bannière

u

Uruguay

 La République Orientale de l'Uruguay, appelée ordinairement l'Uruguay tout court, est située sur la rive gauche du rio Uruguay, et a pour capitale Montévidéo. Son territoire a une superficie de 186 920 kilom. carrés ; sa population est de 1 094 688 habitants, dont 200 000 environ sont des immigrants de diverses nationalités européennes (Italiens, Espagnols, Français, Anglais, Suisses, Allemands, etc.) et dont le reste appartient aux deux races espagnole et indienne. La République est divisée en dix-huit départements, dont chacun est placé sous l'autorité d'un gouverneur nommé « chef politique » et d'une assemblée représentative appelée « municipalité ». L'autorité législative est exercée par une Chambre des députés et un Sénat ; le pouvoir exécutif est remis à un président élu, qui choisit ses ministres.

L'Uruguay faisait autrefois partie de la vice-royauté de la Plata, sous le nom de Banda Oriental. Lorsque les colonies espagnoles se détachèrent de la mère-patrie, la Banda Oriental resta d'abord unie aux provinces argentines ; puis elle forma un Etat séparé sous Artigas, tandis que la ville de Montévidéo passait sous la domination du Brésil. En 1827, après une guerre entre le Brésil et la République Argentine, Montévidéo et la Banda furent constitués définitivement en un Etat indépendant.

On attribue aux Pères franciscains la fondation à Montévidéo de la première école, en 1744. Les jésuites ouvrirent ensuite un collège, qui disparut en 1767 lors de leur expulsion. En 1795, Doua Clara Zabata créa à Montévidéo une école gratuite de filles qui fut placée sous la direction d'une soeur de charité : on y enseignait la doctrine chrétienne, la lecture et la couture ; l'écriture était considérée comme dangereuse pour la moralité des jeunes filles.

Le 13 octobre 1821 fut fondée la Société lancastérienne pour la diffusion de l'éducation populaire. Cette Société ouvrit une école gratuite pour les garçons. Le manuel de grammaire rédigé par le directeur de cette école, D. José Catala y Codina, fut employé dans les écoles publiques de l'Uruguav jusqu'en 1850.

En 1826, deux écoles primaires furent annexées à l'hospice de charité.

Avec l'avènement de la République naquit l'école publique. Un décret du 16 mai 1827, signé par le gouverneur Suarez, ordonna la création d'une école dans tous les chefs-lieux de département. En même temps fut constituée une junte d'inspection.

En 1831 il existait à Montévidéo 3 écoles publiques, et 2 autres dans deux chefs-lieux de département. En 1839, il n'y en avait encore que 6 dans toute la République, avec 400 élèves.

En 1847 fut fondé l'Institut d'instruction publique. Ce corps édicta un règlement provisoire pour les écoles de l'Etat, arrêta le mode de nomination des instituteurs, et choisit les livres classiques. Grâce à ses efforts, il existait, en 1851, 14 écoles publiques (9 de garçons, 5 de filles), avec 700 élèves ; mais dans les années suivantes plusieurs de ces écoles durent se fermer, faute de ressources. En 1862 on comptait 19 écoles publiques avec 2313 élèves ; mais les évènements politiques de 1863 et 1864 (guerre civile et étrangère) arrêtèrent encore une fois le développement de l'instruction.

En 1868 fut créée, par un citoyen dévoué à la cause de l'instruction publique, José Pedro Varela, une Société des amis de l'éducation populaire, qui donna bientôt une vigoureuse impulsion au progrès des écoles, José Pedro Varela devint inspecteur des écoles de Montévidéo, et prépara un projet de loi organique de l'enseignement public. Cette loi, votée en 1877, institua une direction générale de l'instruction primaire, rattachée au ministère de gubernacion (aujourd'hui elle relève du ministère de l'industrie, du travail et de l'instruction publique) ; à la tête de cette direction est placé un inspecteur national de l'instruction primaire, assisté d'un conseil de quatre membres et d'un secrétaire général. Le premier inspecteur national a été José Pedro Varela ; à sa mort, il a eu pour successeur son frère, Jacobo Varela.

Cette même loi a créé dans chaque département une commission départementale d'instruction primaire et un inspecteur départemental. Elle a consacré l'existence de l'école normale à Montévidéo (aujourd'hui il y a deux écoles distinctes, l'une pour les instituteurs, l'autre pour les institutrices). Elle a divisé l'instruction primaire publique en trois degrés, et ordonné qu'il y aurait au moins une école primaire du degré inférieur dans toute localité comptant un nombre de cinquante enfants en âge de fréquenter l'école. L'enseignement est obligatoire partout où il existe des écoles en nombre suffisant pour les besoins de la population. « Les matières qui constituent l'enseignement primaire dans ses trois degrés, dit l'article 16, sont les suivantes : leçons de choses ; lecture ; écriture et dessin ; arithmétique ; composition ; grammaire et rhétorique ; géographie avec notions d'histoire ; tenue des livres et calcul commercial ; droits et devoirs du citoyen ; histoire de la République ; morale et religion ; notions d'algèbre et de géométrie, de physiologie et d'hygiène, de physique et d'histoire naturelle, et d'agriculture ; gymnastique ; chant. Pans les écoles de filles, on enseignera, en outre, les ouvrages les plus usuels, l'emploi de la machine à coudre, et la coupe. » L'article 18 ajoute : « L'enseignement de la religion catholique est obligatoire dans les écoles de l'Etat, excepté pour les élèves qui professent d'autres religions, et dont les pères ou tuteurs s'opposent à ce qu'ils reçoivent cet enseignement ».

En 1883, il y avait dans la République 320 écoles primaires publiques, avec 27 331 élèves (14445 garçons et 12 876 filles) ; sur ce nombre, 63 écoles, avec 12 338 élèves, se trouvaient dans le département de Montévidéo. Il existait, en outre, 423 écoles particulières, avec 19 244 élèves.

En 1889 a été créé à Montévidéo un Musée pédagogique avec une bibliothèque pédagogique. En 1893 a été constitué un Fonds de l'instruction publique, auquel ont été affectés les produits de divers impôts, entre autres de celui sur les successions. En 1897 a été promulguée une loi sur les pensions de retraite du personnel enseignant : instituteurs et institutrices peuvent jouir d'une retraite égale à leur traitement, après vingt-cinq ans de services.

Le nombre des écoles primaires publiques, en 1909, était de 790, avec 76 042 élèves. En outre, 19 028 enfants recevaient l'instruction dans des écoles primaires privées, et 20 967 dans des établissements publics et privés d'un autre ordre. Le total de la population d'âge scolaire est de 218 938 enfants des deux sexes, en sorte que 92 901 enfants ne reçoivent aucune instruction.

Montévidéo possède une université.