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Soeurs

A l'article Frères, nous avons retracé brièvement l'histoire des congrégations d'hommes et Je femmes, depuis leur première suppression par le décret, du 18 août 1792, et indiqué la situation légale actuelle de celles qui se sont constituées au dix-neuvième siècle.

Nous donnons ici quelques chiffres relatifs aux congrégations de femmes.

La statistique, faite en exécution de l'article 12 de la loi de finances du '29 décembre 1876, « de toutes les communautés, congrégations et associations religieuses, autorisées ou non autorisées », statistique publiée en 1878, donnait pour les congrégations de femmes existant alors les chiffres suivants :

Les 528 congrégations de femmes vouées à l'enseignement et autorisées dirigeaient 10 591 écoles publiques et 5527 écoles libres, en tout 16 118 établissements ;

Les congrégations de femmes non autorisées étaient au nombre de 362 ; sur ce nombre, 119 étaient indiquées comme vouées uniquement à l'enseignement, avec 279 établissements, et 50 comme mixtes (enseignement et soin des malades ; hospitalisation et enseignement des orphelins ; enseignement et retraites, etc.), avec 149 établissements. Le nombre des écoles publiques ou libres dirigées par les congrégations de femmes non autorisées n'est pas indiqué.

Une autre statistique publiée en 1897 a relevé le nombre des établissements autorisés appartenant à des congrégations de femmes. Ces établissements étaient au nombre de 3247 (dont 294 disparus en fait, mais dont l'autorisation n'était pas rapportée), savoir :

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Ces 3218 établissements appartenaient à 909 congrégations différentes.

Depuis celle époque, divers arrêts du Conseil d'Etat ont déclaré qu'un certain nombre d'établissements (plus de 80) qui, dans tout le cours du dix-neuvième siècle, avaient été considérés comme irréguliers, étaient autorisés. Ces établissements auraient dû, par conséquent, figurer dans les statistiques ci-dessus.

En 1904, le gouvernement estimait à 345 le nombre des congrégations enseignantes de femmes autorisées. Cette opinion était motivée sur le caractère qui avait été attribué à ces congrégations depuis leur fondation. en vertu des dispositions de leurs statuts et du but en vue duquel on les avait autorisées. Mais cette opinion n'a pas prévalu devant les tribunaux ni devant le Conseil d'Etat : ils ont refusé de considérer comme autorisées en vue de l'enseignement, malgré les circonstances de l'autorisation, un certain nombre de congrégations dont les statuts contenaient, à côté du but scolaire en vue duquel elles avaient été reconnues, des dispositions incidentes auxquelles on a attribué le caractère d'un but statuaire. De ce fait, 253 congrégations de femmes seulement, sur 345, ont été soumises à la liquidation.

Le nombre des établissements enseignants de congréganistes femmes précédemment autorises, qui ont été l'objet d'arrêtés de fermeture totale, est de 1252. Dans ce nombre figurent, a côté des établissements autorisés exclusivement pour l'enseignement, ceux qui, autorisés comme mixtes, étaient on fait, d'après des enquêtes administratives réitérées, exclusivement enseignants ; ces établissements-là auraient donc dû disparaître en totalité : mais 200 arrêtés au moins (sur 1252) ont été annulés par le Conseil d'Etat en tant qu'ils prescrivaient une fermeture totale, et les établissements visés dans les arrêtés annulés sont restés autorisés pour des oeuvres hospitalières dont l'existence avait jusqu'alors passé inaperçue et s'était dérobée aux enquêtes les plus minutieuses.

D'autre part, 827 établissements de congréganistes femmes ont été fermés pour la partie enseignante.

Il reste à fermer (en 1910), en totalité ou partiellement, une centaine d'établissements de congréganistes femmes, enseignants ou mixtes.

Mais ce qu'il faudrait savoir, c'est si, pour cent établissements fermés, il ne s'en est pas ouvert autant, sinon plus ; et, sur ce point, les renseignements statistiques manquent.

L'oeuvre de laïcisation accomplie jusqu'ici est donc loin d'avoir supprimé en réalité l'enseignement congréganiste, du moins dans certaines parties de la France.