On ne peut pas, aujourd'hui, au début d'un nouveau siècle, ignorer le thème de la quatrième dimension car tout objet de connaissance se situe dans le temps. Ils sont multiples les concepts, les disciplines (l'histoire, la biologie, l'étymologie, etc.), les phénomènes et les situations d'apprentissage qui entraînent la pensée diachronique, portant sur le déroulement d'événements dans le temps. Comme Montangero, "nous aimerions insister ici sur le rôle capital" que le point de vue diachronique "a joué au niveau de la créativité scientifique", une fois que "nous considérerons comme diachronique le point de vue qui, ne se contentant pas de décrire les choses dans le temps, vise à comprendre leur déroulement et à insérer l'explication d'un état présent dans la dimension temporelle" (Montangero, 1996). Il est donc nécessaire étudier le problème de la maîtrise graduelle des concepts et raisonnements temporels et aussi comment l'individu utilise ses connaissances temporelles pour qu'on puisse favoriser sa compréhension des transformations dans le temps.
  Dans notre recherche, le but principal est l'étude des conceptions enfantines d'un processus évolutif (le développement des capacités de dessiner). Elle fait appel à l'analyse de la décentration temporelle (Harner, 1976, 1982; Maurice-Naville, 1993) et permet aussi d'étudier le rôle des processus internes et des facteurs externes dans les conceptions des enfants. Les données permettent donc cerner la pensée diachronique des sujets (70 enfants âgés de 5 à 11 ans) et réfléchir sur les faits, notamment de nature pédagogique ou didactique, qui favorisent la compréhension d'un processus évolutif, et qui contribuent à la transformation des situations pratiques et aussi à des innovations dans la formation des enseignants.