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Sciences naturelles

 Tout enseignement destiné à l'enfance a deux buts à poursuivre.

Tout d'abord, il doit meubler la mémoire de l'enfant de ces connaissances générales, essentielles, sans lesquelles celui-ci traverserait la vie comme un infirme au milieu des hommes sains. Ces connaissances premières pourront ensuite servir de base à des connaissances plus approfondies ou plus spéciales, si la carrière que l'enfant, devenu homme, aura choisie l'exige.

Ensuite, l'enseignement devra s'efforcer de développer les facultés d'observation de l'enfant, et, par suite, son intelligence, en lui apprenant à regarder, c'est-à-dire à comprendre ce qu'il voit. Il devra éveiller dans les jeunes cerveaux cette curiosité sans laquelle aucune étude n'est attrayante ; or, rendre l'étude attrayante, c'est la rendre féconde.

Le principe dont le maître doit se pénétrer, c'est que, quelle que soit la matière à laquelle elle s'applique, l'élude est bien moins, chez l'enfant, un travail d'assimilation qu'une gymnastique d'assouplissement. On l'a dit souvent : « l'enfant n'est pas à l'école pour apprendre, mais pour apprendre à apprendre ».

Rien n'est plus vrai. C'est pourquoi le gavage intensif, que malheureusement on pratique trop souvent, est funeste, car il ne remplit en aucune façon l'office que nous souhaitons. Bien au contraire, le gavage amène l'indigestion et engendre le dégoût.

Un maître intelligent se gardera donc bien d'alourdir sa leçon par l'exposé d'un tas de faits, encombrés de mots et de formules que l'enfant s'empresserait d'oublier, à peine sorti des bancs de l'école. Il s'efforcera, au contraire, d'utiliser judicieusement les matières de l'enseignement pour donner à l'enfant des habitudes de réflexion et surtout une méthode de travail qui désormais seront comme les étais de son intelligence et que plus tard il mettra en pratique, presque instinctivement, quelle que soit la voie qu'il suive, et dont le résultat sera de le faire travailler, presque sans qu'il s'en doute, aussi bien à son perfectionnement intellectuel et moral qu'au développement de sa prospérité matérielle. En somme, et pour tout dire en un mot, le bon maître doit être, avant tout, un éducateur.

Plus peut-être que toutes les autres matières de l'enseignement primaire, les sciences naturelles se prêtent à cette éducation de l'intelligence. D'abord, l'élude des êtres et des choses qui peuplent le globe apprend à observer, opération qui est peut-être celle que l'enfant, quoi qu'on en dise, pratique le moins. Les objets qui l'entourent lui deviennent, en effet, si vite familiers que, presque toujours, il les regarde sans les voir. Pourtant il y a, incontestablement, chez le très jeune enfant, une faculté d'étonnement, une curiosité, un don d'observation très réels. Ce qui les lui a fait perdre, c'est l'habitude de voir toujours les mêmes choses. Il faut donc tenter d'abord de faire revivre ces qualités que l'habitude a endormies, car l'étonnement est, sinon le commencement de la science, du moins le commencement de l'application et du désir d'apprendre.

Réveillez donc ou provoquez l'étonnement. Il est facile d'y parvenir ; il n'y a qu'à mettre sous les yeux de l'enfant un objet familier et lui démontrer qu'il ne l'a pas vu ; ou bien encore, lui rappeler un phénomène dont il est chaque jour le témoin et lui prouver qu'il ne l'avait jamais remarqué.

Prenez par exemple deux cailloux. L'un est un calcaire que vous avez choisi aussi dur que possible, l'autre est un silex. Vous demandez : « Ces deux cailloux sont-ils tout à fait semblables? Dites-moi quelle différence vous voyez entre les deux. » L'enfant cherche et ne trouve pas. Il parle de la couleur, de l'aspect, du poids, et ignore totalement les caractères essentiels qui distinguent ces deux cailloux. Ce travail préliminaire et, en quelque sorte, préparatoire, bien que ne donnant que des résultats négatifs, n'est pas perdu, car il a pour effet de fixer l'attention de l'enfant, désireux de répondre avant son voisin à la question posée. Or, déjà, en habituant votre élève à fixer son attention, vous avez fait oeuvre pédagogique, et oeuvre importante.

Vous prenez alors un couteau et vous essayez de rayer le silex : impossible! Au contraire, sur le calcaire, la pointe du couteau trace un sillon très net.

Faites l'inverse, frottez la lame du couteau avec le silex : l'acier sera rayé. Le calcaire, lui, ne laissera aucune trace sur la lame. Cette expérience terminée, vous laissez l'enfant en tirer lui-même la conclusion : le silex est plus dur que l'acier, et l'acier plus dur que le calcaire.

Ce premier point acquis, vous continuez. Battez le briquet sur le silex : des étincelles jaillissent. Rien de semblable ne se passe si vous choquez le calcaire avec l'acier. Pourquoi?

Rapprochez alors cette expérience de la première ; dites qu'il existe entre ces deux expériences un lien, une relation, que la première explique la seconde, et laissez chercher vos élèves. S'ils ne trouvent pas la réponse, montrez-leur la lame d'acier qui vous a servi de briquet et faites-leur remarquer que cette lame, qui tout à l'heure était régulière et polie, est maintenant striée de lignes très fines: un peu d'acier a donc été enlevé du briquet par le silex, plus dur que lui.

Or, l'arrachement, par le silex, des particules d'acier a eu pour effet de produire beaucoup de chaleur. Ce vous est une occasion de rappeler des notions précédemment acquises et relatives à la chaleur engendrée par un choc ou par un frottement.

Demandez alors si l'on sait ce que deviennent l'acier ou le fer fortement chauffés? Que devient le fer du forgeron quand celui-ci le met dans sa forge embrasée? Le fer rougit. De même. ? et vous laissez l'enfant tirer lui-même la conclusion de ces données ? de même l'acier enlevé par le silex, qui est plus dur que lui, s'est échauffé au point de devenir tout rouge. Et c'est ce fer rouge, lancé, sous la forme de très petits morceaux, dans toutes les directions, qui constituait les étincelles. L'enfant sera très fier d'avoir énoncé lui-même les causes d'un phénomène pour lui si complexe, bien que si vulgaire, et trouvera là un encouragement à être attentif, et à raisonner quand viendra la leçon suivante.

Poursuivez, et, revenant à l'observation pure, demandez si quelqu'un a remarqué ce qui se passe quand un cheval, attelé à un lourd camion qu'il ne peut faire démarrer, s'arcboute vainement et glisse des pieds de derrière sur le pavé. Tous les enfants, rendus attentifs par leurs premiers succès, répondent :

« Le cheval fait jaillir des étincelles du pavé ».

? Est-ce bien du pavé que se détachent les étincelles? Songez à l'expérience du briquet?

? Non ! C'est du fer qu'il a sous le pied et qui joue le rôle d'un briquet.

? Par conséquent, qu'y a-t-il dans les pavés de la rue?

? Du silex! »

On a, en procédant ainsi, exercé la faculté d'observation de l'enfant, et on lui a montré comment, sur une observation bien faite, on peut asseoir un raisonnement.

On développera maintenant son initiative en lui demandant :

« Avez-vous vu des cas où, sous vos yeux, s'est produit un phénomène analogue à celui du cheval tirant des étincelles du pavé? »

Il est probable que l'enfant ne trouvera pas d'exemple tout de suite ; mais vous pourrez l'aider, le mettre discrètement sur la voie, et l'amener ainsi à vous citer la meule du rémouleur ou le ciseau du tailleur de pierre.

On voit par cet exemple, choisi entre mille, quel doit être le processus de l'enseignement des sciences naturelles, si l'on veut en rendre l'étude fructueuse. Le maître doit avant tout éviter d'enseigner les résultats catalogués des expériences d'observateurs et de naturalistes. Il doit mettre l'enfant en présence des phénomènes eux-mêmes, de ceux dont il a pu, dont il a dû être le témoin. Il faut qu'il l'incite à s'étonner de ne pas les avoir remarqués plus tôt, de telle sorte que, sa curiosité étant éveillée, l'enfant en vienne à solliciter lui-même l'explication de faits qu'il se mettra alors à observer.

Que cette explication lui soit donnée clairement, en termes aussi simples que possible. Eviter les mots trop techniques, et surtout que jamais la théorie ne précède l'exemple. Que la théorie découle au contraire de l'observation : « Mous avons observé, dit le maître. Maintenant raisonnons sur ce que nous avons vu, cherchons-en l'explication, concluons et appliquons. »

Il faut, enfin, multiplier, autant que possible, les expériences.

Il est à remarquer que, dans une classe quelconque, dès que le maître apporte sur son pupitre un morceau de charbon, de craie, de bois, un tube de verre, etc., et qu'il commence à procéder à une expérience, les regards des plus inattentifs se fixent et les langues des plus bavards s'arrêtent. Pas un esprit qui ne soit tendu vers le morceau de craie qui va, sous la goutte de vinaigre suspendue au doigt du maître, se mettre à faire effervescence.

Lorsqu'il ne pourra rendre tangibles sur sa chaire les éléments ou les corps dont il parle, ni reproduire dans sa classe le phénomène qu'il décrit, le maître pourra toujours évoquer dans les mémoires, généralement fidèles, de ses jeunes auditeurs, le souvenir de choses vues. Quand il aura habilement conduit l'enfant à s'en étonner, par les procédés que nous indiquions plus haut, et qu'il aura donné avec clarté l?explication souhaitée, il conclura avec l'enfant et tirera du phénomène particulier une loi générale. Après quoi seulement il en énumèrera les multiples applications, en choisissant toujours, bien entendu, les exemples les plus concrets et les plus usuels ; de telle façon que le cas cité fasse immédiatement image.

En procédant de cette façon, on évitera de laisser l'enfant recueillir de la bouche du maure un dogme scientifique qu'il serait tenu d'accepter et d'apprendre. On le fera passer, sur le point particulier de la leçon présente, par les étapes successives que le naturaliste a lui-même franchies pour arriver à la notion actuellement acquise à la science. Par ce moyen, l'enfant, intéressé, ne regardera plus la classe comme une corvée, et peu à peu deviendra un petit être raisonnable qui, plus tard, aura horreur des mots et ne se laissera pas influencer par ces périodes qui, semblables en cela aux tonneaux vides, sont d'autant plus sonores qu'elles sont plus creuses.

Nous avons dit tout à l'heure qu'il fallait éviter les mots par trop techniques. Il ne faudrait pas cependant en avoir une crainte exagérée et pousser la proscription trop loin. Quand le mot représente une chose précise, il n'y a aucune raison pour ne pas en enrichir le vocabulaire de l'enfant. Il existe des gens qui se croient clairs et qui s'imaginent avoir fait oeuvre de vulgarisateurs, parce que, dans des ouvrages didactiques, ils ont supprimé jusqu'aux mots étamine et pollen ; d'autres ne prononcent jamais le mot squelette et désignent les vertébrés sous le nom d'animaux « à os ». C'est absurde et inharmonieux. Dans ces conditions, l'enseignement devient impossible, ou ne répond plus à son objet.

Il ne faut pas craindre d'appeler les choses par leur nom. Ce qu'il faut éviter, c'est de donner tout de suite, sans préparation, tous leurs noms à des séries de choses nouvelles ; ce qu'il faut craindre, c'est de prononcer un mot technique sans définir avec précision l'objet que ce mot représente : l'enfant doit toujours pouvoir concrétiser.

Une fois le mot technique entré dans le langage courant de l'enfant, il ne faut jamais hésiter à s'en servir, même si ce mot est plus ou moins exotique, latin ou grec. Ainsi, il faut user franchement des mots étamine, pollen, squelette, crâne, orbite, et ne pas ' imiter ceux qui, sous prétexte que géranium et dahlia sont des mots latins, emploient à leur place les mots géraine et dahlie. Ce sont là de fausses simplifications, puisque tout le monde se sert couramment des mots géranium et dahlia.

Mais lorsqu'une chose est désignée par deux mots, l'un vulgaire, l'autre scientifique, j'engage les maîtres à ne jamais se servir du mot scientifique. Ainsi, ne désignez jamais la mâchoire par le mot maxillaire. A quoi bon? N'appelez pas carpe le poignet et tarse le cou-de-pied : c'est inutile.

Je laisserai maintenant ces considérations générales pour examiner ce que doit être l'enseignement de chacune des sciences naturelles en particulier.

Il y a trois branches principales dans les sciences naturelles : la botanique, la zoologie, et la géologie avec la minéralogie.

Pour étudier avec fruit la géologie, qui comprend la paléontologie, l'élève a besoin d'avoir déjà des connaissances en zoologie et en botanique. Il est bien difficile, en effet, de s'occuper des faunes et des flores successives qui ont peuplé le globe aux différentes époques, si l'on n'a pas au moins quelques notions sur la faune et sur la flore actuelles. La géologie devra donc être étudiée en dernier lieu, et c'est par la botanique que nous commencerons.

On a aujourd'hui une tendance à faire de l'enseignement utilitaire. On nomme ainsi un enseignement qui aurait pour effet de meubler le cerveau de l'enfant de toutes les notions qui pourront lui être utiles pendant sa vie Un tel but est impossible à atteindre, et cette façon de comprendre l'enseignement repose sur une conception fausse de ce que doit être l'école. Il est facile de le démontrer par l'absurde. Sait-on jamais, en effet, ce que fera l'enfant qui grandit, et, pour ce motif, doit-on lui enseigner tout ce qui pourra lui être utile dans toutes les carrières qui s'ouvrent devant lui?

Il n'y a qu'une seule chose vraiment utile : l'éducation de l'intelligence, presque aussi importante que l'éducation de la volonté. Si ce double but a été atteint, on peut être assuré que le temps passé à l'école n'aura pas été du temps perdu et que l'enseignement reçu par l'enfant portera inévitablement ses fruits. Quel que soit le côté vers lequel il se tourne dans la vie, l'enfant se trouvera armé pour la lutte.

C'est en se plaçant à ce point de vue qu'il faut enseigner la botanique.

Or, la botanique peut être considérée sous deux angles. Il y a, en effet, la biologie végétale, qui est l'étude de la façon dont vit la plante, la détermination des conditions dans lesquelles elle doit être placée pour prospérer et se multiplier ; et il y a la botanique descriptive, qui s'occupe de reconnaître et de classer les nombreuses variétés végétales qui peuplent et embellissent la surface de notre globe.

Je crois qu'il faut donner à la botanique descriptive une importance plus grande qu'à la biologie végétale. Certes, je ne prétends pas qu'on doive négliger cette dernière ; mais, étant admis les principes généraux que nous avons établis au commencement de cet article, je suis convaincu que la description et le classement des plantes ont, dans la généralité des cas, une portée éducative plus grande que l'étude de leur manière de vivre.

Il faut, avons-nous dit, que l'enseignement soit concret. Or, rien ne peut être plus concret que l'étude d'une plante que l'on voit, que l'on touche, que l'on sent, et que l'on peut conserver des années en la desséchant entre les pages d'un vieux registre hors d'usage. Nous allons voir, par un exemple, comment on peut procéder pour exciter, à propos de botanique, l'attention des enfants, retenir cette attention, réveiller l'esprit d'observation qui est en eux à l'état latent, et développer leur faculté de raisonnement.

Il faut, bien entendu, ne s'occuper que des plantes très communes. Je montre une giroflée, et je nomme, sur cette giroflée, toutes les parties constitutives d'une plante : racine, tige, feuille, fleur.

La feuille et la fleur se décomposent en plusieurs parties : je nomme ces parties, en les montrant. Jusqu'ici, aucune difficulté ne s'est présentée qui ait pu rebuter l'enfant. Je n'ai demandé à sa mémoire qu'un faible effort, car presque tous ces noms, racine, tige, pétiole, étamine, pollen, fruit, graine, sont passés dans le langage courant. Voilà la matière d'une leçon, de deux tout au plus.

Nous prenons maintenant deux, trois, dix autres plantes en fleurs, et nous demandons à l'enfant de retrouver sur ces fleurs les différentes parties que nous avons découvertes sur la giroflée et de les nommer. Nous faisons remarquer, en passant, combien grande est la variété des dispositions que présentent toutes ces parties dans les différentes plantes ; cette remarque nous amène tout naturellement à faire entrevoir la nécessité d'établir des groupes différents, chaque groupe renfermant les plantes qui se ressemblent le plus. La leçon suivante portera alors sur le besoin qu'a l'homme ordonné de tout classer. Prenons une giroflée et un pavot : les placerons-nous dans le même groupe? Non? Tâchez de me dire pourquoi.

On amène ainsi l'enfant à découvrir lui-même les innombrables étamines du coquelicot et les six étamines de la giroflée, la différence qu'il y a entre le pistil en urne du coquelicot et le pistil allongé de la giroflée. Ayant fait lui-même cette découverte, il éprouvera la joie de l'inventeur et demandera à faire d'autres expériences : il sera devenu avide d'observer les plantes qu'il avait l'habitude de voir, mais qu'il n'avait jamais regardées.

Procédant ainsi par comparaison, dénonçant les analogies et les différences, on montre a l'enfant comment il faut comparer et classer. L'ordre apparaît dans son esprit où il n'y avait que désordre et confusion. Il est désormais en possession d'une méthode. C'est un pli qu'on a donné à son cerveau et qui ne s'effacera jamais.

Le danger, c'est d'aller trop loin, de se laisser emporter par le désir d'apprendre, toujours plus vif, qu'a l'enfant. Il voudra savoir les noms de toutes les plantes qu'il rencontrera et qu'il aura appris à aimer en apprenant à les connaître. On sera alors tenté de lui dire les noms latins qu'elles portent Or, à moins que l'enfant ne fasse preuve de qualités tout à fait spéciales, il faut s'abstenir et s'en tenir au nom vulgaire, s'il existe. Lui donner le nom scientifique, ce serait faire naître en lui des dispositions au pédantisme, cette caractéristique des faux savants ou des demi-savants.

En ce qui concerne la biologie végétale, bornons-nous à dire d'une façon nette et claire comment est une plante, comment elle se nourrit et se reproduit, quelles sont les conditions ordinaires dans lesquelles il faut la mettre pour qu'elle prospère. Expliquons, chemin faisant, l'utilité, la nécessité de quelques-unes des pratiques agricoles les plus simples et les plus usuelles ; mais ne tombons pas dans le travers des gens qui voudraient faire de l'école primaire une succursale d'une école d'agriculture, et qui pensent que l'enseignement de la botanique à l'école n'a de raison d'être que s'il est, en même temps, un enseignement agricole. L'enfant n'est pas à l'école pour apprendre l'agriculture ; car pourquoi lui enseigner l'agriculture et pas le service des télégraphes? D'ailleurs, l'enfant habitant des régions agricoles, qui voit son père labourer, herser, passer le rouleau, sarcler, biner, qui le fait lui-même à l'occasion, n'a pas besoin qu'on lui dise comment on doit s'y prendre pour y réussir. Il le sait souvent mieux que le maître, qui, en général, n'a pas opéré lui-même et ne possède qu'un savoir livresque. Ce qu'il a besoin de savoir, c'est pourquoi on laboure, pourquoi on herse la terre. pourquoi on talle le blé. El tout ceci vient naturellement dans les leçons de biologie, sans qu'il soit nécessaire d'insister outre mesure.

Si l'enseignement technique agricole est inutile dans les régions de culture, il l'est encore bien plus dans les régions industrielles.

Ce qu'il y a de vraiment éducatif, c'est de montrer la logique des choses, et, si l'on se place à ce point de vue, l'étude de la biologie pure, mais réduite à ses termes essentiels, sans détails encombrants, peut être d'un grand secours. Il ne faut jamais perdre de vue ce point directeur que l'école n'a pas pour but de faire des savants, encore moins des gens qui se croient tels, mais des hommes raisonnables et des esprits émancipés.

La zoologie peut être, elle aussi, considérée sous deux faces : il y a, en zoologie comme en botanique, à envisager d'abord la biologie des êtres, et ensuite leur classification. Or, si la classification et la description me paraissent être, en botanique, la chose importante, parce qu'on a toujours l'objet sous les yeux, je ne crois pas qu'il en soit de même en zoologie. On ne fait pas passer dans la classe un boeuf, ni même un chien, comme on fait circuler un coquelicot. Certes, on peut remplacer, on doit toujours remplacer les objets qu'on ne montre pas en nature, par de bons dessins, par des figures exactes ; mais jamais une figure, si parfaite qu'on la suppose, n'aura, pour l'éducation de l'esprit, la valeur de l'objet lui-même. Seuls, ou à peu près, les insectes se prêtent aux mêmes études que les plantes. Il existe de bonnes clefs pour la classification des insectes en familles. On pourra apprendre aux enfants à se servir de ces clefs et les engager à faire, pour l'école, une petite collection dans laquelle ils classeront eux-mêmes les insectes récoltés, plaçant, à l'aide de leur clef, chaque insecte dans la boite qui lui convient. Ce sera, là encore, un exercice d'ordre ; et en même temps, en les faisant ainsi travailler pour les générations futures d'écoliers, on leur aura montré ce que c'est que la solidarité.

Mais, en zoologie, je crois que l'important est l'étude des fonctions de l'homme et des animaux, car, ce n'est un mystère pour personne, les campagnes françaises sont très en retard au point de vue de l'hygiène. On devra donc étudier l'homme avec soin, en insistant particulièrement sur les points qui serviront à expliquer les prescriptions de cette hygiène si méprisée des populations, tant urbaines que rurales. Chaque fois qu'on dit à l'enfant : « Tu dois, pour te bien porter, faire ceci ou cela, » il faut lui en donner la raison logique, ce qui ne se peut faire que s'il connaît les fonctions normales du corps et les relations que les organes ont entre eux.

Mais, ici encore, il y a lieu de se mettre en garde contre un entraînement bien naturel. De l'homme, on passe facilement aux animaux : n'allons pas trop loin, et gardons-nous de faire aux enfants des écoles de l'anatomie comparée. Que lui importe que la grenouille ait un coeur à trois cavités? En quoi cela peut-il l'intéresser que le crocodile ait deux aortes?

Ce qui l'intéressera, ce qui même le reposera en maintenant son attention, c'est ce qu'on lui dira des moeurs des animaux, où d'ailleurs il est facile de puiser de bonnes et saines leçons de morale. A ce sujet, il sera bon de récompenser le jeune auditoire de son attention en interrompant la leçon par une lecture bien choisie, prise dans un livre sérieux (ce qui ne veut pas dire grave) sorti de la plume d'un observateur habile et perspicace. Mais nous ne saurions trop y insister : en zoologie, l'hygiène, pour tous, la puériculture, pour les filles, doivent rester la chose importante.

Résumons-nous : en botanique, donner par la description et le classement des plantes les plus vulgaires des leçons d'observation, d'ordre et de méthode : puis, apprendre à l'enfant comment vit une plante. En zoologie, ne pas trop insister sur la classification des animaux, mais étudier soigneusement les fonctions du corps humain en ne perdant pas de vue que cette étude doit avoir pour but de faire comprendre et observer les prescriptions de l'hygiène.

Viser à l'éducation de l'esprit plutôt qu'à l'instruction proprement dite, en montrant, toutes les fois que ce sera possible, le pourquoi des choses. Discipliner l'esprit en évitant avec le plus grand soin de remplacer des raisons par des mots. Ne jamais hésiter à dire : Je ne sais pas! C'est le moyen de faire comprendre à l'enfant que nous ignorons encore beaucoup de choses. Il n'y a que les charlatans et les sots qui aient la prétention de détenir la vérité absolue et la science complète.

Que l'enseignement soit toujours concret. Ne jamais parler d'un être ou d'une chose sans les montrer, soit en nature, soit figurés. Interrompre les leçons par des lectures, et les compléter par des promenades.

Ne pas craindre de se servir des mots techniques quand ils représentent une idée précise. Pourquoi ne pas enrichir le vocabulaire si pauvre de l'enfant? Mais quand la même idée, le même être ou le même corps seront représentés par deux mots, l'un scientifique, l'autre vulgaire, toujours préférer le vulgaire.

Enfin, se laisser toujours guider par cette idée directrice que l'instituteur doit chercher à éduquer l'esprit plutôt qu'à meubler la mémoire. Mais comme, cependant, la mémoire est un instrument précieux qu'il faut entretenir, on pourra, après chaque leçon, dicter un résumé, très étudié mais très court, que l'enfant devra apprendre par coeur.

Ces mêmes prescriptions s'appliquent à l'enseignement de la géologie et de la minéralogie.

[G. COLOMB.]

Programmes.

Ecoles maternelles. ? Le programme des écoles maternelles prévoit des leçons de choses qui doivent donner, outre des connaissances sur les objets usuels, les premières notions d'histoire naturelle. Le programme s'exprime ainsi :

SECTION DES PETITS ENFANTS. ? Nom des principales parties du corps humain ; des principaux animaux de la contrée ; des plantes servant à l'alimentation ou les plus visibles pour l'enfant (arbres de la cour, de la route, fleurs familières, etc.).

SECTION DES ENFANTS DE CINQ A SIX ANS. ? Notions très élémentaires sur le corps humain ; hygiène (petits conseils) ; petite étude comparée des animaux que l'enfant connaît, des plantes, des pierres, des métaux ; quelques plantes alimentaires et industrielles ; pierres et métaux d'usage ordinaire.

Ecoles primaires élémentaires. ? SECTION ENFANTINE. ? (Même programme que pour la section des enfants de cinq à six ans des écoles maternelles.)

COURS ELEMENTAIRE. ? Leçons de choses graduées : l'homme, les animaux, les végétaux, les minéraux. Observation d'objets. avec des explications simples. Petites collections faites par les élèves, notamment au cours des promenades scolaires.

COURS MOYEN. ? Notions très élémentaires de sciences naturelles.

L'homme. Description sommaire du corps humain et idée des principales fonctions de la vie.

Les animaux. Notions des grands embranchements et de la division des vertébrés en classes, à l'aide d'un animal pris comme type de chaque groupe.

Les végétaux. Etude, sur quelques types choisis, des principaux organes de la plante ; notion des grandes divisions du règne végétal, indication de plantes utiles et nuisibles (surtout dans les promenades scolaires).

COURS SUPERIEUR. ? Notions de sciences naturelles, révision avec extension du cours moyen.

L'homme. Notions sur la digestion, la circulation, la respiration, le système nerveux, les organes des sens. Conseils pratiques d'hygiène. Abus du tabac.

Des boissons ; 1° L'eau: 2° Boissons aromatiques (thé, café) ; 3° Boissons fermentées (cidre, bière, vin) ; action des boissons fermentées ; effet nuisible de l'abus de ces boissons sur la santé ; 4° Boissons distillées (alcool) : effets nuisibles de leur usage habituel ; 5° Boissons distillées additionnées d'essences (absinthe) : graves dangers de leur usage. L'ivresse et l'alcoolisme. Influence de l'alcoolisme des parents sur la santé des enfants.

Les animaux. Grands traits de la classification. Animaux utiles et animaux nuisibles.

Les végétaux. Parties essentielles de la plante ; principaux groupes. Herborisation.

Les minéraux. Notions sommaires sur le sol, les roches, les fossiles, les terrains : exemples tirés de la contrée. Excursions et petites collections.

Ecoles primaires supérieures de garçons. ? PREMIERE ANNEE. ? Les leçons d'histoire naturelle s'appelaient autrefois des démonstrations. Ce mot indique bien le véritable caractère d'un enseignement qui doit être avant tout un enseignement par l'aspect. Le professeur ne manquera jamais de placer devant les yeux des élèves les objets dont ils ont à s'occuper, soit en nature, soit représentés sur des planches ou figurés par des dessins au tableau. Il ne fera pas un cours : le temps dont il dispose n'y suffirait pas, et les livres ne manquent pas dont on peut faire un excellent usage ; mais il s'attachera à donner des directions précises, dont l'ordre et le caractère seront marqués pour chaque leçon par un programme soigneusement noté par les élèves.

Une partie de la classe sera consacrée aux éclaircissements, aux développements, aux démonstrations du professeur ; le reste à l'interrogation suggestive et préparée des élèves. Des exercices pratiques, individuels ou collectifs, seront indiqués aux élèves, amenés ainsi à un travail personnel, susceptible d'exercer leur sagacité et de développer leur esprit d'investigation.

Les excursions zoologiques, botaniques ou géologiques, dirigées par le professeur, seront aussi nombreuses que possible, et les élèves seront invités à constituer pour l'école ou pour eux-mêmes des collections dont ils auront appris à recueillir, à classer les éléments (plantes, insectes, échantillons de minerais et de roches, etc.).

Zoologie.

Notions très élémentaires sur l'organisation de l'homme, prise comme terme de comparaison. Grandes divisions du règne animal (le professeur choisira comme exemple pour chaque groupe une espèce bien connue qui lui servira de type auquel il comparera les espèces voisines ; il insistera sur l'histoire de l'animal, ses moeurs, son régime, ses caractères extérieurs).

Mammifères, exemples choisis parmi les divers ordres.

Taupes, hérissons, musaraignes. ? Chauves-souris. ? Rats, souris, mulots, campagnols, loirs, écureuils, marmottes, lapins, lièvres. ? Chiens, loups, renards, ours, blaireaux, martres, fouines, belettes, loutres, chats. ? Boeufs, moutons, chèvres, cerfs. ? Chevaux, ânes. ? Sangliers, porcs. ? Eléphants. ? Baleines.

Oiseaux, caractères essentiels. ?? Exemples choisis parmi les principaux ordres. ? Rapaces, utilité des chouettes et des hiboux. ? Pies et coucous. ? Passereaux insectivores, les services qu'il rendent : hirondelles, martinets, fauvettes. ? Passereaux granivores : moineaux. ? Pigeons. Oiseaux de basse-cour: gallinacés ; canards, oies, cygnes. ? Cigognes, hérons.

Reptiles, caractères essentiels. Lézards ; couleuvres et vipères ; tortues.

Batraciens. Métamorphoses de la grenouille.

Poissons, caractères essentiels. Importance des poissons au point de vue de l'alimentation, principales espèces comestibles.

Insectes, caractères essentiels. Métamorphoses du papillon. Histoire du hanneton, de l'abeille, de la fourmi. Espèces nuisibles.

Arachnides et crustacés : notions très sommaires.

Vers, caractères essentiels. Vers de terre. Sangsues.

Mollusques. Colimaçons. Huîtres.

Zoophytes : quelques mots sur les animaux les plus simples. Corail. Eponges.

Botanique.

On étudiera seulement les caractères extérieurs de la plante.

Tige, racine, feuilles : caractères généraux, principales modifications, rôles de ces organes.

Fleur : parties constitutives. Fleurs complètes ou incomplètes. Plantes sans fleur. Rôle de la fleur.

Fruit : parties constitutives ; principales sortes de fruits.

Graine : parties constitutives ; germination.

Développement de la plante ; plantes annuelles, bisannuelles, vivaces.

Notions sur l'organisation et le mode de vie des fougères, des algues, des champignons et des lichens.

Exercices pratiques. ? Le professeur mettra entre les mains des élèves, quand la saison le permettra, des plantes communes à grandes fleurs, quelques fougères et champignons ; il leur en fera décrire et dessiner les parties essentielles en suivant un ordre méthodique, de façon à les familiariser avec les diverses formes des organes. Il fera ressortir les ressemblances et les différences, et montrera que les plantes, comme les animaux, peuvent faire l'objet d'une classification.

Géologie.

Le concours que prête, en première année, l'enseignement de la géologie à celui de la géographie entraîne, pour le professeur de sciences naturelles, l'obligation d'étudier la géologie dès le début de l'année scolaire.

Aux échantillons minéraux qui pourront être mis sous les yeux et dans les mains des élèves, il conviendra d'ajouter des croquis au tableau, des plantes murales, et surtout des vues pour projections lumineuses.

Au surplus, ainsi qu'il est recommandé plus haut, le professeur utilisera sur place toutes les ressources que la région peut offrir à son enseignement : toutes les fois qu'il sera possible, une excursion bien choisie et bien dirigée devra se substituer aux lignes du programme.

Notions préliminaires sur le globe terrestre (géographie physique générale). Indication sommaire des principaux matériaux constitutifs du sol.

Phénomènes actuels. Modifications continues de la surface terrestre.

Action des forces externes. L'atmosphère, ses actions diverses, le vent. ? L'eau, son rôle géologique. La neige et les glaciers. La pluie. Eau de pénétration : sources, puits artésiens, cavernes, terrains perméables et imperméables. Eau de ruissellement : torrents, influence des reboisements ; rivières, tourbes, creusement des vallées. La mer, sédiments, roches sédimentaires.

Action des êtres vivants. Action des végétaux ; origine des combustibles minéraux. Action des animaux, leur rôle dans la formation des roches.

Phénomènes dus à des causes internes. Chaleur interne. Les volcans, leurs éruptions, produits volcaniques. Sources chaudes, eaux minérales, liions.

DEUXIEME ANNEE. ? (Le programme de l'enseignement des sciences naturelles est le même pour les cinq sections : section d'enseignement générai, section agricole, section industrielle, section commerciale, section maritime.)

Zoologie.

Le professeur, dans la description des organes, prendra comme exemples ceux du corps humain.

Fonctions de nutrition. ? Subdivision de ces fonctions.

Digestion. ? Appareil digestif. Dentition. Notions très sommaires sur les modifications de l'appareil digestif dans les groupes les plus importants.

Circulation. ? Appareil circulatoire. Coeur. Artères et veines. Mécanisme de la circulation. Notions très sommaires sur les modifications de l'appareil circulatoire dans les groupes les plus importants.

Respiration. ? Appareil respiratoire, combustion respiratoire. Notions très sommaires sur les modifications de l'appareil respiratoire dans les groupes les plus importants. Chaleur animale ; animaux dits à sang chaud et à sang froid.

Sécrétions. ? Glandes simples ; glandes composées ; principales sécrétions : sucs servant à la digestion (salive, suc gastrique, suc pancréatique, bile) Fait, sueur, urine.

Coup d'oeil sur l'ensemble des phénomènes de nutrition : pertes et gains de l'organisme.

Fonctions de relation. ? Leur rôle.

Système osseux. ? Composition, forme et mode d'articulation des os. Description sommaire du squelette.

Système musculaire. ? Action des muscles. Locomotion. Modifications de l'appareil locomoteur pour servir à la marche, la course, la reptation, la natation et le vol.

Système nerveux. ? Encéphale ; moelle épinière. Nerfs, peau (toucher). Description rapide des organes des sens spéciaux. Appareil vocal.

Botanique.

On étudiera la structure et les fonctions des organes des végétaux.

Notions préliminaires. ? Toute plante est formée de cellules. Etude sommaire de la cellule et de ses modifications. Les tissus végétaux.

Organes végétatifs. ? Forme et structure de la tige, de la racine et de la feuille. Mécanisme de l'accroissement. (On évitera les détails inutiles de structure des organes, mais on insistera sur la structure du bois, sur le liège, les fibres, etc.)

Fonctions de nutrition. ? Respiration, assimilation du carbone, transpiration. ? L'aliment tiré du sol : nature, absorption et circulation. ? La nutrition chez les plantes sans chlorophylle. Saprophytisme et parasitisme. Réserves nutritives.

La fleur. ? Forme, structure et rôle des différentes parties de la fleur. Fécondation. La graine et le fruit. Emploi des fleurs, des graines et des fruits dans l'industrie ou l'alimentation. La germination des graines. Développement d'une plante depuis la germination jusqu'à la mort. ? Multiplication végétative : bouturage, marcottage, greffage. Leur emploi et leurs avantages. ? Notions sur les modifications produites par la culture sur les plantes d'ornement et les plantes de grande culture, comme le blé, la betterave, etc.

Exercices pratiques. ? Le professeur pourra faire examiner des préparations microscopiques très nettes, ou, mieux encore, faire voir et expliquer des projections lumineuses de photographies microscopiques. ?? Expériences très simples sur la respiration, l?assimilation, la fonction chlorophyllienne, la transpiration, la germination, la fermentation alcoolique. ? Emploi des colorants pour caractériser la cellulose, le bois, etc. ? Herborisation.

Géologie.

Les matériaux de l'écorce terrestre : leur composition élémentaire et minéralogique. Leur mode d'arrangement ; leur stratification ; détermination de l'âge des couches terrestres ; longueur du temps en géologie.

L'origine de la terre et les terrains archéens. Principales roches et minéraux utiles.

L'ère primaire. ? Le monde physique. Géographie des temps primaires. Climat. Régions de la France formées par les terrains primaires. Roches et minéraux utiles. ? Le monde vivant : premières traces d'êtres vivants. Apparition successive des divers types animaux et végétaux ; leur perfectionnement graduel : en donner des exemples régionaux.

L'ère secondaire. ? Le monde physique, le monde vivant (développements parallèles aux précédents).

L'ère tertiaire. ? Le monde physique, le monde vivant (développements parallèles aux précédents).

L'ère quaternaire. ? Développement des grands glaciers. Alluvions, remplissage des cavernes ; dernières éruptions volcaniques en France. Grands animaux quaternaires. L'homme fossile. Périodes de la pierre taillée, de la pierre polie, et des métaux. ? Déformations de la croûte terrestre : mouvements lents des rivages: plissements, failles, formation des montagnes ; tremblements de terre.

Nota. ? Ce cours doit avoir une allure historique ; la nomenclature employée doit être des plus simples ; on proscrira les listes d'étages, de sous-étages et de fossiles. On complètera les leçons par quelques promenades destinées à faire connaître le sol de la région et à illustrer son histoire géologique par des collections d'échantillons recueillis par les élèves.

TROISIEME ANNEE. ? (Le programme de l'enseignement des sciences naturelles est le même pour les cinq sections.)

Zoologie.

Protozoaires, polypes, spongiaires, échinodermes. ? Notions succinctes.

Annélides. ? Lombric et sangsue. Quelques mots sur les vers intestinaux.

Articulés. ? Insectes (notions sommaires sur l'organisation des insectes). Métamorphose. Très courte revue des principaux ordres, en se bornant à l'indication des espèces utiles et nuisibles. Insister sur les abeilles, les vers à soie, les hannetons, les mouches et moustiques, et le phylloxéra.

Mollusques. ? Notions sommaires sur leur organisation. Principaux groupes.

Vertébrés. ? Division en classes. ? Poissons :

principaux groupes. ? Reptiles et batraciens ? espèces utiles et nuisibles. ? Oiseaux : principaux groupes ; espèces utiles et nuisibles ; usages de la plume. ? Mammifères : division en ordres ; mammifères utiles et nuisibles ; fourrures et lainages.

Botanique.

Etude des familles. ? Cryptogames cellulaires. Notions très sommaires. Champignons vénéneux. ? Cryptogames vasculaires.

Phanérogames gymnospermes. Conifères. Phanérogames angiospermes. Etude d'un petit nombre de familles, en insistant particulièrement sur celles qui comprennent des plantes utiles ou nuisibles, et eh faisant connaître surtout les plantes qui font l'objet de cultures importantes dans la région,

Exercices pratiques. ? Promenades botaniques et emploi des flores.

Géologie.

Géologie appliquée. ? Applications à l'art des mines : gisement, nature, importance des principales mines de France, houille, fer, minerais divers.

Applications aux travaux publics : matériaux de construction (granites, grès, calcaires, marbres, ardoises, pierres à chaux, ciments, pierres à plâtre, sables, argiles, etc.), matériaux d'empierrement (quartz, basaltes, porphyres, etc.).

Applications à l'agriculture : le sol et le sous-sol, amendements.

Applications à l'hygiène : notions d'hydrologie.

Lecture des cartes et coupes géologiques : exercices pratiques.

Nota. Les excursions auront pour but de familiariser les élèves avec les cartes géologiques ou agronomiques de la région.

Ecoles primaires supérieures de filles. ? PREMIERE ANNEE. ? (Pour la zoologie et la botanique, même programme que celui des écoles de garçons. Pour la géologie, on se bornera à l'étude des sujets suivants : « Notions préliminaires sur le globe terrestre, servant d'introduction à l'étude de la géographie générale. ? Phénomènes actuels. »)

DEUXIEME ET TROISIEME ANNEES. ? (Le programme de l'enseignement des sciences naturelles est identique dans les trois sections : section d'enseignement général, section commerciale, section ménagère. Ce programme, pour la zoologie et la botanique, est le même que celui des écoles de garçons. En géologie, on se bornera à une étude très élémentaire des objets suivants : « Mode d'arrangement des matériaux du globe : stratification, plissements, failles. Les fossiles, renseignements qu'ils donnent sur l'apparition successive des êtres organisés. Applications pratiques de la géologie. »)

Ecoles normales d'instituteurs. ? Directions pour la première et la deuxième années. ? Les nouveaux programmes s'inspirent avant tout des idées exposées dans les instructions rédigées en 1894 pour établir la concordance entre l'enseignement scientifique et l'enseignement agricole dans les écoles normales. Nombre de directions pédagogiques que contenaient ces instructions au sujet de l'interprétation des divers programmes sont reproduites textuellement dans ce qui va suivre ; d'autre part, le programme actuel maintient l'interversion introduite dans l'ordre des matières enseignées, qui place à la fin de la première année la partie du cours de géologie consacrée à la connaissance du sol (étude des minéraux et des roches essentielles ; études des agents atmosphériques qui interviennent dans le remaniement du sol et qui aboutissent à la formation des diverses terres).

La matière de cinq à six leçons est ainsi ajoutée à l'ancien programme de première année ; mais il n'en doit pas résulter de surcharge, si le professeur se conforme aux indications qui accompagnent le programme du cours de botanique et qui prévoient pour ce cours moins de vingt leçons (à ces leçons s'ajouteront les leçons de révision ou de transposition). L'étude des fonctions des plantes est réunie du reste à l'étude de la morphologie et de la structure des organes, dont elle était autrefois séparée : il semble qu'il y ait ainsi facilité de réduire les développements souvent donnés à cette étude, qui sont, à l'école normale, sans grand intérêt. Ajoutons qu'il demeure bien entendu que le travail des herborisations, qui se poursuit pendant les trois années, doit compléter l'enseignement relatif à la classification, réduit, dans le cours proprement dit, à un petit nombre de lignes destinées surtout à préparer ce travail des herborisations.

Les textes des programmes des sciences naturelles, plus développés que les anciens sur beaucoup de points, tracent plus nettement les limites dans lesquelles doivent se mouvoir les maîtres et définissent un terrain moins vague, partant moins étendu ; ils marquent aussi avec plus de vigueur l'esprit pratique dans lequel n'a cessé d'être conçu le plan d'études scientifiques des écoles normales : nos futurs instituteurs doivent toujours être maintenus en présence de la réalité des faits et des choses à l'occasion desquels ils auront plus tard à donner des renseignements utiles à leurs élèves et même aux parents de leurs élèves.

PREMIERE ANNEE. ? (Une heure par semaine.)

A. Botanique.

I. (Leçon d'introduction). ? Caractères des êtres vivants. ? Conditions de manifestation de la vie chez les organismes. ? Vie ralentie. ? Animaux et végétaux.

II. (Cette deuxième partie comporte une douzaine de leçons.) ? Le corps de la plante et sa différenciation progressive ; aperçu sur sa constitution, sa forme et sa structure. ? Notions élémentaires sur les tissus, les organes et les membres de la plante. ? Grandes divisions du règne végétal.

Racine : caractères extérieurs ; ramifications ; principales modifications des racines. ? Structure et développement. ? Fonctions externes et internes de la racine.

Tige : caractères extérieurs: ramifications ; principales modifications des tiges. ? Structure et développement. ? Fonctions externes et internes de la tige.

Comparaison entre la racine et la tige.

Feuilles : caractères extérieurs et principales formes des feuilles. ? Structure. ? Fonctions essentielles de la feuille : respiration, fonction chlorophyllienne, transpiration.

Etude sommaire de la nutrition. Aliments. Plantes à chlorophylle et plantes sans chlorophylle. ? Saprophytisme, parasitisme, et symbiose. ? Formation et emploi des réserves.

Multiplication végétative.

Reproduction des phanérogames. ? Fleur, inflorescence. ? Fécondation. ? Développement de la graine et du fruit. ? Germination.

Variabilité et hybridation.

III. (Ce chapitre comporte six à sept leçons. Le professeur y attachera l'étude de quelques familles importantes, et préparera ainsi le travail des herborisations, qui sera effectué, sous sa direction, pendant les trois années.)? Grands groupes végétaux ; leurs caractères distinctifs :

1° Thallophytes: champignons et algues. ? Indication de quelques maladies des animaux et des plantes causées par des champignons ou des bactéries. ? Lichens.

2° Muscinées : étude sommaire d'une mousse.

3° Cryptogames vasculaires : notions sommaires sur les fougères, les prêles et les lycopodiacées.

4° Phanérogames : gymnospermes, angiospermes monocotylédones et dicotylédones.

B. Géologie.

Constitution du sol et des modifications actuelles de sa surface.

Roches. ? Roches éruptives, volcans. ? Roches sédimentaires. ? Notions sur les roches les plus communes.

Action de l'air et de l'eau sur le relief du sol. ? Ruissellement et infiltrations. ? Glaciers. ? Sources. ? Cours d'eau.

DEUXIEME ANNEE. ? (Une heure par semaine.)

A. Zoologie.

I. (Environ douze leçons.) ? Elude de l'homme, au point de vue des organes et des fonctions. Appareil digestif et digestion. ? Aliments. ? Ration alimentaire.

Appareil respiratoire et respiration. ? Quantité et qualité de l'air nécessaire à la respiration. ? Asphyxie. ? Empoisonnement par les gaz.

Appareil circulatoire et circulation. ? Sang et lymphe.

Production et importance de la graisse ; formation de réserves ; fonction du foie. ? Chaleur animale ; vêtement.

Sécrétions. ? Les reins et l'urine ; les glandes sudoripares et la sueur. ? Glandes mammaires et lait.

Organes des sens. ? Système nerveux.

Organes du mouvement : muscles, squelette, articulations. ? Adaptation à la marche, au vol, etc. ? Importance des exercices musculaires au point de vue de l'hygiène.

II. ? Zoologie proprement dite.

Protozoaires (environ une leçon). ? Foraminifères. ? Infusoires libres et infusoires parasites. ? Sporozoaires du paludisme.

2° Echinodermes, polypes et spongiaires (environ deux leçons). ? Notions très sommaires sur chacun de ces groupes. ? Pêche du corail et des éponges.

Vers (environ deux leçons). ? Les vers annelés terrestres (vers de terre) et marins (arénicoles) ; la sangsue. ? Notions sur les vers parasites : douves, ténias, ascarides, anguillules.

Articulés (environ quatre leçons). ? Les insectes : indiquer leurs caractères d'après une espèce commune. Groupement en ordres. Espèces utiles (insister sur les espèces entomophages et sur celles qui fournissent des produits commerciaux) ; espèces nuisibles.

Notions sur les myriapodes, les arachnides, les crustacés.

Mollusques (environ deux leçons). ? Notions sur les caractères et les principales formes de l'embranchement d'après l'étude de l'escargot, de l'huître ou de la moule, du poulpe. ? Ostréiculture. ? Nacre et perle.

Vertébrés (environ six leçons). ? Les poissons : indiquer leurs caractères d'après l'étude d'un type commun. ?? Poissons cartilagineux : requins, raies, lamproies. ? Principaux poissons osseux utilisés dans l'alimentation. ? Espèces émigrantes. ? Pêche et pisciculture.

Les batraciens : indiquer leurs caractères et leur classification d'après l'étude de l'organisation et du développement de la grenouille.

Les reptiles : indiquer brièvement leurs caractères et les principales formes de chaque ordre. ? Les serpents venimeux : traitement de leur morsure.

Les oiseaux : leurs caractères généraux d'après l'étude d'un type vulgaire. ? Modifications de ces caractères et groupement en ordres d'après le régime et l'habitat. ? Migration. ? Utilité des oiseaux.

Les mammifères : leurs caractères généraux tirés de l'étude des espèces les plus communes en France (poils, mamelles, dentition suivant le régime ; modification et adaptation des membres). ? Groupement des mammifères en ordres, d'après ces modifications.

B. Géologie.

Histoire de la terre (environ six leçons). ? Terrains de première consolidation. ? Gneiss. ? Passage graduel aux terrains de sédimentation. ? Caractères de ces derniers : stratification, fossiles.

Terrains primaires. ? Ardoises. ? Grès anciens. ? Houille, végétaux qui l'ont constituée. ? Fossiles primaires les plus caractéristiques : trilobites, brachiopodes, nautilides. ? Principaux caractères de la flore.

Terrains secondaires. ? Sel gemme. ? Bancs de coraux. ? Calcaires oolithiques. ? Argiles et marnes. ? Craie. ? Ammonites. ? Bélemnites. ? Phosphates provenant des fossiles. ? Reptiles secondaires. ? Les premiers oiseaux.

Terrains tertiaires. ? Calcaire grossier. ? Gypse. ? Meulière. ? Sables et grès. ? Evolution des mammifères durant la période tertiaire.

Dépôts quaternaires. ? Extension des glaciers. ? Premiers vestiges de l'homme et de son industrie. ? Mammifères qui vivaient dans nos pays à cette époque. ? Gîtes métallifères.

TROISIEME ANNEE. ? (En troisième année, il n'y a plus d'enseignement proprement dit des sciences naturelles : cet enseignement fait place à un cours d'agriculture théorique, au sujet duquel le programme dit que le professeur, « dégagé de la préoccupation d'appuyer son enseignement sur la connaissance des théories scientifiques fondamentales, puisqu'elles ont été expliquées en temps utile, déchargé, d'autre part, de toutes les questions qui se rattachent directement à l'élude de ces théories, par l'orientation nettement agricole donnée à l'enseignement des sciences physiques et naturelles, devra se renfermer strictement dans le développement de la science technologique de l'agriculture ».

Ecoles normales d'institutrices. ? PREMIERE ANNEE. ? (Dans cette année, l'enseignement des sciences naturelles comprend la botanique et la géologie.)

Botanique (quinze leçons).

I. Préliminaires. ? Caractères généraux d'un végétal. ? Différenciation progressive du corps de la plante, permettant de classer les végétaux en quatre grands embranchements.

II. Racine, lige et feuille. Caractères antérieurs. Structure et développement. Fonctions.

III. La nutrition des végétaux. Aliments. Plantes à chlorophylle et plantes sans chlorophylle ; fonction chlorophyllienne ; saprophytisme, parasitisme et symbiose. Formation et emploi des réserves. Multiplication végétative.

IV. La reproduction. Reproduction des phanérogames. ? Fleur. ? Inflorescence. ? Fécondation. ? Développement de la graine et du fruit. ? Germination. ? Variabilité et hybridation.

V. Aperçu de la classification végétale. Cryptogames cellulaires : champignons, algues, lichens, mousses. ? Cryptogames vasculaires : fougères, prêles. ? Phanérogames gymnospermes et angiospermes (principales familles).

Géologie (huit leçons environ).

I. Généralités sur les principaux phénomènes géo logiques de l'époque actuelle. ? Roches. Roches éruptives, volcans. Roches sédimentaires. Notions sur les roches les plus communes. ? Actions de l'air et de l'eau sur le sol. Ruissellement et infiltration. Glaciers. Sources. Cours d'eau.

II. Terrains de première consolidation : gneiss. ? Passage graduel aux terrains de sédimentation. Caractère de ces derniers : stratification ; fossiles. ? Notions très sommaires sur la division des terrains.

DEUXIEME ANNEE. ? (Dans cette année, l'enseignement des sciences naturelles se limite à la zoologie. Le programme du cours de zoologie est identique à celui des écoles d'instituteurs.)

TROISIEME ANNEE. ? (Dans cette année, il n'y a plus d'enseignement proprement dit des sciences naturelles. Les directions pédagogiques concernant les manipulations disent que le professeur, en établissant son programme de manipulations de manière à réaliser les principales expériences que l'on peut faire au cours moyen de l'école primaire, « ne séparera pas la physique, la chimie, l'histoire naturelle, de manière à en faire des enseignements distincts, mais les réunira au point de vue de leurs applications pratiques, ainsi que le prescrit le programme des écoles primaires élémentaires ».)