L'éducateur et le formateur aujourd'hui ne peuvent plus " enseigner " ou " faire apprendre " sans tenir compte des nouvelles connaissances acquises par les différentes disciplines scientifiques et dans le nouveau contexte où se situent l'école et les institutions de formation. La formation et l'éducation de demain devront nécessairement prendre en compte les "attentes et les demandes " de l'enfant, de l'adolescent ou de l'adulte. C'est ici, que le sens des apprentissages et l'interaction entre le sujet et le monde prennent une dimension existentielle singulière et complexe. " Qu'est-ce qu'ils ont dans la tête ? "
  Cette contribution est issue d'une thèse sur les représentations et d'une réflexion critique sur le métier d'enseignant en Lycée Professionnel et de formateur IUFM. Elle cherche à approfondir les questions théoriques et pragmatiques qui permettent à l'action éducative ou de formation d'être une réelle " réponse " (Dewey) aux besoins et aux attentes de l'autre.
  La recherche a porté sur les points suivants :
  -la clarification et la possible complémentarité entre les différents concepts de " représentations sociales ", " représentations mentales ou cognitives " et " représentations symboliques ",
  -la construction d'une méthodologie de recueil de données par Entretiens Cliniques de Recherche (ECR) pour huit entretiens de longue durée avec des adolescents(es) à propos du sens qu'ils donnaient à leur pratique des Activités Physiques Sportives et d'Expression. Ce corpus de données a été entièrement enregistré et retranscrit,
  -la mise au point d'un dispositif d'interprétation méthodique à partir des travaux en herméneutique de Schleiermarcher et P. Ricoeur.
  La situation de formateur IUFM de l'auteur a permis " d'expérimenter " et d'appliquer ce travail à partir de situations projectives et d'une perspective de transformation et d'enrichissement des représentations.
  Les questions, qui sont à soulever ici, portent sur les conditions théoriques et méthodologiques qui nous permettent de travailler à partir des représentations de l'autre : " Qu'est-ce que ça veut dire pour lui ? "
  Quelles sont les qualités et la validité de ces " émergences psychiques " ? Comment réaliser une interprétation de ces représentations en évitant d'induire ou de " contaminer " leur contenu authentique ? Peut-on réellement agir sur des représentations, alors qu'elles tiennent, à la fois, à des dimensions sociale et psychanalytique, qui dépassent la conscience du sujet ?
  C'est à cette fin que nous proposons au débat quelques réflexions issues d'expériences de recherche et de pratiques de formation. La prise en compte des représentations, dans la formation initiale et continue des enseignants et des formateurs, devrait, dans l'avenir, proposer d'approfondir les différentes dimensions suivantes :
  -permettre de recenser, connaître et comprendre les représentations singulières des individus afin de pouvoir travailler à partir d'une Zone Proximale de Développement (Vygotsky) optimale chez le sujet,
  -proposer des contenus adaptés et ayant du sens pour les sujets formés,
  -accompagner celui qui apprend dans la transformation de ses représentations initiales par de nouvelles représentations plus élaborées,
  Ainsi, c'est en considérant ce que l'autre " a déjà dans la tête " que l'éducateur et le formateur de demain pourront, d'une manière concrète (et non dans le discours), lui permettre d'apprendre et de l'éduquer à l'auto-formation.