TEMPS DES 24 HEURES.

Hubert Montagner

La chronobiologie et la chronopsychologie nous enseignent qu'un organisme ne peut faire n'importe quoi n'importe quand. Le fonctionnement et l'activité des cellules et des organes, le fonctionnement et les activités d'un organisme sont en effet soumis à différents rythmes, c'est-à-dire des phénomènes qui se reproduisent identiques à eux-mêmes au bout d'un temps donné, appelé période. On distingue trois grandes "familles" de rythmes selon leur période :
  • les rythmes circadiens ont une période d'environ 24 heures (l'alternance de la veille et du sommeil, qui coïncide généralement avec l'alternance de la phase éclairée -le jour- et de la phase obscure -la nuit- ; la sécrétion du cortisol, de l'hormone de croissance et de bien d'autres hormones ; etc.) ;
  • plus "rapides", les rythmes ultradiens se développent au sein des 24 heures (ils peuvent avoir une période très courte, inférieure à une seconde, comme le rythme cardiaque, ou plus longue, d'environ 3 heures comme l'alternance des épisodes de sommeil diurne chez le bébé ou des épisodes de vigilance chez les enfants plus âgés) ;
  • plus "lents", les rythmes infradiens ont une période d'environ 7 jours, d'un multiple de 7 ou d'environ un mois comme le cycle ovarien dans l'espèce humaine, de quelques mois comme les cycles saisonniers, ou encore d'une année, ou davantage.

Chez l'Homme, les rythmes biologiques et psychologiques sont synchronisés ou désynchronisés par les facteurs d'environnement, c'est-à-dire les facteurs du milieu physique et cosmique, les facteurs écologiques dans leur ensemble, et les facteurs humains et sociaux. La plupart apparaissent étroitement influencés par le rythme veille sommeil, c'est-à-dire le moment de l'endormissement, la durée, la continuité ou l'interruption des cycles de sommeil, les événements physiologiques et psychiques qui les jalonnent, le moment de l'éveil ou du réveil (l'éveil provoqué). C'est pourquoi, les rythmicités physiologiques et les rythmicités psychologiques et intellectuelles des êtres humains, ne peuvent être vraiment appréhendées sans référence au rythme veille - sommeil.

S'agissant des "enfants-élèves", on peut utilement distinguer plusieurs temps :

  • Le temps du sommeil : variable d'un individu à l'autre, évolutif en fonction de l'âge et tributaire des influences de l'environnement (notamment familial), le temps du sommeil est marqué par des phénomènes physiologiques et psychologiques qui ne peuvent pas ne pas avoir d'incidence sur les comportements, compétences, performances et activités des "enfants-élèves" au cours de la journée (voir RYTHME-SOMMEIL).
  • Le temps de l'éveil :il s'agit du temps propre à chaque individu pour être réellement éveillé, c'est-à-dire non somnolent, vigilant, alerte, réceptif à son environnement .L'individu peut alors être attentif, c'est-à-dire volontairement concentré vis-à-vis de telle ou telle stimulation ou information, tel ou tel événement, tel ou tel partenaire... Il est prêt à répondre à toute variation de l'environnement. Le temps de l'éveil a une durée très variable d'un individu à l'autre et d'un jour à l'autre : il faut à chacun plus ou moins de temps pour être tout à fait éveillé. La durée peut varier de quelques minutes à plus de 2 heures. On ne peut ignorer cette réalité dans l'aménagement de la journée scolaire pour les "enfants-élèves" de tous âges (voir STRATEGIES D'ACCUEIL).
  • Le premier temps familial qui combine le temps d'éveil, le temps du petit déjeuner, le temps des soins corporels et autres, le temps des interactions et relations avec les partenaires du milieu familial, le temps de préparation à la journée qui s'annonce, notamment aux temps de l'école.
  • Le temps du trajet de la "niche familiale" à la structure d'accueil, d'éducation, de soins ou de loisirs, selon le cas (on ne considérera pas ici les temps dans les structures de soins et les structures de loisirs).
  • Le temps d'attente de l'ouverture de la structure d'éducation ou d'enseignement, selon le cas, puis le temps d'accueil (voir STRATEGIES D'ACCUEIL).
  • Le temps des actes d'éducation ou d'enseignement.
  • Le temps de la mi-journée, c'est-à-dire le temps du retour à la "niche familiale" ou pour gagner un "lieu relais" (domicile des grands-parents, ou autre lieu extra familial), les temps de restauration et de sortie de table, le temps pour regagner la structure d'éducation ou d'enseignement, le temps d'attente des actes d'éducation ou d'enseignement de l'après-midi.
  • Les temps d'éducation et d'enseignement de l'après-midi.
  • Les temps de séparation avec les éducateurs, les enseignants et l'école dans sa globalité à l'issue du temps pédagogique.
  • Les temps intermédiaires entre les temps passés dans la structure d'éducation et d'enseignement, et les temps familiaux de la soirée (ou des temps passés dans des "lieux relais", c'est-à-dire, selon le cas, au domicile d'autres personnes que celles de la "niche familiale", dans un club, etc.
  • Les temps familiaux de la soirée et / ou les temps passés dans des "lieux relais" (temps du dialogue entre l'enfant et son ou ses proches à propos des temps, activités et événements de la journée ; temps du jeu à la maison ; temps du dîner ; temps de la télévision ; temps de préparation au sommeil…).

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