bannière

s

Suède

I. Résumé historique jusqu'en 1886. — Le royaume de Suède, dont la superficie est d'environ 450 000 kilomètres carrés, avait, à la fin de l'année 1884, une population de 4 644 448 habitants. A l'exception d'un nombre insignifiant (à peine 1/2 % de la population totale) de Lapons nomades et de Finnois dans le nord du pays, les habitants de la Suède appartiennent tous à la même nationalité et parlent la même langue. Les Suédois n'ayant jamais souffert ni une domination étrangère ni une oppression quelconque, la liberté s'est profondément enracinée chez eux dès les temps les plus reculés. Parmi les fruits de cette liberté, l'un des plus précieux est l'instruction généralement répandue, tant chez les pauvres que chez les riches.

Déjà, dans l'antiquité, les Scandinaves étaient en possession d'une culture remarquable. C'étaient d'excellents navigateurs, possédant des connaissances astronomiques et géographiques qui les mettaient à même de trouver leur chemin à travers l'Océan ; cinq siècles avant Colomb, ils découvrirent l'Amérique et y fondèrent plusieurs colonies, avec lesquelles ils entretinrent longtemps des communications assez régulières.

Bien que très belliqueux, les Scandinaves ne méprisaient point l'instruction et les arts de la paix. Le glaive remis au fourreau, ces guerriers aimaient à s'occuper non seulement d'exercices corporels, mais aussi d'exercices intellectuels. Ils excellaient dans la composition d'énigmes ingénieuses, de maximes d'un sens profond et de vers très remarquables. La poésie et l'éloquence étaient, chez eux, en très grand honneur. On possède encore de ces temps des collections de chants et de sagas d'une grande valeur poétique.

Les anciens Scandinaves employaient une écriture spéciale, connue sous le nom de runes. Ce fait seul indique évidemment un niveau intellectuel élevé.

Les moyens d'enseignement chez les anciens Scandinaves ne sont pas bien connus, mais il semble que les mères aient été les institutrices de leurs enfants, de même que cela a lieu encore aujourd'hui chez leurs descendants en Islande, où il n'y a presque pas d'écoles, mais où néanmoins tout le monde est en possession d'une très bonne instruction.

Le moyen âge offre en Suède, comme partout ailleurs, le triste spectacle d'une décadence toujours plus profonde. Le christianisme fit disparaître l'ancienne culture païenne. Les seuls représentants des lettres furent des ecclésiastiques au savoir des plus restreints. L'instruction ne fut plus donnée que par le clergé, qui avait des écoles dans les couvents, mais qui se bornait, le plus souvent à l'enseignement des rites de l'Eglise. Plus tard, les religieux ambulants donnèrent aussi une espèce d'enseignement.

Malgré ces circonstances défavorables, malgré l'ignorance et la superstition qui en résultèrent, le paysan suédois ne s'est jamais trouvé dans un état d'avilissement pareil à celui du serf de la glèbe des pays féodaux, car en Suède il n'y a jamais eu de féodalité.

Enfin les ténèbres du moyen âge disparurent. En 1477 l'université d'Upsal fut fondée. Quelques années auparavant, l'art de l'imprimerie avait été introduit. Au seizième siècle le catholicisme fut remplacé par le luthéranisme comme religion d'Etat. Bien que cette réforme, due à des raisons plutôt politiques que religieuses, n'eût réalisé que très imparfaitement la liberté de penser, elle était, au point de vue politique et social, d'une grande importance. Une de ses conséquences étant la disparition des cloîtres et des moines, il fallut trouver de nouveaux moyens pour l'enseignement des enfants. Au premier moment, cela entraîna de grandes difficultés, qui pourtant furent peu à peu surmontées. Les premiers rois protestants, surtout Gustave Vasa, Charles IX et Gustave-Adolphe, s'intéressaient beaucoup à l'éducation de leurs sujets. L'établissement des écoles primaires et secondaires commença. Gustave-Adolphe dota richement l'université d'Upsal et fonda une nouvelle université à Dorpat, dans les provinces conquises par la Suède, mais annexées depuis par la Russie. En 1640, sous la reine Christine, la diète et le gouvernement décidèrent de fonder, dans chaque ville dépendant de la couronne suédoise, une école, où la lecture, l'écriture et le calcul seraient enseignés aux enfants. Des guerres victorieuses ayant beaucoup étendu la domination suédoise, l'université de Lund fut fondée en 1668 dans une des provinces autrefois danoises.

La promulgation de la loi ecclésiastique de 1686 exerça une influence notable sur l'enseignement populaire. Aux termes de cette loi, les sacristains devaient enseigner la lecture aux enfants ; la religion devait être enseignée par les pasteurs au moyen de sermons et de catéchisations ; l'enseignement devait être contrôlé par des examens publics annuels. En outre, la loi interdit le mariage aux personnes qui n'auraient pas appris par coeur le petit catéchisme de Luther, la connaissance de ce catéchisme étant la condition pour l'admission à la sainte cène. Cette disposition eut pour effet d'intéresser les paysans à l'enseignement. A la diète ils demandèrent, par leurs députés, l'établissement d'écoles primaires dans le pays aux frais de l'Etat. Les difficultés étaient pourtant trop grandes pour être surmontées en peu de temps, et il se passa encore près d'un siècle et demi avant que le problème de l'organisation de l'enseignement primaire pût être complètement résolu. Le nombre des écoles fixes resta longtemps peu considérable ; la plupart des écoles étaient ambulantes, c'est-à-dire que l'enseignement était donné successivement sur divers points du territoire de la paroisse.

Des particuliers voulurent seconder les efforts du gouvernement pour faire progresser l'enseignement populaire. Au commencement du dix-neuvième siècle, des sociétés furent fondées pour la propagation de la méthode lancastérienne d'enseignement mutuel. Mais malgré les améliorations incontestables qui furent réalisées, l'existence de l'école primaire n'était pas suffisamment garantie. La loi ne lui donnait pas de revenu assuré, et la fréquentation de l'école dépendait du bon vouloir des parents, ce qui faisait qu'un assez grand nombre d'enfants s'abstenaient de s'y rendre.

En 1842 une nouvelle ère commença, par la promulgation de la loi sur les écoles primaires. Plusieurs modifications ont été apportées depuis à cette loi, et le 28 janvier 1882 une nouvelle loi a été votée ; mais les principes de la loi de 1842 n'en sont pas moins restés le fondement de l'organisation.

La première organisation complète de l'enseignement secondaire date de 1649. Dans les derniers temps, de fréquentes modifications y ont été apportées. Le 1er novembre 1878, une loi nouvelle pour les établissements d'enseignement secondaire fut adoptée.

II. Etat de l'enseignement primaire en 1884-1885. — 1. Ecoles. — Aux termes de la loi de 1882, chaque commune dans les villes et à la campagne doit posséder au moins une école primaire. Chaque école primaire doit avoir au moins un instituteur ordinaire ayant obtenu son brevet de capacité à l'une des écoles normales de l'Etat. Dans les localités trop éloignées des écoles primaires ordinaires, il y a des écoles primaires inférieures, dont les instituteurs peuvent ne pas avoir de brevets de capacité. L'enseignement des écoles primaires étant destiné de préférence aux élèves qui ont déjà fait quelques progrès, il y a encore une catégorie d'écoles qui ont reçu le nom de petites écoles. Elles ont pour mission de donner aux enfants les premières connaissances préparatoires.

Les écoles primaires ordinaires et inférieures et les petites écoles peuvent être soit fixes, soit ambulantes. Dans les écoles fixes, l'enseignement est donné en un même endroit pendant toute l'année scolaire, tandis que dans les écoles ambulantes l'enseignement est donné successivement en deux ou plusieurs stations du même district scolaire. La loi n'autorise la création d'écoles ambulantes que lorsque la pauvreté des paroisses ou des circonstances locales portent empêchement à celle d'écoles fixes. Les écoles fixes se trouvent partout dans les villes, les grands villages et les districts les plus populeux ; les écoles ambulantes n'existent que dans les localités à population disséminée sur une vaste étendue de pays, et dans lesquelles la constitution physique du terrain oppose des obstacles plus ou moins grands à la fréquentation de l'école, comme par exemple dans les archipels ou dans les régions montagneuses.

En 1858 a commencé la création d'écoles primaires supérieures, dont l'objet est de procurer, aux enfants des classes laborieuses les mieux doués et les plus désireux d'étudier, le moyen d'obtenir, sous la direction d'instituteurs formés à l'université, une somme d'instruction un peu plus grande et un certain nombre de connaissances utiles.

En 1884, le nombre des écoles primaires des diverses catégories était le suivant :

Image1

A la fin de l'année 1884, la population de la Suède étant de 4 644 448 âmes, il y avait un établissement d'instruction primaire pour 468 personnes. Le nombre de ces écoles est toutefois réparti dans des proportions irrégulières.

A côté des écoles publiques, il existe une assez grande quantité d'écoles privées, surtout dans les villes. Au point de vue de l'enseignement et de l'ordre, ces écoles sont placées sous la surveillance des autorités auxquelles est confiée la direction des écoles publiques.

2. Direction, surveillance et inspection des écoles. — Chaque district scolaire doit avoir une commission d'éducation (conseil scolaire), composée du pasteur comme président de droit, et d'au moins quatre membres, nommés pour quatre ans par la commune. La commission d'éducation a pour tâche de surveiller la totalité des écoles primaires et des petites écoles du district. Elle est tenue d'envoyer à l'autorité diocésaine un rapport annuel sur l'état des écoles primaires de son ressort, au double point de vue pédagogique et financier.

L'évêque et le chapitre ou consistoire de chaque diocèse ont, en connexion avec la surveillance générale qui leur est confiée sur les établissements d'éducation, le devoir de suivre la marche et le développement des institutions d'enseignement primaire, et de soumettre tous les ans au roi, sur l'instruction primaire du diocèse, un rapport accompagné des éléments statistiques et autres à l'appui.

Le roi exerce la direction suprême de l'instruction primaire par l'organe du ministère des cultes et de l'instruction publique, qui possède, depuis 1864, une division spéciale pour toutes les affaires se rapportant à cette instruction et pour la haute surveillance des écoles primaires. Le chef de cette division a plus spécialement la surveillance des écoles normales ou séminaires d'instituteurs primaires ; celle des écoles primaires est confiée à des inspecteurs spéciaux pour chaque diocèse, à la nomination du ministre.

Les inspecteurs, au nombre de quarante-cinq, sont nommés pour cinq ans. Ils exercent l'inspection dans leurs districts respectifs d'après une instruction spéciale, émanant du ministre. Aux termes de cette instruction, les inspecteurs doivent suivre attentivement la marche des écoles primaires, visiter personnellement les écoles de leur district, prendre connaissance de leur état et de leurs besoins ; partout où ils constatent des modifications à faire, ils sont tenus de les signaler et de les proposer à la commission d'éducation du ressort et au consistoire du diocèse. En dernier lieu, ils ont à surveiller l'enseignement et à donner aux instituteurs les directions et les conseils qu'ils jugent nécessaires sur la méthode, etc. Chaque année l'inspecteur transmet un rapport succinct de son activité au consistoire du diocèse auquel ressortit son district, et à l'issue de sa période d'inspection il envoie au ministre un rapport général, qui doit contenir en outre un aperçu complet de l'état de l'instruction scolaire dans le district. Les rapports, publiés par le ministère, sont distribués aux commissions d'éducation et aux consistoires. Ces diverses autorités ont alors à prendre, en harmonie avec les circonstances locales, les mesures que peuvent comporter les appréciations et les projets contenus dans les rapports.

Les plus grandes villes (Stockholm, Gothembourg, Malmö, Norrköping et Jönköping) possèdent des inspecteurs spéciaux pour leurs écoles primaires, nommés et rétribués par elles.

3. Elèves. — Chaque commune doit, de concert avec la commission d'éducation, fixer l'âge auquel l'instruction de l'école doit commencer, là loi prescrivant seulement à cet égard que le commencement de l'âge scolaire ne peut être reculé au delà de la neuvième année. La fréquentation de l'école n'est ajournée jusqu'à la limite légale que dans les régions où les circonstances locales et la rudesse du climat opposent des difficultés à cette fréquentation par les plus jeunes enfants. Dans la règle, elle commence avec la septième année, et dure jusqu'à la quatorzième inclusivement.

L'instruction est obligatoire pour tous les enfants qui se trouvent dans l'âge scolaire. Tous ceux donc qui ne fréquentent pas des écoles privées, ou qui ne reçoivent pas leur instruction à domicile avec l'autorisation de la commission d'éducation, sont tenus de se rendre aux écoles publiques. Les enfants des deux catégories précitées subissent, au commencement de chaque trimestre, un examen devant la commission, qui juge si elle peut continuer à les dispenser de la fréquentation de l'école publique.

Les enfants que leurs parents naturels ou adoptifs ne peuvent habiller ou entretenir pendant leur âge scolaire, le sont aux frais de l'assistance publique de la paroisse. Quand les parents refusent opiniâtrément d'envoyer leurs enfants à l'école, ils peuvent être condamnés, après avertissement préalable, à payer l'entretien de leurs enfants chez d'autres personnes.

A la fin de l'année 1884, le nombre total des enfants d'âge scolaire (de sept à quatorze ans inclusivement) était de 733 329, chiffre qui se répartit de la manière suivante :

Image2

Dans ce chiffre, les garçons entrent pour 373 123, et les filles pour 360 206.

En faisant entrer en ligne de compte les enfants au-dessous et au-dessus de l'âge scolaire, le nombre des élèves des écoles primaires supérieures était de 344, et celui des élèves des écoles primaires ordinaires et inférieures et des petites écoles était de 666 941.

Le nombre total des enfants d'âge scolaire qui suivaient un enseignement quelconque s'élevant à 688 593, et celui des enfants de cet âge qui, après examen, avaient déjà quitté les écoles primaires étant de 20 228, on obtient le nombre de 708 821, c'est-à-dire 96.7 % des enfants de cet âge, comme chiffre indiquant le nombre des enfants d'âge scolaire qui recevaient ou avaient reçu quelque enseignement.

Quant aux enfants qui, pour diverses raisons, n'avaient pas reçu d'enseignement pendant l'année, les rapports des commissions scolaires n'indiquent pas si, dans les années précédentes, ils avaient suivi l'école ou reçu un enseignement quelconque ; mais l'on peut admettre en règle générale qu'aucun enfant jouissant de ses facultés corporelles et intellectuelles n'est absolument privé d'enseignement pendant l'âge scolaire, qu'il apprend tout au moins à lire, et reçoit en outre quelques connaissances dans l'écriture et le calcul.

4. Organisation des écoles. — L'enseignement des écoles primaires dure, dans la règle, huit mois par année. Dans quelques endroits il est de neuf et même de dix mois. La répartition de ce temps, qui est du ressort des commissions scolaires, varie beaucoup avec les localités. D'ordinaire l'enseignement a lieu quotidiennement ; dans quelques endroits, il a lieu seulement cinq jours par semaine ; c'est principalement le cas pour les écoles ambulantes, dans lesquelles le sixième jour est affecté à l'examen des enfants des districts où pour le moment l'école n'est pas tenue. L'enseignement journalier dure cinq à six heures. Dans certaines écoles, l'enseignement ne se donne que le matin, mais il est en général réparti entre le matin et l'après-midi.

Il est supposé qu'ordinairement les élèves passeront deux ans dans la petite école, et puis quatre ans dans l'école primaire proprement dite. Dans les villes, principalement les plus grandes, le système est organisé d'une manière très complète, chaque classe annuelle étant sous la direction d'un instituteur spécial ; mais à la campagne l'école n'a ordinairement qu'un seul instituteur, qui alors instruit les classes successivement, pendant que les autres sont occupées à d'autres exercices.

Le ministère de l'instruction publique a publié un plan d'études normal, donnant, pour les différentes catégories d'écoles primaires, des indications quant à la méthode, les cours et la distribution des heures.

Les matières d'enseignement dans les écoles primaires sont les suivantes : religion, langue suédoise, calcul et géométrie, géographie et histoire, histoire naturelle, dessin, chant et gymnastique, et aussi horticulture et arboriculture, partout où il y a des jardins scolaires. En outre, les écoles primaires donnent le plus souvent un enseignement manuel.

De ces matières, le programme des petites écoles ne comprend que les premiers éléments de la religion, la langue suédoise, le calcul, le dessin, le chant et la gymnastique, ainsi que des exercices de pensée et d'intuition.

Dans les différentes écoles primaires, la répartition des leçons varie beaucoup selon les circonstances. Pour les écoles primaires fixes ayant des instituteurs spéciaux pour les différentes classes, le plan normal indique les nombres suivants d'heures d'enseignement par semaine :

Image3

Il n'est pas permis aux enfants de cesser de fréquenter l'école avant d'avoir acquis des connaissances suffisantes dans les matières ci-dessus mentionnées. Les élèves qui veulent quitter l'école sont soumis à un examen de sortie en présence du président ou de quelque autre membre de la commission d'éducation.

Les enfants que leur pauvreté empêche de profiter de l'enseignement scolaire pendant toute la durée de temps prescrite, ou ceux qui manquent des aptitudes nécessaires pour acquérir la somme entière des connaissances que comporte l'enseignement, peuvent être autorisés par la commission d'éducation à quitter l'école à condition de posséder le minimum suivant de connaissances : habileté suffisante dans la lecture ; connaissances religieuses permettant de prendre part à l'instruction des catéchumènes, habileté suffisante dans l'écriture comme aussi dans le calcul des quatre règles simples, et pratique du chant religieux, sauf pour les élèves manquant de dispositions musicales.

Pour les élèves de l'école primaire qui ont passé leur examen de sortie, il y a dans certaines écoles une classe, dite école de continuation, dans laquelle ils peuvent encore se perfectionner, et dont les bases générales sont les suivantes : La fréquentation de cette école n'est accordée qu'aux enfants qui ont suivi avec de bonnes notes les cours inférieurs de l'école primaire. L'enseignement annuel doit être de six semaines au moins à la campagne, avec trente heures de leçons par semaine, et dans les villes, où le temps le plus convenable pour cet enseignement est le soir, du nombre d'heures correspondant au temps fixé ci-dessus. Les matières enseignées sont la religion, la langue maternelle, de préférence combinée avec des exercices de composition, l'arithmétique et la géométrie, en ayant égard à leur application pratique, le dessin, et, si le temps le permet, l'histoire de la Suède et l'histoire naturelle. Dans les écoles de la campagne, on s'occupe surtout des branches de cette dernière science qui sont d'une importance pratique pour l'agriculture.

Les écoles primaires supérieures ont en général le même programme d'études que les écoles primaires proprement dites, sauf que les cours reçoivent une extension plus grande.

Pour les sourds-muets et les aveugles il existe plusieurs écoles, dont les frais sont principalement à la charge de l'Etat. Près de Stockholm il y a un grand institut de sourds-muets, et dans la capitale même un institut pour les aveugles.

Il existe dans plusieurs localités, surtout dans les villes, des écoles industrielles pour les garçons, et la plupart des écoles de filles fournissent à leurs élèves l'occasion de s'exercer dans les ouvrages à l'aiguille. Quelques grandes villes possèdent en outre des écoles spéciales dites écoles de ménagères, dans lesquelles les jeunes filles sont initiées aux travaux domestiques les plus usuels, comme la confection du pain, le lessivage, le repassage, etc.

Dans la plupart des provinces, il a été établi des écoles pour les jeunes hommes et les jeunes filles appartenant à la classe agricole, qui ont dépassé depuis longtemps l'âge scolaire. Le but de ces écoles, qui portent le nom de hautes écoles populaires, est d'augmenter la somme des connaissances acquises aux écoles primaires, et d'y ajouter les connaissances d'application générale qui présentent une utilité toute particulière à l'entrée dans la vie pratique. En 1884, il y avait 24 institutions de cette catégorie, dont 17 pour les hommes et 7 pour les hommes et les femmes, ceux-là recevant l'enseignement pendant l'hiver, celles-ci pendant l'été. Le nombre total des élèves, en 1884, était de 911, dont 694 hommes et 217 femmes.

Dans les dernières années, des instituts pour ouvriers, que l'on peut regarder comme une espèce de hautes écoles populaires appropriées aux besoins des habitants des villes, ont été établis dans quelques-unes des villes les plus importantes.

On s'est beaucoup occupé, depuis quelques années, de l'enseignement du travail manuel, devant préparer à l'industrie domestique (slöjd). La diète a voté à cet effet un crédit dont l'emploi est réglé par une ordonnance royale de 1877 : elle prescrit que cet enseignement doit avoir en vue de donner aux élèves, non pas de l'habileté dans un métier spécial, mais de la dextérité manuelle et la capacité d'employer les outils les plus ordinaires, en premier lieu ceux du menuisier, mais aussi, quand les circonstances le permettent, ceux du tourneur, ceux du sculpteur en bois et ceux du forgeron. En 1884, les subventions de l'Etat pour l'enseignement du travail manuel s'élevaient à 43 433 couronnes (la couronne vaut 1 fr. 39 c.), réparties entre 584 écoles primaires où cet enseignement était donné. Une école normale de travail manuel a été fondée par des particuliers à Nääs, près de Gothembourg. La durée d'un cours complet y est de six semaines. L'école a attiré l'attention des pays étrangers, et elle compte presque toujours des étrangers parmi ses élèves. Pour d'autres détails sur cette question, Voir Manuel (Travail), p. 1819.

5. Corps enseignant. — Le tableau suivant donne le nombre des instituteurs et des institutrices aux écoles primaires en 1884 :

Image4

Les instituteurs des écoles primaires supérieures ont un traitement d'environ 1500 couronnes, ce qui fait environ 2000 francs. En outre, ils ont le logement et le chauffage gratuits.

Le minimum des traitements des instituteurs et des institutrices ordinaires des écoles primaires proprement dites est fixé à 600 couronnes (840 fr.). En outre l'instituteur et l'institutrice reçoit du district une habitation convenable et la quantité nécessaire de bois de chauffage, ainsi que du fourrage pour une vache ou, en compensation, le prix d'au moins 8, 24 hectolitres de céréales. Enfin l'instituteur et l'institutrice doit, si possible, recevoir pour son propre usage une parcelle de terrain pour la culture des pommes de terre.

Dans bien des localités, cependant, les traitements sont fort au-dessus du minimum légal, et dans les grandes villes il y a des instituteurs primaires dont les traitements sont de 1400 à 1800 couronnes (1960 à 2520 francs) et même de 1800 à 2200 couronnes (2520 à 3880 francs). Dans ces derniers cas, toutefois, les instituteurs n'ont ni logement gratuit ni autres avantages.

Les instituteurs auxiliaires attachés aux écoles primaires sont ordinairement payés par la commune en vertu d'une entente spéciale entre les parties. C'est aussi en général le cas des maîtres des petites écoles.

Une ordonnance royale impose aux communes l'obligation de participer, pour chaque poste d'instituteur d'école primaire supérieure ou ordinaire, à une caisse de pensions spécialement fondée en faveur des instituteurs primaires. Le chiffre de la participation varie entre 600 couronnes au minimum et 1000 couronnes au maximum ; et la cotisation annuelle, qui n'est pas à la charge des instituteurs, mais des communes, est fixée à 5 % du montant de ce chiffre.

La totalité de la pension, qui s'élève à 75 % du montant de la participation, est accordée à tout instituteur et institutrice ayant l'âge de 55 ans et possédant trente années de services, ou à celui qui, frappé d'une maladie incurable, compte 85 an» d'âge ou de services combinés. Il peut être, dans certains cas prévus, accordé une pension inférieure, fixée d'après une proportion déterminée.

6. Ecoles normales d'instituteurs et d'institutrices d'écoles primaires. — Pour la formation des instituteurs et des institutrices des écoles primaires proprement dites, il existe 12 écoles normales (séminaires), dont 7 pour instituteurs et 5 pour institutrices. Ces écoles ont quatre classes d'une année chacune. Les matières enseignées et le nombre d'heures qui leur est affecté par semaine sont indiqués dans le tableau suivant :

Image5

Dans les écoles normales de femmes il y a des classes spéciales pour la formation de bonnes institutrices de petites écoles. L'Etat a aussi créé une école normale pour la formation des instituteurs et des institutrices des petites écoles finnoises et une pour ceux des écoles laponnes.

Les Conseils généraux des gouvernements, ainsi que des particuliers, ont en outre fondé, dans diverses localités, des institutions ayant pour objet la formation de bonnes institutrices de petites écoles.

7. Dépenses de l'enseignement primaire. — Les dépenses de l'instruction primaire sont à la charge des communes, qui y pourvoient, s'il n'y a pas d'autres ressources disponibles, au moyen d'un impôt assis sur les mêmes bases que les autres contributions communales ; les districts scolaires peuvent aussi imposer une taxe personnelle dont le montant annuel ne doit pas dépasser 50 öre (70 centimes) par contribuable.

Les communes reçoivent, à des conditions déterminées, des subventions de l'Etat pour leur aider à couvrir les frais de leurs écoles primaires. Ces subventions, qui portent principalement sur les traitements des instituteurs, sont au maximum de 1200 couronnes (1680 francs) pour les écoles primaires supérieures, de 466 2/3 couronnes (653 francs) pour les écoles primaires avec instituteur ou institutrice brevetés jouissant d'un traitement entier et enseignant huit mois par an, et enfin de 150 couronnes (210 francs) pour toutes les autres catégories d'instituteurs et d'institutrices.

L'Etat accorde en outre des subventions spéciales aux communes pauvres, et facilite l'achat du matériel scolaire en faisant fabriquer lui-même ce matériel et en le cédant à prix réduit aux écoles.

Les dépenses des écoles normales d'instituteurs et celles de l'inspection des écoles primaires sont entièrement à la charge de l'Etat, qui a donné en outre une somme ronde pour la fondation de la caisse des pensions des instituteurs primaires, et qui contribue encore chaque année à cette caisse.

Les dépenses de l'instruction primaire ont comporté en 1884 : traitements des instituteurs et des institutrices, 7 550 230 couronnes (dont, en subventions de l'Etat, 3 018 948 couronnes) ; locaux et mobilier, 1 831 477 couronnes ; matériel d'enseignement, 25*2 203 couronnes ; besoins divers 1386 731 couronnes ; total : 11 020 841 couronnes (environ 15 400 000 francs).

Cette somme ne comprend pas les dépenses des Conseils généraux pour la préparation des instituteurs des petites écoles, ni les diverses prestations en nature fournies par les communes. En outre, les dépenses de l'Etat n'y entrent que pour les sommes qui regardent directement les écoles primaires, supérieures, ordinaires et inférieures, ainsi que les petites écoles.

Les allocations de l'Etat en faveur de l'instruction primaire figuraient au budget de 1886 pour une somme totale de 3 891 725 couronnes (environ 5 458 000 francs), répartie comme il suit :

Image6

III. ENSEIGNEMENT SECONDAIRE ET SUPERIEUR. — Les écoles secondaires publiques sont entretenues par l'Etat. Elles se ressemblent toutes en ceci, que l'enseignement et les exercices pratiques y ont lieu d'après le même plan et sur les mêmes principes. Les classes sont au nombre de neuf, comportant chacune un cours d'une année. Dans les trois classes inférieures sont enseignées les matières suivantes : la religion, la langue suédoise, la langue allemande, les mathématiques, les sciences naturelles, l'histoire et la géographie, la calligraphie et le dessin, le chant et la gymnastique. Ces matières sont continuées dans les classes suivantes, mais à partir de la quatrième classe (d'en bas) commence une bifurcation entre la section des lettres ou section classique et la section des sciences ou section réale. La section classique a le latin pour matière principale, la section réale les mathématiques, auxquelles, dans cette section, sont affectées un plus grand nombre d'heures, ainsi qu'aux langues modernes et aux sciences naturelles. Dans la section réale, l'anglais commence dans la quatrième classe. Dans l'une et l'autre section le français commence dans la cinquième classe. Dans la section classique les élèves ont, à l'entrée dans la sixième classe, le choix entre le grec et l'anglais ; pour ceux qui ont choisi la langue grecque, un cours facultatif de langue anglaise est donné pendant les deux dernières années du cours scolaire. Dans les deux sections, la langue allemande cesse d'être enseignée à la fin de la septième année. Dans la section classique, il en est de même de l'histoire naturelle. La physique, et dans la section réale aussi la chimie, sont enseignées pendant les quatre dernières années, la propédeutique philosophique pendant les deux dernières années.

Le nombre des écoles secondaires de l'Etat s'élève à 78. Cependant, toutes ces écoles ne sont pas complètes. Il y en a seulement 35 qui contiennent les neuf classes ; 23 n'en ont que cinq, et 19 n'en ont que trois.

Outre ces écoles secondaires, l'Etat entretient une espèce d'écoles dites pédagogies, que l'on peut regarder comme des écoles secondaires à deux classes ou à une seule classe. Il y en a 9 à deux classes et 9 à une classe.

Au commencement du trimestre d'automne 1885, le nombre des élèves des écoles secondaires s'élevait à 14 278, et celui des élèves des pédagogies à 339.

Le système de l'internat est totalement inconnu dans les écoles secondaires de la Suède. Les élèves habitent chez leurs parents, ou sont placés en pension chez des particuliers. Par suite, la surveillance des élèves en dehors de l'école est laissée aux parents ou aux familles chez lesquelles ils demeurent.

L'enseignement dans les écoles secondaires de l'Etat, de même que dans les écoles primaires, est entièrement gratuit.

Le total des sommes portées en faveur de l'instruction secondaire au budget de 1886 s'élevait à 3 249 569 couronnes (environ 4550 000 francs) poulies écoles secondaires proprement dites, et à 77 637 couronnes (environ 109 000 francs) pour les pédagogies.

Toutes les institutions d'enseignement secondaire mentionnées ci-dessus sont exclusivement consacrées à l'instruction des garçons. Pour celle des jeunes tilles, il n'existe — outre les écoles primaires, les écoles normales d'institutrices primaires, et quelques écoles spéciales (d'industrie, de musique, de dessin et de gymnastique) à l'usage des deux sexes — qu'un seul établissement complet entretenu par l'Etat : l'école normale supérieure d'institutrices, dans laquelle une instruction gratuite est donnée aux élèves. Cette école reçoit du budget une allocation annuelle de 46 500 couronnes (environ 65 000 francs).

La plupart des villes possèdent une ou plusieurs écoles privées pour jeunes filles, donnant à leurs élèves une instruction supérieure à celle des écoles primaires et répondant plus ou moins aux écoles secondaires, inférieures ou complètes, de l'Etat pour les garçons. Plusieurs écoles de jeunes filles jouissent de subventions plus ou moins élevées des communes dans le ressort desquelles elles sont situées. L'Etat alloue à cette catégorie d'écoles une subvention de 70 000 couronnes par an. Les écoles de jeunes filles tirent toutefois la majeure partie de leurs revenus des rétributions payées par les élèves, rétributions qui varient, selon les localités et les classes, de 50 à 300 couronnes par an.

Il y a aussi un petit nombre d'écoles secondaires privées pour garçons. A quelques-unes de ces écoles, ainsi qu'à deux des écoles secondaires privées pour jeunes filles, l'Etat a donné l'autorisation de faire subir à. leurs élèves l'examen de sortie (qui confère le droit d'admission à l'université) aux mêmes conditions que les écoles secondaires publiques.

En 1885, le nombre des élèves qui, aux écoles de l'Etat et aux écoles privées, ont passé cet examen de sortie a été de 831, dont 10 jeunes filles.

L'enseignement supérieur est donné dans les deux universités de l'Etat à Upsal et à Lund : la première avait, au trimestre d'automne 1885, 1821 élèves, et la seconde 827 élèves. L'Etat a aussi établi, à Stockholm, sous le nom d'Institut médico-chirurgical Carolin, une faculté de médecine, dont les cours sont suivis par environ 300 étudiants. L'allocation budgétaire en faveur des deux universités avait été fixée, pour l'année 1886, à 879 536 couronnes. Les universités elles-mêmes sont très riches, particulièrement celle d'Upsal.

A Stockholm, une université libre est entrée en activité en 1878.

Pour l'instruction technique, il y a les écoles techniques du dimanche et du soir, l'école technique de Stockholm, les écoles techniques élémentaires, les écoles inférieures des mines, l'institut technique Chalmers à Gothembourg et l'école polytechnique à Stockholm. Le montant total des allocations de l'Etat en faveur des écoles techniques s'est élevé, en 1886, à 395 400 couronnes. L'Etat accorde en outre un certain nombre de subventions spéciales sous divers titres, tels que : encouragement à l'industrie domestique (slöjd), honoraires des instructeurs enseignant cette branche, expositions industrielles, musée de la Société suédoise des arts et métiers à Stockholm, et bourses de voyage à des ouvriers de fabrique et de métiers.

Pour l'enseignement spécial, il y a un grand nombre d'écoles de différentes espèces. Nous signalons principalement l'école de l'Académie royale des beaux-arts, le Conservatoire de musique, et l'Institut central de gymnastique.

[ERIK LUNDBERG.]

V. Résumé historique de 1885 à 1910. — Le 10 décembre 1897 a été promulguée une nouvelle loi sur l'enseignement primaire ; mais elle concorde dans l'essentiel avec les précédentes lois, et il s'ensuit que ses dispositions, à beaucoup d'égards, sont surannées. C'est pourquoi, en 1906, une commission royale a été chargée d'élaborer des projets de nouvelles lois sur les écoles normales d'instituteurs et d'institutrices (les séminaires) ainsi que sur les écoles primaires. Probablement l'enseignement primaire subira des ré formes considérables, d'après les projets de cette commission, et recevra une direction plus pratique que jusqu'ici.

L'enseignement secondaire a été profondément modifié par la loi nouvelle du 18 février 1905, comme on le verra plus loin.

VI. Etat de l'enseignement primaire en 1908-1910. — 1. Nombre des écoles. — En 1908, le nombre des écoles primaires des différentes catégories était le suivant :

Image7

La population de la Suède étant en 1908 de 5 476 441 habitants, il y avait ainsi une école primaire pour 377 habitants.

2. Direction, surveillance et inspection des écoles. — Le nombre des inspecteurs des écoles primaires est actuellement (1910) de 46 ; ils sont nommés par le gouvernement pour six ans. Plusieurs des grandes villes (Stockholm, Gothembourg, Malmö, Norrköping, Helsingborg, Gefle, Örebro, Eskilstuna, Upsal, Jönköping, Borâs, Lund, etc., en tout 21 villes) ont des inspecteurs spéciaux pour leurs écoles, nommés et rétribués par les communes.

3. — Elèves. — A la fin de l'année 1908, le nombre total des enfants d'âge scolaire (de sept à quatorze ans inclusivement) était de 867 813, chiffre qui se répartit ainsi :

Image8

Sur ce total, le nombre des garçons était de 441 089 et celui des filles de 426 724.

Le nombre total des enfants enseignés, en 1908, dans les écoles primaires, y compris ceux qui étaient au-dessus et au-dessous de l'âge scolaire, était de 779 395, dont 925 dans les écoles primaires supérieures et 778 470 dans les écoles primaires proprement dites, dans les écoles primaires inférieures et dans les petites écoles. La même année, le nombre total des enfants d'âge scolaire qui recevaient un enseignement quelconque était de 794 164. En outre, 50 620 enfants d'âge scolaire avaient déjà quitté les écoles après examen ; le nombre des enfants d'âge scolaire qui recevaient ou avaient reçu quelque enseignement était donc de 844 784.

4. Organisation des écoles. — Le plan d'études dressé par l'Etat en 1900 (normalplanen) indique, pour les écoles les mieux organisées, le nombre suivant d'heures d'enseignement par semaine :

Image9

En 1908, le nombre des écoles de continuation (fortsättningsskolor) était de 1967 ; l'Etat a accordé à ces écoles, la même année, une subvention de 110000 couronnes (154 290 francs).

Dans quelques écoles primaires il y a un cours supérieur, où les enfants reçoivent un enseignement plus étendu que dans les cours complémentaires ; parfois on y enseigne aussi une langue étrangère (allemand ou anglais). Les cours de cette espèce n'ont été établis qu'en 1897 et n'existent que dans les grandes villes.

Dans beaucoup d'écoles primaires (ainsi que dans la plupart des lycées de jeunes filles) on donne depuis quelque temps aux filles des leçons d'économie domestique. En 1910, l'Etat a accordé une subvention de 600 000 couronnes (834 000 francs) pour cet enseignement. Les institutrices qui enseignent cette matière sont souvent formées dans des établissements d'instruction spéciaux ; le plus connu d'entre eux se trouve à Upsal.

Pendant ces dernières années le nombre des hautes écoles populaires (folkhögskolor) s'est considérablement augmenté. En 1909, il y avait en tout 43 écoles de cette catégorie, dont 1 seulement pour hommes, 9 où hommes et femmes étaient instruits ensemble, et 33 où les hommes étaient instruits pendant l'hiver, les femmes pendant l'été. La subvention totale de l'Etat en faveur de ces écoles s'élevait en 1910 à 175 000 couronnes (243 250 francs).

En 1909 il y avait pour les sourds-muets 10 écoles, pour les aveugles 6, et pour les idiots 27. Les écoles pour les enfants anormaux de toute catégorie ont reçu de l'Etat, en 1910, une subvention de 472 500 couronnes (656 775 francs).

Afin de donner aux adultes, surtout aux ouvriers des deux sexes, la possibilité de continuer leur instruction, on a fondé en beaucoup d'endroits (dans les villes et aussi ça et là à la campagne), des instituts d'ouvriers qui donnent des conférences populaires. En 1910, l'Etat a subventionné ce mouvement par un crédit de 235 000 couronnes (326 650 francs) ; et il accordé la même année aux bibliothèques populaires une subvention de 60 000 couronnes (83 400 francs).

L'enseignement du travail manuel (slöjd) est actuellement l'objet d'une grande attention. La plupart des écoles primaires (ainsi que des écoles secondaires de garçons et de filles) donnent cet enseignement aux garçons et aux filles, et l'Etat a accordé en 1910 à cet effet une subvention de 550 000 couronnes (764 500 francs), savoir : à 4872 divisions d'écoles de garçons 345 000 couronnes (479 550 francs), et à 6687 divisions d'écoles de filles 205 000 couronnes (384 950 francs).

5. Personnel enseignant. — Le tableau suivant indique le nombre des instituteurs et des institutrices des écoles primaires en 1908 :

Image10

Les traitements ont été beaucoup améliorés pendant les dernières années pour les maîtres d'écoles primaires, ainsi que pour presque toutes les autres catégories d'instituteurs et d'institutrices.

Les instituteurs des écoles primaires supérieures ont, depuis 1907, outre le logement et le chauffage, un traitement de 1500 couronnes (2085 francs), s'élevant après quinze années à 2400 couronnes (3336 francs) ; les institutrices ont un traitement de 1400 couronnes (1946 francs), et après quinze années 2000 couronnes (2780 francs).

Les traitements des instituteurs et des institutrices des écoles primaires proprement dites sont réglés par deux lois de 1906 et de 1907, et s'élèvent actuellement aux chiffres suivants :

a) Un instituteur titulaire reçoit pendant les cinq premières années 900 couronnes (1251 francs) de traitement ; ensuite 1050 couronnes (1459 francs) ; après dix ans, 1200 couronnes (1668 francs), et après quinze ans 1350 couronnes (1876 francs). Les traitements des institutrices montent respectivement à 900 1000, 1100 et 1200 couronnes (1251, 1390, 1529, 1668 francs) ;

b) Un instituteur on une institutrice non titulaire a un traitement de 800 couronnes (1120 francs) au moins.

Outre cela, tous ont le logement (ordinairement trois chambres et une cuisine), le bois de chauffage, et une pièce de terre pour la culture des légumes.

Beaucoup de villes et d'autres grandes communes accordent à leurs instituteurs des traitements beaucoup plus élevés, montant de 1700 à 3400 couronnes (de 2363 à 4726 francs) pour les instituteurs, et de 1400 à 2400 couronnes (de 1946 à 3336 francs) pour les institutrices. Mais dans ce cas, ils n'ont ni logement gratuit, ni d'autres avantages.

Les instituteurs auxiliaires ont maintenant les mêmes traitements que les instituteurs ou les institutrices des petites écoles. Ils touchent, depuis 1909, 500 couronnes (695 francs), et après quinze années 680 couronnes (945 francs), plus le logement et le bois de chauffage.

Les communes sont obligées de payer, pour chaque poste d'instituteur ou d'institutrice, une contribution annuelle à la Caisse des retraites, calculée sur une base de 1350 couronnes (1876 francs) pour un instituteur titulaire, et de 1200 couronnes (1668 francs) pour une institutrice titulaire. La contribution annuelle des communes s'élève à 5 % et la pension de retraite à 75 % de cette base. Quelques communes (surtout les villes) versent volontairement un supplément à ces contributions de retraite.

6. — Ecoles normales d'instituteurs et d'institutrices d'écoles primaires. — Les écoles qui préparent les instituteurs ou les institutrices des écoles primaires sont nommées séminaires (seminarier). En 1910, il y avait 15 séminaires, dont 9 pour les hommes et 6 pour les femmes. Il y avait en outre 2 séminaires privés, qui ont obtenu l'autorisation de faire passer à leurs élèves l'examen d'institutrice d'école primaire. En 1909, 387 élèves sont sortis des séminaires de l'Etat, dont 225 hommes et 163 femmes.

Voici le plan d'études des séminaires actuellement en vigueur :

Image11

Il a été dit plus haut qu'une commission royale s'occupe à élaborer un projet de modification de l'organisation de ces écoles, modification qui sera sans doute considérable.

Les dépenses de l'Etat pour les séminaires se sont élevées, en 1910, à 687 440 couronnes (955 541 francs). Il faut y ajouter 343 888 couronnes (478 000 francs) d'allocations extraordinaires, dont fa plus grande part a été appliquée à de nouveaux immeubles pour les séminaires.

Pour la préparation des instituteurs et institutrices des petites écoles et des institutrices auxiliaires des écoles primaires, il y a des séminaires spéciaux, fondés soit par l'Etat, soit, plus souvent, par les Conseils généraux ou par des particuliers. Ces séminaires, qui sont tous sous le contrôle et l'inspection de l'Etat, étaient, en 1908, au nombre de 34, et la même année 917 élèves ont subi l'examen de sortie, dont 11 hommes et 906 femmes.

7. Dépenses de l'enseignement primaire. — Chaque année, les communes reçoivent des subventions de l'Etat pour le paiement des traitements de leurs instituteurs et institutrices. La subvention est de 200 à 600 couronnes (278 à 834 francs) pour un instituteur, et de 133, 33 à 400 couronnes (185, 33 à 556 fr.) pour une institutrice d'école primaire supérieure ; de 600 à 900 couronnes (de 844 à 1260 francs) pour un instituteur titulaire, et de 600 à 800 couronnes (de 834 à 1112 francs) pour une institutrice titulaire d'école primaire ; et de 333, 33 à 453, 33 couronnes (463, 33 à 630, 13 francs) pour toutes les autres catégories d'instituteurs et d'institutrices. La subvention totale de l'Etat pour les traitements s'est élevée, en 1910, à environ 10 millions de couronnes (environ 13 900 000 francs).

Le montant total des dépenses pour l'enseignement primaire s'élevait, en 1908, a 39 751 823 couronnes (55 255 033 francs), ainsi réparties: traitements des instituteurs et des institutrices, 21 590 600 couronnes (dont 9 456 000 couronnes fournies par les subventions de l'Etat): locaux et mobilier, 10 376 746 couronnes ; matériel d'enseignement, 630332 couronnes ; dépenses diverses, 7 154 145 couronnes. Les dépenses faites par l'Etat pour cet enseignement en 1910 s'élèvent à 12 787 140 couronnes (18 252 128 francs), savoir :

Image12

Il faut y ajouter des allocations extraordinaires pour les besoins de l'enseignement primaire, montant à 343 888 couronnes. Le somme totale du budget de l'Etat pour l'enseignement primaire est donc de 13 131 028 couronnes (18 252128 francs).

VI. Enseignement secondaire et supérieur en 1909-1910. — 1. Les écoles secondaires de l'Etat ont subi, dans les dix dernières années, un grand changement. En 1899, une Commission royale fut chargée d'élaborer un projet de réorganisation des écoles secondaires, et, en 1904, ce projet fut adopté dans ses traits essentiels par le Riksdag. En même temps, les traitements des professeurs furent augmentés, chose qui était bien désirée. Le Riksdag décida aussi d'établir pour les écoles secondaires un bureau spécial sous le nom de Direction générale des écoles secondaires du royaume öfverstyrelsen för rikets allmänna läroverken) qui a, après le ministère des cultes et de l'instruction, la direction suprême des écoles secondaires de l'Etat et des écoles privées subventionnées par l'Etat ; cette Direction a reçu presque toutes les attributions qui étaient accordées auparavant aux évêques et aux chapitres diocésains. D'après la nouvelle organisation, il y a deux catégories d'écoles secondaires : écoles réales (realskolor) et lycées (högre allmänna läroverken).

L'école réale, qui forme un tout achevé, a six classes ; à la fin de la sixième année scolaire les élèves passent un examen de sortie, qui leur donne le droit d'admission dans plusieurs écoles spéciales, et à certains emplois inférieurs d'administration, etc. Cet examen a été passé, en 1909, par 1338 élèves, dont 1128 garçons et 210 filles.

Dans les trois classes inférieures sont enseignées la religion, la langue suédoise, la langue allemande, l'histoire, la géographie, les mathématiques, la biologie, la calligraphie, le dessin, le chant et la gymnastique. Dans la quatrième classe (en comptant d'en bas, commencent la langue anglaise et la physique, tandis que la calligraphie est éliminée ; dans la cinquième classe s'ajoute encore la chimie. La langue française est enseignée aux élèves de la cinquième et de la sixième classe qui le désirent.

Les lycées comprennent tous une école réale organisée comme il vient d'être dit, mais ils ont de plus un gymnase (gymnasium), qui fait suite à la cinquième classe de l'école réale. Le gymnase a quatre classes ou divisions (ringar, cercles). La première (la plus basse) de ces divisions est parallèle à la sixième classe (la dernière) de l'école réale. Ainsi, après avoir fini la cinquième classe de l'école réale, l'élève peut ou bien continuer par la sixième classe de cette école, ou entrer dans la première classe (la plus basse) du gymnase. Le gymnase est divisé en deux branches ou sections : la section latine (latingymnasium) et la section réale (realgymnasium). La plupart des lycées ont les deux sections du gymnase.

En 1910, il y avait 27 lycées complets ; il y en avait 7 qui n'avaient que le gymnase réal et 4 qui n'avaient que le gymnase latin. Dans la première classe ou division du gymnase latin (la sixième classe du lycée en comptant d'en bas) sont enseignées les matières suivantes : la religion, la langue suédoise, le latin, l'allemand, l'anglais, l'histoire, la géographie, les mathématiques, la biologie, la physique, le dessin, le chant et la gymnastique. Dans la seconde division commence le français, et dans la troisième la philosophie. Les élèves qui le désirent apprennent le grec pendant les deux dernières années ; dans ce cas, ils échangent quelques autres matières contre le grec. Le gymnase réal a les mêmes matières, excepté le latin (et le grec) ; mais il y a en plus aussi la chimie. Naturellement, un plus grand nombre d'heures est attribué aux mathématiques et aux sciences naturelles au gymnase réal qu'au gymnase latin. Les élèves des deux divisions les plus hautes peuvent éliminer certaines matières. A la fin de la quatrième classe du gymnase (la neuvième du lycée), les élèves ont à subir l'examen du baccalauréat (studentexamen, auparavant nommé mogenhetsexamen, examen de maturité), qui leur donne, entre autres droits, celui d'être immatriculés aux universités. En 1909, cet examen a été passé par 1666 élèves, dont 1494 jeunes gens et 172 jeunes filles. De ces bacheliers et bachelières, 309 étaient des élèves des écoles privées.

Plusieurs écoles réales admettent aussi comme élèves des jeunes filles. Ces écoles réales sont nommées écoles communes (samskolor). Les garçons et les filles y reçoivent l'enseignement en commun, et les filles subissent aussi l'examen de sortie ; mais celui-ci ne leur donné pas le droit d'être admises au gymnase. En conséquence, les jeunes filles qui ont l'intention de passer l'examen du baccalauréat sont obligées de s'y préparer soit par l'étude personnelle, soit en entrant dans l'une des écoles privées qui ont le droit de préparer au studentexamen. Les autorités communales des villes où ces écoles sont situées sont obligées de leur donner une subvention annuelle ; les autres frais sont supportés par l'Etat.

En 1910, il y avait en Suède 20 écoles réales pour les garçons et 18 écoles mixtes.

Outre le séminaire supérieur des institutrices (högre lärarinneseminariat), qui a pour objet de former des institutrices pour les lycées privés de filles et pour les écoles mixtes de l'Etat, il y avait, en 1910, quatre séminaires privés, dont les élèves obtiennent les mêmes droits que celles du séminaire supérieur. A celui ci est joint un lycée de jeunes filles avec huit classes : cet établissement, nommé l'école normale de l'Etat pour les jeunes filles (statens normalskola for flickor), est le seul lycée de filles qui soit tout à fait entretenu par l'Etat ; le certificat de sortie de cette école confère le droit d'être engagée dans plusieurs des bureaux de l'Etat, où certains emplois inférieurs sont occupés par des femmes.

Auparavant il y avait dans presque chaque ville une ou plusieurs écoles secondaires privées pour les jeunes filles. A présent leur nombre a un peu diminué (actuellement ce nombre est de 79), l'Etat ayant fondé des écoles réales où l'enseignement est donné aussi aux filles. La subvention accordée par l'Etat aux lycées privés de jeunes filles s'élevait, en 1910, à 375 000 couronnes (521 250 francs). Beaucoup de ces lycées ont obtenu pour leurs élèves le même droit que confère le certificat de sortie de l'école normale de l'Etat pour les jeunes filles.

Un grand nombre d'écoles secondaires privées pour les garçons ont été fondées pendant les dernières années ; les unes correspondent aux lycées, les autres aux écoles réales. La plupart d'entre elles donnent aussi l'enseignement aux jeunes filles. En 1910, l'Etat a accordé aux écoles secondaires privées une subvention de 180 000 couronnes (250 200 francs), dont 120 000 couronnes à 10 écoles secondaires supérieures (lycées privés) et 60 000 couronnes à 24 écoles secondaires inférieures (écoles réales privées). En outre l'Etat a accordé, la même année, une subvention de 190000 couronnes (264 100 francs) pour l'augmentation des traitements des institutrices des écoles secondaires privées. Plusieurs des lycées privés sont autorisés à faire subir à leurs élèves l'examen de sortie (le baccalauréat) : en 1910, le nombre des écoles de cette catégorie était de 20. La même année, 20 écoles privées avaient le droit de faire subir à leurs élèves un examen de sortie identique à l'examen des écoles réales de l'Etat.

De plusieurs côtés on travaille depuis longtemps à la réalisation de ce principe, que l'école primaire doit être le point de départ de toutes les études. Un pas a été fait vers ce but par la fondation des écoles intermédiaires communales (kommunala mellanskolor). Les deux premières écoles de cette catégorie ont commencé à fonctionner en 1910. Leur but est de donner à leurs élèves la même instruction que les écoles réales, et elles demandent, pour l'admission, la possession des connaissances qu'on acquiert dans les écoles primaires les mieux organisées. Le nombre des classes est de quatre. Ces écoles sont à la charge des communes, mais l'Etat leur accorde une subvention annuelle, qui s'est élevée, en 1910, à 10 000 couronnes (13 900 francs). Sans doute le nombre de ces écoles est destiné à s'accroître rapidement.

Le nombre des élèves des écoles secondaires de l'Etat s'élevait, en 1909, à 22 064, dont 15 735 dans les lycées, 3829 dans les écoles réales, et 2500 dans les écoles mixtes, dont 1110 jeunes filles.

Les dépenses faites par l'Etat pour les écoles secondaires s'élèvent, pour 1910, à 5 877 106 couronnes (8 169 177 francs)

L'enseignement dans les écoles de l'Etat était autrefois presque gratuit. D'après la loi nouvelle, les élèves ont à payer, outre le droit d'inscription, une rétribution annuelle montant, pour les écoles réales, à environ 70 couronnes (97 francs), pour les gymnases à environ 90 couronnes (125 francs). Dans les écoles privées, la rétribution est naturellement beaucoup plus élevée.

2. En ce qui concerne l'enseignement supérieur, le nombre des étudiants à l'université d'Upsal était, en 1910, de 1946, à celle de Lund de 1070, et à l'Institut médico-chirurgical Carolin, à Stockholm, ' de 295.

L'allocation budgétaire en faveur des universités a été fixée pour l'année 1911 à 1893 112 couronnes (2 631 425 francs).

En 1907, les traitements des professeurs des universités ont été beaucoup augmentés. Le traitement d'un professeur était auparavant de 4000 à 6000 couronnes (de 5560 à 8340 francs), et après dix années, de 5000 à 7000 couronnes (de 6950 à 9730 francs) ; les professeurs reçoivent à présent 7500 couronnes (10 425 francs), et après cinq années 8100 couronnes (11 259 fr.).

Outre les universités de l'Etat, il y a deux établissements particuliers d'enseignement supérieur, à Stockholm et à Gothembourg. Celui de Stockholm, établi en 1878, comprend surtout une faculté de mathématiques et de sciences naturelles et une de droit. L'école supérieure de Gothembourg, fondée en 1889, ne comprend pour le moment qu'une faculté des lettres. Le nombre des étudiants s'élevait en 1910 à 457 à l'école de Stockholm et à 154 à celle de Gothembourg. Toutes les deux ont le droit de faire passer certains examens.

Les subventions de l'Etat en faveur de l'enseignement technique en Suède s'élèvent, pour 1910, à 832150 couronnes (1 156 688 francs). Cette même année, le nombre des élèves à l'école polytechnique de Stockholm (Tekniska högskolan) a été de 429.

Il faut mentionner enfin qu'en 1909 une école commerciale supérieure a été établie à Stockholm par des particuliers. Cette école, qui s'est placée sous le contrôle de l'Etat, a pour objet, comme l'indique son nom, de donner aux commerçants une éducation commerciale et générale supérieure. Le nombre des élèves a été, en 1910, de 115.

Bibliographie. Författningar rörande folkskole lärare-seminarier och folkskolor m. m., utg. af A. Ph. BRUHN, Stockholm, 1883. — Normalplan for undervisningen i folkskolor och smâskolor, Stockholm, 1883. — Samling af författningar m. m., rörande almänna läroverken och pedagogierna, utg. af Alfred ZIMMERMAN och A. F. STJBRSTEDT, Stockholm. 1879. — Svenska undervisnings väsendets historia, af A. G. HOLLANDER, Upsal, 1884. — Bidrag tilt svenska skollagstifningens historia, af H. HERNLUND, Stockholm, 1882. — Folkskolestadgan med dithörande författningar, redigerad af A. Y. LINDHAGEN, Stockholm, 1905. — Normalplan för undervisningen i folkskolor och smäskolor, Stockholm, 1900. — Författningar rörande folkskole-läârare-seminarier, folkskolor samt skolor för abnorma barn m. m., utg. af Carl KASTMAN, Stockholm, 1899. — För-fattningshandbok ang. rikets almänna läroverken, utg. af B. J. BERGQVIST och Alfred NORDFELT, I, Stockholm, 1910. — Bidrag till Sveriges officiella statistic : P) Undervis-ningsväsendet (deux volumes concernant les écoles secondaires de l'Etat et les écoles primaires. Paraissant tous les ans.) — Kort öfversikt af det svenska allmänna läroverkets historia, af J. A. HALLGREN, Stockholm, 1909.

Efraïm Sandberg