bannière

t

Tableaux muraux

 Sous ce titre, nous n'entendons point parler des tableaux qui, dans les écoles mutuelles, servaient à l'enseignement de la lecture, du calcul, de la grammaire et du chant, et tenaient lieu de livres à l'élève. Il s'agit des tableaux muraux figurant les objets dont le maître entretient les élèves et servant à donner l'enseignement par les yeux. Ce ne sont pas des textes à lire, mais des représentations d'objets que le maître n'a pas sous la main ou qui ne pourraient, en réelle grandeur, être placés devant les élèves.

Bien que l'abbé Fleury et Rollin eussent, dès la fin du dix-septième siècle et au commencement du dix-huitième (1686 et 1726), signalé l'utilité des images, dans le premier enseignement, pour développer chez les jeunes enfants l'esprit d'observation et provoquer leurs questions, ce n'est guère qu'avec et par les salles d'asile (1837) que l'emploi des images d'enseignement se répandit en France.

Les images des salles d'asile ne décoraient pas les murs ; elles étaient renfermées dans un portefeuille et n'étaient placées devant les élèves qu'au moment de la leçon. Elles n'étaient pas d'assez grandes dimensions (37 centimètres sur 29 en général) pour être bien vues des élèves rangés aux gradins : à une distance de plus de deux mètres, ils ne distinguaient rien, surtout lorsque l'angle de vision était trop aigu.

La maison Hachette avait édité sept séries de ces images, savoir : pour l'histoire sainte, 50 sujets divisés en deux parties et exécutés en couleur d'après les tableaux de grands maîtres ; pour la vie de Jésus-Christ, 25 sujets ; pour l'histoire de la sainte Vierge, 20 sujets ; pour l'histoire de France, 20 scènes d'après les tableaux des peintres les plus renommés, et 12 portraits d'hommes illustres ; pour l'histoire naturelle, 50 sujets d'après les dessins de Penne, et formant cinq séries enfin, pour la vie pratique, 6 sujets représentant la culture et l'emploi du blé.

Les écoles primaires accordèrent peu à peu une place aux images, réservées d'abord aux salles d'asile, mais timidement. Des publications illustrées en grand format in-folio furent essayées pour l'enseignement de l'histoire ; mais les images, en noir, de petites dimensions, supposaient les leçons faites aux groupes. On les délaissa quand parurent les livres d'élève avec images.

Les tableaux de Deyrolle eurent, à partir de 1867, beaucoup de vogue pour les notions d'histoire naturelle, mais ceux qui traitaient d'arts industriels furent moins goûtés.

C'est en Allemagne et en Suisse que la publication des tableaux muraux (Wandbilder) a eu le plus de succès. Coménius, au commencement du dix-septième siècle, avait montré combien l'enseignement par l'aspect peut être profitable. Après lui, Basedow, Pestalozzi et enfin Froebel en ont fait comme la base des premières leçons. L'art de l'impression en couleur a fait, en Allemagne, de grands progrès, et l'on a pu bientôt avoir des tableaux, de 80 centimètres sur 60 en moyenne (paysages, monuments, animaux, végétaux, machines), d'une exécution soignée, à des prix modiques.

Ce n'est qu'à la fin du dix-neuvième siècle que la France est entrée résolument dans le mouvement. Les éditeurs français ont fait des efforts dignes d'éloges : et ce ne sont pas seulement des tableaux d'enseignement proprement dit qu'on voit actuellement sur les murs de nos écoles ; on vise à décorer les salles de classe d'images artistiques, et une Société nationale de l'Art à l'école s'est constituée pour travailler au développement de l'imagerie scolaire. — Voir Imagerie scolaire.