bannière

t

Transvaal

Le Transvaal est situé au nord de la colonie du fleuve Orange, et au sud de la Rhodésia ; il est limité à l'ouest par le protectorat du Bechuanaland, et à l'est par les possessions portugaises. Sa superficie est de 111 916 milles carrés ; sa population, en 1904, était de 1268 716 habitants, sur lesquels 299 327 étaient des blancs. C'est en 1848 qu'à la suite d'une tentative faite par les Anglais pour s'emparer de l'Etat libre d'Orange, la plupart des Boers de cet Etat franchirent le Vaal et fondèrent, dans le territoire au delà de cette rivière (Transvaal), une nouvelle république dont les Anglais reconnurent l'indépendance en 1852. En 1858, le Transvaal prit le nom de République Sud-Africaine. De 1877 à 1881 les Anglais obligèrent les Boers du Transvaal à se soumettre à leur protectorat ; mais la République Sud-Africaine reprit ensuite son indépendance. Néanmoins, le 1er septembre 1900, le Transvaal fut annexé aux possessions britanniques, après une guerre sanglante. Par un Act qu'a voté en 1909 le Parlement anglais, il a été créé une « Union de l'Afrique du Sud » (Union of South Africa), constituée par les quatre colonies du Cap, du Natal, d'Orange, et du Transvaal (devenues des provinces de l'Union), avec le pouvoir d'admettre ultérieurement dans son sein d'autres territoires de l'Afrique méridionale. Le chef du pouvoir exécutif de l'Union de l'Afrique du Sud est un gouverneur général nommé par la couronne britannique ; il est assisté d'un Conseil exécutif d'un nombre maximum de dix membres, chargés des divers départements de l'administration. Le pouvoir législatif de l'Union est formé de deux Chambres, un Sénat et une Chambre des représentants (Chamber of Assembly). Le Sénat est composé de quarante-deux membres, dont dix nommés par le gouverneur général, et huit par chacune des quatre provinces. La Chambre des représentants est composée de cent vingt et un membres élus par les quatre provinces dans les proportions suivantes : le Cap, cinquante et un membres ; le Natal, dix-sept membres ; l'Orange, dix-sept membres ; le Transvaal, trente-six membres. Chacune des quatre provinces a, en outre, son administrateur particulier et sa législature spéciale : ces législatures provinciales ont reçu, pour cinq années, le droit de faire des lois sur l'instruction primaire.

C'est en 1874 que fut votée la première loi qui organisa l'instruction publique dans la République Sud-Africaine ; elle créa des écoles de quartier, des écoles de district, et un gymnase à Pretoria. Pendant la domination anglaise, de 1877 à 1881, ces noms furent changés : il y eut des écoles de ville (town schools) et des écoles de campagne (country schools ) ; ces écoles étaient divisées en trois catégories, d'après le nombre des élèves et les titres de capacité des maîtres. Lorsque le Transvaal fut redevenu indépendant, une nouvelle loi scolaire fut promulguée en 1882 : elle ne reconnut qu'une seule catégorie d'écoles, qui reçurent des subsides selon qu'elles donnaient l'instruction élémentaire (lager onderwijs) ou l'instruction moyenne (middelbaar onderwijs). L'enseignement devait être fait en langue hollandaise ; les classes devaient commencer et finir par une prière ; l'histoire biblique devait être enseignée, mais aucun enseignement religieux dogmatique ne devait être donné. Cette loi resta en vigueur pendant dix ans, et bien que la découverte des gisements d'or du Witwatersrand eût donné à l'élément anglais une grande influence, la disposition ordonnant que la langue hollandaise serait la langue d'enseignement fut maintenue : mais elle resta lettre morte en beaucoup d'endroits, et des subsides furent versés à des écoles où l'enseignement était donné presque exclusivement en anglais.

Mais en 1892 des dispositions nouvelles furent introduites, dont le résultat eût été d'exclure des écoles de l'Etat tous les enfants parlant l'anglais ; ces dispositions furent modifiées ensuite en ce sens, que les écoles où l'enseignement était donné dans une autre langue que le hollandais purent recevoir un léger subside ; mais l'effet pratique de cette concession ne fut pas grand, et de 1892 à 1899 des efforts persévérants durent être faits pour tâcher d'améliorer les conditions dans lesquelles les enfants anglais pouvaient recevoir l'instruction. En 1895 fut formé un Conseil d'éducation pour le Witwatersrand, et ce corps réussit a établir un certain nombre d'écoles anglaises, y compris une high school pour les garçons. On ouvrit en outre à Johannesburg des écoles privées non subventionnées. Les dernières statistiques publiées par le gouvernement de la République Sud-Africaine indiquent qu'en 1898 le chiffre de la fréquentation moyenne était de 14 940 élèves, et celui des dépenses de £ 226 416.

Bien que la guerre du Transvaal eût produit, comme il était inévitable, une interruption dans la vie scolaire, un certain nombre d'écoles furent rouvertes avant que la guerre fût terminée, et une réorganisation de l'enseignement public fut immédiatement entreprise. Au commencement de 1901, l'école des frères Maristes et l'école allemande, à Johannesburg, étaient rouvertes ; et à la fin de la guerre il y avait plus de 17 000 enfants inscrits dans les écoles établies dans les « camps de concentration » ; il y en avait en outre 10 700 fréquentant les écoles qui avaient été rétablies dans les villes de la colonie.

Le problème de l'enseignement fut l'un des plus pressants qui se posèrent lorsque la paix eut été définitivement conclue (traité de Vereeniging, mai 1902) : car, si les écoles des villes étaient toujours en activité et si leur nombre s'était accru, d'autre part les écoles des camps de concentration avaient cessé d'exister, les habitants de ces camps étant rentrés dans leurs foyers. Les maîtres et les maîtresses durent suivre leurs élèves ; et l'organisation qui avait été formée pour l'inspection des écoles des camps fut utilisée par le département d'éducation pour pourvoir à ce qu'un enseignement régulier fût donné là où le besoin s'en faisait le plus sentir. Ce n'est qu'au milieu de 1903 que furent publiées les ordonnances établissant, pour le Transvaal et pour la colonie du fleuve Orange, les principes selon lesquels le gouvernement entendait agir en matière d'éducation. L'ordonnance du Transvaal est restée en vigueur jusqu'en 1907, date à laquelle ce pays fut doté d'un gouvernement autonome : l'un des premiers actes du ministère responsable fut de réviser l'organisation scolaire, par l'Education Act du 7 août 1907. Cet Act a été amendé dans certains détails par des Acts ultérieurs de 1908 et 1909.

L'ordonnance de 1903 avait établi un système fortement centralisé : le département d'éducation était l'autorité suprême ; et bien que, dans certains cas, des school boards et des school committees fussent institués, les fonctions de ces corps étaient simplement consultatives. L'Act de 1907 a beaucoup décentralisé l'organisation. Pour chaque école il existe un comité, élu par les parents des enfants ; et dans chaque division du pays il y a un school board, élu de la même façon que les membres du Parlement colonial. Ces corps possèdent des pouvoirs effectifs : par exemple, ce qui concerne le nombre des écoles à établir dans un district ne peut être décidé que sur le préavis du school board ; et c'est également sur leur préavis que la direction de l'éducation nomme et révoque les instituteurs. Au sujet de l'instruction religieuse, l'ordonnance de 1903 avait prescrit qu'outre l'enseignement de l'histoire biblique, il serait donné, si les parents le demandaient, un enseignement religieux confessionnel (denominutional). L'Act de 1907 est revenu au système non-confessionnel : toutefois il a maintenu la prière et la lecture de la Bible au commencement de la classe, ainsi que l'enseignement de l'histoire biblique. Quant à la langue d'enseignement, l'Act de 1907 ordonne que, dans les degrés inférieurs. l'enseignement soit donné dans la langue maternelle des élèves ; au-delà du troisième standard, on emploiera autant que possible l'anglais ; mais il est prescrit, en même temps, que la langue hollandaise sera enseignée à tous les élèves, : excepté à ceux dont les parents ne le désireront pas, et que deux des matières du programme pourront être enseignées en hollandais, dans les standards au-dessus du troisième. Sur ce point, l'ordonnance de 1903 portait que le hollandais pourrait être enseigné, trois heures seulement par semaine, aux élèves dont les parents le désireraient, et que l'histoire biblique et l'instruction religieuse pourraient être données en hollandais, mais qu'il n'y serait pas consacré plus de deux heures par semaine.

Il faut noter que les dispositions de l'ordonnance de 1903 relatives à l'enseignement du hollandais et à l'instruction religieuse avaient déterminé la création, en opposition aux écoles du gouvernement, d'écoles élémentaires administrées par un corps qui avait pris le nom de Comité de l'éducation chrétienne nationale.

L'Act de 1907 a rendu l'instruction obligatoire pour les enfants entre l'âge de sept ans et celui de quatorze, sauf certaines exceptions. L'ordonnance de 1903 ne parlait pas d'obligation ; l'état du pays au moment où elle fut promulguée n'aurait pas permis d'y songer.

L'instruction à l'école primaire est gratuite, excepté dans les écoles de fermes (farra schools) subventionnées, et dans certaines écoles que le gouvernement a prises à sa charge et qui sont autorisées à percevoir une rétribution scolaire pendant cinq ans à partir de 1907. Sous le régime de l'ordonnance de 1903, la question de la rétribution dans les écoles primaires avait été laissée à l'appréciation du gouvernement, avec cette exception, que les écoles du gouvernement où le chiffre de la fréquentation moyenne dépassait trente élèves devaient être gratuites.

En résumé, l'objet de l'Act de 1907 a été d'établir l'enseignement primaire gratuit, obligatoire et non-confessionnel pour tous les enfants de race blanche de la colonie. Cet Act donne en outre au gouvernement le pouvoir d'établir des écoles pour les indigènes, et d'accorder des subventions pour venir en aide à leur instruction. Il contient, comme déjà l'ordonnance de 1903, des dispositions relatives à l'enseignement secondaire, à l'enseignement commercial et industriel, à l'enseignement complémentaire, et à l'enseignement normal.

A la tête de l'administration de l'instruction publique se trouve un ministre de l'éducation, dont les fonctions sont actuellement exercées par le secrétaire colonial pour le Transvaal. Il a sous ses ordres un directeur, un secrétaire, des inspecteurs, et divers employés. La surveillance des écoles est exercée en partie par les school boards et par les comités scolaires.

Beaucoup des instituteurs actuels sont venus de la Grande-Bretagne ou d'autres parties de l'Empire bri tannique, soit avant la guerre, soit depuis sa terminaison. Mais il a été établi à Prétoria, à Johannesburg et à Heidelberg des Normal Colleges pour la prépa ration des instituteurs (qui comptaient 267 élèves en 1909). Le département de l'éducation délivre des certificats de seconde et de troisième classe à la suite d'examens ; des certificats de première classe peu vent être accordés à un instituteur qui a des états de service distingués. Les salaires des maîtres et maîtresses vont de £ 600 pour le principal d'une high school à £ 120 pour les institutrices adjointes ou pour les directeurs des plus petites écoles.

Les enfants indigènes ne sont pas admis dans les mêmes écoles que les enfants de race blanche, et il n'a pas encore été établi une organisation régulière d'écoles pour l'instruction des indigènes. Des subsides sont accordés toutefois à des écoles placées sous la direction de missionnaires européens, de même que pour la préparation d'instituteurs indigènes ; des examens ont été institués pour ces derniers, et les écoles tenues par eux reçoivent de fortes Subventions quand l'instituteur possède les capacités requises. Il y avait, en 1909, 241 écoles indigènes recevant des subventions, avec un chiffre de fréquentation moyenne de 11 458 élèves.

L'instruction primaire pour les enfants, de race européenne était donnée, en 1909, dans 141 écoles de ville ou de village et dans 537 écoles de fermes, avec un chiffre de fréquentation moyenne de 27 784 élèves dans les premières et de 17 387 élèves dans les secondes. Les matières du programme (l'enseignement de la religion mis à part) sont : l'écriture, l'arithmétique, les leçons de choses et l'étude de la nature, l'histoire la géographie, le dessin, les travaux à l'aiguille, le chant, la gymnastique ; quelquefois les mathématiques, les sciences physiques, le français et l'allemand sont enseignés aussi, afin que les élèves les plus avancés soient en état de concourir pour les bourses qui donnent l'accès aux high schools.

L'enseignement secondaire, au Transvaal, ne peut pas être entièrement différencié de l'enseignement primaire, parce que beaucoup d'écoles secondaires ont une section primaire, et que quelques écoles primaires donnent un enseignement qui va au delà du niveau élémentaire. La ligne de démarcation est plutôt sociale que scolaire ; la principale différence entre les écoles secondaires et les écoles primaires est que dans celles-ci l'instruction est gratuite, tandis que dans celles-là une rétribution est perçue. Les principales écoles secondaires de la colonie, qui sont placées sous un contrôle public et entretenues pour la plus grande partie sur les fonds publics, sont au nombre de six : trois à Johannesburg, deux à Prétoria, et une à Potchefstroom (pour les districts occidentaux). Le latin et le grec sont compris au nombre des matières enseignées dans ces écoles ; à part cela, le programme ne diffère pas beaucoup de celui de l'enseignement élémentaire. Les élèves de ces high schools, de même que ceux des écoles secondaires privées telles que l'école des frères Maristes à Johannesburg et l'Eendracht School à Prétoria, se préparent aux examens du département d'éducation du Transvaal et à ceux de l'université du Cap.

On trouve dans les principales villes des classes de travail manuel et des classes de cuisine, ainsi que des classes du soir qui donnent un enseignement complémentaire et un enseignement commercial.

Un enseignement supérieur d'un caractère général, ainsi qu'un enseignement technique spécial, sont donnés au Transvaal University College (précédemment appelé Technical Institute). Cet établissement a été fondé sur le rapport d'un comité créé en 1903 par le gouvernement pour étudier la question de l'enseignement technique. Il a été ouvert en 1904, et a débuté par des cours sur l'art des mines et le génie civil ; il y a joint ensuite l'enseignement des lettres, des sciences et du droit ; des cours du soir sont en outre donnés sous sa surveillance. L'établissement est dirigé par un conseil, et ses dépenses sont couvertes, en grande partie, par le gouvernement du Transvaal. Le personnel enseignant comprenait, en 1907, 14 professeurs et lecteurs, 4 lecteurs-adjoints et démonstrateurs, et un chef d'atelier.

Le total des dépenses faites pour l'éducation par le gouvernement du Transvaal a été, en 1908-1909, de £ 738 199,

E. J. Harding