La massification de la scolarisation engagée depuis le début des années 1960 a simultanément révélé les difficultés signalées par exemple dans l'opposition entre collège unique et diversité des élèves. L'impératif d'instruction qui constitue une des missions fondamentales du collège, implique d'associer la prise en charge de l'hétérogénéité des publics scolaires aux disciplines enseignées. Quelles sont les pratiques d'enseignement adaptées à la diversité des élèves et des contextes au collège ? Tel est le problème étudié dans le cadre d'une discipline, la technologie. En effet, grâce à sa structure définie par les nouveaux programmes, cette discipline présente une flexibilité qui met à disposition une palette très large d'activités d'enseignement-apprentissage. Est ainsi faite l'hypothèse que la mise en œuvre de toutes les potentialités de la technologie permet de concilier l'exigence d'instruction et les contraintes des diversités locales.
  L'analyse d'entretiens auprès d'enseignants-formateurs, croisée avec celle des réponses des professeurs à la consultation nationale sur les programmes, permet de décrire les conceptions qui structurent les actions des enseignants et de distinguer les différentes modalités mises en œuvre. À cet égard, l'analyse révèle que l'hétérogénéité n'est pas une préoccupation majeure pour les professeurs de technologie et qu'ils utilisent les disponibilités de la technologie plus particulièrement dans le registre pédagogique. La reconstruction de la cohérence des actions individuelles de vingt enseignants-formateurs permet de caractériser les "technologies enseignées", d'en repérer leurs limites tout en isolant la zone de flexibilité de la discipline. Ces résultats conduisent à des propositions pour le développement des curriculums disciplinaires. Elles concernent la formation didactique des maîtres pour une délibération volontaire et contrôlée avec la discipline qu'ils enseignent.