Il sera ici question des actions de terrain mises en œuvre par les travailleurs sociaux, notamment les animateurs (éducateurs) de rue dans les quartiers défavorisés et destinés à faciliter l'insertion de ce public issu la plupart du temps de l'immigration.
  La particularité de la posture professionnelle des travailleurs sociaux, la spécificité de leur statut et de leur formation, les orientations des politiques sociales telles qu'elles sont définies par les textes, la variété des projets et des tâches (animation, prévention...) nous conduisent à interroger leur action.
  L'analyse d'une situation vécue tentera de mettre en lumière la problématicité (Meyer, 1986) de cette action. Les questions, questionnements et les problématiques qui l'accompagnent en permanence seront pointées. Il sera montré comment dans certains cas le travailleur social transforme son action en problème à résoudre c'est-à-dire notamment, en un agencement de procédures à exécuter. Mais dans d'autres cas, l'éducateur (ou animateur) de rue travaille avec cette problématicité : il la constitue partenaire plutôt que de la refouler. Il ne s'agit donc pas pour le travailleur social de résoudre des problèmes de terrain seulement.
  Dans un cas comme dans l'autre, sont mis en œuvre des mouvements heuristiques se traduisant par des " arts de faire ", une " inventivité incessante " (De Certeau, 1990), des manières d'être singulières, des capacités pour interpréter et pour vivre les situations afin d'investir cet espace d'intercompréhension entre jeunes en difficulté et éducateurs eux-mêmes. Il est ainsi exigé des éducateurs un travail de médiation et d'écoute qu'il est difficile pour eux de rendre intelligible car les traces en sont ténues.
  Il apparaît ici un besoin en formation pour leur permettre de rendre compte des actions engagées, mais aussi pour communiquer aux jeunes de ces quartiers ce qui a été vécu dans le processus d'animation et le travail mené avec les sujets.