L'implication des parents dans le système éducatif est devenu une réalité internationale. Le rapport de l'O.C.D.E. (1997) atteste de la présence croissante des parents à l'école. Cette volonté est également présente dans le récent décret fixant les missions de l'enseignement fondamental et de l'enseignement secondaire en Communauté française de Belgique. Ce décret vise essentiellement à responsabiliser les acteurs locaux impliqués directement ou indirectement dans le système éducatif. Parmi ces acteurs figurent les parents qui, aujourd'hui, participent à la gestion du projet pédagogique de l'école.
  Parents et enseignants vivent actuellement une transformation de leur rôle pédagogique. Dans ce contexte de mutations, nous interrogeons le regard que portent les jeunes sur les relations école-famille. Comment les jeunes, qui se trouvent au centre des préoccupations scolaires, vivent-ils aujourd'hui les relations école-famille ? Comment les conçoivent-ils idéalement ? Quelles sont, selon eux, les finalités de ces relations ?
  La présente étude a été menée auprès de 201 élèves inscrits en cinquième année scolaire de l'enseignement secondaire. Cette population est issue de cinq établissements scolaires représentatifs de l'ensemble du réseau d'enseignement organisé par la Communauté française de Belgique.
  L'investigation a été menée au moyen d'un questionnaire. Les réponses obtenues ont fait l'objet d'une analyse de contenu afin de déterminer un nombre limité de catégories de réponses. Afin d'examiner les liens qui existent entre les réponses apportées par les jeunes, la méthode de l'analyse en composantes principales a été adoptée.
  Les résultats obtenus montrent que les jeunes nourrissent à cet endroit des points de vue divergents. Certains défendent une politique communicationnelle des relations école-famille. D'autres les conçoivent comme des relations essentiellement stratégiques au service de la cause de l'élève. D'autres encore s'en tiennent à une compréhension pragmatique des rapports qui existent entre l'école et la famille. Ces jeunes souhaitent uniquement améliorer la performance des relations école-famille. Une frange de la population d'élèves exprime une certaine méfiance, voire un rejet des liens entre l'école et la famille au nom de diverses raisons : soit par souci d'autonomie car les élèves souhaitent se libérer de la contrainte familiale, soit par révolte car ici les jeunes dénoncent les mécanismes de l'exclusion scolaire dont les relations école-famille ne sont que le reflet, soit par crainte lorsque les jeunes sont devenus les exclus des systèmes scolaire et familial, soit par nihilisme chez les jeunes qui constatent l'irrémédiable distance qui existe entre l'école et la famille. Enfin, une partie des jeunes élèves adoptent une position apolitique vis-à-vis des relations école-famille : ils ne nient pas leur existence, mais ils ne formulent aucun projet dans ce domaine. L'examen de ces groupes nous apprend que ces différentes tendances sont généralement soutenues par un ensemble de caractéristiques appartenant essentiellement à l'histoire familiale de l'étudiant au lieu d'être liées à ses performances personnelles.