En 1995-1996, nous avons effectué une recherche-action dans une école publique de la région de Québec, dans le cadre de l'enseignement moral au secondaire (Bouchard 1997, 1998; Bouchard, Roy Bureau, Chaîné 1997). Cette recherche visait à expérimenter en classe une nouvelle approche en éducation morale, l'approche narrative des conflits moraux telle que proposée par les chercheurs américains Mark B. Tappan et Lyn Mikel Brown, et à en évaluer la pertinence pour l'enseignement moral. Notons brièvement que cette approche est soutenue par une théorie qui conçoit le développement moral en termes de développement de " l'autorité d'auteur ", développement qui prendrait son essor à travers l'activité " d'expression narrative de l'autorité d'auteur " (Tappan, Brown 1989, 1996; Tappan 1989, 1990, 1991, 1992, 1996, 1998; Day, Tappan 1996) et que c'est à travers une démarche indirecte, celle du jeu dramatique, que nous l'avons mise en œuvre. En 1997-1998, nous avons repris cette expérience mais, cette fois-ci, dans le cadre du cours de morale en contexte scolaire belge. Dans ces deux recherches, il était demandé aux élèves (garçons et filles) de raconter, dans un journal de bord, un problème moral vécu. Or nous constatons, à la lecture de leurs textes, qu'il y a beaucoup plus de filles que de garçons qui réussissent à raconter leurs expériences morales vécues et ce, tant en Belgique qu'au Québec. Dans la présente communication, nous mettrons en relief cet aspect plus particulier de nos résultats de recherche et nous nous questionnerons sur les raisons qui peuvent justifier un tel écart entre la performance des garçons et celle des filles. Quelques hypothèses seront présentées et discutées.