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Statistique scolaire

On a donné beaucoup de définitions de la statistique ; la meilleure nous parait être la suivante : La statistique est l'étude numérique des faits sociaux, quoiqu'on puisse objecter que les recherches de la statistique s'appliquent non seulement à des faits sociaux, mais aussi à des phénomènes d'ordre purement naturel, et que tout dénombrement, toute recherche consistant à compter le nombre de fois que se produit un fait quelconque, ou que l'observateur le constate, est en réalité de la statistique. Dans son acception la plus étendue, la statistique se confondrait ainsi à peu près avec les tables de présence et d'absence que Bacon recommandait pour l'étude des sciences d'observation, et elle serait un instrument nécessaire aux sciences naturelles aussi bien qu'aux sciences sociales. Cependant les premières emploient des procédés de recherche et, dans certains cas, des procédés d'expérimentation qui les distinguent tout à fait des méthodes propres aux sciences sociales, et il est préférable, dans l'intérêt de la clarté du langage, de réserver le nom de statistique aux recueils de nombres relatifs aux faits sociaux et à l'étude de ces nombres.

Depuis longtemps, les hommes désireux de connaître ont fait de la statistique ; le dénombrement du peuple d'Israël et de Juda que le roi David ordonna était de la statistique ; le groupement des citoyens romains en classes et en centuries, dont étaient chargés les censeurs, et l'état de situation de l'Empire que lit dresser Auguste et dont le monument d'Ancyre nous a conservé des fragments, étaient de la statistique ; les pouillés et les terriers, que dressaient les seigneurs au moyen âge pour constater leurs droits sur les terres et les personnes, étaient une sorte de statistique.

Cependant la statistique est moderne. Les publicistes du dix-huitième siècle peuvent en être considérés comme les précurseurs. Ils ont fait de l'arithmétique politique, c'est-à-dire qu'ils ont essayé de déterminer, à l'aide du petit nombre d'éléments numériques qu'ils possédaient, les lois qui régissent la fortune et le développement des Etats ; niais, faute de documents suffisants, ils ont été le plus souvent réduits à ne donner que des hypothèses pour conclusions. Le dix-neuvième et le vingtième siècle sont plus riches à cet égard : les documents statistiques, sans répondre encore à tous les besoins de l'administration et de la science, abondent aujourd'hui.

La France a fait le premier dénombrement de sa population en 1801, et, depuis 1831, elle renouvelle régulièrement tous les cinq ans cette opération ; depuis 1801, elle relève tous les ans le total des naissances, des mariages et des décès : elle possède ainsi les éléments nécessaires pour l'étude de l'état et du mouvement de sa population. Depuis 1827, elle publie la statistique de la justice criminelle, et, depuis 1831, celle de la justice civile et commerciale ; elle a commencé, dés 1818, la statistique du recrutement de l'armée, et, dès 1819, celle du commerce extérieur. La création du bureau de statistique générale du royaume au ministère de l'agriculture et du commerce en 1833 a été le point de départ d'une série de publications importantes sur la population, l'agriculture, l'industrie, le commerce, etc., qui se poursuivent encore. Aujourd'hui, presque tous les ministères ont des bureaux de statistique et publient périodiquement des statistiques sur les matières qui relèvent de leur administration.

Les autres Etats civilisés ont fait comme la France. Au dix-huitième siècle, il n'y avait pour ainsi dire pas d'Etat qui eût une véritable statistique : les Etats Scandinaves (1749 pour la Suède) et les Etats-Unis (1790) possédaient seuls alors des dénombrements de leur population. Aujourd'hui il n'est presque pas un seul Etat qui ne publie des documents de ce genre, et plusieurs se distinguent par l'importance considérable qu'ils ont donnée à leurs bureaux de statistique et par l'étendue, la variété et la précision de leurs publications. Les gouvernements ont compris que, s'il importe de bien connaître les faits pour bien administrer les affaires, la statistique est un des moyens d'acquérir cette connaissance, et qu'elle seule, grâce à ses procédés d'investigation, peut renseigner avec exactitude sur le nombre des faits et sur leur importance relative au point de vue numérique.

Tout ce qui peut être énuméré tombe sous le contrôle de la statistique, par les dénombrements, par les enquêtes, par des relevés faits sur les registres de l'administration ; elle compte les personnes, les choses, les actes ; puis, quand elle a réuni tous les nombres, elle les additionne, les groupe de diverses manières suivant la nature du sujet et l'étude qu'elle se propose d'en faire, elle compare les groupes, calcule les rapports et présente un tableau à la fois analytique par groupes et synthétique dans l'ensemble.

La statistique dresse ainsi l'inventaire matériel et moral des nations. Sans doute, elle ne donne jamais un inventaire complet d'une société, parce que toutes les formes de la richesse et toutes les manières d'être de la vie sociale ne sont pas susceptibles d'un dénombrement exact. Du moins, elle fournit des inventaires partiels qui sont aussi utiles pour le gouvernement d'un Etat que peut l'être, pour un négociant, l'inventaire et la comptabilité de sa maison de commerce.

La statistique scolaire est une des branches de la statistique. Elle a pour objet de compter les écoles, les classes, les maîtres, les élèves ; de les grouper par catégories, de comparer les catégories entre elles, de mesurer, par la comparaison de plusieurs statistiques, les changements qui se sont produits en plus ou en moins, d'apprécier même, dans une certaine mesure, quelques-uns des résultats de l'enseignement. Elle fournit ainsi à l'administration publique des renseignements indispensables, et elle éclaire la nation sur l'état de l'instruction, sur les progrès accomplis, sur les points défectueux ou faibles de son organisation pédagogique ; elle permet d'apprécier les résultats obtenus par certaines mesures législatives, et elle indique quelquefois aux pouvoirs publics des réformes qu'il serait utile d'entreprendre.

La France n'a une statistique scolaire que depuis le règne de Louis-Philippe. De nos jours, des érudits ont recherché avec curiosité l'état des petites écoles avant 1789, et ont essayé de dresser une sorte de statistique rétrospective de l'enseignement primaire ; ils nous ont appris que ces écoles étaient, dans beaucoup de provinces, bien plus nombreuses qu'on ne le supposait généralement, sans prouver toutefois que l'enseignement eût alors une grande solidité : néanmoins, les données manquent pour dresser une véritable statistique de l'instruction à cette époque, c'est-à-dire un état numérique du total des écoles, des maîtres et des élèves d'une région. En 1833, le Manuel, général, journal officiel de l'instruction primaire, a donné le rapport des élèves à la population pour les années 1817, 1820, 1825, 1829 et 1833, et l'Almanach de l'Université contient quelques chiffres sur le nombre des écoles ; en 1826, le baron Ch. Dupin fit paraître une carte figurative de l'instruction populaire de la France, sur laquelle les départements étaient marqués d'une teinte d'autant plus sombre que le rapport du nombre des élèves au nombre des habitants était moindre.

Le travail de Dupin ne s'appliquait qu'aux garçons, quoique vraisemblablement un certain nombre de filles fréquentant des écoles mixtes se trouvent mêlées à ceux-ci dans le total de 1 116 777 écoliers sur lequel portent ses calculs. Dupin donne le premier rang à la Moselle, avec 10 habitants par écolier, et le dernier à la Haute-Loire avec 268 habitants par écolier. Toutefois ce n'était pas encore là une véritable statistique.

L'ordonnance du 14 février 1830, que fit rendre le dernier ministre de l'instruction publique de la Restauration, le comte de Guernon-Ranville, prescrivit qu'« un rapport sur l'état de l'instruction primaire dans toute l'étendue du royaume fût présenté chaque année, et communique aux Chambres ». La statistique fut dressée, et le gouvernement de Juillet, qui la trouva dans les cartons du ministère, la publia en 1831 par les soins de M. de Montalivet : c'est la première publication officielle de ce genre qui donne des résultats pour la France entière.

Le gouvernement de Juillet, qui eut le mérite de constituer, par la loi du 28 juin 1833, l'enseignement primaire en France, comprenait l'intérêt d'une statistique scolaire : il décida que le ministère de l'instruction publique en dresserait et en publierait une régulièrement tous les trois ans. Il y a eu sept publications de ce genre sous le règne de Louis-Philippe : la statistique de 1829, dont nous venons de parler, publiée en 1831, celle de 1833, publiée en 1834, celle de 1837 en 1838, celle de 1840 en 1841, celle de 1843 en 1845, et celle de 1847 en 1848. Cette dernière demeura inachevée à cause de la révolution de Février, et le rapport général du ministre du roi fut seul imprimé.

Sous la seconde République, l'administration voulut continuer la tradition, et fit même, en 1850, imprimer en grande partie un volume de statistique que les ministres de l'instruction publique ne livrèrent pas à la publicité et qui est demeuré inachevé.

Le silence dura ensuite quatorze ans sous le second Empire. Le ministère recueillait chaque année, comme auparavant, des renseignements statistiques sur les écoles par les états de situation ; mais il ne les faisait pas connaître au public. D'ailleurs, ces renseignements paraissent avoir été dans l'ensemble d'une très médiocre exactitude ; Rouland, ministre de l'instruction publique, ayant produit au Conseil d'Etat les données relatives à l'année 1861 pour appuyer des propositions budgétaires, Duruy, aussitôt après son entrée au ministère, voulut livrer ce travail à la publicité : l'administration en fit commencer l'impression, mais elle l'arrêta bientôt à cause des erreurs matérielles et des inexactitudes du manuscrit. Duruy entreprit lui-même une statistique complète de l'instruction primaire ; dressée sur les données de l'année 1863, cette statistique fut publiée en 1864 ; elle constitue le document le plus étendu qui eût été composé jusqu'alors sur la matière. Le ministre, qui, dans son rapport à l'empereur, disait qu'il « conviendrait de renouveler régulièrement tous les trois ou cinq ans » cette publication, n'attendit pas jusque là : il donna, en 1867, un état sommaire de l'enseignement primaire au 1er janvier 1866, et, en 1868, un état de l'enseignement pour l'année 1866 sous le titre : Exposé général de la situation de l'enseignement primaire au 1er janvier 1867 ; il fit, en outre, plusieurs publications relatives aux cours d'adultes.

Le silence se fit de nouveau après son ministère. Sous la troisième République, Jules Simon reprit la tradition et fit préparer la statistique de 1872 ; mais, après l'impression, le travail ne fut pas jugé assez exact pour que le volume pût être mis en distribution.

A l'Exposition universelle de Vienne, en 1873, les Etats avaient été conviés à présenter leur statistique pédagogique, en vue de la composition d'une statistique internationale de l'instruction dont M. Fischer, directeur de la statistique de l'empire d'Autriche, avait été chargé par le congrès international de statistique. La France ne put répondre à l'appel ; la ville de Paris seule parvint à publier, par les soins de Gréard, un important volume deux ans après l'Exposition. Le juré français signalait cette lacune dans son rapport : « Assurément, il n'est pas moins utile de se rendre compte, dans un pays civilisé, de l'état et du progrès de l'instruction, que du commerce et du nombre des condamnations. Cependant nous avons en France, chaque année, ces derniers renseignements, et nous ne possédons pas les premiers. » Le directeur de l'enseignement primaire, Boutan, voulut combler cette lacune, et décida le ministre à instituer, en mars 1876, une Commission de statistique.

Cette commission s'occupa tout d'abord de dresser des cadres, et d'en faire l'essai par un premier travail demandé aux instituteurs en novembre 1876 et portant sur les résultats de l'année 1875. Puis elle prépara la statistique de l'année scolaire 1876-1877, qui fut dressée par les soins de M. F. Buisson, secrétaire de la commission. Ce volume, publié en 1878, à l'occasion de l'Exposition universelle, est plus complet qu'aucun de ceux qui l'avaient précédé. Il commence une nouvelle série qui, d'après la décision du ministre, dut avoir une périodicité quinquennale, c'est-à-dire que tous les cinq ans une statistique complète doit être dressée.

Cette statistique est établie principalement à l'aide des états de situation, dont les cadres ont été disposés à cet effet, et quelquefois aussi en partie à l'aide de renseignements demandés aux inspecteurs et aux instituteurs ; elle coïncide avec l'année du dénombrement de la population, afin de faciliter, dans la mesure où il est possible de l'établir, la comparaison entre les enfants à instruire et les enfants qui fréquentent les écoles ; elle est précédée d'une introduction qui résume les principaux faits et les changements survenus dans la période quinquennale. Cette statistique, jusqu'en 1885, a été dressée deux fois. La première concerne l'année scolaire 1876-1877 (tome Ier de la série, publié en 1878) ; elle comprend un rapport du ministre, A. Bardoux, au président de la République, un rapport du président de la Commission de statistique, M. Levasseur, au ministre, un résumé général accompagné de cartes et figures par le secrétaire de la commission, M. F. Buisson, et 68 tableaux de statistique. La seconde concerne l'année scolaire 1881-1882 (tome III de la série, publié en 1884) ; elle comprend un rapport du ministre, M. Fallières, au président de la République, un rapport au ministre formant résumé général et accompagné de cartes et figures, par le président de la commission, M. Levasseur, 62 tableaux de statistique, et, en outre, la statistique de l'Algérie et des colonies françaises.

Pour rattacher cette série aux statistiques antérieures, la commission pensa qu'il était utile de publier un volume de statistique rétrospective. Ce volume, qui forme le tome II de la collection, est intitulé : Statistique comparée de l'enseignement primaire, 1829-1877. Il comprend le rapport du ministre, Jules Ferry, au président de la République, le rapport formant résumé général et accompagné de cartes et figures, rédigé par le président de la commission, M. Levasseur, 92 tableaux de statistique, la statistique de l'Algérie et des colonies françaises, et un appendice sur les pays étrangers. Dans le rapport et dans les tableaux de statistique sont condensés les résultats et les données principales des statistiques, éditées ou inédites, de l'instruction primaire depuis la fin de la Restauration jusqu'au premier volume de la nouvelle série.

Le ministère de l'instruction publique est la principale source des renseignements statistiques sur l'instruction primaire. Il connaît directement tout ce qui concerne le matériel et le personnel des écoles, bâtiments, maîtres, élèves ; mais il n'est pas la source unique des documents officiels sur cette matière. C'est le ministère de la guerre qui, par les opérations du recrutement, constate le degré d'instruction des jeunes gens de vingt ans ; c'est le ministère de l'intérieur qui fait relever sur les actes de l'état-civil le nombre des conjoints, hommes et femmes, qui signent leur acte de mariage, et le ministère du commerce et de l'industrie (statistique générale de France) qui publie les résultats de ces relevés ; c'est le dénombrement de la population, opéré par les soins du ministère de l'intérieur et publié par le ministère du commerce, qui a fait connaître (deux fois seulement, en 1866 et en 1872) le nombre des individus sachant lire et écrire.

La statistique scolaire ne date guère en France, ainsi que nous venons de le dire, que de la fin de la Restauration. Elle n'a pas adopté tout d'abord des procédés d'information uniformes, et les résultats de ses diverses publications ne peuvent être comparés qu'avec prudence (voir le rapport au ministre, tome II de la Statistique de l'enseignement primaire). Depuis la création de la Commission de statistique, les questionnaires ont été rédigés dans un esprit méthodique et les résultats ont été contrôlés avec soin. On est loin cependant d'avoir obtenu des résultats d'une parfaite exactitude.

Voici quelques-unes des raisons pour lesquelles certaines données de la statistique scolaire, particulièrement celles qui portent sur les élèves, sont, comme beaucoup de données statistiques, voisines de la réalité sans pouvoir être considérées comme représentant la réalité même.

L'administration a recommandé expressément de relever non le nombre des élèves inscrits durant l'année civile, du 1er janvier au 31 décembre, sur le registre matricule de l'année, parce que ce registre porte à la fois des élèves qui ont quitté l'école aux vacances et des élèves qui y ont été admis à la rentrée, mais le nombre des élèves inscrits durant l'année scolaire, c'est-à-dire du 1er janvier jusqu'aux vacances, sur un registre matricule, avec addition de ceux qui, ayant fréquenté l'école depuis les vacances jusqu'au 31 décembre de l'année précédente, figuraient sur le registre matricule précédent et qui n'ont pas été réenregistrés au mois de janvier de l'année suivante. Mais cette prescription n'est pas partout observée, et le nombre des élèves inscrits se trouve ainsi le plus souvent exagéré. Si même cette cause d'erreur était écartée, le total des inscrits serait encore supérieur au nombre des élèves qui ont fréquenté les écoles durant l'année, parce qu'il y a des enfants qui, changeant d'école dans le courant d'une année, se trouvent inscrits sur les registres de plusieurs écoles. L'administration n'exerçant pas sur les écoles libres le même contrôle que sur les écoles publiques, les renseignements fournis par les premières ne sauraient présenter les mêmes garanties d'exactitude : c'est encore une cause d'incertitude au sujet de la valeur des résultats.

On peut employer d'autres méthodes : celle d'un relevé des élèves inscrits à une certaine époque de l'année, ou mieux celle d'un recensement des élèves présents à un jour déterminé. Le relevé à jour fixe des élèves antérieurement inscrits n'exclut pas les doubles inscriptions. Le recensement à jour fixe des présents est un moyen recommandable d'information et de contrôle ; l'administration l'a employé en 1884 et en 1885. Cependant il n'est pas à, l'abri de la critique ; car le nombre des élèves présents varie suivant les saisons, et, comme on ne peut faire une opération de ce genre dans toute la France sans que les personnes intéressées soient prévenues, il est vraisemblable que les instituteurs s'efforceront d'avoir le plus de présents possible ce jour-là, et que la statistique enregistrera un nombre supérieur à la moyenne. En outre, le relevé des inscriptions par mois et pour l'année entière fournit des renseignements utiles qui ne se trouvent pas dans un recensement à jour fixe.

En France comme à l'étranger, les éléments d'une bonne statistique des résultats de l'enseignement primaire font défaut, beaucoup plus que ceux de la statistique financière.

L'indice qui permet de remonter le plus loin dans le passé est la signature de certains actes par les parties intéressées. Le tome II de la Statistique de l'enseignement primaire contient (pages 166 et suiv.) une statistique par départements que M. Maggiolo a dressée à l'aide de renseignements fournis par 17 928 instituteurs et qui fait connaître depuis 1686 le nombre des époux qui ont signé leur acte de mariage pour trois époques antérieures à la loi du 28 juin 1833. Depuis l'année 1854, l'administration publie tous les ans un renseignement du même genre. En 1686-1690, 29 époux et 14 épouses sur 100 signèrent ; en 1882, 85 époux et 77 épouses.

Le degré d'instruction des conscrits est aussi une donnée que la statistique militaire fournit depuis 1827. Au début, de 1827 à 1829, 44, 8 conscrits sur 100 seulement savaient lire ; en 1883, il y en avait 87, 7 sur 100.

Les publications du ministère de l'instruction publique, et particulièrement les tomes Ier et II de la Statistique de l'enseignement primaire (publiés en 1878 et 1880), contiennent des renseignements sur l'instruction primaire en Algérie et dans les colonies. On en trouve aussi dans l'Annuaire statistique de la France.

La plupart des Etats d'Europe donnent des statistiques scolaires, soit d'une manière régulière par des publications spéciales ou par leurs annuaires, soit de temps à autre sans périodicité déterminée. Plusieurs Etats d'Amérique, notamment le Canada, les Etats-Unis, la République Argentine, font des publications du même genre. Nous citons tout particulièrement comme un modèle le Bureau d'éducation de Washington qui, depuis 1872, publie tous les ans, sous le titre de Report of the Commissioner of éducation, un volume très complet sur la statistique de l'enseignement à tous les degrés aux Etats-Unis.

Les résultats de la statistique étrangère se trouvent dans les articles de ce Dictionnaire relatifs aux divers Etats. Nous n'essaierons pas de faire ici de la statistique comparée ; celle-ci est difficile à établir avec une précision suffisante, parce que, chaque pays ayant ses institutions propres, les catégories d'écoles, de maîtres et d'élèves ne sont pas des quantités de même nature. On se sert souvent du rapport de la population scolaire à la population totale pour terme de comparaison. Nous avons fait nous-mêmes cette comparaison (Exposition universelle de Vienne en 1873, Rapport sur l'instruction primaire et sur l'instruction secondaire), qui n'est pas sans intérêt ; dans les premiers rangs se plaçaient certaines colonies (Ca nada, Algérie, Australie, population européenne des colonies néerlandaises), les Etats-Unis, les Etats de l'empire allemand, les Etats Scandinaves, les Pays-Bas ; puis venait la France ; ensuite la Grande-Bretagne, la Belgique, la Hongrie, l'Italie, la Grèce, les républiques de l'Amérique du sud, la Russie, le Brésil ; la proportion variait de 23 à 1 élève par 100 habitants. Mais tous les peuples n'ont pas les mêmes limites d'âge pour l'enseignement primaire et ne classent pas les mêmes catégories d'élèves sous les mêmes rubriques ; ils ne dressent pas leur statistique par les mêmes procédés, et, comme il y a quelquefois entre le nombre des élèves inscrits et celui des élèves qui fréquentent une différence de plus de 40 %, la manière de compter peut exercer une influence considérable sur le rapport ; ces diverses causes risquent de fausser la comparaison.

[E. LEVASSEUR, de l'Institut.]

Depuis 1885, les publications quinquennales de la statistique de l'enseignement primaire en France ont été régulièrement continuées.

Le quatrième volume de la série, pour la période quinquennale 1882-1887, publié en 1889, comprend un rapport du ministre, M. Fallières, au président de la République, et un rapport du président de la Commission de statistique, M. Levasseur, au ministre, formant un résumé général de la statistique de l'année scolaire 1886-1887, et accompagné de 61 tableaux de statistique.

Le cinquième volume, pour la période quinquennale 1887-1892, publié en 1895, comprend un rapport du ministre, M. R. Poincaré, au président de la République, et un rapport du président de la Commission de statistique, M. Levasseur, au ministre, formant un résumé général de !a statistique de l'année scolaire 1891-1892, et accompagné de 60 tableaux de statistique.

Le sixième volume, pour la période quinquennale 1892-1897, publié en 1900, comprend un rapport du ministre, M. Georges Leygues, au président de la République, et un rapport du président de la Commission de statistique, M. Levasseur, au ministre, formant un résumé général de la statistique de l'année scolaire 1896-1897, et accompagné de 61 tableaux de statistique.

Le septième volume, pour la période quinquennale 1897-1902, publié en 1904, comprend un rapport du ministre, M. J. Chaumié, au président de la République, et un rapport du président de la Commission de statistique, M. Levasseur, au ministre, formant un résumé général de la statistique de l'année scolaire 1901-1902, et accompagné de 61 tableaux de statistique.

Le huitième volume, pour la période quinquennale 1902-1907, publié en 1909, comprend un rapport du ministre, M. Gaston Doumergue, au président de la République, et un rapport du président de la Commission de statistique, M. Levasseur, au ministre, formant un résumé général de la statistique de l'année scolaire 1906-1907, et accompagné de cartes graphiques et de 64 tableaux de statistique.

E. Le Plat