Problématique :
  La revue de presse et l'état de la question imposent d'emblée un premier constat : le dopage est un concept difficile à définir. Faut-il le réduire à la prise de produits interdits ? C'est une définition opérationnelle qui sous-tend la politique des contrôles, mais les nouveaux produits, faute d'être démasqués, ne sont pas encore interdits... Devrions-nous alors nous résoudre à ne prendre en compte que son impact sur la santé en dehors de toute question éthique ? C'est un point de vue qui a de nombreux partisans, mais la pratique du sport de haut niveau n'est-elle pas, en elle-même, préjudiciable à la santé ? Par ailleurs, comment considérer la consommation régulière de boissons énergisantes ou la médicalisation d'un coup de fatigue ? A priori, ce ne sont pas des cas de dopage. Pourtant, l'éducateur sportif pourra considérer avec quelques raisons que ce type de conduites est partiellement compatible avec le concept de dopage. De fait, les frontières ne sont pas nettes. Tel est notre point de départ.
  Dans la recherche que nous présentons, et en référence à la théorie des possibilités, nous avons défini le dopage comme un sous-ensemble flou de l'ensemble des conduites de préparation, d'entraînement et d'actualisation de la pratique sportive. Cela signifie que chaque conduite sportive présente un degré de compatibilité (vs. d'incompatibilité) plus ou moins grand avec le concept de dopage. Ce degré varie sur une échelle de 0 à 1. Il est nul dans le cas de la recherche d'un équilibre alimentaire. Il est égal à 1 pour la prise d'EPO, intermédiaire en ce qui concerne le recours régulier à des boissons énergisantes.
  De plus, certaines situations comme une progression qui stagne, des enjeux financiers trop démesurés ou encore les limites de l'âge, " fragilisent " le sportif en renforçant les facteurs de vulnérabilité individuels. Le dopage apparaît alors comme une réponse parmi d'autres dont l'enjeu de la recherche est justement d'évaluer les conditions de possibilité.
  Méthodologie :
  Nous avons sollicité 25 " experts " de la préparation et de l'entraînement sportifs (entraîneurs, éducateurs, médecins, kinésithérapeutes, sportifs de haut niveau) afin de tester une procédure de modélisation de leurs connaissances en appliquant la théorie des possibilités et la théorie des ensembles flous.
  Sur une échelle de 0 à 10, nous avons demandé aux experts d'évaluer le degré de compatibilité (vs. d'incompatibilité) de 16 conduites de préparation et d'entraînement à la pratique sportive. Chaque jugement individuel est modélisé comme un sous-ensemble flou de l'univers de référence défini par les 16 conduites retenues dans notre questionnaire. Se pose alors la question de l'agrégation des 25 jugements. La communication analyse quelques opérateurs possibles en fonction de l'attitude privilégiée : principe de précaution, principe de certitude, ou principe de représentativité.
  De même, les experts ont évalué 8 contextes de fragilisation des sportifs et 5 situations mettant en relation un contexte de fragilisation et une conduite particulière de préparation et d'entraînement.
  En conclusion, nous proposerons à la discussion une méthode d'évaluation en logique floue des contextes singuliers de préparation et d'entraînement des jeunes sportifs.