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Version évolutive

Le multimédia dans la classe à l'école primaire

Recherche 40126

Université de Haute Alsace / LIO CUFEF

Détails du projet

 

Argumentaire

Dans le monde scolaire, la présence de matériels informatiques est une réalité multiple. De l'école équipée d'un poste unique aux salles informatiques richement dotées, voire aux réseaux, la situation est d'une diversité extrême et assez mouvante. Si la présence des ordinateurs est avérée pour la quasi-totalité des écoles, les usages de ces machines demeurent plus difficiles à cerner.

La production commerciale de logiciels a connu de forts développements dans le domaine parascolaire, l'école se révélant être un marché trop restreint et au débouché aléatoire. Le coût élevé de ces supports en comparaison de celui des manuels scolaires, ces derniers connaissant eux-mêmes un renouvellement peu fréquent dans la majeure partie des écoles élémentaires, explique peut-être l'absence d'une véritable production de logiciels entrant dans une démarche d'apprentissage scolaire. Des produits destinés à l'accompagnement scolaire dans le cadre d'une utilisation familiale ont ainsi fait irruption dans le monde de l'école. L'" après-école " se trouve propulsé dans les classes et devient une ressource pédagogique au même titre que le manuel scolaire ou les autres supports utilisés par les enseignants. Ces logiciels permettent-ils une démarche d'apprentissage de la même manière que les activités mises en place par l'enseignant ? On peut se demander quel usage pourra être fait de cette production commerciale.

En amont de cette question il convient de se pencher sur le produit lui-même. Tout logiciel peut être considéré comme un discours. En privilégiant cette approche, il devient possible d'examiner les conceptions de l'enfant et des apprentissages qui sont sous-jacentes au logiciel. Suivant le domaine couvert par le logiciel, français ou mathématiques, il est également concevable de retrouver les conceptions de la langue ou de l'approche mathématique qui ont présidé à la création de ce produit. Le degré d'ouverture de celui-ci, son adaptabilité interne, en réponse au comportement de l'utilisateur, et externe, par une personnalisation possible, précisera s'il se range plutôt dans un processus stimulus réponse ou dans une approche plus constructiviste où le cheminement de l'utilisateur, ses erreurs, seront la base de l'apprentissage.

La façon dont le logiciel interpelle l'enfant, la mise en scène organisée autour du savoir, ce qui correspondrait à la fonction phatique de la communication, selon les termes de Jakobson, constitue aussi une approche enrichissante. Tout le logiciel pourra aussi être analysé en fonction des différentes fonctions du schéma de la communication de Jakobson.

Il faudra effectuer une typologie des logiciels disponibles. Trois grandes catégories semblent se dessiner. La première concerne des logiciels contenant des exercices scolaires très proches du contenu habituel des ouvrages scolaires tels les logiciels d'accompagnement scolaire du type Adibou (Coktel) ou Atout Clic (Hachette). La seconde regroupe les logiciels essentiellement documentaires proposant des simulations (éclipse totale du soleil, phénomène des marées, …) ainsi que les encyclopédies. La troisième et dernière catégorie comprend les logiciels de type traitement de textes, tableur, gestion de bases de données, voire PAO qui permettent des utilisations extrêmement variées en fonction d'un projet précis de l'enseignant et/ou des élèves.

Le deuxième axe de cette recherche porte sur l'élève-utilisateur. L'a priori favorable dont bénéficie le monde de l'image auprès des enfants se manifeste-t-il lors de l'utilisation d'ordinateurs ? L'approche ludique qui masque un savoir scolaire suffit-elle à entraîner l'adhésion de l'enfant dans une démarche qui supprime certes le papier, crayon mais qui reste souvent centrée sur une approche très " classique " du savoir.

L'adaptabilité facile au niveau de compétences de l'élève et la modification des relations avec l'enseignant par l'apparition d'un tiers, l'ordinateur et logiciel, ont souvent été décrites. La présence fréquente d'ordinateurs à la maison permet de se demander si la banalisation ainsi apparue ne modifie pas les relations entre l'enfant et le logiciel. En effet on peut admettre que de nombreux logiciels ont une existence attestée tant dans la famille qu'à l'école. Ce phénomène peut entraîner une baisse d'intérêt de l'enfant pour un produit déjà connu et utilisé. L'observation des mêmes enfants tant à l'école que dans le milieu familial permettrait de se rendre compte des phénomènes en jeu. L'utilisation solitaire dans un espace sécurisant s'oppose à une utilisation sans doute tout aussi solitaire mais où le regard des autres, du maître et des camarades de classe, est présent d'une façon plus ou moins importante.

Le troisième et dernier axe de ce travail concerne les enseignants. Comment organisent-ils leur classe pour permettre à tous les élèves une utilisation partagée des ressources disponibles ? Rien n'indique que la seule présence d'un ordinateur et de logiciels apportera d'emblée des modifications considérables de l'organisation pédagogique de la classe. Cet outil permettra une diversification des supports utilisés mais ne sera pas forcément le vecteur d'une transformation pédagogique.

Les facteurs favorisant l'acceptation ou le rejet de logiciels par les enseignants devront être mis en évidence. Il est certain que l'offre de logiciels est grande et couvre de multiples utilisations. Il faudra donc étudier chaque type de produit séparément et dresser, pour chaque catégorie, les avantages perçus et les réticences qui se manifestent.

Au-delà de cette approche centrée sur l'outil informatique il faut se demander quel statut possède ce support par rapport à ceux qui sont utilisés par les enseignants : manuels scolaires, fiches individuelles de travail, posters, diapositives, films vidéo… L'ordinateur a-t-il une place privilégiée ou se range-t-il comme un complément possible propre à moderniser l'image de l'école sans en remettre le mode de fonctionnement en cause ? Si le logiciel apparaît comme une version électronique du " BLED ", le rôle de l'enseignant ne sera en rien modifié.

Les apports éventuels des logiciels dans le domaine de l'évaluation des élèves seront particulièrement étudiés. La tâche fastidieuse de la correction par l'enseignant pourrait être déléguée à la machine si toutefois le logiciel prévoit cette fonctionnalité. Des logiciels bilan à l'image des évaluations nationales menées au début du CE2 permettraient de donner un reflet des compétences des élèves à divers moments de l'année en vue de constituer des groupes de remédiation pris en charge par l'enseignant.

En établissant les conditions qui permettent une intégration réussie de l'outil informatique en classe, il sera possible de mettre au point les bases d'un contenu de formation destiné aux futurs professeurs des écoles. Cette formation aura pour objectif de favoriser la modernisation de l'enseignement grâce au développement de l'outil informatique dans les écoles. Les IUFM auront un rôle important à jouer dans cette démarche.

Des contacts, qui n'ont pas encore abouti, ont été pris avec des formateurs de l'IUFM de l'Académie de Strasbourg, site de Colmar.

Méthodologie

La présence croissante des produits informatiques dans le monde éducatif autorise l'interrogation concernant les usages repérables dans les classes. Au-delà du constat quantitatif qui doit être mené dans un premier temps, l'essentiel du questionnement concerne le qualitatif, selon une triple approche : le logiciel, les élèves-utilisateurs et les enseignants.

1. Etat des lieux

La description du parc informatique disponible dans les écoles élémentaires du département du Haut-Rhin sera faite grâce aux chiffres disponibles à l'Inspection académique et au CDDP, service d'Ingénierie éducative. Cette approche globale sera complétée par une approche plus fine menée dans deux circonscriptions de l'Education nationale : Guebwiller et Wittenheim. Cette enquête permettra d'établir une carte des écoles fortement équipées et de celles qui semblent pas ou peu équipées et de déterminer les logiciels les plus utilisés dans les écoles.

En fonction de cette première approche, une prise d'information sera effectuée auprès des enseignants en étudiant des écoles qui utilisent beaucoup les nouvelles technologies de l'information et de la communication, d'autres qui semblent plus réticentes à ces techniques malgré les possibilités offertes et celles qui ne disposent que de peu de moyens informatiques. L'objectif de cette première étape est de mettre en évidence les facteurs locaux jouant un rôle prépondérant dans la décision d'équipement de l'école : engagement des enseignants, réticences exprimées, possibilité de financement des achats.

Si dans les secteurs étudiés suffisamment d'écoles sont connectées à Internet cette approche sera intégrée à la recherche en essayant de mettre en évidence les utilisations et les apports possibles de ce type de travail. La comparaison entre les particularités de cet accès à la toile et l'emploi de logiciels sera effectuée.

2. Descriptif des logiciels les plus utilisés

En fonction des résultats obtenus lors du premier recensement, les logiciels les plus utilisés seront finement analysés. Le logiciel, considéré comme un macro-texte, permettra de mettre en évidence les conceptions du créateur quant à sa vision de l'enfant et des apprentissages. Les fonctions décrites par Jakobson dans le schéma de la communication seront utilisées pour examiner comment la communication s'établit entre le logiciel et l'enfant.

3. Les élèves-utilisateurs

L'observation des enfants en train d'utiliser des logiciels sera menée tant à l'école que dans la famille. Cette approche se fera sur des effectifs restreints. Pour compléter cette approche, l'opinion des enfants sera recueillie à l'aide d'un questionnaire pour mettre en évidence la manière dont ils perçoivent les utilisations de logiciels en classe.

4. Les enseignants

Le recueil des données auprès des enseignants se fera également selon deux modalités complémentaires : d'abord par une observation directe en classe, ensuite par l'utilisation de questionnaires.

La fréquence et la manière d'utiliser les logiciels, leur place par rapport aux autres supports disponibles seront étudiées. Le logiciel peut être utilisé en plus, à côté des activités habituelles de la classe, mais peut aussi avoir une place spécifique. L'usage des différents logiciels en classe, observé mais aussi " raconté " par l'enseignant, sera décrit. Les modifications apportées dans l'organisation de la classe seront précisément étudiées. Les logiciels sont-ils utilisés pour le soutien, l'aide individualisée ou comme complément ? Mais ils peuvent aussi être intégrés à la pédagogie de l'enseignant. Dans ce cas, il sera particulièrement intéressant de mettre en évidence les facteurs propres à permettre une intégration réussie des NTIC dans la pratique de la classe.

Il faudra déterminer les raisons du choix des logiciels utilisés. Les motifs comme le coût à l'acquisition, un choix pédagogique raisonné, une recommandation, la disponibilité, le hasard peuvent intervenir.

Les avantages et les inconvénients apportés par l'usage de l'informatique à l'école, selon l'enseignant, seront présentés par type de logiciels.

Calendrier

Durant la première année le recueil des informations quantitatives sera effectué ainsi que la construction des grilles d'observation et des questionnaires. Ces outils seront validés avant utilisation.

La deuxième année permettra de mener à bien la partie expérimentale de la recherche par le recueil des données et leur analyse.

 

15-10-2001