Les situations d'apprentissage professionnel, ici relatives au métier de la mécanique "marine", laissent apparaître des ruptures avec les réalisations de tâches d'apprentissage. De ces conduites erratiques, la didactique ne retient que celles s'inscrivant dans le monde de ces réalisations. Or l'analyse des foyers d'attention des interactions verbales montrent l'existence de thèmes étrangers aux tâches que ces sujets réalisent. Les horizons du monde de leur rationalité sont recouverts par les préoccupations de la vie quotidienne : la rémunération, le travail, le temps libre, la famille, les relations sexuelles, sont des objets d'investissements continuels.
  Selon Habermas, ces "bruits" du quotidien sont des modes de relation à une pluralité de mondes problématisés au sein du monde vécu des participants et se nourrissent de l'expérience de la tâche. Dans le champ des sciences de l'éducation, l'apport des théorisations en évaluation, affranchies de la seule perspective du contrôle, peut questionner la compréhension du sens de ce rapport "parasitaire".
  Ces bruits, ou déviances pour le sens commun, traduisent pour nous la diversité des changements vécus par les sujets de la situation. Les processus de socialisation ou d'appropriation des rôles professionnels et ceux d'intégration assurant l'appartenance à un groupe y sont continuellement mis à l'épreuve. Ces changements, vécus plus que réfléchis, cantonnent les perspectives émancipatrices des projets de formation professionnelle dans une perspective d'effets indirects. L'intelligibilité du sens de ces "bruits" participe des modélisations des situations d'apprentissage. Elle tente de restituer la "manifesteté" et la quotidienneté des enjeux débordant des apprentissages ; enjeux eux-mêmes inscrits dans des perspectives et attentes institutionnelles dont la pesanteur instrumentale éclipse les réalités immédiates.