Biennale 5
logo INRP (3488 octets)

Regards des jeunes sur les relations école-famille

Auteur(s) : LAHAYE Willy

Lobi89.gif (730 octets)

retour au résumé


bull2.gif (117 octets)   Les relations entre l'école et la famille sont aujourd'hui l'enjeu d'intérêts politiques et sociaux convergents. Les études accomplies dans le domaine de l'école montrent que l'implication des parents dans la vie scolaire de l'enfant est un facteur déterminant de la réussite des jeunes. Ce constat est un argument supplémentaire aux politiques éducatives qui développent actuellement une décentralisation de la gestion du système scolaire.
bull2.gif (117 octets)  Le récent décret fixant les missions de l'enseignement fondamental et de l'enseignement secondaire en Communauté française de Belgique s'inscrit dans la dynamique décrite ci-dessus. Ce décret vise essentiellement à responsabiliser les acteurs locaux impliqués directement ou indirectement dans le système éducatif. Parmi ces acteurs figurent les parents qui, aujourd'hui, participent à la gestion du projet pédagogique de l'école.
bull2.gif (117 octets)  L'actualité de la politique éducative transforme totalement la structure de l'enseignement dans la Communauté française de Belgique. Les relations école-famille subissent également cette mutation.
bull2.gif (117 octets)  Si la nouvelle politique adoptée vise à transformer l'école en lui donnant de nouvelles missions, force est de constater qu'à l'heure actuelle, l'enseignement contribue lourdement au processus d'exclusion et de disqualification sociale. En effet, notre étude montre au départ que le redoublement et la formation des parents restent des critères déterminants de l'orientation scolaire des jeunes. De plus, les analyses effectuées dans l'étude insistent encore sur l'impact qu'exerce l'environnement familial sur toute la vie scolaire des étudiants ainsi que sur les relations école-famille. Cette partie de notre étude prouve que loin d'acquérir un rôle d'acteur ou d'auteur, l'étudiant reste cantonné à son rôle d'agent.
bull2.gif (117 octets)  Aujourd'hui, la politique éducative redéfinit le contexte des relations que les parents ont avec l'école. Parents et enseignants vivent actuellement une transformation de leur rôle pédagogique. Dans ce contexte de mutations, nous nous interrogeons sur le regard que portent les jeunes sur les relations école-famille. Comment les étudiants vivent-ils ces mutations ? Comment ces jeunes, qui se trouvent au centre des préoccupations scolaires, conçoivent-ils aujourd'hui les relations école-famille ?
bull2.gif (117 octets)  Notre étude montre que les jeunes nourrissent à cet endroit des points de vue divergents. A partir du vécu des étudiants âgés de 17 à 18 ans et du souhait qu'ils expriment quant au mode de relations entre l'école et la famille, une typologie de la population estudiantine a été réalisée. Cette typologie détermine les différentes postures adoptées par les étudiants face à la dynamique des relations école-famille ; elle permet d'examiner la manière dont les étudiants articulent leur vécu et leur souhait dans le domaine des rapports entre l'école et la famille. Huit groupes d'étudiants ont été constitués, nous les résumons ci-après. Un premier groupe rassemble les partisans d'une politique émancipatoire des relations école-famille (groupe 1). Un autre groupe est également mobilisé par une dynamique politique de ces relations, mais ici, les étudiants adoptent essentiellement une démarche stratégique : les relations école-famille doivent avant tout servir à la réussite de l'élève (groupe 2). Un troisième groupe rassemble des étudiants autonomistes. Ceux-ci veulent garder leur autonomie et souhaitent maintenir une distance entre l'école et la famille de crainte que les parents n'envahissent la vie scolaire du jeune (groupe 3). Le quatrième groupe est composé d'étudiants rebelles qui dénoncent l'école comme étant à la base d'un système d'exclusion dont les relations école-famille ne sont que le reflet. Ces jeunes s'insurgent contre l'idée de vouloir réunir ce qui est différent (groupe 4). Les parias du système éducatif forment le cinquième groupe. On y trouve des étudiants désinvestis par leurs parents et qui craignent les effets pervers des rapports entre l'école et la famille dans la mesure où ces relations leur seraient néfastes (groupe 5). Le sixième groupe est composé d'étudiants surtout pragmatiques qui visent d'abord la performance et la rentabilité qui résulte d'un investissement dans les relations école-famile dont la principale utilité est d'informer et résoudre des problèmes (groupe 6). Les étudiants qui forment le septième groupe sont nihilistes. Ces jeunes nient l'existence même de relations entre l'école et la famille ; ils n'espèrent d'ailleurs aucune transformation future à ce sujet car l'école et la famille resteront définitivement des milieux différents (groupe 7). Le dernier groupe est composé d'étudiants profondément apolitiques dans le domaine des relations école-famille. Ils ne défendent aucune conception des relations école-famille ; ils ne nient pas leur existence.
bull2.gif (117 octets)  Les variables qui nous ont permis de comprendre la configuration de ces différents groupes sont pour la plupart issues d'informations relatives au jeune et à son environnement familial. La réussite scolaire joue un rôle déterminant dans la conception que les jeunes élaborent à propos des relations école-famille. Les élèves qui n'éprouvent aucune difficulté scolaire encouragent le développement des rapports entre l'école et la famille. Il en est tout autrement pour les étudiants qui rencontrent l'échec scolaire : ceux-ci se détournent des relations école-famille.
bull2.gif (117 octets)  D'autre part, la participation parentale à la vie scolaire influence également la manière dont les jeunes abordent les relations école-famille. L'implication des parents stimule une représentation active et dynamique des relations école-famille chez l'étudiant ; inversement, l'absence d'implication parentale entraîne un désengagement des jeunes dans les relations entre l'école et la famille.
bull2.gif (117 octets)  L'élément qui semble exercer plus d'influence sur la conception des relations école-famille exprimée par les jeunes est sans aucun doute l'environnement socio-professionnel qui caractérise le milieu familial de l'étudiant. En effet, lorsque l'étudiant aspire à une profession prestigieuse et lorsque son entourage immédiat (père, grands-pères maternel et paternel) occupe des fonctions d'un certain prestige, le jeune tend à défendre une politique dynamique des relations école-famille centrée sur l'amélioration de la communication entre ces deux institutions à des fins soit émancipatoires, soit stratégiques. Par contre, quand l'étudiant n'évoque aucun métier socialement prestigieux dans ses aspirations professionnelles et lorsque son entourage familial occupe des emplois dont le prestige est peu reconnu, le jeune se méfie ou s'oppose à un rapprochement de l'école et de la famille et il s'interroge sur les bénéfices qu'il pourrait récolter d'un tel rapprochement.
bull2.gif (117 octets)  Le vécu estudiantin ainsi que les projets dont les jeunes sont porteurs vis-à-vis des relations école-famille, sont fortement imprégnés des caractéristiques de l'environnement socio-familial des jeunes. Les étudiants ont donc un vécu et des représentations des relations école-famille qui reflètent à la fois le degré de réussite scolaire du jeune, un mode d'implication des parents dans la vie scolaire et aussi une certaine forme de dynamique et de trajectoire d'insertion socio-professionnelle qui caractérise la famille du jeune. Ainsi, les "go-between" que sont les étudiants dans les relations école-famille (Montandon et Perrenoud, 1988) nous livrent des regards contrastés sur ces relations. Ces regards nous apprennent que certains étudiants vivent les relations école-famille comme des expériences de développement alors que d'autres les vivent comme des violences humiliantes.
bull2.gif (117 octets)  Cette lecture du vécu exprimé par les étudiants tend à remettre en question l'application d'une politique par décret qui manquerait sa finalité si elle ne lutte pas contre l'exclusion passive dont seraient victimes les familles en retrait et dont les enfants vivent les relations entre l'école et la famille comme des violences humiliantes. Ces familles seraient en effet les premières à s'exclure du cercle des conseils de participation scolaire mis en oeuvre par la nouvelle politique scolaire en Communauté française de Belgique.