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Vivès

Jean-Louis Vivès est né le 6 mars 1492, à Valencia en Espagne. Il appartenait à une Camille distinguée sur laquelle il nous a laissé des détails intéressants ; son père était de la race des Vivès de Vergel, et sa mère, Blanche Marck, dont il aimait à évoquer l'image, descendait d'une maison qui eut l'honneur de donner à l'Espagne plusieurs poètes célèbres.

Son éducation fut très soignée, bien que les précepteurs dont il suivit les leçons eussent encore conservé la barbarie des écoles du moyen âge. Il eut en effet pour premier professeur, à l'université de Valencia, Jérôme Amiguetus, qui n'est plus connu aujourd'hui que par ses polémiques avec le grammairien Antoine de Lebrixa. Sous ce maître, il apprit le latin, et s'initia aussi à la langue grecque, tout en ne négligeant point la dialectique, qui formait alors la base de l'éducation.

En 1509, nous le trouvons à Paris. Il suivait les cours de l'université, qui attirait la jeunesse la plus studieuse et la plus riche de l'Europe. L'enseignement qu'on y recevait était pourtant déplorable : les langues et la grammaire étaient réputées dangereuses, on les tenait en suspicion ; le recteur lui-même, Jean Dullaert, avait coutume d'appeler Homère un vieux radoteur, et de répéter gravement à ses élèves : « Plus vous serez bons grammairiens, moins vous serez bons jurisconsultes ». Vivès se dégoûta bientôt des puérilités qu'il avait sous les yeux ; il abandonna cette école barbare qui méritait si peu sa réputation, et se hâta de sortir de ce qu'il nomme des ténèbres « cimmériennes ».

Que fit-il durant la période comprise entre les années 1512 et 1517? Il est assez difficile de le savoir, et les archives de la Belgique sont muettes à cet égard. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il fit différents voyages ans les Pays-Bas, attiré peut-être par le grand nom d'Erasme. Nous suivons ses traces à Bruges, à Ypres, et dans d'autres villes ; c'est le moment où il cherche sa voie, et tâche d'imprimer à ses études une direction plus salutaire.

En 1518, il est définitivement installé à Louvain, où il fait paraître un ouvrage qui semble bien imparfait aujourd'hui mais qui alors était le premier essai d'une histoire de la philosophie : il est intitulé De initiis, sectis, et laudibus philosophiae. Il s'était lié avec Erasme, et, sous l'influence de ce dernier, il lança contre les partisans de la sophistique, In pseudo-dialecticos, un pamphlet étincelant de verve, de bon sens et de malice. C'était aux Parisiens surtout qu'il avait adressé ses mordantes invectives, mais il aurait pu les réserver avec autant d'à-propos à certains maîtres de Louvain. L'université, qui comptait plus de cinq mille étudiants, n'était pas, il est vrai, complètement opposée aux nouvelles méthodes, mais elle conservait encore certains restes de barbarie, et le collège des Trois-Langues, fondé vers la même époque, trouvait là ses plus dangereux adversaires.

Toutefois, Vivès habitait Louvain avec un réel plaisir, parce qu'il pouvait surtout se livrer à loisir à ses études habituelles. Il s'était créé d'ailleurs un certain nombre de relations. Des 1518, il était devenu le précepteur du jeune Guillaume de Croy, désigné pour l'archevêché de Tolède, mais enlevé aux lettres par une mort prématurée. Il fut aussi le maître de Jérôme Buffault, depuis abbé de Saint-Pierre de Gand, et de quelques Espagnols illustres, comme Didace Gratian, d'Alderète, Honoré Joannius et Pierre Malvenda.

En 1519, Vivès se trouvait à Paris, où il était allé voir le fameux Guillaume Budé, avec lequel il entretenait des rapports d'amitié. Sur le point de partir de Louvain, il n'était pas sans inquiétude touchant l'accueil que lui réservaient les sophistes parisiens qu'il avait raillés ; mais ses appréhensions se dissipèrent bientôt. Non seulement il revit tous ses anciens amis, mais il en acquit encore un grand nombre de nouveaux ; c'est que, depuis quelques années, la direction des esprits était tout autre qu'au moment où il étudiait, et les maîtres de Paris étaient les premiers maintenant à rire des épigrammes que leur avait lancées Vivès.

Un document de la même époque nous montre en quelle estime étaient tenus ses ouvrages : c'est une lettre de Thomas Morus à Erasme. « Depuis longtemps, dit en substance l'Anglais, je n'ai rien vu de plus savant ni de plus élégant que les écrits de Vivès ; mais ce qu'il y a encore de plus beau chez lui, c'est de posséder une pareille science, et de pouvoir la communiquer aux autres par la parole. Citez-moi un homme dont l'enseignement soit plus clair, plus agréable et plus fécond. »

En effet, Vivès avait fait, à Louvain, dans une maison qui existe encore, des cours publics sur les oeuvres de Cicéron, de Pline, de Virgile et de Pomponius Mela. Ce ne fut pas toutefois sans se heurter à plus d'une difficulté. On raconte qu'il demanda un jour au recteur la permission de commenter le songe de Spicion ; l'université était fort embarrassée, car elle n'avait point de faculté à qui revînt l'art d'interpréter les songes. On disserta longuement, la question prit plusieurs séances, et ce n'est qu'après maintes conférences que l'on se décida. Il interpréta, en outre, les Lois de Cicéron, le Traité de la vieillesse, la Rhétorique à Hérennius, et quelques ouvrages de Philelphe.

En 1521, il entreprit son grand travail sur la Cité de Dieu, heureux d'aider son ami Erasme à réviser le texte de saint Augustin. Il déploya dans cette tâche ingrate une telle énergie, qu'il en tomba malade. Il fallut le transporter à Bruges, où il se fit soigner, par des médecins espagnols, suivant la méthode de son pays. Là, il fut présenté au roi d'Angleterre Henri VIII et à son favori le cardinal Wolsey, tous deux de passage à Bruges. Après le départ de ces personnages il revint à Louvain, et termina son travail ; mais sa santé était profondément ébranlée : il nous raconte qu'il croyait avoir sur la tête un poids aussi lourd que celui de dix tours réunies.

Pour comble de malheur, il s'attira les attaques les plus vives de la part de l'université de Louvain. Les théologiens, et surtout les jacobins, l'accusaient d'avoir écrit sur la Cité de Dieu des commentaires qui sentaient l'hérésie ; il essaya de leur répondre, mais son livre n'en fut pas moins censuré par l'Index, et considéré comme suspect. Pour se consoler, il composa son petit traité d'éducation De ratione studii puerilis. Il entretenait en même temps une correspondance avec Adrien d'Utrecht, qui venait d'être nommé pape ; cependant il ne se bornait pas, comme tant d'autres, à lui adresser de simples compliments ; il le priait d'user de son autorité pontificale pour mettre un terme aux divisions qui régnaient entre les rois, et qui faisaient pressentir les plus terribles orages.

En 1523, il fut appelé à la cour d'Angleterre, et Henri VIII lui confia l'éducation de sa fille Marie. Néanmoins Vivès ne vécut pas toujours à Londres ; il ouvrit d'abord à Oxford des cours publics, et fit plusieurs voyages à Bruges, où l'appelaient souvent les relations qu'il entretenait avec les libraires de cette ville. C'est là qu'il publia, le 6 janvier 1526, un de ses ouvrages les plus remarquables. De subventione pauperum. Il émit, sur les moyens de remédier au paupérisme, des théories qui parurent si judicieuses qu'elles furent bientôt consacrées par la pratique. En effet, le bourgmestre d'Ypres fit porter, sur l'institution d'une bourse commune destinée à préparer l'amélioration matérielle et morale des classes pauvres, un règlement que Metz et Paris adoptèrent à leur tour.

Il était obligé vers le même temps de quitter l'Angleterre. Henri VIII venait de divorcer avec Catherine d'Aragon, et Vivès, ayant osé prendre parti pour la reine, fut emprisonné par l'ordre du roi pendant plus de six semaines. Rendu à la liberté, il revint dans les Pays-Bas en 1528, et mit la dernière main à un écrit intitulé De officia mariti. Ce livre forme, avec le De institutione foeminse, le traité le plus complet que nous ait laissé le seizième siècle sur l'éducation et les devoirs de la femme.

En 1531 parut à Bruxelles l'ouvrage qui est encore aujourd'hui le plus beau titre de gloire de Vives, De causis corruptarum artium. Il est dédié au roi de Portugal Jean III, qui récompensa noblement le savant, alors dans la gêne la plus profonde.

En 1536, Erasme mourait. Vivès était alors à Paris, où on l'avait invité à ouvrir un cours public, et il ne devait guère survivre à son ami. Sa santé, qui avait toujours été fort délicate, était absolument ruinée : aussi passa-t-il ses derniers jours au milieu des souffrances que lui causaient la goutte, la gravelle et la fièvre. Il mourut le 6 mai 1540, et il fut enterré à l'église de Saint-Donat de Bruges, où il repose encore.

Telle fut la vie de Vivès ; c'est la vie d'un savant qui préférait au monde et au bruit des cours la solitude du cabinet. Quoique nous n'ayons pas l'intention d'étudier ici toutes ses oeuvres, il nous a paru bon de retracer l'éducation qu'il reçut, les luttes qu'il eut à soutenir, et les difficultés au milieu desquelles se passa une partie de cette noble existence.

Si l'on cherche maintenant à classer les questions qu'il a traitées, on peut les ramener à quatre groupes : questions philosophiques, littéraires, théologiques, et pédagogiques ; ce sont ces dernières seules qui nous occuperont. Nous parlerons d'abord de ses travaux secondaires, puis de son chef-d'oeuvre cité plus haut, et enfin du plan qu'il a tracé pour l'éducation des femmes. Vivès commença par écrire des ouvrages élémentaires : tel est l'opuscule De ratione studii puerilis ad Catharinam reginam Anglise. C'est un recueil d'observations à l'usage de la femme de Henri VIII. Quelles sont les différentes parties de la grammaire? quelle est l'importance d'une bonne prononciation? comment doit-on cultiver la mémoire? voilà les différentes questions qu'il examine. Son De ratione studii puerilis ad Carolum Montjoium ressemble beaucoup au précédent, mais présente un cadre plus large, car il donne sur les rapports mutuels des maîtres et des élèves des conseils dont la douceur forme un singulier contraste avec le pédantisme et la dureté qui régnaient encore dans les écoles.

Le traité De prima philosophiâ est un essai de métaphysique d'un médiocre intérêt, dans lequel l'auteur recherche les lois qui président à l'enfantement et à la destruction des êtres. Le De explanatione cujusque essentiae liber est un commentaire sur les définitions grammaticales, telles que le genre, l'espèce, l'attribut, le tout et les parties. Le livre De censurâ veri est un traité de logique où il est surtout question des signes, des idées, et des éléments du syllogisme. Le De instrumenta probabilitatis liber et le De disputatione liber font connaître les principales sources des preuves et des arguments, et l'art de les faire valoir. Enfin plusieurs ouvrages sont consacrés à l'étude de l'éloquence, à l'art de bien écrire, à diverses matières concernant l'éducation, et à des scènes de la vie scolastique.

Mais l'oeuvre capitale de Vivès, celle qui suffira toujours à l'immortaliser, est son De causis corruplarum artium. C'est là qu'il a passé en revue, avec une éloquence qu'on ne se lasse point d'admirer, les causes générales de la décadence des arts libéraux. Ces causes sont multiples ; cependant, parmi les principales, il cite l'ignorance envieuse du vrai savoir, la perversité de l'homme qui abuse des meilleures choses l'orgueil des savants qui n'estiment que la science qu'ils professent, l'absence de critique, la rage de disputer ; surtout, la routine qui se paie de mots, et les vices les plus abjects aussi bien chez les maîtres que chez les élèves.

Puis il aborde séparément la grammaire, la rhétorique et la dialectique. Il explique l'origine et l'usage de ces trois sciences, et montre à quel degré de dépravation les ont amenées la manie de formuler des règles quelquefois insensées, la prétention des puristes à repousser de la langue toute expression qui ne se rencontre point dans leur auteur préféré, l'opinion méprisante qu'on se fait du grammairien, les subtilités des sophistes qui changent le blanc en noir à l'aide d'un syllogisme, l'abus des lieux communs qui enlèvent à l'éloquence toute son énergie, l'ignorance des prédicateurs qui n'ont aucun souci des bienséances, et le ridicule de ces fanatiques qui n'oseraient rien avancer qui ne se trouvât point chez les auteurs anciens.

Que dire de la physique, de la médecine et des mathématiques? Ces sciences que Dieu a données à l'homme comme un instrument merveilleux pour découvrir les secrets de la nature, ces sciences ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes, ou plutôt de misérables recettes de charlatans. La morale à son tour a été si bien faussée, qu'elle est devenue une matière à d'interminables disputes, un objet d'altercations, où il est question de tout, excepté de la vertu. Enfin, quel tableau lamentable ne présente pas le droit, violé par des arrêts monstrueux, ou obscurci à dessein par l'inextricable fouillis des lois

Après avoir mis en lumière les causes de cette décadence, Vivès recherche les moyens de remédier au mal dans le De tradendis disciplinis, et trace les grandes lignes d'un enseignement plus sain, en entrant dans les moindres détails. Quelle est la place la plus convenable pour les établissements d'instruction? Quelles qualités est-il nécessaire d'exiger des maîtres? Quel traitement faut-il leur assurer? Quels rapports doivent-ils avoir avec leurs élèves? Convient-il mieux de faire instruire les enfants dans une école publique ou à la maison paternelle ? Ne serait-il pas bon d'écarter des classes ceux qui manquent d'aptitude, et qui, plus tard, feront des mécontents ou des révoltés? Vivès donne la solution de tous ces points délicats, et il ne laisse sans réponse aucune des questions qu'il a posées dans son livre.

Du professeur, il passe à l'enfant. Il le prend au berceau, il assiste à ses premiers bégaiements, il épie l'éveil de l'intelligence, et l'entraîne doucement vers l'étude. Point de pédantisme morose dans l'enseignement de la grammaire, et que tout réjouisse les yeux, depuis les alphabets historiés ou les tablettes enduites de cire. Des explications claires, beaucoup de détails sur la vie des hommes, des sujets de devoirs bien choisis, de nombreuses traductions de textes grecs et latins en langue vulgaire, des lectures intéressantes tirées des meilleurs auteurs, des interrogations fréquentes, voilà les moyens qu'il conseille d'employer pour inspirer l'amour rationnel du travail, et réagir contre la décadence dont il a signalé les conséquences.

Un peu plus tard, l'enfant devenu jeune homme fera connaissance avec la logique, la métaphysique générale, la dialectique, et la rhétorique. Il s'occupera ensuite des mathématiques, des sciences naturelles, de la médecine, de l'histoire des moeurs, des idées, de la civilisation comme nous disons aujourd'hui, de l'économie politique, et surtout de la philosophie morale, si nécessaire dans la pratique de la vie.

Il n'a pas donné une preuve moins frappante de l'élévation et de la rectitude de son esprit lorsqu'il s'est occupé de l'éducation des femmes dans ses deux ouvrages intitulés De institutione christianae foeminae et De officio mariti.

Doit-on instruire les femmes ? Si de nos jours encore les avis sont partagés à cet égard, à plus forte raison y avait-il de la hardiesse à poser cette question au commencement du seizième siècle. L'Eglise elle-même n'avait osé la résoudre. Conserver les femmes chastes et pures jusqu'au mariage, tel était, d'après l'opinion générale, le seul but raisonnable que l'on pût se proposer. Vivès, au contraire, est un partisan résolu de l'éducation des femmes. C'est une sottise de croire, dit-il, qu'elles sont mauvaises par le fait seul qu'elles sont instruites ; elles sont douées d'une intelligence qui peut produire des fruits aussi beaux que l'intelligence de l'homme, et, si quelques-unes s'en sont servies pour faire le mal, ce n'est pas un motif de les condamner toutes : autant vaudrait alors mettre les honnêtes gens en prison, sous prétexte qu'il y a des coquins.

L'ignorance n'est pas la sauvegarde de la vertu, car, s'il en était ainsi, il ne resterait plus aux hommes qu'à enfermer les femmes à la campagne, ou à les rendre bêtes, comme Molière le dira plus tard. Non seulement l'ignorance n'est pas bonne par elle-même, mais elle peut même nuire à l'harmonie qui doit régner entre les deux époux. Croit-on qu'une femme est d'autant plus capable de remplir ses devoirs qu'elle est plus sotte? N'est-il pas vrai plutôt que celle dont l'esprit est cultivé retiendra plus facilement son mari au foyer, par le charme qu'elle saura répandre autour d'elle ? Pour le prouver, Vivès cite de nombreux exemples ; il remonte jusqu'à Cornélie, à Porcia, à Hortensia, et à ces saintes femmes dont saint Jérôme était le directeur, Paula, Loeta, Eustochium et Marcella. Dans des temps plus rapprochés, il loue les quatre filles de la reine Isabelle d'Espagne, et les filles de Thomas Morus. Par elles, il démontre que non seulement l'étude ne corrompt point les moeurs, mais qu'elle est l'auxiliaire de la vertu, parce qu'elle chasse loin de la femme ces rêveries qui alanguissent. Enfin, ajoute-t-il, si nous aimons qu'une femme apprenne à se coiffer avec grâce, à donner à son visage un air aimable, et à parler agréablement, de quel droit lui interdirons-nous les études littéraires qui ornent l'esprit '!

On reconnaît là les théories de Molière dans l'Ecole des femmes ; mais Vivès est allé plus loin que Molière. Il a tracé pour les femmes un plan d'éducation dont Mme de Maintenon, Fénelon. Mme de Rémusat, et tant d'autres, ont reproduit les principales idées, peut-être sans l'avoir lu. Il n'a rien omis de ce qui lui semblait nécessaire : l'éducation physique se concilie avec l'éducation intellectuelle et morale, elles se complètent mutuellement toutes les trois, et constituent un ensemble harmonieux, dont les parties sont concertées pour former plus tard d'excellentes mères de famille. L'étude de la grammaire, de l'histoire, de la philosophie morale, et des sciences naturelles, alterne avec les travaux manuels, les lectures tirées des ouvrages de l'antiquité, les promenades, les interrogations fréquentes et les exercices de composition substitués à une dialectique abâtardie. Qu'avons-nous imaginé de plus?

Nous avons essayé de faire connaître les principaux points du programme tracé par Vivès et d'indiquer la place que doit occuper, dans l'histoire des méthodes d'éducation, ce savant auquel on n'a pas rendu justice jusqu'ici. Ce qui fait son honneur, c'est que, tout en admirant les anciens, il s'est montré partisan résolu du progrès ; cet ouvrier de la première heure a le mérite d'avoir réclamé les réformes que ses successeurs devaient accomplir. Si, par certains côtés, il se rattache encore à la scolastique qu'il a cependant combattue, ce caractère s'explique aisément, si l'on examine le temps où il a vécu. Vives est venu à une époque indécise : c'est l'époque comprise entre la fin du moyen âge et le commencement de la Renaissance, c'est le crépuscule du quinzième siècle et l'aurore d'un âge nouveau.

Francisque Thibaut