Biennale 5
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Critique de la politique de l'éducation permanente en France sous la législature Mitterrand

Auteur(s) : VANMARCKE Luc

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Thème : L'action et l'environnement
Groupe thématique : La politique, les politiques éducatives et la gestion
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Mots clés : Mitterrand, individualisation, tendance mercantiliste

bull2.gif (117 octets)   Je prépare une thèse doctorale à l'Université de Nimègue sur la politique de l'éducation comme elle a été conçue et réalisée par l'administration Mitterrand. C'est bien mon intention d'aller au-delà d'un recensement des décisions législatives et réglementaires concernant la formation et l'apprentissage. Je me focalise aussi sur l'élaboration de la conceptualisation et de la justification que l'administration Mitterrand a portée à sa politique éducative. Les méthodes de recherche que j'emploie sont la recherche de sources primaires et secondaires et des études de littérature spécifiques. Mon étude comporte, outre le volet descriptif, aussi un volet explicatif, où je tente d'indiquer les conditions sociales et les dynamiques qui ont joué un rôle prépondérant pour la politique éducative de l'administration Mitterrand. Pour réaliser cet objectif, j'utilise les modèles et les cadres analytiques que Pierre Bourdieu a développés. Je me réfère aussi à Aglietta, Beck, Boehm, Castells et Giddens. Le volet descriptif de ma thèse s'articule selon cinq caractéristiques de la politique éducative de l'administration Mitterrand. Ces caractéristiques forment la quintessence d'autant d'hypothèses. Tout d'abord il faut souligner que cette politique est déterminée par une volonté à la privatisation. Ensuite, il faut noter que l'administration Mitterrand s'est axée d'avantage sur une stratégie de priorités que sur l'austérité quant à l'éducation permanente. Systématiquement elle va de plus en plus cerner le problème du manque d'insertion sociale, voire de l'exclusion sociale. En troisième lieu, on constate, qu'au fil des ans, l'administration Mitterrand devient de plus en plus réaliste et s'axe vers les formations professionnelles et l'apprentissage. Ensuite, son ambition de définir l'éducation en termes de qualifications et compétences professionnelles, trouve son origine non seulement dans le choix positif contre l'exclusion et pour la réinsertion dans la société, mais tout autant dans l'argument de la compétitivité de l'économie française. Finalement, la stratégie éducative souligne de plus en plus l'individualisation de la formation et de l'apprentissage. Je résume et j'aboutis aux hypothèses explicatives de mes recherches. Quatre des cinq caractéristiques énoncées ci-dessus démontrent nettement une tendance mercantiliste de la politique éducative du gouvernement. Ces quatre caractéristiques sont la privatisation, les qualifications et compétences professionnelles, la compétitivité et l'individualisation. Graduellement une homologie de structure, symbolique et matérielle, se profile entre le domaine de l'éducation et le domaine de l'économie, sujette à un retour radical à l'idéologie des mécanismes économiques. En effet, les paradigmes de marché dans l'économie classique se résument par la marginalisation de la sphère des instances publiques, par l'importance grandissante des instances privées dans la société, dont les acteurs ne recherchent que des gains économiques et de surcroît, individuels. Il n'est plus tenu compte des dimensions sociales ou de conditions contextuelles, qui déterminent les interactions. Le fait que les conditions sociales sont différentes pour chacun d'entre nous, n'est même plus pris en considération. Dans mon travail, je voudrais confronter mes hypothèses explicatives au contexte évoqué ici. La tendance à la mercantilisation, typique pour la politique éducative de l'administration Mitterrand, est le résultat d'influences externes, propres au domaine économique, mais aussi aux évolutions internes, propres au domaine de l'enseignement. Ce domaine s'est développé en France au siècle dernier, comme un ensemble consistant, déterminé par un intérêt autonome. La stratégie de l'administration Mitterrand n'a eu que peu d'égards pour les objectifs spécifiques au domaine de l'éducation même, qui s'est dès lors fractionné. Différents domaines sous-jacents se sont développés, déterminés par des sphères d'intérêts divergentes et hétérogènes. Cette déstructuration est causale au fait que les inégalités sociales et les dynamiques qui y conduisent se retrouvent plutôt renforcées que mises en question.