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Le multimédia dans la classe à l'école primaire
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INRP - Tecne - Paris
Détails du projet
L'usage des TICE dans l'enseignement élémentaire
Un nouveau type d'acteur : les aides-éducateursMichelle Harrari, Anne Romby (INRP-DEP 4)
Introduction
Les problèmes liés à l'utilisation des TIC dans des contextes non expérimentaux ont fait l'objet de nombreuses études et recherches depuis la décision politique, prise au milieu des années 1980, de généraliser ces utilisations dans les différents niveaux de l'enseignement obligatoire. Parmi les travaux conduits dans le cadre du département TECNE de l'INRP, certains ont été focalisés sur l'enseignement élémentaire. Ils ont en particulier porté sur les conditions de mise en place d'usages d'outils et instruments informatiques dans les écoles, sur les rôles et attitudes des différents acteurs susceptibles d'intervenir dans le processus d'innovation amorcé et sur les compétences, pour certaines nouvelles, exigées des enseignants.
L'arrivée dans les écoles à partir de 1997 des aides-éducateurs, chargés pour certains de " faciliter l'utilisation des nouvelles technologies " apparaît de nature à modifier un certain nombre d'aspects relevés antérieurement. Des enquêtes menées récemment sur le terrain indiquent que de nombreux enseignants s'appuieraient largement sur ces nouveaux venus dans le système éducatif pour la conduite d'activités impliquant les TIC et qu'ils constitueraient donc bien de nouveaux acteurs à prendre en compte dans le domaine.
Rappelons que l'Education nationale accueille depuis quatre ans de nombreux aides-éducateurs, dans le cadre du programme " Emploi jeunes ", initiative présentée comme réponse à un chômage important parmi les jeunes mais également réponse à des besoins existants. Il s'agit d'un type de personnel nouveau dans les établissements scolaires des premier et second degré devant exercer, pour une durée de cinq ans non renouvelable, " des fonctions éducatives diverses, en participant, en appui aux autres personnels de l'institution, à de nombreuses activités d'animation et d'encadrement " (MEN).
En 1999, près de 34 000 aides-éducateurs exerçaient ainsi dans des écoles primaires (cf. Note d'info MEN 00-16 juin 2000). Une étude longitudinale, menée par le CEREQ, montre que la plupart sont " polyvalents " (en moyenne, chaque aide-éducateur exercerait dans les écoles 6 activités différentes). Cependant, " faciliter l'utilisation des nouvelles technologies ", l'une des fonctions spécialisée prévue par le ministère, tient une place importante puisque d'après l'enquête du CEREQ " 56% font de l'informatique " et que d'après la note d'information du ministère précédemment citée : " un jeune sur quatre dans le premier degré considère cette fonction comme dominante ". De plus, certains ont été recrutés en raison de leurs compétences dans le domaine.
Problématique
C'est dans le cadre d'une problématique générale concernant l'intégration des TICE dans l'enseignement élémentaire, que nous nous intéressons aux aides-éducateurs.
On peut considérer que l'informatique a été officiellement introduite à l'école en 1985 (IPT et programmes des cycles 2 et 3), mais, d'une part, elle n'a pas été introduite dans toutes les écoles : quinze ans après il existe un certain nombre d'écoles, équipées ou non, où aucune activité incluant les TIC n'est organisée. D'autre part, même dans les écoles où ces activités existent, on sait que seule une minorité de maîtres les ont véritablement intégrées dans leur enseignement (usages courants et réguliers).
La plupart des textes officiels conseillent ou enjoignent aux maîtres de mettre ces outils au service de leur enseignement et de développer les compétences de leurs élèves en matière de technologie de l'information et de la communication. On sait que les maîtres, en accord avec un large courant social, sont globalement favorables à l'" alphabétisation " de leurs élèves aux nouvelles technologies, mais cela ne les conduit pas obligatoirement à envisager d'en faire usage dans leur propre classe. Ainsi, nombre d'entre eux préfèrent, lorsque cela est possible, confier leurs élèves à une personne jugée plus compétente dans le domaine : collègue(s) reconnu(s) dans l'école comme le(s) spécialiste(s), animateur spécialisé (parfois recruté par la municipalité) et plus récemment aide-éducateur. Un rapport de l'Inspection générale publié en novembre 2000 signale à ce sujet de possibles effets pervers (" De même [qu'avec la présence d'un enseignant passionné d'informatique], on observe dans certaines écoles un effet pervers de la façon dont travaillent les aides éducateurs : les enseignants se déchargent sur eux lorsque les élèves vont "à l'informatique", et l'investissement de chacun ne progresse pas ", Rapport de l'IGEN, 13.10.2000, chapitre 3).
Les mesures institutionnelles récentes : nouvelles prescriptions, instauration du BII (qui précise les compétences attendues des élèves en fin d'école primaire et prévoit pour la première fois leur évaluation), mise à disposition de moyens, de soutiens de divers ordres peuvent être considérés comme le départ d'une nouvelle phase du processus amorcé il y a quinze ans. Ces mesures devraient très probablement permettre un accroissement des usages par les élèves et peut-être une généralisation effective à l'école (dans toutes les écoles). Mais cet accroissement sera-t-il réalisé grâce à un recours accru aux " spécialistes " ou par l'élargissement notable du nombre d'enseignants intégrant les nouveaux outils dans leur pédagogie ?
Nous faisons l'hypothèse que les aides-éducateurs vont jouer un rôle non négligeable dans cette nouvelle phase et qu'ils peuvent contribuer à son devenir. Cette étude se propose donc d'identifier leurs types d'intervention, les usages qu'ils mettent en place seuls ou en coopération avec les enseignants, et d'examiner dans la durée les modes de coopération qui s'installent, les modifications des démarches pédagogiques qui peuvent en résulter, les éventuelles redéfinitions du rôle de l'enseignant.
L'évolution au cours des deux prochaines années paraît particulièrement intéressante à suivre en raison de la mise en place des mesures institutionnelles précédemment évoquées (dont tout particulièrement le BII), mesures auxquelles doivent s'ajouter de nouvelles instructions officielles, dans le cadre des programmes pour l'enseignement élémentaire en cours d'élaboration. De plus, la première vague d'aides-éducateurs recrutés en 1997-98 arrivera en fin de fonction en 2002-03, le bilan qui sera fait de leurs actions, la façon dont sera envisagée la poursuite des activités informatiques sans eux, l'émergence éventuelle de nouveaux acteurs seront des aspects importants à considérer.
Méthodologie
Des enquêtes sur les aides-éducateurs, généralement de type quantitatif, sont conduites par divers organismes. L'étude prendra en compte leurs résultats et plus particulièrement ceux concernant les interventions en matière de TICE ; des analyses secondaires pourraient être menées si des données brutes sont disponibles.
Elle s'appuiera principalement sur des études de cas diversifiés. Une dizaine d'écoles de trois ou quatre Académies différentes doivent être ainsi choisies selon des critères prenant en compte leur milieu (rural/urbain, ZEP/non ZEP), la présence ou non d'un maître s'investissant particulièrement dans les activités TICE, la part prise par l'aide-éducateur dans ces activités, les projets concernant les TICE. Ces écoles seront suivies de décembre 2001 à mai 2003. Des entretiens seront conduits avec l'aide-éducateur, les enseignants, le directeur de l'école, des élèves, mais aussi l'animateur informatique de la circonscription et l'IEN et/ou ses conseillers. Des observations d'activités sont également prévues.
Références
MEN
- www.education.gouv.fr/aed : Les aides éducateurs.
- Inspection générale de l'administration de l'Education nationale " La situation des aides éducateurs ", juillet 1998.
- www.educnet.education.fr/secondaire/igen/primaire.htm Rapport de l'Inspection générale de l'Education nationale, octobre 2000, chapitre 3 les technologies de l'information et de la communication.
- Notes d'information MEN-DPD 00.16 Juin 2000 Les aides-éducateurs au 1er janvier 2000 : le dispositif en place.
- Notes d'information MEN-DPD 00.24 juillet 2000 " Les aides-éducateurs au 1er janvier 2000 : profil des jeunes sous contrat ".
- Notes d'information MEN-DPD 00.37, octobre 2000 " Les aides-éducateurs au 1er janvier 2000 : les sorties du dispositif ".
CEREQ
- "Intégration, professionnalisation, mobilité : la valse à trois temps des aides éducateurs".- BREF n°167, septembre 2000.
- CADET et all (2000).- Aide éducateur : quel avenir pour la fonction, quel devenir pour les jeunes .- Document n° 151 septembre 2000.
- " Professionnalisation et devenir des aides-éducateurs ", juillet 2000.
IREDU
- JAROUSSE J-P. et LEROY-AUDOUIN C. .- " Les aides-éducateurs à l'école primaire : entre polyvalence et spécialisation, quelle efficacité pédagogique ? ".
- Les notes de l'IREDU 01/2 Janvier 2001.
INRP - Centre Alain Savary
- LE BRETON J. (2000).- " Aides-éducateurs et professionnalité enseignante ".- X.Y. ZEP Bulletin du centre Alain Savary, octobre 2000, pp. 3-6
23-10-2001
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