ségrégation scolaire : actes de la journée d'études du 11 janvier 1999. Paris : Hachette éducation  - Éducation & Devenir, 1999, 119 p.

Cette journée d'études, organisée par l’association « Éducation & Devenir » a rassemblé, sur le thème "Ségrégation urbaine, ségrégation scolaire" des représentants de mouvements pédagogiques et d’ associations de parents ainsi que des représentants de la conférence des directeurs d’IUFM.  Parmi les questions en débat : comment concilier construction d’une culture commune et acceptation des différences ? Comment réaliser l’objectif de l’égalité des chances ? Comment l’école peut-elle, bien qu’elle s’en défende, créer de l’exclusion et de la ségrégation ? L’ouvrage contient les interventions de François Ascher (la ségrégation urbaine) et de Jean-Pierre Obin (la ségrégation scolaire) ainsi que les débats qui les ont suivies.

TRANCART Danielle. Vers une ségrégation sociale accrue : une analyse longitudinale de la population scolaire accueillie dans les collèges français. Educations, n° 20, 1999, pp. 36-39.

L'objectif de cet article est, en s'appuyant sur un ensemble d'indicateurs statistiques, de décrire et mesurer les disparités sociales entre collèges publics et d'observer leur évolution depuis 10 ans. L'auteur constate que les retards scolaires en sixième diminuent mais que les écarts restent importants entre collèges, que les disparités sociales sont fortes entre établissements. Elle propose un " indicateur de précarité scolaire et sociale " qu'elle a construit en prenant en compte trois variables (le pourcentage d'élèves en retard de deux ans et plus, le pourcentage d'élèves défavorisés et le pourcentage d'élèves étrangers) et qui permet de contribuer à l'étude des problèmes de ségrégation scolaire et sociale des élèves. Dans sa conclusion, elle constate que les différences entre collèges publics ont tendance à augmenter et propose trois explications : les mesures d'assouplissement de la carte scolaire dans certaines zones, la mise en concurrence des établissements, les évolutions concernant les espaces urbains (" zones ghettos ").

VAN ZANTEN Agnès. De la diversité à la ségrégation scolaire. In : DUPUIS Pierre-André (dir.), PRAIRAT Eirick (dir.). Ecole en devenir, école en débat. Paris : L'Harmattan, 2000, pp. 45-65.

La notion de ségrégation est mieux à même que la notion d'inégalité de permettre de comprendre le fonctionnement actuel du système scolaire. L'auteur montre que la concentration différentielle des publics scolaires suivant les établissements résulte de facteurs externes (comme l'indiquent les enquêtes portant sur les ZEP et les établissements sensibles) mais aussi internes aux établissements. Il existe en effet des différences d'offre d'enseignement entre établissements : offre de langues, classes spécifiques (classes bilingues ou européennes, classes musicales, etc.), inégale distribution des différentes catégories d'enseignants, différences dans les résultats aux examens et taux d'orientation. Dans les établissements les plus défavorisés socialement, le nombre d'enseignants jeunes et non titulaires et la rotation du personnel sont très importants, les taux d'orientation en cinquième et en troisième sont les plus faibles et l'offre de langues la plus réduite. Les politiques scolaires nationales et locales fabriquent aussi de la ségrégation : politique dite de la " carte scolaire ", mot d'ordre des 80% d'une classe d'âge au baccalauréat et allongement de la présence des élèves en difficulté dans les établissements sans moyens supplémentaires, effets pervers de la politique de zones d'éducation prioritaires. Sont abordés ensuite le rôle des stratégies d'évitement et de choix des établissements des familles et celui des dynamiques externes et internes des établissements. Dans sa conclusion, l'auteur fait observer que " l'idéal d'un service public d'éducation ne pourra pas longtemps se maintenir si nous assistons sans agir à la division croissante entre un secteur scolaire " normal " et un secteur scolaire " à la marge " dont la situation ne cesse de se dégrader ".