Biennale 5
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La fabrique d'anges ou l'école colonisée par le monde de Barbie

Auteur(s) : GLEYSE Jacques

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Thème : La question de soi
Groupe thématique : Philosophie et dispositifs pour l'éducation citoyenne, civile, civique
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Mots clés : citoyenneté, critique, poupée Barbie, discours officiel, enseignement secondaire, devoirs, droits,

bull2.gif (117 octets)   Éléments pour une analyse critique des propositions concernant la dans l'enseignement secondaire.
bull2.gif (117 octets)  Depuis Septembre 1998, dans le contexte d'une réflexion générale de longue durée, s'est mis en place, en partenariat avec l'IUFM de Montpellier, une école doctorale en Sciences Politique (Montpellier I), un groupe de recherche en Droit et A.E.S., le département de Sciences de l'éducation de l'Université de Montpellier III, le rectorat de l'Académie, un groupe interdisciplinaire de recherche sur " l'Apprentissage à la citoyenneté ".
bull2.gif (117 octets)  La contribution qui suit est fondée sur une critique théorique et philosophique, appliquée notamment ici aux textes officiels du 9 Avril 1998 (" Initiatives citoyennes ") et du 11 Octobre 1998 (" Lutte contre la violence en milieu scolaire ") et à plusieurs projets d'établissement sélectionnés mais aussi à quelques projets disciplinaires, spécifiquement en EPS. Elle s'appuie sur une analyse historico-sociologique de la notion de citoyenneté (à partir de notamment de Norbert Elias, 1975 ; Michel Foucault, 1975 et 1997 ; Pierre Bourdieu, 1998...). Elle est issue directement des travaux du groupe de recherche précité. Elle postule (ce qui n'est pas totalement neuf), en se fondant notamment sur les apports historiques de Michel Miaille, que deux sortes de citoyenneté se sont fait jour consécutivement au cours de l'histoire moderne :
bull2.gif (117 octets)  - une citoyenneté d'assujettissement proche de celle de l'ancien régime où l'essentiel consiste à se soumettre au roi ou au prince (de droit divin) et
bull2.gif (117 octets)  - une citoyenneté de résistance, d'émancipation largement issue des Lumières (La Mettrie, Le chevalier de La Barre, Voltaire...) et de la révolution française où, au contraire, il s'agit, pour les dominés, de conquérir et de revendiquer des droits qui ne sont pas acquis.
bull2.gif (117 octets)  La première est faite essentiellement de devoirs, la deuxième plutôt de droits conquis par la lutte et la résistance. Ces deux notions sont à rapprocher des concepts de " Mystique de droite " et de " Mystique de gauche " élaborés théoriquement, par le philosophe contemporain Michel Onfray (Politique du rebelle, 1998). La mystique de droite est fondée sur l'élitisme, l'aristocratie ou l'oligarchie, la soumission, le droit du sang ou divin. La mystique de gauche se fonde sur le regard tourné vers le plus faible, la méritocratie, l'insoumission, la vox populi,
bull2.gif (117 octets)  L'analyse qualitative de contenu (L. Bardin, 1976) des textes précités, montre de manière très significative (de nombreux exemples seront proposés et analysés) que c'est une " mystique de droite " et une conception assujettie de la citoyenneté qui prédominent. Plus précisément encore, la vision est même une vision " angélique " des élèves qui les pense comme des êtres désincarnés sans corps pulsionnel, sans passion, sans émotion, ni morts ni vivants. Prédomine également, une sorte de puritanisme ascétique où le monde de la poupée Barbie constitue un " idéal-type ", une référence mythologique, un système identificatoire archétypal (Garcia C., Gleyse J., 1997) et où le " silence et l'immobilité " (Denis D., 1997) sont de mise. L'autre facette de la citoyenneté, hédoniste, irruption, pulsionnelle, rebelle, critique, résistante est pratiquement inexistante dans les textes.
bull2.gif (117 octets)  Un tel constat ne peut pas ne pas interroger une école de la République française dont la devise demeure " Liberté, égalité, fraternité ". Il permet de formuler des propositions structurelles concrètes.