Ce travail de recherche récent (thèse soutenue en janvier 1999) porte sur le rôle des éléments non verbaux des pratiques pédagogiques sur la construction d'un rapport au savoir : le rapport à la prise de parole. Les éléments non verbaux des pratiques, dans une société où le verbal est dominant, sont les moins maîtrisés, souvent les moins conscients, appris par la pratique et intégrés aux habitudes. Le non verbal est composé de tout ce qui constitue le para verbal, mais également l'organisation de l'espace la disposition des personnes, les règles de prise de parole, tout ce qui participe à l'ambiance, au climat de la situation pédagogique immédiate, et aussi l'histoire qui relie les personnes entre elles et se construit tout au long du processus. Les observations se sont déroulées régulièrement pendant une année, à travers de longs moments de présence dans les classes (n=5). Ce travail d'observation a permis d'accéder aux routines d'organisation, aux différentes régularités qui traversent les pratiques, aux règles implicites ainsi qu'aux incidents critiques qui jalonnent les différents parcours. Le recueil s'est opéré sur les liens non verbaux établis par les enseignantes à l'égard des familles, sur l'articulation espace/temps/corps/règles, constitutifs du climat de la classe, sur les éléments interindividuels qui interviennent au cours d'une séance didactique de langage. L'analyse de l'ensemble de ces éléments non verbaux, cumulés et répétitifs, permet de comprendre en partie le sens qui peut être conféré à la situation immédiate, ensemble d'éléments qui informe l'apprenant sur sa place d'interlocuteur et qui lui permet ou non de prendre la parole.