Les épreuves d'éducation physique et sportive (EPS) du baccalauréat français ont été modifiées depuis 1995. Les nouveaux textes changent l'organisation et la nature de certaines épreuves, les modalités de notation.
  La recherche s'est centrée sur l'évaluation des connaissances et savoirs dits "d'accompagnement" qui représentent la note finale du candidat. Ceux-ci, définis par circulaire, rassemblent des données méthodologiques relatives à la mise en condition physique, l'entraînement, etc. ainsi que des connaissances relatives à la sécurité, aux règlements sportifs.
  Leur statut mineur (" accompagnement ") entre en résonance avec deux autres rubriques, évaluées précédemment : les connaissances d'une part (connaissances des règlements et capacité d'analyse des activités physiques), la participation-progrès d'autre part (l'appréciation de la participation aux cours ainsi que les progrès réalisés par les élèves constituaient une rubrique autonome). Des travaux antérieurs ont montré que l'évaluation de ces deux rubriques n'était pas strictement rationnelle (Combaz, 1992).
  La recherche s'appuie sur l'hypothèse que les pratiques évaluatives sont déterminées par des représentations (de l'utilité de la discipline ; de la fonction de l'évaluation, sa faisabilité, son statut ; de la valeur de l'élève...). L'évaluation est un acte didactique complexe, une transaction plus qu'une mesure rigoureuse (Chevallard, 1986 ; Perrenoud, 1986). L'objet de l'étude est d'identifier les normes implicites conduisant les enseignants à prendre telles décisions relatives aux contenus à enseigner pour ces savoirs, à la construction des référentiels de notation et à l'attribution de la note. Les arrangements évaluatifs (Merle, 1996) sont révélateurs de la mise en œuvre de ces normes implicites.
  Des études préalables ont identifié les savoirs déclarés comme relevant de la rubrique " Accompagnement ". Une étude quantitative a été mise en place à partir des notes des élèves d'établissements de l'Observatoire. Dix-neuf entretiens approfondis conduits auprès des enseignants d'EPS ont fourni les données de l'approche qualitative.
  Les arrangements évaluatifs identifiés soulignent que l'évaluation fabrique des hiérarchies (représentation du " bon " élève en EPS), alimente des décisions dans le déroulement du processus d'enseignement et contribue à " tenir " la classe (ou certains élèves). Leur mise en œuvre conduit à des modifications importantes de l'évaluation telle que prescrite par les textes officiels : objets d'enseignements proscrits, notes des élèves modifiées... Ces arrangements sont en partie conscients pour les enseignants eux-mêmes. Ils visent à rendre conforme à leurs yeux l'évaluation de la discipline en gommant certains caractères actuels de l'évaluation (" complication " de la discipline, éclatement artificiel des rubriques à évaluer...).