Des enquêtes récentes ont fait ressortir que l'activité de lire est loin d'occuper une place mineure dans les pratiques culturelles des jeunes.
  Ma contribution s'inscrit dans le prolongement de ces observations et de ce qu'elles remettent en cause (clichés du "déclin" de la lecture, de la concurrence d'autres médias et loisirs ...).Son objet est délimité par l'entrecroisement des résultats de recherches antérieures, tournées vers les "nouveaux publics scolaires" et d'une recherche actuellement menée sur le terrain des bibliothèques publiques implantées dans des secteurs dits difficiles, sur les jeunes usagers qui bousculent les règles habituelles de ces lieux par leurs pratiques et usages de ces espaces. Ce déplacement sur les bibliothèques et leurs "nouveaux publics", sur d'autres lieux que l'école, la classe même et le CDI, sur des lieux moins chargés, moins réglés institutionnellement et culturellement, nourrit des questionnements sur le rôle des pairs dans les appropriations culturelles, sur la lecture comme activité multiforme, sur l'identification encore très prégnante entre lecture et pratique solitaire, silencieuse.
  Le cadre théorique de référence est forgé sur les notions de rapports au savoir, à l'école, au langage et la méthodologie repose sur une approche compréhensive : la base empirique de données est constituée d'observations et d'entretiens les moins directifs possible menés auprès des professionnels des bibliothèques et des usagers.
  Le projet de cette contribution est d'apporter des éclairages susceptibles d'approfondir l'analyse de la diversité des pratiques et des objets de lecture des jeunes, d'explorer la complexité des processus qui jouent dans la construction des rapports à l'écrit et des voies d'entrée dans l'écrit, et par delà, la complexité des élaborations identitaires subjectives et sociales.