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Vanière

 Ignace Vanière, neveu du poète latin Jacques Vanière, naquit à Caux, diocèse de Béziers, en 1696, et mourut près de Corbeil, en 1767. Il se consacra à la profession d'instituteur ; mais, malgré ses talents, il ne réussit pas à y trouver la fortune, ni même l'aisance, car son fils nous apprend qu'il mourut dans un état voisin de la misère.

Son principal ouvrage est un Cours de latinité publié à Paris en 1759 et les années suivantes, et formant deux volumes. Il eût voulu écrire une série de livres formant un cours complet d'études, et il développa ses idées générales sur les méthodes d'enseignement dans deux Discours sur l'éducation, publiés en 1760 et 1763. Dans le premier Discours, il définit l'éducation « l'art de faire connaître, goûter et pratiquer à l'homme, dans son enfance et dans sa jeunesse, tous les devoirs qui sont à la portée de ces deux âges ». Quant aux méthodes d'enseignement, il donne pour principe de choisir « les moyens les plus sûrs, les plus courts, les plus faciles, les plus agréables ». Il cite, à ce propos, pour l'enseignement de la lecture, l'invention de son joujou littéraire, « petite machine portative ; c'est un petit théâtre sur lequel toutes les lettres de l'alphabet viennent seules ou accompagnées jouer le rôle qu'on leur demande., au lieu de ce triste syllabaire qu'on met entre les mains de l'enfant avec les chagrins et les ennuis dont il est chargé ». Il demande des réformes dans l'enseignement du latin : « la plus tendre enfance peut l'apprendre en badinant et en se jouant, et si bien qu'à l'âge de neuf ans, il y aura très peu d'auteurs latins qu'elle ne soit en état d'expliquer à livre ouvert : j'en offre la démonstration à quiconque la souhaitera ». Citons encore ce passage : « Le premier, le plus beau, le plus agréable et le plus instructif de tous les livres, celui de l'univers, est écrit en caractères lisibles au premier coup d'oeil. L'imagination s'y remplit d'une foule d'objets qui forment, à beaucoup d'égards, un fonds d'instruction des plus riches. » Et celui-ci, sur le rôle moral de l'éducateur : « Si l'éducateur est tel qu'il doit être, il peut figurer lui-même presque tous les devoirs ». Et celui-ci encore : « L'art de l'éducation est le dépositaire de nos plus chers intérêts. Par le nombre, l'étendue, la continuité, la délicatesse et la diversité de ses opérations, il est le plus difficile de tous les arts, et doit, avant d'être exercé, avoir été longtemps appris, étudié, médité, à moins qu'on ne s'imagine qu'il est plus important et plus difficile de faire un habit que de former des hommes. Tous les arts, jusqu'aux plus faciles, ont leur apprentissage. Il doit donc y avoir des écoles d'éducation, comme il y a des écoles de chirurgie et de médecine. »

Le second discours, « dans lequel on expose tout le vicieux de l'institution scholastique et le moyen d'y remédier », comprend deux parties. Dans la première, Vanière établit « la nécessité d'une nouvelle manière d'enseigner la langue latine, sur le tort que fait à l'Etat par rapport aux langues dont la science nous est utile, et surtout par rapport à l'éducation, la manière dont on l'enseigne ». La seconde partie montre « dans l'exposition du but, de la marche et des avantages de notre Cours de latinité, le moyen qui a paru à tous ceux qui en font usage le plus court, le plus aisé, le plus efficace, le plus agréable et le plus utile, à bien des égards, qu'on puisse employer pour bien apprendre soi-même les langues savantes, ou étrangères, et en même temps celle de la nation, ou pour les enseigner à un élève ou à plusieurs à la fois ».

Le fils d'Ignace Vanière, l'abbé de Vanière, publia en 1789 l'Art de former l'homme, précédé d'un Précis historique de la maison Vanière, un vol. in-8°. L'auteur, qui se donne pour le disciple et le continuateur de son père, a divisé son exposé en trois parties: « Dans la première, il amène l'homme à la vérité de l'existence d'un Dieu et de l'immortalité de l'âme, par une route nouvelle ; dans la seconde, il découvre les causes radicales de la félicité et de la dépravation publiques et particulières ; dans la troisième, il présente le plan de l'ouvrage en cinq volumes, dans lequel l'art doit être mis en oeuvre ». Les cinq volumes annoncés n'ont pas été publiés.