Thème : L'intervention pour les apprentissages - aider à apprendre
Groupe thématique : Analyse de la contextualisation pédagogique
consulter la version longue

Mots clés : musique, didactique, écriture, harmonie, contrepoint, composition

  La didactique de l’écriture musicale vit depuis longtemps sous la tutelle d’un académisme qui, non content de laisser peu de place à l’imagination ­ ce qui est le propre de l’académisme ­, ne permet pas vraiment d’appréhender dans des conditions satisfaisantes les textes qui nous servent de références culturelles : en effet, leur analyse à partir des préceptes de l’écriture académique exige le recours permanent à l’exception. Du point de vue épistémologique, la nuance entre ce recours permanent à l’exception et l’arbitraire est floue. On est donc amené à chercher d’autres voies.
À l’inverse de la situation caricaturale de l’écriture académique, on peut tenter de pénétrer directement les arcanes de la composition ; mais l’analyse, au sens classique et linéaire du terme, ne saurait permettre la pratique de l’écriture sans le médium d’un ensemble de procédés didactiques construits à cette fin. La recherche de trajectoires cohérentes de construction de ces procès reste une préoccupation fondamentale.
Dans les Leçons d’écriture d’après la pratique des compositeurs (trois volumes publiés chez Gérard Billaudot Editeur, Paris, 1995, 1996 et 1998), nous avons fait table rase en proposant une construction uniquement axée sur les pratiques historiques du langage musical telles qu’elles se présentent à nous (cette formulation précautionneuse indique bien que nous avons conscience des problèmes impliqués par l’appréhension d’un corpus chronologiquement hétérogène : cette remarque veut non seulement manifester notre prise en compte du recul historique à l’égard de l’évolution des mentalités, mais aussi notre extrême attention relativement aux conditions physiques de la musique : influences de l’instrumentarium et des systèmes de hauteur sur le langage musical). Ainsi, de nombreux verrous se sont ouverts, et les conceptions structurantes ont remplacé les accumulations de règles académiques au profit d’une très large ouverture vers les compositeurs.
Ce cheminement dans les processus de la composition réelle n’interdit pas d’autres démarches, et, bien au contraire, l’analyse exhaustive du travail fait, de ses résultats, et la pertinence de regards extérieurs ne sauraient qu’inciter l’auteur à rester vigilant ! D’un autre point de vue, celui de la recherche en didactique musicale, nous avons nous-même élaboré d’autres trajectoires offrant peut-être un meilleur potentiel d’adaptation à la diversité des médiateurs (les professeurs d’écriture), car les Leçons d’Ecriture, aussi rigoureuses soient-elles dans leur démarche et dans leur rédaction sont évidemment le reflet d’une personnalité, et le travail présenté, pour être des plus rigoureux, n’en reste pas moins tributaire de la sensibilité et des affects de l’auteur : nous sommes bien dans le domaine de l’enseignement artistique ! Le principe de construction de telles trajectoires fera spécifiquement l’objet de notre exposé. L’idée-clef est d’offrir des procès permettant à chacun d’élaborer en toute rigueur sa propre construction didactique, en y incluant bien sûr des perspectives historiques, mais évidemment sans imposer la pratique de nos propres Leçons d’Ecriture.
Un débat des plus riche ne saurait manquer de s’installer, ledit principe de nos trajectoires pouvant sans doute être contesté, amendé, ou s’appliquer à d’autres disciplines.