Les entreprises, les collectivités et les administrations multiplient les missions de " formateurs occasionnels " et ce, sous une multitude d'appellations. Pour ces organisations, les opportunités sont nombreuses : choix stratégiques de développer les formations internes ; accompagnement d'évolutions technologiques ou de changements organisationnels ; capitalisation et transfert de compétences rares ; élargissement et enrichissement de certains emplois d'encadrement de proximité ... Ces missions induisent une diversité d'activités qui touchent la transmission de savoirs, l'animation de groupes, l'ingénierie de formation...voire diverses formes de tutorat et de compagnonnage. Elles sollicitent des personnels hétérogènes qui ont en commun, en général, un haut niveau de technicité professionnelle. L'exercice de ces missions " ponctuelles " de formation s'effectuent dans des définitions, des durées et dans des contextes de travail extrêmement variés. Les temps de formation pour les y préparer sont bien souvent très limités alors que des mises en œuvre sont attendues à court terme.
  Pour le " formateur de formateurs " confronté à des exigences nombreuses, et parfois contradictoires de la part de ses commanditaires, comment se situer ? Comment organiser son action ? Quels objectifs et modalités pédagogiques réalistes proposer ?
  A partir de notre expérience de conseil et d'intervenant en formation d'adultes auprès d'entreprises et d'organisations, nous souhaitons mettre en débat par cette communication, quelques principes et points de repère issus de notre pratique de terrain. Nous nous appuierons en particulier sur une action de formation, réalisée pour un organisme public du champ de la prévention des risques professionnels. Cette structure a fait le choix de doter ses ingénieurs et ses techniciens d'une compétence de formateur afin d'enrichir leurs capacités d'intervention auprès des entreprises à conseiller... et/ou à contrôler, selon les missions confiées.
  Notre orientation pédagogique s'inscrit dans le cadre des principes généraux des méthodes actives et, notamment, de la " formation-action " ; l'accent est mis sur :
  L'implication des participants dans l'exercice de leur mission de formateur. La session est principalement construite autour des travaux réels qu'ils ont en cours (ou en projet), de tous autres éléments susceptibles de nourrir questionnements et échanges, mais aussi de travaux (collectifs ou de sous-groupes), d'études de cas et d'apports didactiques en lien avec les difficultés rencontrées dans leurs activités professionnelles.
  L'échange et l'analyse de pratiques professionnelles. Régulièrement sollicités, ils favorisent les partages d'expériences et contribuent à faire évoluer les représentations des activités de formation (... qui dépassent le strict " face à face pédagogique "). Cet aspect de la formation est essentiel pour des professionnels dotés d'une technicité d'origine forte.
  L'acquisition et le développement de capacités et de savoirs de base du métier. Ils sont organisés en articulant approche pragmatique et réflexion théorique. Exemple ; analyser une situation-problème permet de travailler sur " finalités, buts, objectifs " ; ou encore, préciser les capacités et les compétences sur lesquelles centrer les apprentissages, oblige la réflexion sur les méthodes pédagogiques à privilégier pour préparer son animation.
  La réflexion et l'analyse d'événements vécus au sein du groupe en formation.
  La transmission d'un outillage pratique, simple et efficace. Exemples : scénario de résolution de problème ; grille d'analyse d'activités professionnelles ; dispositifs et fiches d'évaluation... L'important étant de les contextualiser et d'identifier leurs limites.
  Nous parlons de professionnalisation (plutôt que de formation de formateur, au sens strict du terme), dans la mesure où l'activité de formation intervient en complément (ou pour le développement) d'un métier d'origine caractérisé par une technicité de base forte, redéfini dans ses missions et ses modalités d'intervention.