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Schmidt (Karl)

 Pédagogue allemand, né à Osternienburg (Anhalt) en 1819, mort le 8 novembre 1864 à Gotha. Après avoir suivi les classes du gymnase de Köthen, il acheva ses études aux universités de Halle et de Berlin. En 1845 il devint professeur au gymnase de Köthen, puis fut quelque temps pasteur suffragant à Edderitz. Il rentra dans l'enseignement en 1850, et professa au gymnase de Köthen jusqu'en 1863. Il se fit connaître par divers écrits sur l'éducation : Das Buch der Erziehung (Köthen, 1854) ; Briefe an eine Mutter über Leibes-und Geisteserziehung ihrer Kinder (Köthen, 1856) ; Gymnasialpädagogik (Köthen, 1857) ; Die Geschichte der Erziehung und des Unterrichts (Köthen, 1860). Le trait distinctif de sa doctrine pédagogique, c'est l'importance accordée à la physiologie, et plus particulièrement à la phrénologie. Ce n'est pas sur une psychologie abstraite qu'on peut construire la pédagogie, mais sur la science de l'homme étudié dans son être physique aussi bien que dans son être intellectuel et moral : « La pédagogie, dit Karl Schmidt, n'est autre chose que l'anthropologie appliquée ».

En 1862 parut le plus important de ses ouvrages, sa grande Histoire de la pédagogie (Geschichte der Pädagogik, dargestellt in weltgeschichtlicher Entwicklung und im organischen Zusammenhang mit dem Culturleben der Völker), en quatre volumes (Köthen, Paul Schettler). C'est un livre intéressant, qu'anime un souille libéral ; on y trouve, avec une grande abondance de faits précis, des vues élevées et généreuses. Il a obtenu un succès mérité, et depuis la mort de l'auteur il en a été fait, par les soins de M. Wichard Lange, plusieurs nouvelles éditions, corrigées et augmentées.

L'auteur divise l'histoire de la pédagogie en deux grandes époques : la première, avant Jésus-Christ, est celle de l'éducation nationale ; la seconde, après Jésus-Christ, est celle de l'éducation humaine. Dans cette seconde époque, il distingue deux périodes : avant et après la Réforme ; avant la Réforme, c'est la période de l'éducation « transcendante » ; depuis la Réforme, c'est celle de l'éducation « organique », ou « rationnelle ».

Le premier volume contient l'histoire de la pédagogie dans les temps antérieurs au christianisme ; l'Orient, la Grèce et Rome, et le peuple d'Israël y sont passés successivement en revue.

Dans le second volume, après un chapitre sur l'essence du christianisme, sur Jésus considéré comme éducateur de l'humanité, et sur le christianisme primitif, l'auteur nous donne l'histoire de la période de l'éducation « transcendante », qu'il subdivise de la manière suivante : I, l'éducation monacale de l'Eglise d'Orient et l'éducation dans l'islamisme ; II. l'éducation clérico-scolastique de l'Eglise d'Occident ; III, la société laïque et son système d'éducation, comprenant : 1° la chevalerie et son éducation ; 2° la bourgeoisie et son éducation (a, les écoles des villes ; b, les universités ; c, la renaissance des études classiques).

Le troisième volume, qui va de Luther à Pestalozzi, est ainsi divisé : I, La Réforme ; II, L'éducation abstraite christiano-théologique, comprenant : 1° Le hiérarchisme (a, l'éducation orthodoxe protestante ; 6, le catholicisme et l'éducation jésuitique) ; 2° L'opposition contre le hiérarchisme (a, l'opposition réaliste et philosophique : Rabelais, Ramus, Montaigne, Descartes, Spinoza, Bayle, Bacon, Newton, Locke, Ratichius, Coménius ; 6, l'opposition spiritualiste et religieuse : le jansénisme, Fénelon, Spener, Francke et le piétisme) ; III, l'éducation abstraite humaine, comprenant : 1° le réalisme (a, le réalisme en Angleterre : les déistes et les francs-maçons, Shaftesbury, De Foe, etc. ; 6, le réalisme en France : Voltaire, Diderot et l'Encyclopédie, d'Holbach, Rousseau ; c, le réalisme en Allemagne : Christian Wolff, Frédéric II ; d, le philanthropinisme : Basedow, Wolke, Campe, Salzmann, etc. ; e, les écoles primaires et bourgeoises dans le monde protestant et le monde catholique : Rochow, Heinicke, Gedike, Resewitz, Natorp ; Felbiger, Marie-Thérèse, Kindermann) ; 2° l'humanisme (Gesner, Ernesti, Heyne ; gymnases et universités).

Le quatrième volume, qui est le plus gros (1140 p.), va de Pestalozzi à nos jours. L'auteur définit d'abord ce qu'il entend par l'éducation « christiano-humaine », nom sous lequel il désigne l'éducation née, à la fin du dix-huitième siècle, de la réforme pestalozzienne. La section intitulée « L'Allemagne et ses écoles » comprend les chapitres suivants : Les héros intellectuels de l'Allemagne et leur création, l'humanité chrétienne et l'éducation christiano-humaine (les philosophes, les théologiens, les artistes, les poètes, les savants ; Pestalozzi, sa vie et sa doctrine) ; les écoles de nécessiteux, les écoles complémentaires, les écoles professionnelles ; l'école primaire (les réformateurs contemporains de l'école allemande, Schwarz et Niemeyer, Sailer et Overberg, Stephani et Dinter, Denzel et Zerrenner, Harnisch et Diesterweg, Graser et Gräfe, Froebel ; la situation et l'organisation de l'école primaire ; méthodes, rapports de l'école avec l'Eglise et l'Etat, législation ; l'école primaire en Suisse) ; la Realschule (Mager, Spilleke, Vogel, etc. ; les écoles supérieures de filles) ; les écoles supérieures (humanisme et réalisme à l'époque actuelle ; les études classiques ; la pédagogie des gymnases ; gymnases, écoles polytechniques, universités). Une autre section est consacrée aux pays étrangers : Angleterre, Belgique et France, Amérique du Nord, Russie. Le volume s'achève par une section intitulée die Bildungsideale, où sont exposées les doctrines pédagogiques d'un certain nombre de penseurs allemands ; dans cette galerie figurent les écrivains Jean-Paul Richter, Herder, Goethe ; les philosophes Kant, Fichte, Schopenhauer, Schelling, Hegel, Schleiermacher ; les théologiens Dursch et Palmer ; les psychologues Herbart, Beneke et Kant ; le nom de Karl Schmidt y a été ajouté par Wichard Lange, après la mort de l'auteur.

Au printemps de 1863, Karl Schmidt fut nommé directeur de l'enseignement primaire du duché de Saxe-Gotha, en même temps que directeur du séminaire d'instituteurs de Gotha. Il mit aussitôt la main à la réforme des écoles du duché, et c'est à lui qu'est due la rédaction de la loi scolaire promulguée cette même année. Mais l'ardeur avec laquelle il s'était consacré à ses nouvelles fonctions fut fatale à sa santé ; une maladie due à d'excessives fatigues l'enleva au bout de dix-huit mois d'une féconde activité pratique.

On a encore de Schmidt, outre les ouvrages déjà cités : Geschichte der Volksschule und des Lehrerseminars im Herzogthume Gotha (Köthen, 1863) ; Zur Reform der Lehrerseminare und der Volksschule (Köthen, 1863) ; Zur Erziehung und Religion (Köthen, 1865) ; Die Anthropologie (Dresde, 1865).