Thème : L'alternance pour la formation professionnelle : enseignant et formateur, apprentis et collègiens
Groupe thématique : Alternance pour les apprentis et les collègiens
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Mots clés : formations industrielle, évaluation de la performance, politique de formation, identité professionnelle, évolutions de la formation
Le travail (thèse de doctorat d'histoire EPHESS 1998) tente une approche nouvelle des problèmes de formation : examiner la collaboration et la confrontation d'une branche avec les diverses institutions appelées à former sa main-d'œuvre. Le BTP a été choisi pour son importance économique, le poids de ses effectifs et sa différence avec les industries mécaniques sur lesquelles sont principalement calées les formations industrielles.
Les objectifs étaient d'observer les attentes en matière de formation, les moyens de réponse des organismes de formation, les procédures de décision, et de tenter une évaluation de la performance des réponses.
Les méthodes ont conjugué le dépouillement des archives publiques ou privées, de la presse professionnelle, et les interviews de témoins.
L'étude a souligné l'importance du contexte politique et économique : une césure apparaît à la fin des années 1970 : avant, l'État est le moteur et l'acteur principal, après, les lieux de décision se sont déplacés progressivement vers le patronat.
Il n'existe pas un système de formation, mais au moins quatre, et aucune coordination n'est organisée entre eux.
La profession prend son parti de cette diversité et fait en sorte d'en tirer le meilleur profit.
Dans les organisations professionnelles et dans les entreprises, la politique de formation n'a été que tardivement (1985) perçue comme un élément d'une politique du personnel qui a d'ailleurs été longtemps inexistante, sauf rares exceptions.
La permanence des discours, et notamment la référence au métier est une constante sur l'ensemble de la période, explicable par la lenteur des évolutions technologiques et le semi-échec de l'industrialisation de la branche.
On remarque une méfiance à l'égard de la pensée conceptuelle dans les contenus de formation, liée à la culture de chantier, ainsi qu'à l'égard des innovations en matière de diplômes, à rattacher à la lenteur mais à la solidité de l'appropriation de ces diplômes par la profession qui en fait des éléments de l'identité professionnelle.
Un attachement, à première vue paradoxal, d'une partie du personnel à l'exercice pourtant souvent difficile de la profession renvoie à une logique de l'honneur (P. d'Iribarne, C. Hocquard, 1989) et à la rudesse des initiations (Eronson et Mills, 1959).
Enfin l'étude met en évidence le rythme extraordinairement lent des évolutions en matière de formation qui enjambe les guerres et les régimes politiques : de grandes réformes, comme celle des CAP, intervenue dans les années 1950, avaient été conçues entre les deux guerres. Il existe un temps de la formation qui n'est pas celui de la politique, ni de l'économie, malgré l'étroitesse des liens entre ces domaines.
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