La forte tendance en cette fin de siècle, dans la plupart des pays industrialisés, de rapprocher le monde de l'éducation et du travail se manifeste notamment par la multiplication des formations en alternance, principalement dans les domaines de la formation professionnelle et technique. L'alternance, considérée à la fois comme une stratégie pédagogique et un mode d'organisation de la formation, est polysémique et protéiforme. En effet, elle se définit et s'organise de différentes manières selon les finalités qu'elle poursuit, les populations qu'elle vise, l'instance qui est responsable, le rythme et la durée des séjours en entreprise, etc. (OCDE, 1994). Cependant et dans tous les cas, elle suppose essentiellement que des partenaires externes s'allient au milieu scolaire pour y faire alterner, comme on l'entend régulièrement, des périodes de formation et de production dans un organisme ou dans l'autre. La notion de partenariat est alors le plus souvent invoquée. Quel sens revêt-elle pour les différents partenairesÊ? Suivant diverses tendances et périodes, les rôles et la contribution des partenaires, principalement celles des entreprises, entraînent des modes organisationnels différents de l'alternance et mènent parfois à des rapports opposés et contradictoires (Landry et Mazalon, 1997; Bourassa, 1998). Cette observation, découlant de plusieurs recherches que nous avons menées au Québec, se manifeste-t-elle dans des dispositifs d'alternance d'autres pays? Pourquoi et comment les entreprises interviennent-elles dans le processus d'organisation de la formation en alternanceÊ?
  Cette communication a pour but de décrire les multiples contributions des partenaires, principalement des entreprises, de leurs rapports avec les établissements scolaires et des enjeux que cela soulève dans différents dispositifs de formation en alternance. Partant d'une analyse des aspects organisationnels de trois différentes formes d'alternance sous statut scolaire au Québec (en insertion sociale et professionnelle, en formation professionnelle et en formation technique) et des diverses implications des partenaires, nous tenterons de souligner les convergences et les divergences qui se retrouvent dans d'autres dispositifs d'alternance, notamment le système coopératif américain, le système dual en Allemagne et les Maisons familiales rurales en France. Nous voulons mettre en évidence que la fragilité et la précarité de certains dispositifs d'alternance sont souvent liées à ce que les partenaires potentiels ne partagent pas nécessairement la même vision de la formation et n'arrivent donc pas à établir des partenariats significatifs et durables. Dans ce contexte, la participation des entreprises dans le processus organisationnel de la formation en alternance demeure de plus en plus problématique, surtout lorsque la logique formation-emploi devient le facteur dominant de leur implication, principalement dans les formations professionnelles et techniques (Mazalon et Landry, 1999).