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Talleyrand-Périgord

Charles Maurice de Talleyrand-Périgord (devenu prince de Bénévent sous l'Empire), ancien évêque d'Autun, célèbre diplomate, est né à Paris en 1754, et mort dans cette ville en 1838. Il appartient à l'histoire de la pédagogie par le grand rapport sur l'éducation nationale qu'il lut à l'Assemblée constituante, au nom du Comité de constitution, en septembre 1791, et qui fonda sa fortune politique. En voici l'exacte indication bibliographique : « Rapport sur l'instruction publique, fait, au nom du Comité de constitution, à l'Assemblée nationale, les 10, 11 et 19 septembre 1791, par M. de Talleyrand-Périgord, ancien évêque d'Autun. Imprimé par ordre de l'Assemblée nationale. Paris, Baudouin, 1791 » ; in-4° de 216 pages (avec des tableaux programmes des quatre degrés d'enseignement).

Disons tout d'abord qu'on a contesté à Talleyrand la paternité de ce rapport pour en faire honneur à son grand-vicaire et ami intime, Martial Borge-Desrenaudes, qui remplit les fonctions de sous-diacre à la messe que l'évêque d'Autan célébra sur l'autel de la patrie le 14 juillet 1790, et qui, défroqué, fut successivement employé de la Commission exécutive de l'instruction publique (en l'an III). professeur aux écoles centrales, tribun, conseiller de l'Université, censeur impérial, censeur royal. Je crois que cette assertion n'a revêtu pour la première fois une forme un peu autorisée que dans le livre de Fabry : Le génie de la Révolution considéré dans l'éducation, ou mémoires pour servir à l'histoire de l'instruction publique depuis 1789 jusqu'à nos jours (Paris, 1819, 3 vol. in-8°). Analysant le rapport de Talleyrand, l'écrivain catholique dit en note : « On assure que cet auteur est M. Desrenaudes, alors grand-vicaire de M. de Talleyrand, etc. » Or, les documents contemporains ne nous donnent aucune lumière sur cette conjecture. On aura beau comparer, au point de vue littéraire, ce rapport aux autres écrits de Talleyrand, lettres ou opuscules, qui se trouvent en somme être fort nombreux, cette comparaison ne sera d'aucun secours : l'illustre homme d'Etat n'avait pas de style. Il est possible que l'abbé Desrenaudes ait aidé son évêque, mais il n'y a rien d'invraisemblable à ce que ces pages si pleines d'idées et si négligées de forme soient l'oeuvre personnelle d'un homme qui se piquait de rester grand seigneur en tout. Fabry ne peut comprendre que ce sceptique ait fait cette oeuvre de foi, j'entends de foi philosophique, et, en bon royaliste, il n'est pas fâché de contester au diplomate de la Restauration la paternité d'une telle oeuvre, si entachée de libéralisme. Mais Talleyrand, comme tous les hommes de 89, même nés aristocrates, eut son heure d'enthousiasme révolutionnaire, de croyance à la raison, au progrès, à la liberté, à tout l'évangile des droits de l'homme. Son Rapport est écrit, je ne dis pas du même style, mais à coup sûr dans les mêmes idées, dans le même ton que ses autres discours politiques. En tout cas, il était fier de l'avoir publié, et, en l'an III, quand Desrenaudes lui fit obtenir sa radiation de la liste des émigrés, il envoyait de Philadelphie à la Convention une note apologétique où il plaçait ce travail parmi ses titres les plus solides à la confiance des patriotes.

Le rapport de Talleyrand et son projet de décret ont été, à l'article Assemblée constituante, l'objet d'une analyse trop complète pour qu'on la reprenne ici. Mais il peut être intéressant d'indiquer l'accueil qui fut fait à ce projet par l'opinion.

Talleyrand semblait d'accord, pour le fond des choses, avec la moyenne de l'opinion révolutionnaire (voir la Chronique de Paris du 19 septembre 1791), et pourtant son rapport fut fort diversement accueilli.

Les monarchistes constitutionnels affectèrent un enthousiasme dont le député-journaliste Duquesnoy se fit l'interprète dans l'Ami des patriotes, feuille modérée qui se publiait aux frais de la liste civile. Duquesnoy exalte avec zèle « cet ouvrage admirable, le mieux fait, le seul complet qui ait encore paru sur cette matière, le seul qui embrasse toutes les parties de l'éducation nationale ». Et, après un commentaire diffus, il s'écrie : « On a dit du rapport de M. Talleyrand que c'est une encyclopédie complète : et cette idée est parfaitement juste. Il n'est point de sciences, point d'arts qui lui soient étrangers : il parle de tous en philosophe qui les a étudiés, et qui les a étudiés dans leur seul véritable rapport, celui de l'utilité générale. » Enfin, il n'hésite pas à louer dans cet opuscule ce qu'il y a de moins louable, je veux parler du style, si négligé, si incorrect, parfois à peine français : « Le discours de M. Talleyrand, dit Duquesnoy, est écrit d'un style simple et pur ; il est digne de figurer avec les meilleurs ouvrages de notre langue : le sentiment anime toujours son style ; il traite chaque chose du ton qui lui convient ; en un mot, un vieillard serait forcé de dire : C'est ainsi qu'on écrivait dans le bon temps ». (L'Ami des patriotes ou le Défenseur de la constitution, tome III, pages 499-516.)

Si l'on excepte le Patriote français de Brissot, n° 763, où il y eut quelques mots d'éloge banal (mais Brissot ne veut pas d'éducation publique pour les filles), tout opposé fut l'accueil que le plan d'éducation nationale rencontra dans les rangs des partisans zélés de la Révolution, parmi ceux qu'on appelait alors les patriotes jacobins et qui devaient bientôt former ou soutenir l'extrême gauche de l'Assemblée législative. Leur opinion, qui était celle de Paris et des villes, fut exprimée avec rudesse dans un article fort remarqué des Révolutions de Paris, le principal organe jacobin, le plus lu et le plus influent des journaux du temps.

Après avoir loué pour la forme l'idée générale du rapport, le journaliste anonyme (peut-être Robert) en critique avec amertume chaque point particulier.

D'abord, il ne veut pas d'écoles primaires cantonales. A l'âge où Talleyrand y admet un enfant du peuple, cet enfant parle suffisamment bien et, s'il est le fils d'un villageois, « il n'a pas un moment à perdre, puisqu'il commence à cette époque à se rendre utile et nécessaire ». On dit que le petit paysan apprendra à l'école les éléments du calcul, le toisé, l'arpentage : mais son père pourra fort bien lui apprendre ces choses dans les longues veillées d'hiver et aux jours de fête. « Il n'est pas convenable, dit le journaliste jacobin, qu'un enfant de sept ans et au-dessus laisse ses parents au travail et fasse une lieue pour prendre ses leçons. » Et la religion? Rousseau veut qu'on attende, pour l'enseigner, l'éveil complet de la conscience. Et la morale? « On conçoit la nécessité d'un maître de calcul, quand on veut pousser cette science un peu loin : mais un professeur de morale répugne ; une telle institution calomnie le coeur humain. Est-ce qu'un père a besoin de leçons pour aimer son nouveau-né, et l'enfant pour aimer sa mère? Est-ce qu'un père et une mère ne doivent pas être les seuls professeurs de morale de leurs enfants, surtout lorsqu'il ne s'agit que des éléments de cette science naturelle, écrite dans le coeur de l'homme et qu'il sait lire en naissant? »

En somme, le rédacteur des Révolutions de Paris ne veut pas d'écoles publiques, sauf pour les hautes sciences. « L'éducation nationale, dit-il, devrait se borner à des cours de physique expérimentale, de langues étrangères, de médecine, de tactique et de législation politique. Mais la logique et l'histoire, la langue du pays et le calcul, la morale et la religion, le commerce et même les arts, pourraient très bien s'apprendre sans sortir de la maison paternelle. Législateurs, prenez-y garde ; vous avez recommandé la constitution aux moeurs domestiques : or, une école publique est le fléau des moeurs domestiques. »

Voilà pour les écoles cantonales. Les écoles de district seront un peu plus utiles, mais ce sera encore du luxe. Quant aux écoles départementales, l'enfant du pauvre aura-t-il les moyens de s'y transporter? — Mais on fondera des bourses. — Oui, répond aigrement le journaliste : on chauffera de petits prodiges qui tourneront au fruit sec! — A quoi bon une école de médecine? La médecine s'apprend par la pratique. De même pour le droit. Quant à l'Institut national, ce sera le Collège de France renouvelé et embelli : or, qu'on nous cite « une seule découverte grande et utile sortie de ce gymnase ».

Conclusion : pas ou peu d'éducation publique, nationale : l'éducation paternelle et domestique suffira amplement. Il fallait se borner à faire appel aux pères de famille.

On est confondu de rencontrer, dans la feuille révolutionnaire par excellence, ces assertions paradoxales et vraiment rétrogrades. N'est-ce pas au contraire le propre de la Révolution d'avoir considéré l'éducation comme une chose avant tout nationale, comme une oeuvre d'Etat, comme l'oeuvre suprême, but et moyen de toute la politique démocratique? Le journal même où s'étalaient ces fantaisies n'est-il pas celui qui a vanté, qui vantera la conception de l'Etat enseignant? Même il rêve à l'occasion une éducation toute publique, que dis-je? théâtrale. Ces boutades paraissaient dans le n° 114 (du 10 au 17 septembre 1790). Or, le n° 113 contenait cet éloge d'un projet de théâtre d'éducation:

« Un bon citoyen, M. P.-J. Gérard, vient d'imaginer un théâtre d'éducation nationale qui embrasse toutes les connaissances. Le mémoire qu'il publie à ce sujet mérite considération ; et le programme de la représentation d'une des pièces destinées à ce spectacle donne une idée favorable des moyens d'exécution de l'auteur. Il a pris pour sujet la Création ou le système du globe. Il introduit les plus célèbres philosophes de l'antiquité s'essayant à faire un monde ou du moins à l'expliquer, et se voyant obligés de céder la palme à Moïse. Ce sujet est édifiant et rempli d'une manière fort orthodoxe. »

Et le collaborateur de Prudhomme, après cette raillerie, proposait de son côté un cours d'éducation civique par le théâtre : « On mettrait en scène chacun des décrets de l'Assemblée nationale et les députés qui en ont été les promoteurs ou les détracteurs. Très peu de personnes ayant pu assister à la délibération, et ne pouvant bien saisir l'esprit d'une loi constitutionnelle ou autre qu'après en avoir suivi la discussion, il serait piquant et utile d'en donner la représentation sur un théâtre d'éducation nationale. » Lui-même indiquait ensuite, avec verve, le canevas d'une comédie aristophanesque et éducatrice sur les débats parlementaires relatifs à l'inviolabilité royale.

Comment se fait-il donc que le même journal, épris à l'excès d'éducation publique, se soit fait, à propos du rapport de Talleyrand, l'apologiste passionné et exclusif de l'éducation au foyer? Comment l'opinion révolutionnaire l'a-t-elle soutenu dans cette étrange campagne?

La vérité, c'est que ce fut là une thèse d'occasion et de parti. Le Rapport semblait le testament de cette majorité défaillante et impopulaire qui, après la fuite à Varennes. avait replacé sur le trône le roi parjure, tâché de lui refaire une bonne foi et révisé la constitution dans un sens rétrograde. On prit le plan d'éducation nationale pour une arme de guerre contre la Révolution ; on le jugea sur les éloges des journaux feuillants et royalistes ; on affecta, dans le monde politique, de n'y voir qu'un article, celui qui plaçait à la tête de l'instruction publique un comité directeur et centralisateur, et on s'écria (fort injustement) que l'ancien évêque d'Autun avait voulu livrer au pouvoir absolu, à la fantaisie royale, toute la direction de l'enseignement national, tout l'avenir de la Révolution et de la France.

D'autre part, l'oeuvre de Talleyrand fut l'objet, en ce qui concerne l'instruction primaire, de critiques tout à fait techniques de la part des maîtres de pension de Paris, qui rédigèrent et publièrent des Observations dont les exemplaires sont devenus fort rares. Il en existe un à la Bibliothèque nationale dans le recueil factice intitulé les Stromates de Jamet, tome XXI. Voici le titre complet : Observations sur le rapport que M. de Talleyrand-Périgord, ancien évêque d'Autun, a fait à l'Assemblée nationale sur l'instruction publique les 10, 11 et 19 septembre 1791, suivies d'un plan d'instruction primaire nationale, par les maîtres de pension de Paris, l'an de l'ère chrétienne 1791 et de la liberté conquise le troisième, S. 1., in-8° de 74 pages. Signataires : Chemelat, Rouillau, Le Boeuf, Lambert, Devergie, Plongenet, Duverger, Barbe, Morizot, Patris, Lechevalier, Vapereau, Gourdault, Goussu.

Talleyrand avait fixé à 48 le nombres de maîtres d'écoles primaires à Paris, soit un par section, aux appointements de 1000 livres. Les auteurs des Observations établissent que ce serait donner à chaque maître 1200 élèves au moins, avec un traitement insuffisant pour vivre. Il faudrait dix fois plus de maîtres pour que la loi ne fût pas un vain mot.

Par économie, le rapporteur du Comité de constitution proposait des écoles communes aux deux sexes, mais que les filles ne suivraient que de l'âge de six A huit ans. Ses critiques demandent des écoles distinctes, des maîtres pour les garçons et des maîtresses pour les filles ; et, pour celles-ci, une plus longue scolarité : « Cette première éducation étant la seule que le plus grand nombre d'entre elles pourra se procurer, il est de la justice et de la générosité de la nation, il est même de l'intérêt de la société de la leur donner bonne, solide et complète dans son genre »,

Enfin, les maîtres de pension présentaient, pour l'organisation de l'enseignement primaire à Paris, un contre-projet fort intéressant et dont voici les principales lignes :

1° Les enfants seront admis dans les écoles primaires indistinctement (et gratuitement), riches ou pauvres, depuis l'âge de six ans jusqu'à celui de treize. Les connaissances essentielles à tous les hommes seront la base et la matière de l'instruction qui leur sera donnée ;

2° Qualités requises des instituteurs : qu'avant tout ils soient mariés ou que, du moins, ils n'aient pas renoncé par état au mariage ;

3° Traitement des instituteurs à Paris : 1800 livres (qui valaient 4000 fr. d'aujourd'hui), avec un logement de 500 livres ; pas de casuel, comme le voulait Talleyrand, pas de rétribution volontaire des élèves ;

4° Les 48 sections auront 240 écoles primaires, soit 100 élèves par maître ;

5° Il y aura des écoles distinctes pour les deux sexes, et autant d'écoles pour les filles que pour les garçons. Le traitement des maîtresses sera de 500 livres au moins et de 1000 livres au plus, avec un logement de 300 livres ;

6° Il y aura dans les écoles primaires des précepteurs ou sous-maîtres et des submonitrices. Ceux-là recevront de cinq à six cents livres, celles-ci de quatre à cinq cents.

Les autres articles établissaient un éméritat, ou retraite pécuniaire proportionnelle au nombre d'années de service, une pension pour les veuves des maîtres, enfin un tribunal d'éducation dans chaque département, sorte de conseil disciplinaire et administratif, présidé par un administrateur nommé par le directoire. Ce conseil examinerait les candidats aux postes vacants.

Bien que ce contre-projet soit muet sur l'obligation d'assiduité et vague sur la question de la nomination des maîtres, son caractère pratique le recommanda plus tard à l'attention du Comité d'instruction publique de la Convention et de ses divers rapporteurs, qui en firent leur profit sans le citer.

Il y eut d'autres critiques du plan de Talleyrand, notamment des Observations de Gallot, député et médecin, sur l'organisation de l'enseignement médical. Les curieux les trouveront dans le même volume des Stromates de Jamet.

Il faut arriver au court débat parlementaire dont le plan de l'ancien évêque d'Autun fut l'objet.

Comme nous l'a fait prévoir l'article des Révolutions de Paris, ce plan avait été mal accueilli par les députés populaires qui formaient la gauche extrême de la Constituante. Lu dans les séances des 10, 11 et 19 septembre 1791, il ne vint en discussion que dans la séance du 25 septembre, quand l'Assemblée n'avait plus que cinq jours à vivre. Aussitôt Buzot s'écria, d'après le Journal logographique :

« Je demande l'ajournement du projet sur l’instruction publique, parce que : 1° l'Assemblée est trop fatiguée pour pouvoir entreprendre un pareil travail ; 2° parce que poser des bases n'est absolument rien faire. Il faut laisser cet objet à la prochaine législature. D'ailleurs ce n'est pas dans le moment où nous devons laisser nos finances le moins surchargées possible, que nous pouvons décréter un plan qui exigera une très grande dépense. » (Ici le Moniteur lui fait opposer aux multiples écoles rêvées par Talleyrand le petit nombre des collèges de l'Angleterre.) « Je demande donc l'ajournement à la prochaine législature. » (Applaudissements.)

Talleyrand répondit et prouva par des chiffres que son projet réalisait au contraire une économie. Il reconnut que le temps manquait pour discuter et voter le détail de son plan. Il demanda seulement que l'Assemblée décrétât : 1° qu'il y aurait des écoles primaires cantonales, dont les maîtres recevraient tant d'appointements ; 2° qu'il y aurait un Institut national formé de tels et tels éléments.

Le monarchiste constitutionnel Beaumez soutint que l'Assemblée ne pouvait se séparer sans avoir fait quelque chose pour l'enseignement, et demanda au rapporteur de réduire son projet à quelques articles essentiels. Malgré l'opposition de Prieur, Talleyrand obtint la mise en discussion de 35 articles extraits de son projet et principalement relatifs à la création d'un Institut national, corps savant et enseignant. L'Assemblée aurait dû être touchée par la prudence expérimentale du rapporteur, qui se marquait surtout dans le passage où il demandait que son plan ne se réalisât pas tout d'un coup et partout : « Car c'est surtout, disait-il, en matière d'instruction qu'il faut que chaque établissement soit provoqué par le besoin, par l'opinion, par la confiance. Il faut que tout arrive, mais que tout arrive à temps. » Mais Camus prononça alors un discours où il présenta le plan proposé comme un instrument de despotisme : « Je maintiens que si l'on établit un Comité central d'instruction, ce comité deviendra notre maître et notre despote quand il le voudra. Il est certain que l'instruction est la source de tous les sentiments des citoyens. C'est par l'instruction qu'on les façonne à la liberté ; et c'est par l'instruction qu'on les amollit et qu'on les forme à subir le joug du despotisme. Je demande donc la question préalable sur ce Comité central qui me parait infiniment dangereux, et je demande l'ajournement du projet à la prochaine législature. »

Cet ajournement fut aussitôt décrété : mais dans les débats officiels de la Législative et de la Convention, il ne fut guère question du projet Talleyrand, où il y a pourtant des vues justes et hautes, une sagesse pratique, une prudence infinie dans l'exposé des voies et moyens d'exécution, un sentiment exquis du possible et du vrai. Dans ce beau plan mal écrit, on a souvent puisé à pleines mains sans le citer, et plusieurs des idées de Talleyrand ont passé dans notre législation pédagogique, revêtues d'autres formules, mais parfaitement reconnaissables pour quiconque a lu ces pages animées du véritable esprit de 1789.

A l'article Lavoisier, on trouvera une appréciation critique du plan de Talleyrand écrite par Lavoisier.

François-Alphonse Aulard