Thème : L'insertion professionnelle, sociale et scolaire
Groupe thématique : Insertion sociale
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Mots clés : tag, rites de passage, symbole, récit, art.
Délinquance rupestre, signatures anonymes, scansion d'un non-sens, art... Multiples sont les interprétations de la floraison tag. Or cette pratique n'en est pas moins un référent culturel propre à la " jeune génération ". Ainsi peut-elle être entendue au regard de l'adolescence face à " l'entrée en culture ". Telle est la perspective de cette communication qui se base sur une recherche que nous conduisons à propos du " langage tag ". Le corpus est fourni par des entretiens et par l'analyse de tags recensés systématiquement dans une partie de la banlieue parisienne.
Une analyse sémiologique du tag permet de définir un processus rhétorique de transgression des codes de l'écriture verbale et de rupture même du signe linguistique. En contrepartie, ce processus conduit à l'élaboration de nouvelles normes langagières, et à l'instauration d'un " récit " particulier, fondé sur un déploiement symbolique alors substitué au signe.
L'interprétation de ce déploiement symbolique, que nous appuyons en large part sur les travaux de G. Durand, retrouve dans le phénomène tag trois schèmes des régimes de l'imaginaire : distinguer, relier, confondre.
Ces trois schèmes marquent l'organisation de la praxis tag et la façon dont celle-ci est représentée par ses auteurs. Ainsi le schème " distinguer " annonce-t-il une rupture, une séparation vis-à-vis de l'écriture codifiée. Le schème " relier " correspond à l'émergence de la norme langagière du tag, norme à la fois marginale par rapport à l'écrit " conventionnel " et communautaire pour le groupe de " tagueurs " qui s'y exprime de façon mimétique. Le schème " confondre " retrouve l'inscription sociale du tag lorsque celui-ci se métamorphose en " graf ", lorsque le graffiti illégal et marginal se transforme dans une figuration imagée alors légitimée culturellement par un statut d'œuvre d'art.
Ces trois schèmes rencontrent, ainsi, les périodes de rupture, de marge et d'agrégation propres, selon A. Van Gennep, aux rites de passage, autrement dit à une forme " archaïque " de l'entrée dans la culture et de l'éducation. En renouant avec le symbolisme et le " rite de passage ", le tag interroge le sens même de l'éducation et du devenir, un sens que pour les jeunes " taguers " l'école n'a peut-être pas pu permettre et qu'ils s'approprient alors dans une " marge " tracée le long des murs...
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