Conviction et engagement d'une équipe

ACCUEIL DISPOSITIFS RELAIS SOMMAIRE BILANS D'ACTIONS CONTACTS - RÉSEAU

   Sommaire

  Évaluation quantitative

  Évaluation qualitative

  Conclusion

  Séance de régulation mensuelle avec un psychologue

 


   ÉVALUATION QUANTITATIVE

Fonctionnement
Du 7/12/98 au 04/06/99 soit 4 sessions de 5 semaines. Le démarrage tardif est explicable par les difficultés de mise en œuvre :
  • accord sur les moyens que l'I.A. met à disposition, en particulier transformation des heures (HSA en HSE, HSE en vacations),
  • recrutement d'un emploi-jeune : il a été possible à la mi-novembre,
  • subvention d'équipement et de fonctionnement du Conseil général : il nous fallait une assurance de subvention pour couvrir les besoins en mobilier et en matériel informatique, les besoins en fonctionnement.
Elèves accueillis
20 dont 9 exclus définitivement par conseil de discipline, et 11 en voie de marginalisation ou de déscolarisation.
  • 1 élève a refusé à l'entrée du dispositif,
  • Sexe : 1 fille, 19 garçons,
  • Âge : 2 nés en 1985, 4 en 1984, 11 en 83, 3 en 1982.
Suivi des élèves accueillis (3 premières sessions)
1ère session : 4 réinsérés sans problèmes depuis le 22/01/99 (dont 1 qui était déscolarisé depuis 3 ans) ; 1 exclus définitivement de son établissement.
 
2ème session : 3 élèves réinsérés ne posent pas de problèmes, 2 en " délicatesse " avec la justice n'ont pas repris un cursus scolaire.
 
3ème session : 2 élèves réinsérés sans problème, 2 élèves accidentés dès le 2ème jour ont été hospitalisés 5 semaines et réinsérés, 1 élève déscolarisé depuis 1 an n'est pas venu à la totalité de la session et s'est de nouveau déscolarisé.
Absentéisme
Le taux d'absentéisme moyen est de 11% pendant la durée du passage au Relais. Il est bien évidemment variable en fonction des élèves (de 0 à 18 demi-journées d'absence sur 45).
 

Composition de l'équipe d'encadrement
  • Un coordinateur : 1/2 temps de prof d'EPS,
  • Un emploi jeune,
  • Enseignants du second degré : 5 (2h par semaine pour, EPS, Français, Histoire Géographie, Maths),
  • Intervenants hors E.N,
  • Payés en vacations : 6 (2h par semaine pour Anglais, Arts plastiques, Atelier d'écriture, Sciences, projet personnel (COP), psychologue pour le suivi de l'équipe).
Utilisation des moyens
Il était prévu de transformer les 18 heures poste restantes sur le poste ½ accordé par l'Inspecteur d'Académie, plus les 7 heures mutualisées par les collèges, en HSE pour rémunérer les enseignants du second degré et en vacations pour les intervenants extérieurs.
Il faut signaler les difficultés rencontrées pour transformer ces heures en vacations (pour les intervenants extérieurs), problème qui se pose pour l'année prochaine.
  • 13 HSA ont été transformées en 403 HSE (13 x 31),
  • 11 HSA ont été transformées en 341 HSE transformables en 682 vacations,
  • Nous avons utilisé 248 HSE et 670 vacations,
  • Les services départementaux nous ont demandé d'arrêter le fonctionnement à la fin de la 4ème session à cause des difficultés de rémunérations des vacataires.

 


 

   EVALUATION QUALITATIVE

Atteintes des objectifs
Recréer du lien social :
Nous cherchons toujours à considérer l'élève dans sa globalité, en dépassant les apparences. Les rapports sont fondés sur le respect, quel que soit le passé ou le présent du jeune. C'est bien à l'individu que l'on s'adresse et c'est sur lui que l'on fait le pari de l'éducabilité.
Les élèves perçoivent là que le regard de l'adulte est différent, que le respect mutuel s'impose, et que, après une période d'étonnement et d'incrédulité, ils peuvent faire confiance, oser la parole et prendre du plaisir à venir au Relais.
Le rôle primordial de la présentation du Relais, du contrat au moment de l'admission est souligné. Il semble bien que de la qualité et de la précision de ce qui est dit à ce moment dépende, en grande partie, la réussite ultérieure.
Le Relais constitue une institution de recours et joue le rôle de tiers par rapport à l'institution scolaire. Les élèves y trouvent un espace de parole, une occasion de faire une rupture et d'amorcer un changement en dehors du regard des autres.
Le cadre, clairement posé et appliqué, permet de rencontrer les limites et de se construire en référence à elles. L'importance que nous accordons à l'écoute et à la médiation permet de faire circuler la parole, d'exprimer les souffrances et de réguler les relations. Il faut préciser que nous nous interdisons d'utiliser la connaissance que nous avons de leur réalité familiale, sociale, scolaire pour faire pression sur les élèves dans les moments difficiles.
Les difficultés les plus nettes sont apparues avec les élèves qui n'ont pas rencontré la Loi dans leur établissement d'origine, et qui ne présupposent même pas que cette loi puisse s'appliquer à eux. Il y aurait probablement à réfléchir sur le rôle des conseils de discipline en tant que rappel à la Loi.

Reconstruire une image positive de soi
La mise en valeur des actions individuelles, la valorisation des réussites, même des tous petits pas, l'accent mis sur le repérage de compétences extrascolaires, le travail sur les qualités des personnes permettent une amélioration nette et rapide des représentations de l'image que les élèves ont d'eux-mêmes.
On constate au fil des jours que les réticences sont de moins en moins importantes ; petit à petit, les élèves s'aperçoivent qu'ils peuvent réussir, faire par eux-mêmes. Là encore, les élèves qui n'ont pas rencontré la Loi ont plus de difficultés à avancer dans une reconstruction car ils ont en tête le retour dans leur établissement et se demandent si les autres (les enseignants) auront bougé dans leurs représentations sur eux.
Le travail accompli dans l'atelier d'arts plastiques et en atelier d'écriture participe fortement à cette reconstruction, même s'il est difficile pour certains de s'engager dans l'activité car elle peut être l'occasion de se " mettre à nu ".
Le miroir que nous sommes et dans lequel se regardent les élèves est bien évidemment primordial. S'ils voient dans nos yeux du respect et de l'estime, la reconstruction sera bien plus facile et rapide. Inversement, un regard méprisant sera le déclencheur d'une violence incontrôlée.
Le fait de pouvoir accepter son image, surtout dans le regard de l'autre, constitue la première étape de la reconstruction. Pour certains, cette étape est difficile à atteindre car elle signifie qu'ils doivent accepter de bouger, voire de prendre de la distance par rapport à leur passé, ce qui peut constituer un déni inacceptable.

Remotivation et reconstruction des savoirs, savoir faire, savoir être
Il nous semble important de faire en sorte que d'emblée les élèves soient en réussite dans les disciplines scolaires, d'où la présentation de travaux à leur niveau, réalisables avec un effort. Il n'est pas question de présenter quelque chose de trop facile, ce qui renverrait à de l'enfantin et donc peu crédible, mais bien de réalisable. Il est certains que pour tous les élèves accueillis, le décalage, entre les acquis et les exigences scolaires du niveau dans lequel ils sont inscrits, est trop important pour qu'ils puissent rester motivés.
C'est donc avec un guidage fort et une individualisation des apprentissages, permis par le petit nombre, que nous réconcilions peu à peu les élèves avec le " faire ". Ce travail est souvent médié par l'ordinateur, accepté par le jeune car " ne prenant pas la tête ". Il permet en outre d'oser faire, d'oser écrire, d'oser ne plus avoir peur puisqu'il ne juge pas, ne réprimande pas.

Nous essayons de redonner à chacun de méthodes de travail et de recherche. Là encore, l'informatique aide notre démarche.
Concernant les savoir être, la reconnaissance de l'identité de chacun, le respect et le cadre posés font qu'il n'y a aucune agressivité par rapport aux adultes du Relais. Les quelques moments difficiles vécus ont été des explosions de violence par rapport à un camarade, bouc émissaire ponctuel d'une difficulté à résoudre. Dans ce domaine, la reconstruction a été difficile, voire impossible, avec certains jeunes relevant de mesures judiciaires et déjà bien ancrés dans la délinquance. Nous avons mesuré, là, l'importance de la mise en relation de tous les partenaires pouvant agir sur le jeune.

Accompagner une démarche de projet personnel
C'est en particulier le domaine du COP, même si chacun essaie d'y contribuer. Il s'agit de permettre l'expression d'un projet, même modeste et à court terme, sans l'évaluer. Ensuite, il faut faire réfléchir sur la pertinence du projet, permettre l'ouverture sur un autre projet, mettre en lien avec l'avenir pour, par exemple, réussir sa réinsertion.
La plus grande difficulté est la projection dans l'avenir pour des jeunes n'ayant pas acquis le principe de temporalité, et ce travail aide à résoudre cette difficulté.
Il faut remarquer qu'aucun élève n'a profité de la possibilité qui lui était offerte de faire un stage d'observation en entreprise. Il est vrai que peu d'entre eux avaient un projet professionnel en tête.

Le travail d'équipe
La concertation hebdomadaire est très satisfaisante et indispensable car elle permet de clarifier et d'harmoniser les objectifs, de relativiser les problèmes en les partageant avec les autres.
A ce sujet, il est relevé l'importance de la supervision mensuelle de l'équipe par un psychologue, qui favorise par la mise en mots des difficultés et l'analyse des pratiques une prise en charge plus sereine du public accueilli...
Il est à signaler que les intervenants extérieurs apportent un regard différent sur les élèves et le rapport aux apprentissages. Cette différence est source d'enrichissement mutuel car elle pose des questions qui nous permettent d'aborder les difficultés autrement, et surtout de construire des réponses communes.

 
Le contrat passé avec les élèves et les familles
Il semble favorisant dans la mesure où il provoque un engagement actif et où il pose le cadre des attentes. Il permet la définition des règles de fonctionnement, le rappel à la loi ou à la règle, le renvoi aux normes. Dans tous les cas, il enclenche le travail de médiation et d'écoute puisqu'il est basé sur le respect mutuel.
 
Les relations avec les élèves
Nous avons rencontré beaucoup plus de difficultés avec les élèves non exclus par conseil de discipline. Il semble que le fait de ne pas avoir rencontré la Loi autorise les jeunes à rester dans des représentations qui leur permettent de la transgresser. La rupture créée par l'exclusion et le choc psychologique qui s'ensuit semble placer le jeune dans une dynamique de reconstruction de repères et de limites. Nous pouvons beaucoup plus facilement enclencher un travail sur la Loi, la règle, la norme.
 
Le travail pédagogique
Il se situe au niveau de la remotivation. Il s'agit de permettre au jeune de s'intéresser de nouveau aux disciplines scolaires en partant de bases connues de lui et repérées par les intervenants. Le travail sur logiciels informatiques permet la mise à distance des difficultés relationnelles éventuelles et incite à la curiosité et à l'attention.
 
Le partenariat
Nous avons renforcé le travail de lien et de cohérence avec les éducateurs, les associations de prévention, le service éducatif auprès du tribunal, les assistantes sociales.
 
La réinsertion
Les équipes d'accueil sont à l'écoute des problèmes rencontrés, mais aussi des progrès réalisés par le jeune dans un cadre différent. La prise de conscience des écarts de comportement modifie le regard porté sur l'élève et facilite sa réinsertion. Il faut signaler l'importance des équipes de direction dans la manière dont le jeune est accueilli, et le relais permanent apporté en particulier par les CPE et les AS. Il faut noter quelques difficultés pour trouver un collège de réaffectation pour les élèves exclus. Il faudrait que les stratégies soient clairement définies entre les services départementaux et les établissements pour éviter qu'un élève se trouve sans affectation à sa sortie du Relais.

 


 

   CONCLUSION

L'équipe de volontaires qui a œuvré cette année est déterminée à continuer l'an prochain. Aucune usure apparente ne se manifeste, et, de plus, les enseignants de collège disent tirer bénéfice de leur intervention au Relais pour leurs classes de collège. En effet, les problèmes posés par les jeunes accueillis interrogent leurs pratiques professionnelles et modifient leur regard sur l'élève. Les compétences professionnelles construites dans le cadre du Relais sont réinvesties aisément par les enseignants avec leurs élèves habituels.

 


 

   SCEANCE DE REGULATION MENSUELLE AVEC UN PSYCHOLOGUE

Objectifs : mettre en mots les difficultés rencontrées
analyser les pratiques
Durée de la
séance :
1 heure /1 fois par mois
Animation : un psychologue scolaire en retraite
Méthode : étude de cas en 3 temps :
1. 10 minutes d'exposé du " cas " (difficulté avec un élève, avec le groupe d'élèves, avec l'équipe, avec soi-même...)
2. 10 minutes de formulation d'hypothèses explicatives par l'ensemble de l'équipe
3. 10 minutes d'hypothèses de résolution du problème.
Le temps 3 est surtout employé par le psychologue pour renvoyer à une problématique psychologique ou psychanalytique. Notre psychologue, étant spécialiste de médiation familiale, nous renvoie souvent des éclairages de ce type.
Il est possible d'étudier 2 cas pendant l'heure impartie. Nous essayons de ne pas déborder sur le temps afin d'apprendre à aller vite à l'essentiel.
Si les difficultés abordées sont trop lourdes ou si la régulation proposée est inopérante, celui ou celle qui a présenté le " cas " peut contacter le psychologue dans la semaine pour en parler plus longtemps (gratuitement !).
 

Avantages de cette régulation
Elle prend la place pour partie de la concertation hebdomadaire. Cette dernière, animée par moi-même permet déjà de résoudre bons nombres de problèmes et permet une certaine prise de distance. Elle est cependant interne à l'équipe, et les difficultés peuvent tourner à l'intérieur du groupe sans forcément trouver de solution.
La régulation avec le psychologue, elle, introduit un tiers, uniquement centré sur l'équipe (il ne connaît pas les élèves autrement que par ce que nous en disons), autorisant une parole qui se décentre automatiquement de l'équipe. Nous y trouvons un souffle nouveau, et surtout un point de vue différent qui renvoie à des problématiques bien plus larges que notre quotidien.
Nous attendons cette séance mensuelle avec impatience et confiance, et cette attente permet déjà une prise de distance, dans la mesure où nous savons que nous pourrons parler de nos difficultés et qu'il est donc inutile de se focaliser dessus, dans l'immédiat.

Renseignements : Claude LOISY : 04 94 42 05 95