DES SAVOIRS ET SAVOIR-FAIRE "INFORMATIQUES"
À ACQUÉRIR
UNE STRUCTURE PLURIDISCIPLINAIRE
La mise à plat de tous les savoirs et savoir-faire "informatiques"
mis en jeu dans les activités de travaux pratiques soulève immédiatement
la question de l'appartenance de ces savoirs à telle ou telle discipline
d'enseignement. De plus, dans l'hypothèse où l'on aurait confié à d'autres
disciplines l'enseignement de savoirs et savoir-faire de base requis pour
une utilisation minimale des instruments informatisés, comment les sciences
physiques prennent-elles en charge ce qui leur resterait dévolu ?
Nous proposons ici une structuration des savoirs et savoir-faire qui
fait apparaître d'une part ce qui peut/doit être considéré comme requis
pour une utilisation en classe de sciences des lycées, et d'autre part,
ce qui peut/doit être considéré comme des savoirs et savoir-faire exigibles
à l'issue d'une formation scientifique.
Une
liste structurée
Un certain nombre de savoirs et de savoir-faire apparaissent comme devant
être considérés comme requis car, en l'absence de ceux-ci,
la conduite d'une activité scientifique est illusoire : les informations
à donner alors ramènent la tâche des élèves à un suivi de consignes "surdétaillées"
et uniquement techniques, effaçant du même coup la compréhension du dispositif
expérimental, de la démarche, du phénomène et donc de la physique...
Nous distinguons des prérequis de niveau 1 et 2. Les premiers,
à l'instar de "savoir calculer et utiliser une calculette",
sont à faire acquérir aux élèves au plus tôt et dans d'autres enseignements
que la physique : savoir lancer un logiciel spécifié, savoir entrer
un nombre, charger un fichier, renseigner une zone de saisie multiple,
etc. Les seconds sont ceux qui concernent les logiciels utilisés en classe
de science et sont donc utiles pour conduire à bien les activités scientifiques,
mais dont l'acquisition, à l'évidence, ne peut pas être considérée comme
indispensable : connaître la commande de paramétrage d'une acquisition
de mesures, savoir obtenir une courbe à partir de l'expression mathématique
d'une fonction, etc..
Il reste alors de nombreux savoirs et savoir-faire qui relèvent alors
d'un enseignement de sciences physiques. Parmi ceux-ci, bien évidemment,
on trouve :
- savoir reconnaître les différents éléments d'une chaîne de mesure
informatisée ;
- savoir conduire/contrôler une acquisition semi-automatique ;
- savoir déterminer la précision de la mesure pour une quantification
donnée ;
- savoir mettre en uvre une méthode d'optimisation de modèle sur
un ensemble de données pour déterminer des paramètres ;
- connaître le rôle d'une interface (convertisseur analogique numérique) :
savoir que les mesures sont faites par échantillonnage et que les mesures
sont quantifiées ;
- connaître le principe de la "dérivation numérique" ;
- connaître les conditions d'utilisation d'une méthode de moindres carrés
(non pondérée, en particulier la régression linéaire) ;
Des
connaissances et compétences "exigibles" ?
À la suite d'expérimentations auprès d'élèves de Première S et Terminale
S, nous avons été amenés à limiter et hiérarchiser ces compétences en
deux sous-niveaux : le premier contient les connaissances à évaluer
en cours de formation, le second, celles que nous considérons importantes
au point d'en faire des critères d'exigibilité dans l'hypothèse d'une
évaluation sommative en fin de cycle terminal.
Ainsi notamment, à l'instar de savoir faire les branchements avec un
multimètre ou faire un goutte à goutte en pH-métrie, nous considérons
qu'un élève sortant de Terminale S devrait savoir :
- faire la connexion sur une voie d'entrée spécifiée d'une interface,
- paramétrer une acquisition automatique ou semi-automatique.
- conduire/contrôler une acquisition semi-automatique (déclenchement,
validation clavier, entrée de valeurs au clavier, etc.).
Pour ce qui concerne les méthodes de traitement, il semble raisonnable
d'attendre d'un élèves sortant de Terminale scientifique qu'il :
- sache utiliser une procédure / commande d'optimisation de
modèle
- connaisse les conditions d'utilisation d'une méthode de moindres carrés
- connaisse le principe de la dérivation numérique.
La
question de "l'évaluabilité"
Prendre en charge l'enseignement de ces connaissances ou compétences,
nécessite aussi d'être capable d'en évaluer l'acquisition par les élèves.
Une telle évaluation peut être envisagée sous forme de sujets conçus
en deux parties fortement corrélées mais devant être traitées en deux
temps séparés : une partie papier-crayon pour l'évaluation des savoirs,
et une partie sur "paillasse" pour celle des savoir-faire correspondants.
Nos expérimentations permettent de conforter l'idée d'une bonne maîtrise
globale de loutil informatique (aisance dans la manipulation du
clavier, familiarité avec les commandes logicielles, etc), mais nous amène
à attirer l'attention sur la nécessité de construire un enseignement qui
assurer la compréhension des méthodes informatiques, sur des points tels
que : la modélisation et les "valeurs initiales" ou la
transcription des affichages en " notation satisfaisante pour
le physicien ".
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