Lors des conseils de classe du premier trimestre et du second trimestre, il semblerait que certains élèves sont mal connus voire inconnus de certains enseignants. Le recours aux photographies afin d'associer une image à un nom s'avère indispensable pour construire " du dire " sur ces élèves. De plus, les réunions parents professeurs, les établissements des bulletins scolaires sont des moments où la " transparence " de certains élèves semble se révéler. C'est de ces situations que nous avons vécu, parler d'un enfant qui n'est pas le sien à un parent d'élève, chercher désespérément le visage de cet élève, mettre une formule "bateau" pour commenter le travail ou l'attitude d'un élève..., que notre questionnement initial part.
  Notre interrogation première est celle-là : qui est l'élève transparent ?
  En ce qui concerne la démarche de recherche, il nous a fallu tenir compte du fait qu'il n'existe pas, à notre connaissance, d'écrits portant sur ce sujet. Cette absence de référence " directe " a induit notre parcours. Notre démarche ne pouvait être qu'exploratoire et donc inductive. Nous avons tenté d'approcher la " transparence " de certains élèves en examinant la réalité de la situation scolaire.
  L'élève transparent en situation intéresse notre propos. Nous avons donc opté pour la conduite d'observations en classe. Il nous fallait regarder, en situation naturelle, les relations instaurées entre les différents participants de la classe.
  Des entretiens non directifs menés auprès des enseignants de la classe observée ont permis d'entendre évoquer l'élève transparent et donc de lui donner une réalité " psychique ".
  Quant aux résultats, trois des six enseignants interrogés reconnaissent l'existence d'un élève que nous qualifions de transparent.
  Les entretiens ont permis d'approcher les raisons supposées par les enseignants de la transparence.
  La place dans le groupe, le manque d'intégration, l'absence de trace laissée, la " normalité " des résultats scolaires sont avancées par Monsieur X à propos de Marie.
  La solitude, l'impossible discernement de sa personnalité, de son caractère, le manque d'intégration au groupe classe font qualifier Denis de mystérieux par le professeur de mathématiques, Madame Y.
  La solitude de Corinne, le mystère de sa personnalité, l'atonie dans sa participation, l'absence de demande, la neutralité de ces écrits fondent l'invisibilité de cette élève selon Madame Z, professeur de français.
  De l'entretien de Corinne, nous retenons qu'elle souligne la neutralité des annotations qui accompagnent ses copies, la centration quasi exclusive de l'enseignante de français sur les élèves actifs, l'omnipotence du professeur parlant sans cesse au point de faire le plus souvent les questions et les réponses.
  Les observations nous ont permis de constater que Denis et Corinne occupe un emplacement dans la classe qui fait obstacle à leur visibilité. Pour autant se cachent-ils ?
  La psychanalyse comme théorie du sujet fournit le cadre conceptuel du travail qui est en cours d'élaboration pour notre thèse. En effet, l'étude de la singularité d'une rencontre entre un élève et un enseignant ne peut se soustraire, à notre avis, à l'éclairage des phénomènes inconscients qui participent à cette relation.