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Vegio (Maffeo)

Maffeo Vegio, désigné souvent par le nom latinisé de Maphaeeus Vegius, naquit à Lodi en 1406, étudia les lettres à Milan, fut appelé à Rome par le pape Nicolas V, et remplit les fonctions de secrétaire des brefs, puis de dataire ; il mourut à Rome en 1458. Il a laissé plusieurs ouvrages, tous écrits en latin, qui n'ont été publiés qu'après sa mort : ce sont des traités de religion et de morale, et divers poèmes, entre autre une continuation de l'Enéide (imprimée dans l'édition de Virgile de 1471), qui a principalement contribué à faire connaître le nom de Vegio.

Parmi ses écrits en prose, on trouve un traité d'éducation, qui fut imprimé pour la première fois à Milan en 1491, sous ce titre : Maphaei Vegii, patriâ Laudensis, divinarum scripturarum peritissimi et poetae celeberrimi, Martini papae quinti datarii, de educatione puerorum et eorum claris moribus libri sex ; in-4°. Quelques années plus tard, des imprimeurs français firent plusieurs éditions de cet ouvrage, en l'attribuant à Philelphe, et en l'intitulant : Francisci Philelphi de liberorum educatione aurei libri sex (Poitiers, vers 1500, in-8° ; Paris, 1505, in-4° ; Paris, Gourmont, 1508, in-4°). Nous avons comparé le livre de Maffeo Vegio avec celui qui a été mis sous le nom de Philelphe ; les deux textes sont absolument identiques. (Voir Philelphe.)

Ce livre a été traduit en français en 1513 par un étudiant de l'université d'Orléans, Jean Lode, qui. se conformant à l'usage reçu en France, l'a aussi désigné comme un traité de Philelphe. Voici le titre de sa traduction : « Le Guidon des parens en instruction et direction de leurs enfans. Aultrement appellé François Philelphe de la manière de nourrir, instruire et conduire jeunes enfans. Nouvellement imprimé à Paris. On les vend à Paris en la maison de Gilles Gourmont. » Le Guidon des parens est, croyons-nous, le plus ancien livre imprimé en français qui traite de pédagogie. A ce titre, il peut être intéressant d'en dire quelques mots.

Le « Prologe » s'exprime en ces termes :

« Icy joieusement commence le très salutaire et fructueux traicté de François Philelphe, orateur et philosophe très excellent, de la manière de nourrir, conduire et diriger les enfans et leur monstrer bonnes moeurs et en icelles les informer et maintenir. Auquel gist tout art de bien et sainctement vivre, tout genre de bien dire, et auquel presque innumerables divines sentences des philosophes et théologiens sont contenues. Translaté du latin en françois par maistre Jehan Lode estudiant en luniversité Dorléans natif du diocèse du Nantes au pays de Bretaigne. A lhonneur et exaltation de messieurs les douze eschevins et principaulx gouverneurs de la noble ville et cité Dorléans: ensemble de honorable homme et saige mosieur maistre Pierre le Berruier advocat et conseiller du roy nostre sire en icelle. Aussi à l'utilité et consolation des ma-nans et habitans dicelle. Et généralement de l'universelle chose publique Gallicaine. »

Voici les titres de quelques chapitres du livre 19 :

« CH. Ier. Comment l'auteur monstre estre necessaire aux père et mère pour bien instituer leurs enfans de bien et sainctement vivre.

« CH. II. Quelles choses sont diligentement à garder et observer des parens en la procréation de leurs enfans.

« CH. III. De la grande cure et sollicitude que doibvent avoir père et mère de bien et saigement nourrir leurs enfans, après que nostre seigneur leur a donné estre et vie en ce monde.

« CH. IV. Comment est utile et proufilable acoustumer les enfans a tollerer et endurer patientement l'aspérité du froid.

« CH. VI. Comment les enfans doibvent oyr sermons et parolles graves et honnestes pour tousjours en bien informer leur humain esperit.

« CH. VII. Comment jeunes enfans ne sont à espouventer par monstrueux noms, comme souvent feignent ung tas de folles femmes.

« CH. VIII. Comment jeunes enfans préalablement et devant toutes choses sont à instruire en l'amour et crainte de Dieu le créateur. »

Le livre II traite de l'instruction des jeunes enfants « ès lettres et bonnes sciences » ; il ne contient à ce sujet que des recommandations générales.

Au livre III on rencontre des préceptes variés, sur l'enseignement, les occupations des enfants, etc. Le chapitre II est intitulé : « Comment chascun doibt ensuivre nature comme princesse et ductrice de la vie ». L'auteur parle ensuite des récréations, de la philosophie, des arts mécaniques, des mauvaises compagnies.

Le livre IV roule sur les devoirs des enfants envers leurs supérieurs et envers le prochain en général. On y montre « comme les enfans doibvent aymer et honorer père et mère ». On leur recommande d'honorer leurs maîtres, les magistrats, « d'estre miséricordieux vers les povres et indigens ».

Le livre V traite des moeurs, recommande la « chasteté et pudicité », la « taciturnité » ; parle des soins du corps, des habits. Il faut « fuir loquacité et gloutonnerie » ; « observer sobriété » ; respecter les saints lieux ». Un chapitre parle de l'agriculture : « Comment Agriculture est diligentement à procurer ».

Le dernier chapitre de l'ouvrage, contenant la dernière recommandation de l'auteur, rappelle que « les adolescens doivent s'appliquer principalement à l'estude des lettres ».

James Guillaume