- Dépasser l'insécurité, les peurs, l'inquiétude,
l'anxiété et l'angoisse qu'il (elle) a développées
en relation avec ses difficultés à apprendre et
s'ajuster aux exigences de l'école, ses difficultés
personnelles dans le milieu familial (non-attachement ou détachement
avec son (ou ses) parent(s), maltraitance, non-reconnaissance
de ses particularités et capacité...) et / ou des
difficultés de ses parents (perte d'emploi effective ou
redoutée ; conditions et rythmes de travail éprouvants
; rupture et cassure entre les parents, avec la fratrie... ;
maladie, accident ou décès d'un parent. En effet,
l'insécurité, l'inquiétude, l'anxiété,
l'angoisse, "l'enfermement" dans des peurs se traduisent
par des conduites qui ne permettent pas à "l'enfant
- élève" de mobiliser et développer
ses processus cognitifs et ses ressources intellectuelles et
qui se traduisent par :
- des conduites autocentrées (repli sur soi-même)
;
- des conduites de crainte (sursauts, gestes d'auto - protection
comme pour se défendre contre une agression, pleurs...
) ;
- des conduites de fuite ;
- des conduites "d'hyperactivité" (le mouvement
pour le mouvement", l'instabilité comportementale...
) ;
- des conduites d'agression - destruction.
Ces différents "registres" de conduites
(qui sont les " indicateurs" d'insécurité
les plus lisibles et fréquents) contrarient ou empêchent
chez "l'enfant-élève" la mobilisation
et le développement d'une vigilance suffisante et de capacités
d'attention suffisantes pour capter le message du maître
et lui donner toute sa signification et tout son sens. On
dit alors communément qu'il n'écoute pas, qu'il
est dans sa bulle ou sur son nuage, fuyant ou évitant,
turbulent ou instable, non structuré ou déstructuré,
insupportable... En d'autres termes, il n'apparaît pas
disponible pour recevoir utilement et vraiment un message pédagogique
dans sa réalité et son intégrité.
- Finir de se réveiller et de sactiver cérébralement,
et avoir ainsi une vigilance cérébrale et comportementale
suffisante pour être réceptif et attentif à
l'environnement, notamment aux actes et discours du pédagogue,
à un "moment chrono biologique" (vers 9 heures)
habituellement marqué par une faible vigilance. "L'enfant
- élève" ne peut accéder aux apprentissages
que s'il peut mobiliser une attention soutenue et non interrompue.
- Finir de s'activer corporellement, et retrouver ainsi des
repères sur les espaces et les partenaires scolaires,
en particulier les maîtres et les pairs. Il ne peut se
situer par rapport aux uns et aux autres que s'il dispose d'un
temps suffisant pour organiser son comportement et développer
avec eux des interactions structurantes et non in-sécurisantes
L'absence d'accueil individualisé est particulièrement
préjudiciable pour les "enfants - élèves"
qui présentent tous les jours des indicateurs d'insécurité
accentués et fréquents, et qui ont besoin de plus
de temps que la plupart des autres pour " s'activer "
cérébralement, comportementalement et psychologiquement.
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B. Comment organiser l'accueil des
différents "enfants-élèves? "
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- Les lieux et personnes pour rassurer et sécuriser
- Les "enfants élèves devraient
pouvoir se rendre individuellement dans des lieux intérieurs
et extérieurs qui sont intermédiaires entre "le
dehors et le dedans", c'est-à-dire entre l'ensemble
des lieux où chacun a évolué depuis son
éveil ("niche familiale", rue, "véhicule"
de transport, autres lieux non familiaux) et l'entrée
dans l'enceinte de l'école.
- N'ayant pas de fonction pédagogique, les "lieux
intermédiaires" comprennent des mobiliers et aménagements
qui ont une forte probabilité d'être anxiolytiques,
et "sources" d'apaisement :
- ils autorisent le blottissement et la détente corporelle
;
- ils permettent l'isolement ou l'interaction avec un ou des
partenaires choisis, à l'écart de ceux qui sont
craints ou évités ;
- ils réduisent les effets physiologiques et psychiques
des événements et situations de stress vécus
au cours des temps précédents ;
- ils "épongent" les émotions et affects
déstabilisants ou déstructurants des temps familiaux,
de transport... ;
- ils remobilisent les émotions et affects stabilisants
et structurants ;
- ils libèrent la pensée de l'appréhension
des moments d'apprentissage scolaire ;
- ils facilitent de façon personnalisée le retour
à la vigilance cérébrale et comportementale.
Il parait souhaitable que les "enfants-élèves"
soient accueillis dans ces "lieux intermédiaires"
par une personne-ressource acceptée et reconnue comme
un partenaire dont les fonctions et missions sont d'être
disponible, d'écouter et entendre, de dialoguer et communiquer,
de faire émerger et "mettre en forme" un projet,
ou en proposer, d'admettre sans jugement les représentations
et interprétations de tous, d'apporter des réponses
aux demandes et questionnements de "l'enfant-élève"
et de lui permettre de développer auto-estime et confiance
en soi, sans le renvoyer à des difficultés personnelles,
familiales. sociales ou scolaires. Les personnels composant
les RASED, les médecins de P.M.I. (écoles maternelles)
et les médecins scolaires (écoles élémentaires)
ne sauraient être oubliés.
- Des lieux et des personnes pour finir de se réveiller
et de sactiver cérébralement
A l'abri du bruit et du "mouvement pour le mouvement",
il peut s'agir de lieux aménagés pour autoriser
le blottissement et la détente corporelle, la rêverie
et la somnolence (voire l'endormissement pour les plus jeunes
et ceux qui sont "en dette de sommeil", la durée
du dernier cycle de sommeil est courte), et le retour, au "rythme"
de chacun, à une vigilance cérébrale et
comportementale qui soit suffisante pour se situer par rapport
aux repères et partenaires habituels, et accepter l'idée
des temps pédagogiques à vivre et des apprentissages
à construire.
- Il peut s'agir de lieux d'immersion dans des bains de signes
qui sollicitent l'imaginaire sans contraintes, c'est-à-dire
de lieux où, à l'abri du bruit et du "mouvement
pour le mouvement", chacun puisse vivre une histoire racontée
ou lue, "simmerger" dans des images, des
mélodies, des bruits et chants de la nature, etc.
- Il peut s'agir de lieux d'activités ludiques solitaires
(jeux de construction, puzzles, peintures, sculptures, émaux...),
d'activités ludiques à deux ou en petit groupe
(jeux de dames ou d'échecs, jeux interactifs de construction)
et / ou d'activités sans enjeu scolaire mais fondées
sur la coopération et l'entraide (confection de posters
ou de fresques, réalisation d'un journal de classe ou
d'école, danses... ).
Les personnes ressources sont des personnes d'accompagnement
et d'aide sollicitée (par les enfants) et non imposée.
Elles n'imposent ni les activités, ni les règles.
Elles ne jugent pas et ne prennent pas parti. Elles sont des
intermédiaires et des médiateurs. Elles apaisent
et désamorcent les conflits. Elles favorisent les transactions
et négociations. Elles valorisent chacun et lui permettent
de formuler un projet. Il peut s'agir d'enseignants, d'éducateurs,
de personnes des RASED, de médecins de P.M.I. et scolaires,
d'aides éducateurs, de parents, d'enfants plus âgés,
de personnes des milieux associatifs...
Des lieux et des personnes pour finir de s'activer corporellement
La cour de récréation, la salle polyvalente,
les terrains de jeux ou de sports intégrés à
l'école ou annexes, et d'autres lieux peuvent être
aménagés pour autoriser les évolutions dans
les différentes dimensions de l'espace (longueur, largeur,
hauteur, profondeur), soit individuellement, soit en groupe.
Les lieux sont conçus pour que chacun puisse s'activer
à son rythme, seul ou avec un ou plusieurs autres, croiser,
dépasser, partager, coopérer... en prenant soin
de son équilibre corporel et de celui de l'autre, en se
situant à la fois par rapport aux individus et au groupe.
C'est à la fois l'éveil et la vigilance dans la
perception, la motricité, l'interaction, la relation,
les comportements sociaux et les processus cognitifs qui peuvent
se développer sur linitiative de chacun. C'est l'agressivité
qui se trouve canalisée. Ce sont des interactions structurantes
ou non destructurantes qui peuvent s'organiser avec les personnes
d'accompagnement et les pairs.
C'est linsécurité et les peurs nées
ailleurs qui peuvent alors être dépassées.
Les personnes ressources sont des personnes d'accompagnement
et d'aide sollicitée (par les enfants) et non imposée.
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