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Dispositif
relais rochelais 1998-1999
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Sommaire
Préambule
Les
jeunes accueillis et leur devenir
Travail
scolaire
Travail
éducatif
Organisation
générale
Retour
sur les objectifs du projet initial
PREAMBULE
La Classe Relais
est installée dans un appartement situé dans un petit immeuble jouxtant l’école
primaire . Cet appartement, qui accueillait précédemment un CIPPA, était
déjà configuré pour recevoir des adolescents dans un cadre scolaire.
L’équipe permanente se compose d’un instituteur spécialisé (Education nationale), d’un éducateur (P.J.J) et d’une secrétaire à mi-temps
(contrat emploi solidarité).
La structure est placée sous la responsabilité du Principal du Collège auquel
est rattachée la classe relais.

LES
JEUNES ACCUEILLIS ET LEUR DEVENIR
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Profil
des jeunes accueillis : Durant l’année
scolaire, 15 jeunes ont été accueillis dans la Classe Relais pour des
périodes allant de 3 semaines à 7 mois.
Sur ces 15 élèves :
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Age
:
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Suivi
éducatif – placement :
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-
4 sont
placés hors de leur famille et pris en charge par la P.J.J
-
3 sont
suivis en milieu ouvert (P.J.J ou AEMO)
-
8 ne
bénéficient d’aucun suivi éducatif et nous ont été adressés
par les services sociaux (2) ou directement par les collèges (6).
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Déscolarisation
:
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-
10
étaient complètement déscolarisés pour des périodes allant de 3
mois à 2 ans
-
5
étaient en voie de déscolarisation (absentéisme important,
exclusions temporaires répétées)
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Origine
scolaire :
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-
3
avaient déjà été accueillis dans des établissements spécialisés
(IR Psy)
-
3
étaient scolarisés en SEGPA
-
1
était scolarisé en CPA
-
8
étaient scolarisés en classe générale de collège
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Famille
:
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-
8 sont
issus de famille monoparentale (mère uniquement)
-
4
vivaient dans des familles recomposées (2 avec leur père, 2 avec
leur mère)
-
1 est
élevé par sa grand-mère
-
1 vit
avec ses deux parents
-
1 n'a
plus de contact avec sa famille
Tous sont
de nationalité française et nés de parents français. |
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Situation
professionnelle de la famille :
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9 sont
issus de famille dont le ou les parents sont au chômage
-
2 sont
issus de famille dont le ou les parents travaillent sous statut
précaire
-
3 sont
issus de famille dont le ou les parents ont un travail régulier
-
1 est issu
d'une famille dont le parent est en pré-retraite
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-
Si tous les
élèves présentent des difficultés psychologiques, pour certains, ces
difficultés font barrage aux possibilités d’apprentissages.
-
Cette année,
4 élèves nous semblaient dans cette situation. Parmi eux, 3 avaient déjà
été placés en établissements spécialisés et ne sont restés que peu de
temps dans la structure (1 abandon, 2 réorientations). Pour le 4ème
, nous avons fait un projet d’orientation vers un IR Psy, projet qui
aurait dû être mis en place depuis plusieurs années si une attention
particulière avait été portée à cet élève.
-
Le
projet de la classe relais n’est pas adapté à des jeunes révélant des
troubles psychologiques ou psychiatriques trop importants. Il serait donc
souhaitable que la commission d’admission soit très vigilante sur ce
point.
-
Devenir
des jeunes accueillis :
-
Sur les 15
jeunes accueillis :
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-
3
jeunes sont en formation en alternance (apprentissage)
-
1 est
en recherche de contrat d'apprentissage
-
1 a
été orienté en 3ème d'insertion
-
1 a
intégré la Classe CAOPP
-
1 a
intégré la Classe CAOPP après abandon de la Classe Relais en 1999
-
2 ont
été placés en lieu de vie
-
1 a
été orienté en internat éducatif à défaut de place en IR Psy
-
1 a
intégré une classe de CPA au Centre de Formation des Apprentis
-
1 a
quitté la ville pour des raisons familliales
-
1 sans
solution scolaire (refus d'intégrer la classe CAOPP) demande à
revenir en Classe Relais
-
1 est
en fugue depuis mars 1999 du foyer dans lequel elle était placée. A
ce jour personne n'a aucune nouvelle
-
1 est
décédée dans un accident de la route en juillet 1999
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Ce bilan
montre :
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-
une
relative réussite avec les jeunes dans l'année de leurs 16 ans pour
lesquels la recherche d'une formation professionnelle est un projet
réaliste
-
une
quasi impossibilité de fait à réorienter les élèves les plus
jeunes vers une structure scolaire ordinaire (inadaptation des classes
ordinaires de collèges aux difficultés de ces jeunes)
-
une
grande difficulté à orienter un jeune vers un IR Psy (manque de
place)
-
une
inadaptation de la classe relais à des demandes qui relèvent d'un
suivi éducatif global d'où les orientations en lieu de vie,
orientations qui auraient pu être faites sans le passage par la classe
relais
|
-
Globalement,
nous pensons avoir répondu à la commande instiutionnelle (rescolarisation
ou rentrée en formation professionnelle pour près de la moitié des jeunes
accueillis).

TRAVAIL
SCOLAIRE
De manière
provocatrice, on pourrait se poser le problème de l’utilité du travail
scolaire au sein de la Classe Relais. En effet, il semble que les besoins des
élèves se situaient moins en terme d’apprentissage que de reprise d’un
rythme de travail. La forme a souvent pris le pas sur le contenu car le besoin
urgent était surtout de faire accepter les contraintes de la scolarisation
(arriver à l’heure, se tenir à un travail dans la durée, se concentrer,
réfléchir, lire, écrire, parler…).
- Les méthodes utilisées,
essentiellement basées sur le travail individualisé sur logiciel
informatique, semblent bien adaptées au public et à ses besoins. Vue l’hétérogénéité
des niveaux et les personnalités des élèves, les tentatives de travail
collectif se sont très souvent soldées par des échecs, les jeunes
reproduisant des comportements de défiance vis à vis des règles de vie
d’une classe dès qu’ils étaient placés dans cette situation.
- Ces difficultés ne
signifient pas pour autant que les élèves n’ont pas effectué des
apprentissages. Certains disent même avoir " beaucoup
travaillé ". Pour mesurer la réalité des acquis, il est
nécessaire de mettre en place des évaluations systématiques à l’entrée
et à la sortie du dispositif. Les plus opérantes semblent être celles
se basant sur les référentiels de CAP. Il reste à les affiner et à les
systématiser pour la sortie.
- Outre les apprentissages, l’intérêt
essentiel du travail scolaire dans une structure comme celle-ci est de
servir de média pour entrer en relation avec le jeune.
- Les contenus d’enseignement
ont été, le plus souvent, limités aux mathématiques et au français.
Il serait judicieux de pouvoir également travailler ponctuellement sur
des apports en histoire, géographie et sciences, en liaison avec les
intérêts ou les questionnements exprimés par les élèves. Cela serait
peut-être l’occasion d’impliquer le groupe.
- Enfin, les problèmes
rencontrés étant très différents de ceux d’une classe habituelle, l’enseignant
souhaiterait l’aide de la conseillère psychologique AIS.
- On peut dire qu’il paraît
illusoire que la Classe Relais puisse permettre un rattrapage conséquent
pour un élève qui se destinerait à retourner en collège après une
longue déscolarisation. Ce ne pourrait être le cas que si la période de
rupture avec l’école était courte (au plus quelques semaines) et le
passage au sein du dispositif assez bref (également de l’ordre de
quelques semaines).
- Par contre, le cadre de la
Classe Relais semble bien adapté pour une remise à niveau d’élèves
en rupture d’école mais se destinant à une formation professionnelle.
- Pour les autres (élèves
plus jeunes), le travail scolaire doit passer au préalable par une phase
de réadaptation aux contraintes et au désir d’apprendre qu’exige une
scolarisation et être valorisé par des perspectives d’un possible
retour au collège. C’est ce dernier point qui pose grandement problème
actuellement…
TRAVAIL
EDUCATIF
- Pour les élèves en âge de
quitter le système scolaire, le projet et le travail au cours de l’année
se sont avérés plus clairs, plus lisibles (ex : nombreux stages mis
en place, recherche d’apprentissage, initiation au monde du travail).
- L’action s’est plutôt
située dans le registre relationnel avec le jeune et sa famille. Amener
un jeune en refus scolaire à se réapproprier l’envie d’apprendre
serait plus réalisable si le jeune pensait à terme trouver une place
dans le système scolaire, ce qui n’a pas été le cas pour les 14/15
ans.
- Une difficulté majeure
rencontrée dans le travail éducatif aura été le manque d’outils et d’expérience
dans le renforcement de l’image de soi du jeune (il n’existe pas d’ouvrages
autres que théoriques dans ce domaine).
- L’absence d’un
accompagnement d’équipe par un psychologue a été fortement ressentie
par l’éducateur.
- Au delà des acquisitions
pratiques, il apparaît plus clairement maintenant que la tâche
essentielle est bien pour ces jeunes échoués, déjà marginalisés de
travailler sur la confiance que l’on peut avoir en soi et l’envie de
faire un projet de vie.

ORGANISATION
GENERALE
-
L'organisation
était basée :
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-
Sur une
période d’admission de 2 semaines permettant de mieux connaître le
jeune, d’évaluer ses savoir-faire, (bilan CIO, évaluations
scolaires en classe), d’entamer avec lui la construction d’un
projet et de mesurer l’adéquation entre les aides possibles de la
structure et sa demande.
-
Sur un
emploi du temps où la présence de l’élève au sein de la classe
était limitée aux matinées, les après-midi étant consacrés à
des démarches individuelles accompagnées.
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- La période d’admission n’a
que partiellement rempli son rôle. Si l’amorce de la construction d’un
projet a été possible avec ceux pour lesquels la demande était un
minimum élaborée, elle s’est avérée impossible pour ceux orientés
là par défaut d’autres solutions scolaires ou éducatives.
- Sa fonction " d’essai "
a été complètement absente puisque nous avons accueilli ensuite tous
les jeunes admis, y compris lorsque nous constations rapidement qu’aucun
travail constructif ne serait possible avec eux. Cela nous a conduit à
assurer, au mieux, un travail de suivi éducatif du ressort d’un
éducateur en milieu ouvert, au pire, à soulager des institutions de la
présence d’un jeune perturbateur.
- Il semble indispensable d’amener
le référent de l’élève à s’impliquer plus à fond dans cette
période afin qu’il ne considère pas l’accueil en Classe Relais comme
une fin en soi.
- En ce qui concerne les
bilans effectués par le CIO, il paraît important de mieux cibler nos
demandes.
- L’emploi du temps, limité
aux matinées, a été fortement apprécié par les élèves.
- Pour les élèves dont le
projet était l’entrée en formation professionnelle, nous avons mis en
place graduellement un cycle d’alternance : stage en
entreprise/enseignement à la Classe Relais. Ce mode de fonctionnement a
donné entière satisfaction aux jeunes concernés ainsi qu’à l’équipe.
- Nous n’avons pas mis en
place d’activités sportives ou culturelles dans le cadre de la classe.
Les deux obstacles ont été, d’une part les difficultés pratiques à
cause de l’effectif très fluctuant et très hétérogène, d’autre
part notre manque de vision du sens que ces activités auraient pu avoir
dans la cadre des projets individuels.
- L’équipe a consacré
beaucoup de temps aux relations extérieures : famille, référents,
entreprises, établissements scolaires, institutions, foyers, structures d’orientation
(CCSD,CDES), intervenants sociaux etc… La classe s’est révélée
être le point central où confluaient les différents intervenants sur un
même jeune (scolaire, social, éducatif). Nous avons donc été
entraînés, de fait, vers un travail de coordination et d’information.

RETOUR
SUR LES OBJECTIFS DU PROJET INITIAL
Créer un
lieu et un temps intermédiaires de vie et d’activités, hors les murs du
collège, pour les rendre accessibles, compréhensibles et repérables.
Les jeunes et
leurs familles ont apprécié la qualité du lieu et des équipements. Ils ont
compris que nous n’étions pas une structure de relégation au rabais mais une
opportunité de temps et d’espace pour un " nouveau
départ ".
Redonner à la
famille sa place dans ses responsabilités vis à vis de son enfant en
simplifiant les modalités de contact avec l’institution. Pour ce faire, l’équipe
collabore avec l’environnement familial et/ou social du jeune.
Dès l’admission,
la famille et les travailleurs sociaux s’occupant de l’élève ont été
associés à la scolarité au sein de la classe relais. Dans l’ensemble les
rapports ont été réguliers. Certains parents venaient même fréquemment nous
rencontrer. Ils étaient moins impressionnés et plus en confiance que dans le
cadre scolaire habituel.
Les
jeunes, mais aussi les familles, ont généralement bien réussi à cerner les
parcours scolaires et les écueils. S’ils ont bien pointé le volet personnel
ou familial de ces problèmes, nous avons constaté que, souvent, c’était
également l’institution scolaire qui générait la rupture en raison de l’inadéquation
de ses réponses aux problèmes particuliers de l’élève.
-
Redéfinir
les exigences sociales et établir une cohérence dans la mise en place des
exigences ; retrouver un rythme social (ponctualité, tenue
vestimentaire, rapport à la Loi, aux règles de l’institution scolaire…).
Globalement,
les règles mises en place ont été bien respectées. Nous n’avons noté
aucun problème de violence (physique ou verbale) de la part des jeunes dont
certains nous avaient été présentés comme très violents. Le cadre, la
taille du groupe et les relations de confiance avec les adultes ont permis aux
élèves d’auto-réguler et d’adapter leurs comportements à la structure
sans beaucoup d’intervention de l’équipe. À notre avis, ce comportement a
été induit par le cadre général mais nous avons des doutes sur le possible
transfert de ces acquis (?) dans le cadre scolaire classique.
- Nous n’avons jamais
réussi à constituer un groupe en tant que tel. Il existait beaucoup de
décalage entre chaque élève, chacun venant avec une problématique et
des motivations différentes. La rupture la plus flagrante est liée à l’âge
(différence énorme entre ceux qui se destinaient à une formation
professionnelle et les plus jeunes).
- Par ailleurs, certains
jeunes étaient certainement trop perturbés pour s’investir dans des
relations de groupe.
Nous nous
sommes effectivement efforcés d’individualiser au maximum les relations. Les
jeunes y ont été sensibles et se sont investis dans la relation avec l’adulte.
La structure, telle qu’elle est, permet ce mode de fonctionnement. Nous avons
pu prendre le temps d’être à l’écoute de chacun, surtout dans les moments
de crises individuelles.
Travailler sur un
projet personnel pour donner du sens aux apprentissages et aux règles de la vie
sociale. S’appuyer sur ce projet personnel pour préparer l’orientation à
la sortie du dispositif.
Sur cet objectif,
les réalisations ont été très différentes. Pour certains élèves, nous
avons effectivement pu travailler avec eux sur la construction d’un projet
personnel qu’ils avaient d’ailleurs sans doute déjà en gestation à leur
arrivée. Les objectifs étaient posés et les apprentissages avaient du sens.
En revanche, pour
d’autres, en particulier les plus jeunes ou ceux ayant des problèmes
psychologiques importants, il a fallu trouver une orientation dans laquelle l’élève
a, la plupart du temps, subi un projet fait pour lui. Le manque de solutions
nous a conduit à des propositions qui ont souvent été faites par défaut.
Les
objectifs de rescolarisation nous sont rapidement apparus irréalistes pour la
plupart des élèves. À une exception près, maintenir le lien avec les
collèges d’origine s’est révélé impossible, d’une part, parce que les
jeunes souhaitaient rompre avec leur passé et d’autre part, parce que les
collèges n’envisageaient pas de continuer des relations, même ponctuelles,
avec des élèves " indésirables ".
