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Valant

 Joseph-Honoré Valant, instituteur français, né à Perpignan en 1763, a publié quelques livres de morale et d'éducation.

En messidor an VII, il lit paraître le premier volume d'une collection d'ouvrages pour l'éducation de la jeunesse, qu'il intitulait le Cosmète. « Les cosmètes, disait Valant pour expliquer le titre donné à cette publication, étaient, chez les Athéniens, des officiers publics préposés à l'éducation des éphèbes. » Le premier volume du Cosmète (nous ignorons s'il en a été publié d'autres) contient : 1° Une introduction ; 2° Un Code moral offrant par ordre alphabétique un choix de citations des principaux moralistes, de Pythagore à Helvétius ; 3° Des mélanges littéraires, consistant surtout en lettres de félicitations adressées à Valant au sujet de la publication annoncée du Cosmète ; 4° Un Projet d'établissements pour former dans chaque département des instituteurs des écoles primaires, rédigé par le « citoyen DORSCH, commissaire du Directoire exécutif près l'administration centrale du département de la Roer ». Ce projet mérite que nous y consacrions quelques lignes.

Dorsch était un prêtre allemand naturalisé français, et devenu en 1790 vicaire général constitutionnel à Strasbourg. En mars 1792 il avait adressé à l'Assemblée législative un Projet d'établissement de collèges pour l'instruction des maîtres d'école dans chaque département du royaume (Voir Procès-verbaux du Comité d'instruction publique de l'Assemblée législative, publiés par J. GUILLAUME, p. 148). C'est ce projet de 1792 qu'il a reproduit en l'an VII, avec quelques modifications. Dans le projet de 1792, les objets qui devaient être enseignés dans les « collèges des maîtres d'école » (expression par laquelle Dorsch déclare traduire le terme allemand de Schullehrer-Akademien sont les suivants : « 1° La religion, la morale et la constitution ; 2° L'art de lire et d'écrire, l'orthographe et les principes de la langue du pays, pour pouvoir la parler et l'écrire correctement ; 3° L'arithmétique, l'essentiel de la géométrie, de la trigonométrie, de la mécanique, et de l'architecture privée ; 4° L'histoire naturelle et celle des arts, la physique pratique, et la théorie de l'agriculture ; 5° Un abrégé de l'histoire générale, et l'histoire de l'empire français ; 6° L'art de la méthode ». Voici ce qu'est devenu ce programme en l'an VII : « 1° La morale et la constitution française de l'an III ; 2° L'art de lire et d'écrire le français ; 3° Le calcul décimal et l'arithmétique, l'essentiel de la géométrie, de la trigonométrie, de la mécanique et de l'architecture privée ; 4° L'histoire de la Révolution française et un abrégé de l'histoire universelle ; 5° L'histoire naturelle et celle des arts, la physique pratique, et la théorie de l'agriculture ; 6° L'art de la méthode. » Au sixième et dernier article du programme (an VII), Dorsch explique en ces termes ce qu'il entend par l'art de la méthode : « L'art de bien enseigner est, après la probité, la première qualité qu'on exige d'un instituteur. Celui qui, rempli des connaissances les plus vastes, ne possède pas le talent de les communiquer à ses élèves, n'est point propre à remplir les intéressantes fonctions d'instituteur. Il faut de plus, qu'il étudie les facultés, les inclinations, les goûts des enfants, qu'il se mette à leur portée, qu'il ait pour ainsi dire une méthode pour chacun d'eux et pour chaque objet qu'il enseigne, qu'il aide aux facultés de l'un, qu'il modère l'imagination de l'autre, qu'il développe les facultés intellectuelle de tous. » En terminant, Dorsch montre combien cette fondation « d'écoles d'où dépend l'instruction des instituteurs eux-mêmes » serait préférable au projet que la commission d'instruction publique a présenté « par l'organe de Roger-Martin à la séance du 19 brumaire dernier, où il n'est nullement question de la manière d'enseigner et des moyens de former les instituteurs », mais seulement d'une sorte « de supplément aux écoles primaires, qui consisterait à réunir plusieurs instituteurs dans quelques grandes communes », afin de donner plus d'extension à leur enseignement : Voir Conseil des Cinq-Cents, p. 360.

Les autres ouvrages de Valant sont un mémoire contre la peine de mort (De la garantie de la société considérée dans son opposition avec la peine de mort ; imprimé par ordre de la Commission des Onze, Paris, an III) ; Code moral pour servir à l'instruction de la jeunesse et des différentes classes de la société, Paris, an VII ; Lettres académiques sur la langue française, Paris, 1811-1812 ; De l'impôt sur l'instruction publique, et des saisies faites dans les maisons d'éducation, deux mémoires adressés à la Chambre des députés, Paris, 1814. On a du même auteur quelques poèmes médiocres. Valant est mort à Paris sous la Restauration.